Frère en Christ ?
Write by Tiya_Mfoukama
Chapitre I
-Pardon ! Pardon ! Excusez-moi ! Merci ! Pardon !
Putain mais c’est pas possible, on dirait que tous les voyageurs ont décidé de s’agglutiner autour de moi !
-Excusez-moi, s’il vous plait ! Pardon ! Par…rohhh !
Mais poussez-vous bordel de merde, j’suis pressée là. Il me reste … moins de vingt-cinq minutes avant que l’ambassade ne ferme, mais comme on est à l’abri de rien avec les congolais, je préfère me grouiller. Sauf que cette station de métro qui ressemble plus à un labyrinthe avec des obstacles en mouvement, qu’autre chose, est contre cette belle initiative de ma part.
-S’il vous plaît ! Pardon ! Merci ! Excusez-moi ! Pardon !
-Oh mais faites attention ! Rouspète un voyageur en me lançant un regard mauvais.
Hey j’ai dit pardon okay ? Tsss… C’est pas vrai.
Tu marches comme une tortue alors que t’es à une station de métro où, à l’heure de pointe, tu as l’impression que la population se rue vers l’arche de Noé, et tu te permets de rouspéter quand on te demande d’avancer ? Non mais on est où là ? Remercie-moi d’être courtoise, et prendre le temps de m’excuser au lieu de claquer ma langue, soupirer face à ta nonchalance ou pire, te ramasser comme une vieille chaussette sale! Les français et le métro, c’est certain que tout ça – les métros parisiens, les différentes sorties, les correspondances à n’en plus finir et touti cuanti –ne va pas me manquer, bien au contraire !
Je continue ma course contre la montre et réussis enfin à sortir du labyrinthe. Okay, je ne suis plus aussi fraîche, un léger filet de sueur perle à ma tempe droite, mais je suis quand même sortie, j’ai réussi à faire le plus gros.
Note à moi même: avant de partir, je vais leur soumettre l’idée de créer des maps pour se retrouver avec toutes ses sorties. Parce que réussir à sortir de Charles de Gaules étoile, sans aucun sens de l’orientation, c’est tout bonnement impossible ! Monter, descendre, virer à gauche, bifurquer à droite, revenir sur ses pas…. Je suis certaine que même le rally de Dakar n’est pas aussi compliqué. Enfin bon.
Maintenant, il me faut trouver la rue Paul Valery, ce qui ne va pas s’avérer si compliqué que ça… Il me suffit de suivre le groupe de quatre congolais qui se trouve juste devant. Comment je sais qu’ils sont congolais ? Je me réfère à leur habillement, à leurs vestes aux couleurs criardes qui vont de paire avec leurs pantalons, leurs coiffes, qui représentent la toile de Spiderman sur le reste de “cheveux” pour un, la petite virgule de Nike pour l’autre, des créations originales qui ne passeront jamais sur canal + pour les deux autres et si ça ne suffisait pas, il y a aussi les notes exagérément élevées de leurs voix déjà trop porteuses.
Oui, ça c’est certain, ce sont des congolais.
“Bizz, Bizz”
Je baisse les yeux sur mon téléphone qui se trouve entre mes mains et peux voir et lire le contenu du message que je viens de recevoir de … Kevin sans grande surprise.
“Coucou beauté, comment vas-tu ? Ça fait un moment que je n’ai pas eu de tes nouvelles, et je ne te vois plus sur whatsapp. Je m’inquiète un peu, fais-moi un petit signe au moins pour me dire que tu vas bien. Bisous”
Oh seigneur, mais quand est-ce qu’il va comprendre celui là ?
Non content d’avoir une haleine fétide, c’est le genre de mec “oppressant” qui passe son temps à t’envoyer des tonnes et des tonnes de messages lorsque t’as le malheur de ne pas répondre au premier temps un certain laps de temps. Et il les envoie à toute heure de jour comme de nuit, à croire qu’il ne dort jamais. Parce que c’est un ami de Nina, j’ai voulu y aller molo avec lui mais là, je commence à en avoir marre. Il est temps que tout ça se termine, je ne veux pas qu’il me contacte lorsque je serai au pays.
