Épisode 9

Write by Mona Lys

Episode 9



ZOE


Encore un autre jour qui se lève où je remercie le Seigneur de m’avoir ramené chez moi. Je ne cesse cependant pas de pleurer, chaque jour qui passe, de regret. Je repense à tout ce que j’ai vécu et j’ai de plus en plus mal que lorsque je les vivais. Je me sens si sale malgré toutes les douches que j’ai pu prendre. Je n’ai encore rien dit à personne. Je n’en ai pas encore la force. Je n’ai non seulement pas la force, mais aussi pas de courage. Comment leur dire qu’ils avaient raison ? Comment leur dire que l’homme pour qui je leur ai tenu tête a fait de moi un objet sexuel sur le dos duquel il s’enrichissait ? C’est une grande honte pour moi. Mais je vais bien finir par tout leur dire. Lucas a appelé le lendemain de ma venue. Il n’a pas demandé après moi. Il a discuté comme si de rien n’était et ma mère a aussi fait semblant de lui demander de mes nouvelles pour brouiller les pistes. Il a trouvé une excuse bidon à donner avant de raccrocher. Depuis, plus de nouvelle de lui. Pour l’instant il est le dernier de mes soucis. J’ai autre chose à régler.


Je finis de me préparer et rejoins ma mère dans son petit marché devant la maison. L’aider à vendre, c’est la seule chose que je fais de mes journées. La vie est drôle parfois. Cette chose que j’ai refusée de faire dans le passé parce que ce serait trop rabaissant pour moi, aujourd’hui je prends un plaisir à la faire. Vendre me fait oublier, me distrait, me permets de mieux réfléchir à la suite des évènements. La première chose que je veux faire, c’est d’essayer d’arranger les choses avec Laurence. Je veux le récupérer, lui et notre fille. Mais avant tout je veux récupérer ma fille. Avec lui ce sera plus difficile, j’espère que pour la petite ce sera plus simple. Je ne fais que prier pour ça.


Maman : Zoé, tu vas me dire quand ce qui s’est passé avec ton mari pour que tu le quittes ?


Moi : Il y a eu beaucoup de chose qui se sont passées, maman. Laisse-moi juste le temps de digérer avant d’en parler.


Maman : Bon, lui aussi il vient te chercher quand ? S’il y a eu un problème entre nous, il doit venir pour tout arranger. Ou bien chez les blancs là ils ne connaissent pas ça ?


Moi : Même s’il venait, je ne retournerai plus avec lui. Je ne veux plus de lui.


Maman : Qu’est-ce qui s’est passé ? Il te battait ? Il te trompait ?


Ma gorge se noue aux souvenirs de ces horreurs. Je pleure sans pouvoir répondre à ma mère. Je retourne à l’intérieur en courant. Je revois ces gens coucher avec moi, je revois leurs corps répugnants sur moi, je les revois m’embrasser de force, je les revois éjaculer sur moi, dans ma bouche et m’obliger à avaler. Je les vois me fouetter pour accentuer leurs plaisirs. Je revois toutes ces horreurs et je suis prise de nausée. Je vomi mes tripes dans les toilettes. Je ne sais pas si j’arriverai un jour à oublier ces images choquantes.


Ce soir j’ai décidé de me rendre à l’appartement de Laurence en espérant qu’il y soit toujours. Je reviens de sa clinique où on m’a prévenu qu’il était déjà rentré. Il n’est pas de garde ce soir. Je n’ai pas pris la peine de demander s’il vivait toujours au même endroit. Bon en même temps, rien ne garantit que l’un deux le sache. En montant les marches de l’immeuble où je vivais il y a deux ans, des flashs de souvenirs me frappent au visage. De bons souvenirs. Principalement ceux avec Laurence lorsque j’étais enceinte. C’étaient mes derniers instants en Côte d’Ivoire. Après j’ai précipité et la dot et le mariage rien que pour fuir Laurence et notre fille. Notre fille. Ça me fait tout bizarre de le dire. Surtout que je l’ai abandonné sans remord. Ça ne sera pas facile de regagner la confiance de Laurence, mais je ferai mon possible pour y arriver.


