Imprévus

Write by RIIMDAMOUR


J'ouvris la porte de son bureau, un plateau avec son dîner entre les mains.

Il enleva quelques papiers histoire de dégager la table pour que je puisse y poser le plateau.

- Merci. Dit-il une fois que ce fut fait, mais sans me regarder.

Je restai bloquée quelques instants à l'observer.

Il avait meilleure mine depuis qu'on était sortis de l'hôpital, la semaine d'avant.

Il avait pris quelques jours de congés et restait enfermé du matin au soir dans son bureau.

Au début il était énervé que je lui fasse ses repas, que je lui rappelle de prendre ses médicaments, que je lui rappelle de se reposer
Il me lançait un regard qui voulait clairement dire :" de quoi je me mêle" .
Maintenant il a compris que c'est ma nature, de prendre soin des gens, de mon entourage.

Maintenant il se contente de marmoner, de parler dans sa barbe en me lançant des regard excédés.

Je le regardais toujours.
Me demandant si je devais lui parler ou non, de ce qui s'est passé la semaine précédente, à l'hôpital.

Lui, n'en avais pas parlé, toujours pas.

Et moi, je n'étais pas du tout tout tranquille depuis.

Je sursautais à chaque fois qu'il m'appelait ou qu'il entrait dans une pièce.

Mais il ne disait toujours rien.
Rien.

- Tu voulais quelque chose? Demanda t-il en me tirant de mes réflexions.

Je ne sus que dire.
Enfin si.
Je voulais qu'il me parle au moins parce que je suis sûre qu'il avait regardé toute la scène avec Kevin et se posait des question.
Mais moi je ne pouvais lui en parler, qu'allais-je lui dire?
Surtout avec ce que J'AI fait.

- Je... euh. Non...rien. balbutiais-Je.

- Hunnn...Fit-il en fonçant les sourcils. Milouda qu'est-ce qu'il y a?

- Co...Comment ça?

- J'ai remarqué que tu es très tendue. Tu es stressée et tu me stresse par la même occasion étant donné que tu tournes tout le temps autour de moi. À croire que tu te prends pour ma nounou. Dit-il. J'ai toujours l'impression que tu comptes me dire quelque chose mais que tu te dégonfles à la dernière minute.

C'est exactement ça!  Faillis-je lui dire.

Mais l'insolence n'était pas une solution.
Surtout dans mon cas.

Je m'assis lentement sur une chaise en évitant de le regarder dans les yeux.

- En fait c'est euh... À cause deuuuuhhh...euh.. ce qui s'est passé à l'hôpital l'autre jour.

Il prit une bouchée de salade et me fixa, impassible.

- Et que s'est-il passé à l'hôpital. Demanda t-il d'une voix où percait un peu de moquerie.

Hein??
Il est sérieux lui?

Je le regardai pour m'assurer qu'il ne blaguait pas. Et bien évidemment il avait toujours le même air hyper sérieux.

- Bein heu...le type qu'on avait vu
Devant ta cabine. Celui qui...avait la blouse blanche... Commençais-Je.

Il me coupa.

- Ah tu veux dire le mec qui avait l'air trop surpris que tu sois mariée? Le mec là de qui tu semblait très proche?


- Euh oui... en fait c'est...mon ami. Dis-je.

Je me mis une grosse claque mentale dès que ces mots franchirent mes lèvres.

Je n'arrivais pas à croire que j'ai dit ça.

C'est vrai que Kevin na jamais été plus que mon ami ( du moins officiellement), mais si sortant de ma bouche comme ça, avait l'air d'être un gros bobard.

Amine me jeta un regard étonné puis dit:

- Tu veux dire que cet homme qui a vraisemblablement eu le cœur brisé lorsqu'il a appris que t'es mariée, c'est seulement ton ami?

- Bah oui c'est ça. Repondis-je.

Il macha sa salade en me regardant droit dans les yeux.
Mon coeur battait la chamade.

-Il ne me crois pas. Me dis-je dans ma tête.