Toujours en suivant le groupe, je rédige un message à son attention comme tel:
“Hey bel homme -bah quoi, c’est pas vraiment un mensonge, si on enlève le physique, l’haleine, le côté oppressant, qu’on prend une bonne pioche et qu’on creuse, creuse, creuse, creuse, creuse...y’a un bel homme intérieur- je suis assez prise par mes démarches administratives de dernières minutes, mais c’est vrai que j’aurais dû te consacrer un peu de temps. Ce soir je dois aller faire un petit tours dans un endroit sympa, donc si ça te dit fais-moi signe. Je te fais gros bisous également”
Envoyé.
“Le Congo ne tombera jamais, le Congo ne tombera jamais”
Je lève les yeux de mon téléphone pour observer un spectacle des plus déconcertant. A quelques mètres de l’ambassade, plusieurs hommes scandant des slogans, portant des drapeaux aux couleurs du congo, tentent de de pénétrer à l’intérieur de l’ambassade qui semble protégée par des agents de sécurite. Damn it, on dirait bien que “L’ambassade est prise d’assaut par un groupement !”
-J’en ai marreeeee ! Crie l’un d’entre eux.
CRACK !
Oula ! Un des membres du groupe, la version congolaise de Son Goten transformé en super Saiyan et prêt à faire un kamé hamé ha, vient tout bonnement de déchirer sa chemise, en pleine rue, se retrouvant le ventre bedonnant à l’air et ça ne semble déranger aucun de ses compares.
HA-LLU-CI-NANT !
Mais où est-ce que j’ai atterri ?
-Excusé-moi madame. Interpellé-je une passante, me semble-t-il congolaise, qui regarde la scène de l’autre côté de la rue, les bras croisés. Qu’est-ce qu’il se passe ?
-Béh les combattants sont venus manifester, ils ont en marre, et nous aussi on en à marre, Sassou doit partir, le peuple doit retrouver ses droits, sa paix et surtout sa dignité. Donc voilà !
-Oh d’accord.
Donc c’est en dégradant les locaux que le peuple va retrouver tout ça… Et ben, et ben et ben. C’est une façon particulière de réclamer ses droits? Tant que ça marche, c'est top.
Est-ce que ça marche ?
Entre bagarre, insultes, et regards noirs capté sous l’oeil aguerri des réalisateurs du dimanche -ceux qui comme toujours sont futés et sortent leur téléphone pour filmer au lieu d’apaiser les tensions- je ne sais plus où donner de la tête.
Si mon vol n’était pas prévu pour ce dimanche, j’aurais fait demi-tour, mais là je n’ai pas le choix.
C’est donc bien contre mon gré, avec toutes les précautions du monde, que j’essaie de me faufiler entrer les différents protagonistes, pour rejoindre la petite entrée de l’ambassade. Je suis bousculée de toute part mais je tiens bon.
Bam !
Aie, merde, je viens de me prendre un coup au niveau de l’arcade sourcilière. A coup sûr, je vais me retrouver avec une grosse bosse. Combattant de mes deux ovaires !
On s’en fout de vos revendications ! ai-je envie de crier.
Bon non, on s’en fout pas mais aujourd’hui c’est pas le jour ! Ça fait trente deux ans que le pays est dirigé par un despote, ils peuvent bien attendre la semaine prochaine, le temps que je fasse mon visa, pour crier leur ras le bol et saccager l’ambassade !
-Monsieur, vous devez me laisser passer ! Dis-je avec conviction lorsque j’arrive enfin devant un des agents de sécurité.
-Vous voyez pas qu’ils ont tous cassé et qu’on essaie de les faire sortir? Là on prend plus personne. Me répond-il sèchement.
