Faire des choix
Write by Saria
***Quelques heures plus tard***
***Kader***
On est dans notre chambre. Je rejoins Selma près de la baie vitrée ; elle a son téléphone en main.
Moi (l’enlaçant par derrière) : Tu n’as pas sommeil ?
Selma : Non… Je regarde le ciel ouagalais… Il est beau et paisible
Moi : Hmmm… Tu as appelé Cotonou ?
Selma : Euh oui…oui… Maman, pour lui dire que nous sommes bien arrivés.
Moi : Je suis curieux de savoir ce que tu leur as raconté
Selma : Lol… Rien de spécial, je leur ai dit que je prenais quelques jours avec toi… C’est tout.
Moi : Ok… Je ne sais pas si c’est une bonne idée de t’avoir laissé venir ici… Les personnes qui s’en prennent à moi semblent déterminées.
Selma : On en a déjà parlé, bébé… s’il te plaît !
Moi : Ok… Viens on va se coucher… Le voyage a été long.
***Selma***
Je m’allonge dans le lit jumeau. Ce soir, le sommeil va être long à venir malgré ma fatigue. J’ai appelé Cotonou, pas mes parents mais plutôt Tim. Il a des infos de première main : Kader Diaby n’existe pas mais plutôt Kader Sidibé surnommé Diaby, maître ébéniste, 40 ans patron de sa propre entreprise et membre fondateur de l’association des artisans du Bois d’Île de France. Marié et père de famille.
Selon Tim, la description correspond ;
il m’enverra des documents pour étayer tout ça demain.
***Le lendemain matin***
*** Quelque part dans Ouaga 2000 – Ouagadougou, Burkina Faso***
***Lucien***
Ça fait un peu plus de deux heures que nous sommes assis dans la voiture à observer la maison du vieil Ousmane Kanaté. A ma montre il sonne 9h et demie, je jette un œil sur mon « camarade », son regard ne quitte pas l’entrée, comme s’il attendait quelque chose.
J’ai mis trois jours pour glaner et recouper des informations, il avait vécu des choses terribles apparemment. Mais on dirait qu’il maîtrise parfaitement ses sentiments ; les rares fois où il laisse transparaître quelque chose, c’est quand il parle de Selma ou que ses yeux se posent sur elle.
Kader : Regarde, c’est lui !
Moi : Han !
Je reporte mon attention sur l’entrée, je vois un vieil homme grand habillé d’un boubou blanc sortir de la maison et se diriger vers une voiture garée pas loin. Il tient à la main un chapelet. L’habitacle de la voiture semble tout d’un coup trop petit, tant Kader tendu. On dirait un ressort.
Kader (dents serrés) : C’est lui ! Tonton Issa ! Je n’oublierai jamais son visage !
Moi (d’un ton apaisant) : Ok… Au moins on est sûr maintenant que c’est la bonne adresse.
Kader ne m’écoute plus vraiment. C’est comme s’il était dans une autre dimension, le corps secoué de gros frissons. J’avais déjà vu beaucoup de choses mais rien de pareil. Je n’ai pas peur ; d’un ton ferme et apaisant je l’appelle par son prénom :
- Kader !
Il lève des yeux hagards sur moi, secoue la tête et se reprend. Il s’adosse à son siège et ferme les yeux comme si l’exercice lui en coûtait.
Kader (dans un souffle) : Rentrons…
*** Maison d’hôtes Chez Nora – Quartier Zone du Bois – Ouagadougou, Burkina Faso***
***Selma***
Je suis assise mais j’ai l’impression de tomber dans un gouffre sans fin. Je viens de télécharger le dossier que m’a envoyé Tim ce matin. En face de moi, Loubna[1] une jeune Burkinabé qui aide à la Villa, faisait la liste des courses pour le marché. J’avais prévu de la suivre pour voir un peu la ville. Oh mon Dieu !
Loubna : Tantie… Tu m’entends non ?! On va partir dans une heure si ça te va !
Moi : Euh…
Loubna : Tu ne veux plus partir au marché ?
Moi : Si…Si bien sûr ! Le marché… C’est parfait
Loubna (satisfaite) : Ok !
Un article de presse : la photo de Kader apparaît… C’est le même homme...en plus sophistiqué...A côté de lui pose une petite fille et un tout petit garçon. Ses enfants… et Son épouse, on parlait de Success Story.
Un autre article parle de sa disparition. Je regarde les photos, engrange le maximum d’informations.