Indécise
Write by Aura
Cela fait deux jours que je suis secouée par rapport aux aveux d’Alex. Je n’arrive pas à croire que le destin se soit autant acharné contre nous. Je me demande comment nous en sommes arrivés là ? Nous n’avions certes pas les moyens auparavant, mais nous étions tellement fous amoureux l’un de l’autre. Je ne pouvais m’imaginer que les choses pouvaient prendre cette tournure. Quand il a disparu, j’ai prié qu’il me revienne et ce tous les jours. Lorsqu’il est réapparu aux côtés de Dana, j’ai pété les plombs. J’avais l’impression d’avoir loupé un épisode. Je ne voulais plus me faire du mal pour rien alors je l’ai rayé définitivement de mon cœur et de ma vie. Maintenant, je suis toute retournée. Après toutes ces révélations, après tout ce qu’il a subi, je n’ai plus la force de le haïr. Je n’éprouve que de la culpabilité de l’avoir jugé trop rapidement, de n’avoir pas pu me mettre à sa place. Je comprends à présent pourquoi il était toujours distant de moi, tellement sévère et parfois tellement perdu et ce chaque fois qu’il me voyait. Tout s’explique : il avait perdu la mémoire. Je pouvais croire à tout sauf à ça. Cette pensée ne m’a en aucune fois effleuré l’esprit. J’ai toujours pensé qu’il en aimait une autre que moi en cachette, ou qu’il était mort. Mais ce n’est pas le cas. Il est bien vivant, il a recouvert la mémoire et moi je me sens tout simplement bête. Mouais, comment faire face à ce genre de situations. Je me demande bien pourquoi tout ceci n’arrive qu’à moi. Je ne sais quelle attitude adopter à son égard au point d’en perdre les pédales. Depuis la révélation, il ne cesse de m’écrire, de prendre de mes nouvelles, d’envoyer des petits mots coquins pire qu’à nos débuts. Et moi ? Pouf une vraie gourde ! Je zappe ses appels et ses textos. Je les lis les uns après les autres au point où ils réveillent en moi mon plaisir perdu depuis des siècles. Ce n’est pas que tout ceci me laisse indifférente mais je ne sais comment prendre les choses. Je ne sais comment réagir à tout ceci. Qui ne me dit pas que ce sont les séquelles du coma sur lui ? Qui ne me dis pas qu’il va encore s’en aller à la première occasion ? Peut-être qu’il ne m’aime pas mais fantasme juste sur moi. Je ne veux plus tomber dans le panneau cette fois-ci. Je préfère continuer à faire mon deuil et à laisser mon cœur se cicatriser de toutes ces blessures. Je ne veux en aucun cas revivre ce que j’ai vécu au préalable : réapprendre à ne compter que sur moi-même et à faire face à la douleur. Je ne veux pas me réveiller un matin et me retrouver désespérée. Je ne veux pas être semblable à une personne à qui on a amputé un membre et qui doit réapprendre à vivre. Ce qu’Alex m’a fait subir c’est semblable au fait de donner un bonbon à un enfant, le laisser le sucer pendant longtemps avant de le lui arracher brusquement pour le remplacer par du citron puis de la nivaquine. Je dis donc non merci et je le fuis comme de la peste. Je suis sûre que ça lui passera dans quelques temps. Pour l’instant mieux vaut ne pas s’attacher aux problèmes de cœur surtout que ce connard de Marc machin chose court toujours. En parlant du loup, il n’a toujours pas été appréhendé. Je ne sais comment il fait mais cette tête à claque a les tactiques des souris pour ne pas se faire prendre. De toutes façons, nous finirons bien par l’avoir. Pour cela je vais devoir échafauder un plan pour qu’il tombe dans mes filets et il va me falloir être discrète, concentrée et surtout très imprévisible.