-Je peux le comprendre mais sachez premièrement que moi je ne suis pas personne, je suis Ketsi Massamba, donc maintenant que vous savez qui je suis vous allez me laisser passer s’il vous plait.
-Je m’en fous, vous pouvez être la fille d’Hollande, y’a personne qui rentre.
Je vais faire comme si il n’avait rien dit et retenir bien au fond de ma gorge la réplique cinglante que j’ai envie de lui sortir et tenter de lui expliquer calmement la situation.
-Monsieur écoutez, mon vol est prévu pour dimanche. Si je ne fais pas mon visa aujourd’hui, je ne pourrai pas partir et ce n’est pas vous qui allez devoir exposer à mon père les raisons qui m’auront empêchée de prendre mon vol.
-C’est pas mon problème, la sécurité des fonctionnaires n’est plus garantie, ils ne peuvent plus travailler nous on accueil plus personne alors mademoiselle, veuillez-vous pousser.
-Oh ça va, c’est pas à cause d’un sac de farine, quelques œufs et un peu de ketchup que la sécurité des fonctionnaires va être menacée. On est pas non plus dans une situation similaire à un commencement de guerre ? On en a tué beaucoup avec des œufs et de la farine ?
Il me regarde du coin de l’oeil avec un rictus de colère qu’il ne prends même pas la peine de voiler et me lance sur un ton désinvolte:
-Je vais pas vous le répéter, poussez-vous.
Ce qui me pousse à répondre sur le même ton:
-Et moi je vais pas vous le répéter, laissez-moi passer.
-Y’a des gens qui ont des billets qui vont se perdre et c’est pas vous qui allez les rembourser ? Crie une dame qui a également réussi à se faufiler. Vous savez combien de temps j’ai économisé pour payer le billet là ? Vous connaissez là dureté du travail ? Hein ? Au pays vous ne faites que soutirer l’argent des gens, et ici vous voulez aussi nous faire chier ! Merde ! Ça suffit là !
Oui ! Sassoufit, enfin ÇA SUFFIT ! Crié-je intérieurement pour faire écho à la dame. Même si l’écho se fait dans ma tête, je me sens solidaire. Je suis pas certaine qu’aujourd’hui soit un jour où le son de ma voix doit se faire entendre, encoire moins face à ce mastodonte.
-Moi je ne suis pas venue avec eux donc, vous allez me laissez passer ! S’énerve-t-elle.
-C’est pas la veille pour le lendemain qu’il faut penser à faire vos visas ! Lui rétorque l’agent.
-%@*** »# libul* ya ma** @**$%@ # !
Ah ça c’est de la grossièreté !
-Madame, je ne vous permets pas !
-Mais moi je me permets. Tu sais quand j’ai décidé de partir ? Après ce qui est en train de se passer vous allez encore ouvrir demain où la semaine prochaine ? C’est pas la fionton qu’on pense à faire vos visas. Niama !
Le ton monte de plusieurs crans, et au lieu de tenter de tempérer les choses, l’agent se met à répondre à la dame. S’ensuit une série d’injures dont j’ignorais l'existence jusqu’à ce jour, et pour cause… On a pas idée de sortir des choses pareilles. Où les trouvent-ils ?
-S’il vous plaît, restons courtois. Intervient un autre agent, tout aussi colosse que le premier, qui assiste à l’échange plus qu’houleux.
-Monsieur pardon, mais laissez-nous entrer, on veut juste déposer nos demande. Moi je ne peux pas le déposer un autre jours parce que je pars dimanche
-Okay, passez. Dit-il calmement.
-Mais… Commence son collègue aigri.
-Laisse. Fait-il simplement.
Voilà comment il faut répondre ! Prends exemple sur ton camarade !
Je gratifie mon sauveur du jour d’un sourire et entre dans les locaux après mettre docilement laissée fouiller par mister force tranquille.
En y regardant de plus près, il n’est pas mal du tout. Un peu court mais bien bâti.