Je souffle profondément avant de cogner à sa porte. J’attends deux secondes et refais la manœuvre. La porte s’ouvre sur une jeune fille. J’entends la voix d’une petite fille à l’intérieur. Mon cœur a un sursaut.


Moi : Euh, bonsoir. Suis-je bien chez Laurence ?


Elle : Oui.


Moi : Est-ce qu’il est là ? 


Elle : Oui. Attendez, je vais l’appeler.


Elle referme la porte. Je commence une prière intérieure. Je crois que mon cœur va lâcher. Comment va-t-il me recevoir après tout ce temps ? La porte s’ouvre de nouveau. A la vue de Laurence, un meli melo de sensation s’empare de mon être. Purée ! Comme ça me fait plaisir de le revoir. Il n’a pas changé du tout. Il est pareil comme quand je suis partie. Non je crois qu’il a embelli, vu comme mes yeux n’arrivent plus à se détacher de son visage. Je le regarde avec des yeux brillants et le cœur dansant la Samba. Lui, me regarde avec surprise, beaucoup de surprise. J’ai envie de me glisser dans sa tête pour savoir ce qu’il pense en cet instant. Il se reprend dans un raclement de gorge.


Moi : Sa… salut.


Laurence : Je crois que vous vous êtes trompée de porte.


Moi : Non je…


Il me claque la porte au nez. Je cogne de nouveau. La porte s’ouvre brusquement.


Laurence (énervé) : Ne touche plus jamais à cette porte. Si tu réveilles ma fille avec tes coups, tu dormiras en prison.


Moi : Laurence je…


Il me claque de nouveau la porte au nez. Je crois que c’est clair. Laurence ne veut pas me donner de chance. C’est toute abattue et pleurant toutes les larmes de mon corps que je rentre. Ma mère est assise au salon avec mes deux frères.


Joe : Zoé, viens ici nous dire ce qui s’est passé pour que tu fuies la France. Et nous ne voulons pas entendre de “laissez-moi d’abord digérer’’.


Je m’assois face à eux en me nettoyant le visage. Seulement, mes larmes ne sont pas prêtes de me lâcher. J’essuie une qu’une autre prend la relève.


Maman : Zoé, tu pleures pourquoi ?


Ben : Maman, arrête de la traiter comme une enfant. Elle a 28 ans et elle est une femme au foyer.


Je m’efforce de me calmer. Peut-être qu’eux pourront m’aider si je leur raconte tout.


Moi : J’ai fait de grosses erreurs dans le passé. J’ai fui la France parce que Lucas… me vendait à des hommes.


Maman : Ça veut dire quoi ?


Moi : Il me forçait à coucher avec des hommes et en retour ils lui donnaient de l’argent. Un jour il m’a conduite à l’hôpital pour me faire avorter. C’est là que j’ai rencontré une infirmière à qui j’ai demandé de l’aide. C’est grâce à elle et son mari que je suis revenue. J’ai fui.


Ma mère s’attrape la tête. Mes frères sont sous le choc.


Joe : Tu vivais tout ça et tu ne nous a pas appelé pour nous informer ?


Moi : Il avait confisqué tous mes effets. Portable, passeport, tout. Mais tout ça n’a plus d’importance maintenant. Je sais qu’il ne viendra pas ici de peur de se retrouver en prison.


Joe : Tu trouves que ça ce n’est pas un problème ?


Moi : Non ! Je crois plutôt à une punition de la vie. Il y a quelque chose que je ne vous ai pas dit.


Ben : Quoi encore ?


Moi : Il y a deux ans, je suis tombée enceinte d’un autre homme que Lucas. J’ai prétexté ce voyage à Daloa pour me cacher de vous jusqu’à l’accouchement.


Maman : Tu as accouché ?


Moi : Oui. Et, j’ai abandonné le bébé à son père en échange d’un million de FCFA.


Ma mère pousse un cri et la seconde d’après elle abat sa main sur ma joue.