*************
Depuis quelques jours j’essaies de sortir de ma coquille. J’ai demandé à Lucien de veiller sur Alex parce que moi je crains de succomber à son charme hypnotisant. Ah oui, malgré la maladie, le gars est encore plus beau qu’avant, donc mieux vaut ne pas m’approcher au risque de me brûler les ailes. D’après les dires de Lucien, il demande chaque jour à me voir. Il est sorti de l’hôpital pour son chez lui. Et selon Julien c’est une grande villa semblable à celles de Los Angeles à vous couper le souffle. La villa est un pied-à-terre au style baroque. Elle comporte dix chambres, deux salles à manger, une cuisine, une salle de sport, un grand jardin, une piscine, un jacuzzi, un terrain de basket etc. Tout ça pour dire que le gars a fait fortune et qu’il est un beau célibataire au cœur à prendre. Dans tous les cas, tout ceci ne me blaze pas. Je ne bave pas pour lui, encore moins sur son argent. C’est bien s’il a réussi, mais moi je m’en contre-fiche. J’ai mes soucis à régler et je ne veux en aucun cas perdre le nord.
Je me suis donc remise à ma matière favorite : le dessin. Lucien jouant au baby-sitter d’Alex, n’est presque plus là. Le gars est allé s’installer chez Alex, dit-on parce que le gars en question se sentait seul et lui a demandé, voir supplié de l’accompagner dans cette mauvaise passe. Donc Lucien est indisponible sauf s’il faut kongosser sur Alex ou me tirer les vers du nez pour que je tourne la page et passe à autre chose avec Alex. Pff ce n’est pas trop tôt. Je vois que l’argent rend les langues plus pendantes et bavardes. Lorsque je zappe les textos et les appels d’Alex, Lucien me fait des remontrances, comme quoi je suis en train de tuer le gars d’autrui à petit feu. Pff n’importe quoi.
Bref, pour revenir à ce que je disais, j’ai recommencé à dessiner. J’aurai appris qu’il y a un concours de jeunes talents qui se tient et ce serait l’occasion d’y participer et de gagner la somme de 30 millions de frs pour lancer sa propre affaire. Je mise énormément sur ce concours afin de travailler à mon propre compte. Après tout ce qui s’est passé, je ne veux en aucun cas être le larbin de qui que ce soit et voir dans quelle mesure je peux moi aussi diriger ma propre entreprise et faire connaitre ma marque. Je travaille donc d’arrache-pied. La chambre autrefois de Lucien me sert d’atelier de confection. Pendant ce temps maman qui n’a pas voulu me laisser seule me prépare de bons petits plats savoureux, au point d’avoir pris quelques kilos. Bon moi c’est ce que je pense mais elle dit toujours que je demeure une brindille, que je travaille trop, qu’il faudrait que je me ménage un peu. Ah les mamans !!!! Quand tu manges trop elles disent que tu es gourmande, quand tu manges peu, elles disent que tu veux jouer au mannequin, finalement comment doit-on manger ? Peu importe ce que l’on fait, il y aura toujours un hic. Vraiment je ne cesse d’être étonnée. Je travaille donc toute la journée, voir tard dans la nuit, au point de ne pas sortir profiter du soleil.
- Ma puce tu devrais sortir de temps à autre. Cela te fera du bien.
- Pourquoi je devrai sortir alors que je bien chez moi.
- Je ne sais pas. Juste pour te détendre peut-être.
- Mais je me détends ici.
- Ce n’est pas ce que je veux dire. Les filles de ton âge sortent faire du shopping, vont savourer des plats dans les restaurants. Bref elles passent plus de temps à l’extérieur qu’à la maison.
- Sauf que tu oublies qu’elles dépensent toute une fortune pour des vêtements de marque que je créé. Donc s’il faut que je m’offre de grands restos comme tu dis, il me faut bosser dure pour obtenir ce prix et lancer mon entreprise surtout que j’ai plaqué toutes mes économies pour l’achat du matériel.
- D’accord, mais on peut sortir toutes les deux non. Aller se balader ou quelque chose de ce genre.
- Maman !!!
- Ok ok ok !! Je ne veux pas t’ennuyer plus longtemps, mais saches qu’on ne vit qu’une seule fois. Profites donc des bons moments que tu passes.
- Ok.
- Moi je vais faire ma sieste.