Je me dirige vers la table se trouvant en face de l’entrée puis récupère un dossier que je remplie rapidement avant de me présenter au comptoir se trouvant à gauche de la table.
-Je vais vous escorter jusqu’à la sortie. M’informe Mister force tranquille. Vous vous êtes déjà blessée d’après ce que je vois.
Du menton, il me montre mon visage et j’en déduis qu’il me parle de ma bosse. Je la touche pour voir un peu l’étendu des dégâts et constate que je saigne. Putain, ils m’ont même blessée ces cons.
-Ah d’accord. Merci. Je réponds avec une petite voix de victime exagérée.
Les mains de mister force tranquille sur chacune de mes épaules, je le laisse me diriger à travers le groupe de combattants qui décidément ne lâche pas l’affaire.
Bizarrement, je leur en suis reconnaissant puisque ça me permet de me sentir protéger. Aujourd’hui, je peux affirmer que je comprends ce que Whitney Houston ressentait quand Kevin Costner la protégeait dans Bodyguard.
D’accord il ne me porte pas mais, je suis certaine que ça ne change pas non plus grand chose. En tout cas la sensation est douce ! Et pour le coup, je veux bien jouer la scène de l’épée et du foulard avec lui!
-Là c’est bon, ça devrait aller. Me dit-il à quelques mètres de l'ambassade.
L’intervention de mister cool me fait revenir à mon grand regret sur terre.
-Ah, merci.
-Pas de souci.
-....
Quoi, ça va se finir comme ça ? Pas de "je suis ton bodybuard", ni de "I will always love you" ? On dirait que non.
Je me tourne un peu dépitée dans l’intention de repartir vers la bouche de métro quand je l’entends dire:
-Excuse-moi, on peut discuter quelques minutes ?
“And iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii will always love youuuuuuuuuuuuuuu”
J’efface rapidement le sourire niais qui se dessine sur mes lèvres et me retourne vers lui.
-Oui, bien sûr. Je t’écoute.
-Il n’y a pas grand chose à dire, je te trouve mignonne et je voulais te le dire.
-Merci c’est gentil.
-Tu pars bientôt au pays ?
-Dimanche.
-Ouuh ! Fait-il en grimaçant avant de me montrer une magnifique dentition à travers un beau sourire. Donc tu penses qu’on aura la possibilité de se voir pour prendre un verre ce soir ?
Oui, oui oui, je suis disponible et plus que disponi… A non merde, je viens de me souvenir que j’ai rendez-vous avec Halitoseman. Fais chier celui là !
-Désolée mais aujourd’hui, ça va être compliqué.
-Tu restes longtemps au pays ?
-Oui, je compte m’y installer. Et toi je suppose que tu vis ici.
-Pas du tout, je suis venue en mission pour assurer la sécurité des fonctionnaires justement à causes des multiples débordements notés avec les combattants. Toi même tu as vu de quoi ils étaient capables.
-En effet, je vois bien. Mais quand tu dis mission c’est une façon de parler ?
-Non, je suis en mission, je suis un soldat de l’armée congolaise. Je m’appelle Dayron Olomilé, caporal Dayron Olomilé pour être plus précis.
Wooooh la façon dont il décline son grade avec assurance, fait monter le sexy mètre de façon exponentielle.
-Si, à chaque fois que nous nous présentons, nous devons donner notre grade, je respecte simplement le protocole.
-D’accord.
Je suis bêtement intimidée va savoir pourquoi.
Si je sais, c’est son charisme, sa prestance, et le fait qu’il soit militaire. Ça le rend drôlement sexy.
-Tu me passes ton numéro de téléphone ?
-Oui.
Je suis blasée de moi même, on dirait une gamine de douze ans face à ses premiers émois quoi qu’une gamine de douze ans aujourd’hui sait déjà dans quel sens il faut tourner la langue lorsqu’on embrasse.