Maman : Zoé ! Zoé ! Zoé ! Je t’ai appelé combien de fois ?


Moi (pleurant) : Trois fois.


Maman : C’est comme ça je te renie trois fois.


Moi : Maman, pardon. Ne me fais pas ça.


Maman : Toi tu n’as pas renié ta fille ? Et puis tu veux que moi je te garde. Non ! Donc quand je te demandais si tu avais été enceinte à ton retour de Daloa là, donc tu avais vraiment accouché ? J’ai insisté jusqu’à mais tu m’as dit que non. Je te savais bandite, mais de là à vendre ton propre enfant, ta chair, ton sang, Zoé, tu es pire que le diable. Ehi !


Elle tape dans ses mains. Mes frères n’arrivent à placer aucun mot. Seuls leurs regards me transpercent. Ma mère se met à pleurer.


Maman : Seigneur j’ai fait quoi oooh ?? J’ai fait quoi pour que tu me donnes une sorcière comme fille ? Zoé, j’aurais dû t’avorter.


J’éclate en sanglot tant ses propos me brisent au plus profond de mon âme. Je m’agenouille devant elle.


Moi : Ne dis pas ça pardon. Je regrette ce que j’ai fait.


Maman : Tu regrettes ? Tu regrettes hein ? Attends moi je reviens.


Elle marche vers la cuisine et ressors avec le petit pilon. Elle s’apprête à m’assommer avec quand mes frères s’interposent.


Ben : Maman, ne fais pas ça.


Maman : Laissez-moi fracasser son vieux crâne pour mettre la morale dedans.


Elle défait le petit pagne qu’elle avait attaché sur le plus long. Elle le plie en deux et commence à me fouetter. Malgré l’intervention de mes frères, je reçois les coups. Je tombe sur mes fesses en me protégeant le visage. Je sens un coup de pied dans mon dos. Je m’attendais à être corrigée par mes frères puisque ma mère n’a jamais levé la main sur moi. Mais la voir si déchainée me fait comprendre que j’ai vraiment, mais vraiment merdé. Je l’entends renifler malgré qu’elle me tape. J’ai tellement mal.


Maman : Zoé, ce n’est pas toi, c’est moi. C’est moi qui ai voulu une fille. Ton père voulait seulement deux garçons, mais moi dans mon wèrè wèrè j’ai dit je veux fille. Voici fille que j’ai eu. Mais je te dis hein, je ne te reconnais plus comme ma fille. J’ai seulement deux garçons. Pas de fille.


Moi (me remettant à genoux) : Pardon maman. Je te demande pardon.


Elle pousse Ben et me claque de nouveau.


Moi : Frappe-moi jusqu’à demain si tu veux, mais pardon ne me renie pas. J’ai besoin de toi. Je te promets d’écouter tes conseils. Je ferai tout ce que tu veux.


Maman : Tu penses que je vais te donner conseils encore ? Kpô ! C’est mal me connaitre. Va percer tout ton corps, va faire d’autres tatouages même sur tes dents, va chercher un autre blanc et tu reviens. Si je ne t’ai pas brûlé vive, faut changer mon nom. Regardez-moi sa figure on dirait piercing. Imbécile comme ça. Mtchrrr.


Elle se dégage de l’emprise de ses fils et sors de la pièce. Mes frères aussi, sans rien dire, partent. Je reste seule au salon à pleurer sur mon sort.


*Mona

*LYS


Je suis venue ce matin voir la femme de mon frère Joe pour qu'elle plaide en ma faveur chez ma mère. Mes frères également sont en colère contre moi. J'ai essayé de leur parler mais ils ont été catégoriques. Ils ne veulent pas me voir. Ma mère depuis deux jours ne me parle plus. Au contraire, elle ne fait que me lancer des injures à longueur de journée. Mais je ne peux leur en vouloir. Je mérite même la mort. La femme de Joe donne rendez-vous à la femme de Ben chez ma mère et nous retournons à la maison, elle, moi et mon petit neveu de neuf mois. Mon autre belle-sœur est déjà présente. Elle est enceinte de six mois. Dès que ma génitrice me voit, elle recommence les injures sans dire mon nom.