- Bien-sûr qu'il te crois pas idiote. Siffla ma conscience. Ce que tu viens de dire n'a aucun sens.

- Mais je dis quoi moi alors? Lui demandais-je.

- Ah ça, c'est ton problèmes répondit elle.

- Tu te fiches de moi là Princesse ?   Demanda Amine.

- Non. Je te dis la vérité.

- Si, tu te fiches de moi. Est-ce que j'ai l'air d'un idiot?  Dis moi?  S'éenerva t-il.

- Non c'est la vérité. En d'autre circonstances il y aurait peut-être eu quelque chose de plus entre lui et moi. Mais avec Kevin,  on s'est rencontré le jour où ma belle-mère m'a parlé de cet histoire de mariage. Je ne nie pas qu'il y ait quelque chose entre lui et moi mais officiellement, il n'a jamais été question d'être plus que...des amis. Dis-je d'une traîte en me triturant les doigts.

J'ai évité de le regarder dans les yeux pendant mon aveu.
Ces mots étaient sortis tout droit de mon coeur.
J'ai passé la semaine à me poser des questions:

Et si je n'avais jamais rencontré Kevin?

Et si Amine n'était jamais entré dans ma vie? Un avenir avec Kevin aurait-il été possible?

Je connaissais assez Kevin pour savoir que je l'ai profondément blessé. C'était un homme aux allures fortes, mais avec un coeur d'enfant, un coeur blessé par l'abandon d'un père.
Alors ma cachotterie peut lui sembler être une trahison.

Amine n'avait rien dit après ma révélation.

Il m'avait répété à plusieurs reprises de ne pas le tromper. Et je ne l'ai pas fait.
Kevin n'a  jamais eu un seul geste déplace avec moi et je ne me suis jamais fait de faux espoirs quand à notre relation.

Mais le fait est que j'avais de véritables sentiments pour Kevin.
Ces quelques jours sans ses nouvelles avaient été très dures.
Nos conversations me manquaient.
Ses encouragements me manquaient.
Sa voix fatiguée après ses heures de gardes me manquaient.
Il  me manquait.

J'osais enfin lever les yeux vers lui. Amine.

Il me fixait.
Comme toujours, il semblait m'étudier.

À chaque fois qu'il me sondait de son regard vert j'avais l'impression qu'il essayait de lire en moi.
Une sensation désagréable, qui me mettait mal à l'aise

Amine était au courant de la force de son regard et il en usait.

Mes yeux restèrent accrochés aux siens quelques secondes puis il me dit:

- J'ai choisi de te croire. J'espère pour toi que tu n'essaierais pas d'abuser de ma confiance. Si un jour il s'avère que tu m'as menti...

Il ne continua pas sa phrase. Il n'en eut pas besoin. J'avais compris.

Je fis oui de la tête et me levai en direction de la sortie.

- Princesse, une dernière chose! M'interpella t-il. Tu seras la plus à plaindre dans l'histoire si jamais tu apparaît comme une femme adultère.

Je fus oui de la tête et sortis rapidement.

Je soufflai un bon coup une fois dehors.

Ouf!! Je venais de régler cette histoire  qui ma vit stressé tout au long de la semaine.

Avec Amine c'était réglé.

Il ne restait plus Kevin.

Ma stupide conscience me soufflait que c'était le moment d'en finir avec Kevin. De l'oublier une bonne fois pour toute parce que notre relation n'avait pas d'avenir.

Mais comme presque tout le monde je n'écoute pas les conseils de ma conscience.

******************************

Kevin ne me répondait pas. Ni à mes appels, ni à mes SMS, ni à mes messages sur whatsapp, viber...
J'avais finalement décidé de suivre la voie de ma raison et d'abandonner. De le laisser tomber.

Amine avait recommencé à travailler.
Donc il s'absentait de la maison la majeure partie de la journée.

Allelouiyah!!!

J'étais pressée qu'il s'en aille tôt le matin et le soir j'étais énervée à l'idée qu'il allait bientôt rentrer.