Enfin bon, je lui donne mon numéro, il fait sonner mon téléphone et après deux-trois autres phrases échangées, nous nous quittons avec la promesse de nous revoir très vite.
Une vingtaine de minutes plus tard, je suis installée dans le RER A, avec un petit récépissé me donnant la date de demain après-midi pour venir retirer mon passeport et mon visa, ainsi que le numéro de sexy militaire.
caporal Olomilé. Me répété-je intérieurement. Ouais c’est définitivement sexy. Mais le grade de caporal se trouve où dans l’ordre de hiérarchie ? Ça doit pas être très loin de colonel vu comment il en parlait.
On va vérifier ça.
Je compose le numéro de Nina, qui est fille de colonel au pays, pour qu’elle me donne la position exacte de se grade.
-J’allais t’appeler. Me dit-elle en décrochant son téléphone.
-Ah oui ?
-Oui. J’ai eu Kevin au téléphone et il m’a dit que vous aviez rendez-vous ce soir.
-Mais pourquoi il t’appelle toujours ?
-Bah il pensait que tu le triais, ce qui n’est pas totalement faut, et comme il m’avait appeler pour me faire part de ses pensées, il l’a également fait pour m’informer qu’il s’était trompé. Comme nous savons toutes les deux qu’il n’était pas dans l’erreur, je voulais t’appeler pour savoir ce que tu tramais?
-Rien du tout, tu m’as demandé d’être plus gentille avec lui, ce que je m’efforce d’être. Dis-je innocemment
-On se connaît, et le mot gentille ne fait pas parti de ton vocabulaire.
-Je suis dessus de t’entendre tenir de tels propos sur moi, mais qu’à cela ne tienne, je ne vais pas t’en tenir rigueur si tu me dis quelle position occupe un soldat qui a le grade de caporal.
-Au pays ça équivaut à un grade de sous officier. Tu vois Melvin, le chauffeur de papa ?
-Ouais?
-Bah le caporal est en dessous.
What !
Mais quand il en a parlé, avec la conviction qu’il y mettait, la posture qu’il prenait, on aurait dit qu’il s’agisait d’un haut grade ! Donc Melvin est même au dessus de lui ? On dirait que le caporal Dayrone est un vendeur de rêve.
-Mais arrête de me distraire, on parlait de Kevin et de ce que tu tramais.
-Non. Dis-je en me concentrant de nouveau sur notre conversation. On ne parlait pas de ce que je tramais puisque je ne trame rien du tout. Bon, je te laisse, ça va bientôt couper, je suis dans le RER A.
“Bip”
Je raccroche avant qu’elle est le temps d’en placer une. On ne sait jamais avec elle, elle serait capable de me faire parler sans que je ne m’en rende compte.
Arrivée chez moi, je poursuis mon rangement de dernière minute jusqu’à 17h30.
Je me laisse une heure pour retrouver Kevin à Châtelet-les-Halles. Son haleine est toujours aussi fétide mais cette fois, je me suis préparée. Stratégiquement, je lui ai proposé un chew-gum à la menthe extra fraîche qu’il n’a pas refusé.
-Donc on va où ? Me demande-t-il alors que l’on est en train de marcher depuis la sortie de la gare.
-Dans un endroit cool. Dis-je en continuant à marcher.
Un endroit plus que cool, que bien des hommes refusent de fréquenter va savoir pourquoi.
-On va au même endroit que ces personnes ? Me demande-t-il en désignant les quelques personnes qui nous précèdent.
-Oui.
-Ils ont l’air pressé. On doit aussi pressé le pas ?
-Ouais ce serait une bonne idée en effet, sinon on va avoir du mal à trouver des places.
Bon, il a toujours pas l’air de comprendre où nous allons et ce n’est pas plus mal que ça. J’aime quand la surprise est totale et qu’on la lit sur le visage. C’est un peu méchant mais j’aime confronter ces chers hommes face à leurs propos.