Maman : Souvent Dieu ne veut pas te donner d’enfant mais tu forces jusqu’à c'est démon tu finis par avoir. Il y a des enfants qu'on doit avorter parce qu'ils ne feront que détruire ce beau monde. Avant d'avoir un enfant il faut demander à Dieu de te révéler son avenir en même temps pour éviter les surprises. J’aurais dû avorter ooooohhhhh. Ouloulouuu.


Ces paroles m’arrachent des larmes. Amy, ma belle, la salue et demande à lui parler. Je les laisse seules. Je m'enferme dans ma chambre. Je prie que tout se passe bien. Ça me parait vraiment long. Pourvu qu'elle me pardonne. Malgré tout ce que j’ai pu faire à ma mère, je l’aime. J'ai besoin d'elle dans toute cette merde qu'est ma vie. Il n'y a qu'elle seule qui puisse me donner la force d’affronter toutes ces épreuves et reprendre ma vie en main.


Je bondis de mon lit quand des coups retentissent sur ma porte. C'est Amy.


Amy : Elle est disposée à t'écouter. Sache donc quoi dire pour toucher son cœur.


Je hoche la tête avec vigueur. Nous redescendons. Quand ma mère me voit, elle lance un tchip. Je me mets à genou devant elle, les mains jointes.


Moi : Aucun mot ne peux me faire pardonner parce que l'acte que j'ai posé est ignoble. Mais maman, je te demande de regarder au plus profond de ton cœur l’amour que tu as toujours eu pour moi et donne-moi une chance de me racheter. Je suis prête à suivre tous tes conseils, à travailler h24 s'il le faut pour devenir la fille que tu as toujours voulu que je sois. J’étais égarée mais j'ai changé. Tu es ma force, maman. Si tu me renies, que deviendrai-je ? Tout le monde peut abandonner un enfant, mais jamais sa mère.


Maman : Mais toi tu as abandonné ta fille non ?


Moi : Et je veux la récupérer. Mais pour se faire, j'ai besoin de toi. Je t'en prie.


Elle tire la bouche. Je la regarde avec l’espoir qu'elle accepte. Je crois qu'elle va accepter sinon elle m'aurait déjà répudié.


Maman : Je ne vais pas dire que je te pardonne hein. Tu vas d'abord me convaincre. Mais je suis prête à t'aider parce que tu es sortie de mon ventre. Tu redeviendras ma fille quand je verrai ton changement. Assieds-toi.


Moi : Merci maman. Je vais te prouver que j'ai changé. (A mes belles) Merci infiniment à vous. Dieu vous bénira.


Je me rassois avec un grand soulagement.


Maman : Où est ma petite fille ?


Moi : Chez son père. Je suis allée chez lui mais il m'a chassé. Je veux qu'on aille ensemble lui demander pardon pour que je puisse la connaitre, ainsi que la famille.


Maman : D’accord. Faut aussi parler à tes grands-frères. C’est entre homme ils doivent parler.


Moi : J'irai les voir ce soir.


Joe a accepté de nous accompagner ma mère et moi. Ben s’est rendu à un rendez-vous de dernière minute. Nous sommes dimanche et c'est le jour de repos de Laurence. Il y a donc des chances qu'il soit à la maison. Lorsque nous arrivons devant sa porte, des éclats de rire d'une petite fille nous proviennent. Je souris. J'ai hâte de la voir, de voir à quoi elle ressemble mais surtout à qui elle ressemble entre Laurence et moi. Je cogne timidement. La porte s'ouvre sur Laurence lui-même. Quand il me voit, il ferme son visage. Mais lorsque son regard tombe sur mes accompagnateurs, il parait surpris.


Joe : Laurence ?


Laurence : Je suis surpris de te voir chez moi, Joe.


Moi : Vous, vous vous connaissez ?


Joe : Laurence est un vieil ami de l’Université. C’est aussi lui qui nous a aidé pendant l’accouchement d’Amy. (A Laurence) Donc ta fille, c’est ma nièce ?