- Ok.
- Tu as besoin de quelque chose ?
- Non merci.
- D’accord.
Je me replonge dans mon travail quand au bout d’une heure je suis claquée. Je m’assois pour faire une pause et je remarque que mon estomac commence à déclarer. Oye comme j’ai faim !!! Je me dirige à la cuisine mais il n’y a rien à manger. Eh la bonne dame n’a rien préparé ? Pfff. Je meurs de faim et j’ai envie d’un bon et gros poulet braisé. Rien qu’à y penser, j’en ai l’eau à la bouche. Là je reçois un appel de Lucien.
- Ehh petite !!
- Ehh tocard.
- Promets-moi de te gifler quand on se reverra.
- Peut-être que c’est moi qui vais te mettre la raclée du siècle.
- Cours toujours !!! Alors toujours en train de bosser comme une malade ?
- Mouais.
- Il faut vraiment que tu réussisses à ce concours sinon tu vas encore te faire du mal et te renfermer.
- T’en fais pas. Cela n’arrivera pas puisque je vais gagner ce concours.
- Tu es vraiment sûre de toi.
- Tu me connais. Je ne fais pas dans la dentelle.
- Oh chérie, je suis déjà en train de tomber amoureux de tes créations sans les avoir vu.
- Lol. Cela veut dire que tu vas t’évanouir quand tu vas les apercevoir.
- Hein cause toujours !!! Bon ma belle, je t’appelai parce que j’avais envie de passer du temps avec toi.
- N’y compte même pas. Quoi l’amour fou entre Alex et toi est terminé.
- Non, mais il a voyagé et je suis seul dans sa baraque. Je m’ennuis comme pas possible.
- Non ça ne marche pas. Tu ne m’auras pas sur ce coup.
- Stp. On a qu’aller chez Hassim manger un bon poulet yassa.
- C’est tentant mais je dis non.
- Stp.
- Non.
- Oh comme tu es chiante des fois. Allez ?
- Où est ce qu’il est ?
- Qui ?
- Ton type ?
- Qui ? Ton chéri ?
- Mon ex ?
- Ohhh je crois au Maroc ou quelque chose de ce genre. En tout cas, il disait que c’était urgent.
- Pff.
- Alors c’est bon, on peut y aller ?
- Bon ok, je ne dis pas non si tu payes.
- T’inquiètes j’ai de l’argent pour te payer même un éléphant.
- N’importe quoi.
- Je passe te chercher ?
- Non, on se voit plutôt chez Hassim directement.
- C’est comme tu veux.
- Bien à plus.
- A plus.
Je sors donc de la cuisine pour la salle de bain. Je prends une douche avant d’aller m’habiller. Vue le temps qu’il fait, j’opte pour une robe bleue ciel près du corps. Elle est dos nu derrière. Je fais un make-up léger et je relâche ma chevelure qui retombe sur mon dos. Je porte mes compensés noirs assortis de ma pochette noir-bleue. Je prends le soin d’emporter une veste en cuir avec moi au cas où il ferait trop froid. Je passe voire maman et la signale que je sors.
Là elle écarquille les yeux, surprise peut-être d’avoir si vite changé d’avis.
- Tu es toute belle.
- Merci. Bien je serais là avant vingt heures.
- Prends tout ton temps.
- Hummm !!! Bon je te laisse alors.
Je sors de chez moi et hèle un taxi pour chez Hassim. En chemin, je reçois un appel de Lucien :
- Aya stp, j’aimerai que tu fasses quelque chose pour moi.
- Quoi donc ?
- Stp viens seulement à la villa d’Alex.
- HEIN !!!!! Non non non non pardon. Je ne mets pas mes pieds chez ce gars.
- Ekie où est le problème ?
- Je ne veux juste pas le rencontrer.
- Je t’ai dit que le type est au Maroc depuis hier, donc je suis seul.
- Mais pourquoi tu as changé d’avis.