C’est beau de dire des choses pour draguer une femme, mais réellement les pratiquer c’est mieux. C’est au niveau de la seconde partie de la phrase qu’il y a souvent un bug. Et moi, je me sers de ça pour…. Disons démasquer les imposteurs.
Je ne sais même plus comment, mais un soir nous nous sommes mis à parler de religion avec Kevin, et il m’a confié être frère en Christ. On va donc voir s’il l’est réellement ou si c’est plus un frère en crise.
“Il y a puissance, dans le nom de Jésus,
Il y a puissance dans le nom de Jésus,
Pour briser les chaînes, briser les chaînes, briser les chaînes”
Les notes de “Briser les chaînes” se font entendre depuis l’entrée à la salle principal.
Avec mon plus beau sourire, je me tourne vers Kevin pour surprendre son regard hébété.
On va voir si je te plais toujours après ça.
Par manque de place, nous ne nous trouvons malheureusement pas assis ensemble, mais tout me dit qu’il ne va pas rester jusqu’à la fin et qu’en regardant mon téléphone à la fin du culte, je verrai un texto de sa part me disant qu’il avait un rendez-vous important qu’il se devait d’honnorer. C’est l’excuse que m’a sorti le dernier mec que j’ai invité. Enfin bon.
Je profite tout de même de ce moment pour adorer mon Dieu, après tout, je pars pour m’installer au pays, sans savoir ce qui va m’attend. Je prends donc le temps de remettre mon installation, entre les mains du seigneur, tout en le remerciant pour ce qu’il a déjà accompli.
-S’il y a parmi nous ce soir, des frères et soeurs qui sont venues pour la première fois, je les invite à se lever pour se présenter, nous prions ensuite pour eux. Lance le pasteur.
J’arpente la salle du regard quand je vois Kevin se lever et prendre le micro que lui tend une soeur.
-Bonsoir tout le monde, je m’appelle Kevin, je viens de Paris et je suis parmi vous ce soir grâce à la soeur Ketsia que je bénis pour m’avoir emmené avec elle. J’ai vraiment été porté par la prédication d’aujourd’hui. Que toute la gloire revienne au seigneur.
-AMEN ! Proclame l’assemblée.
Oh bordel, c’est vraiment un frère en Christ ?
Celle-là, je ne l’ai pas vu venir.
-Bien fait pour toi ! Ricane Nina alors que je lui raconte ma soirée.
Je suis arrivée chez elle il y a quelques minutes pour débriefer avec elle et la convaincre de parler à Kevin.
-Je savais bien que tu préparais quelques chose de louche. Reprend-elle. Ça t'apprendra à te jouer des bonnes personnes.
-Je ne me suis pas jouée de lui.
-Non tu voulais le confondre sauf que c'est toi qui as été confondue.
-.....
-Mais je comprends pas, tu dis vouloir une relation sérieuse avec un mec bien et Kevin correspond à ce que tu recherches mais tu le reposes constamment !
-Je le repousse parce que contrairement à ce que tu penses, il ne correspond en rien à ce que je recherche. C'est même tout le contraire, il me fait peur. Sérieux, j'ai l'impression que c'est un sociopathe qui s'ignore. Je trouve qu'il a des airs de Patrick Bateman.
-C'est un personnage fictif, blanc de surcroît.
-Ouais bah si il devait être réel, je suis sûre qu'il aurait le visage de Kevin. Dis-je avec un sourire en coin.
Okay là j'abuse, mais mon imagination est extrêmement débordante et j'ai tendance à la laisser s'exprimer.
-Bon d'accord j'abuse, mais plus sérieusement, j'ai besoin d'autre chose. D'un mec avec qui je peux parler de choses profondes, mais également rire comme une gamine, me confier, me sentir protégée, et surtout aimée, et je sais qu'avec Kevin ce ne sera jamais le cas. Tu comprends ?
-Humm. D'accord, je vais lui parler.
-Top.
Moi de mon côté, je vais continuer à chercher... Le bon. S'il existe...