Laurence est surpris de découvrir que je suis la sœur de son ami. Il se reprend et nous invite à entrer. Etre de nouveau dans cette maison me trouble. Je nous revois, Laurence et moi, dans toutes les pièces à nous comporter comme un véritable couple. Ma stupidité n’a vraiment pas de nom. La jeune fille qui m’avait reçu l’autre jour nous apporte des rafraîchissements. Une mignonne petite fille apparait dans la pièce en courant.


Laurence : Malia, cesse de courir, tu vas te faire mal. Va avec dada dans ta chambre.


Elle appelle la jeune fille dada et toutes les deux disparaissent vers les chambres.


Maman : C’est ma petite fille ?


Laurence : C’est ma fille.


La réponse de Laurence montre qu’il n’est vraiment pas prêt à me donner une place dans la vie de la petite. Malia. Quel beau prénom.


Joe : Laurence, mon frère. Vraiment, je ne savais pas qu’un jour j’allais me trouver dans une mauvaise posture vis-à-vis de toi. Je me sens vraiment mal, surtout que c’est toi qui as sauvé la vie de mon fils. Je ne savais pas que ma petite sœur, Zoé, et toi aviez eu une aventure et qu’il en était sorti un bébé. Ce n’est que récemment, prise de remords, qu’elle nous a raconté toute l’histoire. Jamais nous n’avions su qu’elle avait été enceinte et qu’elle avait eu une fille.


Laurence : Sans vouloir te manquer de respect, ta sœur n’a aucune fille avec moi. Malia n’a pas de mère. Sur son extrait, il n’y a que mon nom qui figure. Je ne vois donc pas pourquoi ta sœur vous a conduit chez moi.


Joe : Je comprends ta colère.


Laurence : Oh, je ne suis pas en colère. Je ne sais pas ce qu’elle vous a raconté mais laisse-moi t’expliquer les choses telles qu’elles étaient. J’étais saoul, je suis tombé sur une fille qui m’a proposé une nuit. J’ai accepté. Un mois plus tard je recroise cette fille par pure hasard à ma clinique parce qu’elle voulait se faire avorter. C’est à ce moment qu’elle m’a avoué être enceinte de moi. J’ai usé de supercherie pour la convaincre de garder la grossesse, elle a accepté avec en contrepartie une somme de 1 million de FCFA que je devais lui verser en tranche. Elle m’a clairement fait savoir qu’elle ne désirait pas de cet enfant donc en l’occurrence, elle n’était pas la mère mais plutôt la mère porteuse. Mère porteuse avait-elle dit. A la fin, elle a eu son argent, elle m’a donné mon bébé, et chacun a continué sa vie de son côté. Entre elle et moi c’était un contrat de courte durée. Le contrat est terminé. Je ne comprends donc pas pourquoi elle prétend être la mère de ma fille. Les mères porteuses n’ont aucun droit sur les enfants qu’elles portent.


Les regards de mon frère et de ma mère pèsent sur moi. Je me contente de pleurer en silence.


Maman : Tout ça à cause d’un vilain blanc. J’ai envie de la gifler même. Mtchrrr.


Joe : Elle nous a dit qu’il s’était passé quelque chose entre vous. Un rapprochement.


Laurence : C’est le passé tout ça. Oui je suis tombée amoureux de ma mère porteuse. J’ai même essayé de la convaincre de nous donner une chance. Mais elle m’a jeté au diable. Là maintenant, tout ce que je désire c’est qu’elle ne vienne pas gâcher ma tranquillité d’esprit. Je suis heureux avec ma fille. Nous n’avons pas besoin d’elle.


Moi (pleurant) : Laurence…


Laurence : Par pitié ferme-la ! Si tu es là, assise dans mon salon, c’est uniquement par respect pour ton frère et ta mère. Ne me pousse donc pas à te foutre à la porte.