- Ma belle, il y a eu un problème avec le robinet de la cuisine et là c’est semblable à une inondation. Je ne peux pas laisser la maison d’autrui dans cet état. J’ai fait appel à un plombier et il est en chemin. Je dois donc l’attendre pour qu’il répare tout ça après on pourra y aller. Je ne veux juste pas te laisser poiroter là-bas pendant des heures.
- Nan je ne viens pas.
- Stp fais-le pour moi. Je paye ton taxi aller-retour promis.
- Tu as encore gagné.
- Youpi.
- Cesses de te réjouir au risque que je ne change d’avis. Où se trouve cette maison.
- Hum c’est une villa pardon.
- C’est la même chose.
- Je t’envoie l’adresse.
- Ok.
- A tout à l’heure.
- D’accord.
Le chauffeur a donc fait demi-tour. Je lui ai indiqué le lieu grâce aux références de Lucien. La nuit était déjà tombée et je commençais déjà à me dire que le dîner n’aurait plus lieu. Je règle ma facture en arrivant et je me dis que Lucien n’a pas menti concernant la description de cette demeure. Elle est tout simplement splendide. Je descends de là et je me présente à la guérite où le gardien me fait entrer sans poser trop de questions. Je m’engouffre dans la grande allée de la villa qui semble mener jusqu’à une porte. En jetant des coups d’œil par ci par là, je constate que des fleurs ont été plantées et qu’elles parfument agréablement la parcelle. Arrivée au niveau de la porte, je sonne. A la deuxième sonnerie, j’aperçois Lucien qui vient m’ouvrir la porte. Pour quelqu’un qui disait être mouillé à cause de la fuite d’eau, il est bien habillé.
- Dit-on que tu es bien mouillé. Où est la fuite d’eau ? Et le plombier est-ce qu’il est enfin là ?
- Ce n’était qu’un prétexte.
- Je ne vois pas de quoi tu parles.
- C’était un prétexte pour te faire venir.
- Qu’est-ce que tu racontes encore ? Dépêchons-nous parce que moi j’ai faim. Je risque d’avaler un éléphant.
- Cela tombe bien puisque le dîner n’attendait plus que toi lance une voix de loin.
Oh mon Dieu pas lui. Alex est tout simplement beau à croquer. Il est vêtu de blanc (un tee-shirt, un jean) et des sandales de couleur marron.
- Lucien tu m’avais dit…
- Que j’étais au Maroc. J’y étais mais je suis rentré hier. Merci Lucien pour ce service.
- Je t’en prie cher ami. Je ne peux rien refuser pour le bonheur d’Arielle.
Là je les fusille du regard.
- Bien les tourtereaux je vous laisse, j’ai à faire nous lance Lucien en prenant la porte.
- Tu vas me le payer Lucien.
- Je sais. Bonne soirée beauté. Puis il s’en va.
Je reste là debout avec Alex qui ne cesse de me dévorer du regard.
- Bien moi je vais m’en aller, surtout que je n’ai plus faim. Et je parie que ma mère va commencer à s’inquiéter.
- T’inquiètes, elle est au courant et elle m’a chargé de te dire que si tu remets les pieds à la maison avant 8heures, tu auras à faire à sa version de Karaba.
- Très drôle. Ma mère ne peut pas dire cela.
- Oh que si. Puisqu’elle est dans le coup.
- Merde !!!
- Avant que tu ne commences à lancer les éclairs, saches que je ne vais pas te faire du mal. Je veux juste que l’on soit fixé sur notre relation. Est-ce qu’elle a encore une chance de survivre ? Ou bien c’est terminé entre nous. Et comme tu as faim, je n’ai pas hésité à te concocter un plat parce que tu es mon invité. Il n’y a rien de mieux que de discuter autour d’un bon plat. Si tu ne veux pas, je mettrai donc un chauffeur à ta disposition pour qu’il te raccompagne. Tu as donc deux choix : prendre la porte et mettre un terme à notre relation, venir t’assoir pour diner avec moi et envisager de reprendre là où les choses sont restées. Je t’attends.
Il a pris le chemin de ce qui me semble être une salle à manger. Que dois-je faire ? Oh mon Dieu, viens-moi en aide !!!!