Pas que je sois méchante, mais je ne m'entendais toujours pas avec lui. On évitait de se parler pour ne pas nous disputer.
Et le pire avec lui, c'est qu'il est la personne la plus bordélique que j'ai jamais vu.

Dès qu'il entrait dans la maison, Hop il enlevait ses chaussures et les balançait quelque part alors qu'il y avait  un meuble de rangement à l'entrée.

Puis il enlevait sa veste, sa cravate ou son noeud papillon et les balancait sur le fauteuil en rotin du vestibule.

Je detestais le désordre depuis que je prenais des cours avec Alain.
Ah oui si on veut être efficace et pouvoir se retrouver dans sa cuisine, faut être ordonné hein.

Mais Amine... Amine...pfff
Il foutait le bordel en moins de deux et ne rangeait jamais derrière lui.

Ce dont j'avais le plus horreur c'est qu'il entrait dans ma cuisine.
Ah, c'est moments là je me retenais pour ne pas le gifler.

Pour éviter qu'il sème la pagaille j'étais obligée de le suivre dans toutes pièces où  il entrait pour nettoyer derrière lui.

Le matin,  Je me reveillais à la même heure que lui, c'est à dire à l'aube, pour lui préparer soigneusement son petit déjeuner et le lui mettre sur un plateau tout ça pour éviter ses bêtises.

En plus il était très compliqué mon mari.
Petit déjeuner là, il mangeait toujours quelque chose de salé pour accompagner son café au lait. J'avais pris l'habitude de lui faire des oeufs brouillés le matin.
Il ne buvait jamais de jus de fruit provenant d'une usine. Des fruits pressés à la main rekk.

Un bon matin alors que je m'affairais a la cuisine pour préparer le break-fast de King Amine, Fatou m'avait dit.

- Ah Milouda t'es dèja réveillée pour ton mari? Ah yangui seuuyy seuyy bi dé! ( Tu es une épouse modèle).

J'ai juste souri et je me suis dit qu'elle ne comprenait rien la pauvre Fatou.

Ce soir  là j'étais sur les nerfs en . J'avais trouvé des miettes de pain et un verre du jus d'Orange sale sur la table du salon, une barquette de Jambon vide et un couteau taché de mayonnaise dans la cuisine. Et évidemment c'est qui qui nettoie?
Pas Amine.

Il me trouva entrain de nettoyer mon plan de travail, une pomme entre les mains.

- Du faiiii gouuuaaa ( Tu fais quoi? Dit-il la bouche pleine.

Je lui lancais un de ses regards.

- Je nettoie répondis-je sèchement.

- Ah ouais...retorqua t-il en me regardant faire.

Je ne lui accordait plus d'attention à partir de ce moment, j'étais trop énervée.

Tchip

- Bon, Princesse qu'y a t-il?

- Comment ça? Demandais-je énervée.

- Je vois bien que t'es en rogne. Dis-moi ce que j'ai fait.

Il n'avait pas encore fini que je m'écriais en lui pointant la tâche de mayonnaise sur mon plan de travail.

- Ça

- Quoi ça? Questionna t-il perdu.

Mais celui-là.....

- Laisse tomber Amine. Soufflais-je

Il me regarda interloqué quelques instants puis dit.

- Bref,  prépares toi pour demain. Mon frère organise un dîner chez mon père demain pour présenter sa fiancée à la famille. Notre présence est obligatoire à tous les deux

KiéhMais kiii nitt leu?
Dites moi rekk si vous le trouvez normal.

- Tu as bien dit demain hein? Demandais-je les poings sur les hanches.

- Oui.

- Et qui t'a dit que moi je suis prête pour demain?  Hein.

- Il est où le problème princesse? Interrogea t-il excédé.

- Le problème?  Tu es serieux Amine? Le problème est que tu viens de me le dire et que je n'ai rien préparé. Le voilà le problème.

- Et bah t'auras toute la journée de demain pour te préparer. Retorqua t-il.