Maman : Mon fils, laisse-moi donc te demander pardon. La vie a puni Zoé. Elle a beaucoup souffert et elle a retenu la leçon. Maintenant, elle a changé. En tout cas c’est ce qu’elle m’a dit et je la crois. Tu sais, nous faisons tous des erreurs. Mais quand quelqu’un reconnait ses péchés, on doit lui pardonner. Elle veut faire partie de la vie de la petite. Moi aussi je veux connaitre ma petite fille. Elle veut juste une petite chance pour se racheter. Je te demande pardon de la lui donner.


Moi (me mettant à genou) : Je ferai tout ce que tu veux, Laurence. Je peux même être ta ménagère sans salaire. Je suis prête à tout ce que tu veux, à m’humilier s’il le faut. Je veux juste me racheter auprès de la petite. Je veux lui demander pardon de l’avoir abandonné. Regarde.


Je sors de ma bandoulière les chèques.


Moi : Voici les chèques. Tu as surement dû remarquer que je ne les ai pas retiré. Je n’en ai pas eu le courage. Je les avais laissés ici dans mes affaires. Tu peux les reprendre. Laisse-moi être une meilleure personne.


Maman : Mon fils, moi aussi je me mets à genou.


Elle pose son sac et se met à genou. Laurence se lève précipitamment.


Laurence : Mon Dieu qu’est-ce que tu fais maman ? Quel genre de malédiction veux-tu que j’attire sur ma vie en te laissant te mettre à genou devant moi. Je t’en prie ne fais pas ça.


Il l’oblige à se rasseoir. Il fait de même.


Laurence : Une mère c’est sacré. Je n’accepterai pas une telle humiliation d’une femme qui peut me mettre au monde.


Maman : Donc faut donner une chance à Zoé, pardon.


Il serre les poings.


Laurence : Ok. Mais j’ai des conditions.


Moi : Je ferai tout ce que tu veux.


Laurence : Toutes les fois que tu dois la voir, j’exige que sa nounou soit avec elle. Je ne veux pas de mauvaises surprises. J’exige qu’en la présence de ma fille tu te vêtisses convenablement. Pas d’habit qui laisse voir tout ton corps. Pas de piercing, pas de consommation d’alcool ni de cigarette devant elle. Mais surtout pas de langage vulgaire. Seule sa nounou a le droit de lui faire à manger. Avant de l’emmener où que ce soit ou d’acheter quoi que ce soit pour elle, tu me demandes d’abord la permission. On la laissera s’habituer à toi avant de lui parler d’un quelconque lien entre vous. A la moindre erreur de ta part, je t’interdis de la voir. Pour l’instant c’est tout.


Moi : Je suivrai tous tes consignes, promis. Merci infiniment.


Laurence : Ok.


Maman : Est-ce que nous pouvons la voir ?


Laurence : Oui.


Il part lui-même la chercher. Elle le tire même. Je la sens très turbulente. Laurence lui présente Joe et ma mère. Elle les saluts avec vigueur comme si elle les connaissait depuis toujours.


Maman : Comment tu t’appelles ma chérie ?


Malia : Malia. C’est papa qui a fait mes cheveux. C’est joli ?


Maman : Très joli même.


Nous éclatons de rire. Laurence me la présente mais ne lui dit pas que je suis sa mère. Elle est mignonne ma fille. Elle est claire comme moi. Elle a pris ma forme mince, mes yeux. Tout le reste c’est son père. Elle lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Je prie qu’elle s’habitue vite à moi et qu’elle puisse m’appeler maman. C’est mon plus grand rêve.


*Mona

*LYS


Une semaine aujourd’hui que je fréquente ma fille et tout se passe bien. Elle n’est pas encore complètement habituée à moi mais ça viendra. Elle me connait, m’appelle même tata Zoé, mais elle refuse de rester seule avec moi quand sa nounou doit s’absenter pour quelques minutes. Je suis un peu jalouse qu’elle soit beaucoup trop proche de sa nounou qu’elle appelle Dada à défaut de dire Nadia, son vrai nom. Mais c’est compréhensible. Elle m’a dit être la nounou de Malia depuis ses cinq mois. C’est elle qui m’aide à mieux connaitre ma fille, ses gouts, faire la différence entre les pleurs de caprice et ceux qui sont vrais. Il arrive à Malia de faire semblant de pleurer juste pour obtenir ce qu’elle veut et une fois fait elle se met à rire aux éclats. Je crois bien qu’elle tient cette fourberie de moi.