- Une journée? Une seule journée?  Tu n'es pas sérieux du tout. Pour toi c'est simple il te  suffit juste de prendre un bain, d'enfiler des trucs que tu as déjà sans tes affaires et de mettre du parfum. Pour moi ce n'est pas aussi simple. Je suis une femme.

- Tu veux quoi? Dis moi Princesse?  Que j'annule?  Il n'en est pas question. Tu te démerdes et c'est tout.

- Tu aurais du me le dire plus tôt. Je n'ai rien à me mettre, et puis regardes moi, je ne suis même pas coiffée.

- Une coiffure? La belle affaire! Mets un foulard ou je ne sais pas moi... vas au salon de beauté.

- Dis moi de me raser tant que tu y es. Hurlais-je.

- Mais je m'en fous moi. Tu viens avec moi et puis c'est tout. Répliqua t-il.

J'allais répondre quelque chose de pas joli joli mais je me repris à temps.

Je me contentais de le fixer dans les yeux et de serrer les poings en jurant dans ma barbe.

Je lui lancai le torchon que je tenais entre les mains à la poitrine rt montai dans ma chambre en colère.

Je m'enfermai à  double tour avec la ferme intention de n'en sortir que le lendemain.

Tant pis pour lui, il n'aura pas de dîner ce soir.

******************************

Le lendemain fut une journée extrêmement éprouvante.

J'étais oubliée d'aller à ce dîner, pas par respect à mon mari ou des trucs du genre, mais parce qu'il avait donné sa parole. Et je savais à quelle point ses rapports avec ses frères étaient tendues, il était hors de question qu'il manque à sa parole.

Ishhh.. trop compliquée cette famille là.

Je me reveillais donc très tôt pour accueillir Khadija qui avait promis de m'aider avec ma touffe hirsute. Mes cheveux avaient repoussés et étaient devenus beaucoup trop frisés et boucles.

Je m'abandonnais donc aux bons soins de ma chère cousine.
J'avoue que je n'avais aucune idée de ce qu'elle allait faire mais je n'avais pas le choix. C'était ça ou rien. Vu que dans les salons de coiffures ils m'auraient mis des extensions ou défrisé mes cheveux. Il n'était question de ni  l'un ni l'autre. 

Deux heures plus tard, j'étais assez satisfaite après m'être mirée .
Elle ma vit fait de fines torsades qui se joignent en chignon sur la nuque.

Cette coiffure était parfaite pour moi:  Chic et simple.

On passa le reste de la journée Khadija et moi à Chercher une tenue  pour le soir et franchement... C'était galère.

Je voulais une tenue assez raffinée, qui me couvrait totalement et qui ne moulait pas mon corps.

J'ai oublié de vous dire que j'avais  commencé à m'habiller comme les voilées à l'exception du hijab.

On trouva finalement, par hasard en passant devant la vitrine d'un tailleur de seconde zone une robe longue qui pouvait faire l'affaire. C'était une robe en wax avec une coupe assez classique mais très originale.

Il était 17h quand nous sommes retournées à la maison

Il était 17h quand nous sommes retournées à la maison. Je n'avais pas eu le temps de me prendre de  nouvelles chaussures. Le temps m'était compté.

Amine m'avait dit d'être prête à 19 et java intérêt à ne pas le faire attendre. Tchip.

J' enfilais ma paire d'escarpins Jimmy Choo préférée à 19h 03.

Oui je sais j'avais du retard

Oui je sais j'avais du retard. Mais heureusement  que j'étais prête.

J'avais mis une petite barrette en strass sur mon chignon et j'avais passé une légère veste blanche en lin sur ma robe avec un foulard blanc posé négligemment sur ma tête

J'avais mis une petite barrette en strass sur mon chignon et j'avais passé une légère veste blanche en lin sur ma robe avec un foulard blanc posé négligemment sur ma tête


Je descendis enfin et trouvais un Amine assez agité. 
Il faut dire qu'il était stressé.
Je l'étais aussi, mais pour des raisons différentes.

- J'ai failli attendre. M'assena t-il.

Je ne lui répondis même pas et le suivit dehors.

En avant pour cette soirée qui s'annonçait catastrophique.



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