Elle passe la journée chez moi avec sa nounou. Pour qu’elle puisse s’habituer à rester seule avec moi, nous sommes montées toutes les deux dans ma chambre faire les essayages des petites robes que j’ai acheté pour elle. Nadia est restée en bas faire sa nourriture. Malia adore recevoir des cadeaux. Y a même qu’à voir comment elle s’extasie sur les robes. Elle veut toutes les portes en même temps. Après les essayages, je la conduis dans la cour où nous jouons rien que toutes les deux. Je lui lance une balle qu’elle me ramène par des tirs. Elle est heureuse. Je lui lance la balle qui va un plus loin derrière elle. Elle court après la récupérer. Elle pousse subitement un cri en tombant au sol. Je cours, toute effrayée, vers elle. Mon sang se glace quand je vois une grosse pointe logée dans son pied. Elle saigne abondement. Ses pleurs me transpercent le cœur. Je hurle le nom de Nadia dans les bras de laquelle je pose Malia quand elle nous rejoint. Je cours à l’intérieur prendre mon porte-monnaie et nous filons dans le dispensaire le plus proche. Je regarde les infirmières l’emmener en tremblant de tout mon être. Je sens que les problèmes ne sont pas loin avec Laurence. Je l’appelle quand même pour le tenir informer.


Après une heure de temps, nous n’avons aucune nouvelle concrète de Malia. On m’a juste demandé d’acheter des trucs qui permettront de la soigner. Laurence nous a rejoints et est aussi à l’intérieur avec les infirmières. Etant Docteur, elles lui ont permis d’intervenir. Je l’ai senti furieux lorsque je lui ai dit ce qui était arrivé. J’espère qu’elle n’aura rien d’alarmant. J’espère aussi que cela ne va pas m’empêcher de continuer à la voir. Je me lève en voyant Laurence venir.


Moi : Comment va-t-elle ?


Laurence (en colère) : Je peux savoir comment est-ce possible qu’une aussi énorme pointe ait pu lui traverser le pied ? Où étais-tu ?


Moi : Je jouais avec elle.


Laurence : Et tu n’as pas jugé bon de vérifier si l’espace n’était pas dangereux pour elle ? As-tu idée de la catastrophe que nous avons raté de justesse ? Si cette pointe lui avait touché l’os on aurait dû l’amputer.


Moi : Je…


Laurence (haussant le ton) : Je ne t’ai pas demandé de me répondre. Elle était sous ta responsabilité et tu as failli la tuer. Pour un enfant de son âge c’est atroce de vivre une telle douleur. Tu sais ce que ça m’a fait de voir tout ce sang sortir de ma fille ?


Moi (pleurant) : je suis désolée. Ça ne se reproduira plus.


Laurence : Oui ça ne se reproduira plus. Je t’interdis de continuer à la voir.


Moi (l’attrapant) : Quoi ? Non Laurence je t’en supplie ne me fait pas ça. Par pitié.


Laurence : Enlève tes mains de moi. Si tu n’es pas de prendre soin d’une maison encore moins de toi-même, comment pourras-tu le faire pour un enfant de deux ans ? Je t’ai donné ta chance et tu l’as ratée. Maintenant, tu restes loin de ma fille. Et si tu délègue toute ta famille jusque chez moi, je vous fous tous à la porte, amitié ou pas. (A la nounou) Nadia, suis-moi.


Je les regarde se diriger vers la salle où est Malia sans pouvoir dire un mot. Je sers juste mes lèvres afin de ne pas éclater en sanglot. Je pleure de regret, je pleure de douleur. Je ne verrai plus ma fille. C’était pourtant elle qui m’avait redonné le sourire. Elle m’a même donné la force de commencer à chercher du travail afin de mieux prendre soin d’elle. Voilà que je la perds, pour une deuxième fois.   


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