Jour 28 : Eurêka !

Write by Owali

Solène D’Almeida. 


*** Jour 27 ***


Je manque d’air, je suffoque, j’ai besoin de respirer. De respirer autre chose que cette odeur nauséabonde de putréfaction…


Mais  je ne peux pas partir, je ne peux pas me montrer lâche, il a besoin de moi. De ma présence et de toutes les forces qu’il me reste. 

Les autres ont déserté la grotte depuis hier car cette odeur est insupportable mais surtout cette odeur nous rappelle en permanence que nous sommes en train de mourir un à un. Elle nous rappelle combien la mort est si proche de nous. 

Lentement, elle s’insinue dans nos poumons et détruit nos espoirs de retour et répand sa toxine. 

Quand j’imagine la Faucheuse, je la vois dans un brouillard, traînant sa faux qui s’enfonce dans la  terre, guettant la prochaine âme qu’elle emportera.

Pourquoi, je ne m’éloigne pas? Parce qu’elle ne peut rien contre nous,  contre ce qui nous lie!

Pourtant, à chaque instant, un de nous peut subitement manquer à l’appel, malgré toutes nos précautions, les pièges de notre persécuteur sont jusqu’ici infaillibles…


Je respire cette odeur et je suis encore en vie. Ça me donne l’impression d’avoir déjoué son plan, d’avoir dévié la mort de sa trajectoire initiale. 

Elle ne nous aura pas, nous vaincrons.


-Koss, koss, koss...


Je reporte mon attention sur Jude, plus affaiblie que jamais. 


-Tiens bon Judy, tiens bon pour nous, je t en prie. 


Je passe une main bienveillante sur sa joue brûlante. Mon Dieu, sa fièvre est remontée. 

Je m’empare de la noix de coco qui fait office de récipient et jette au loin l’eau qui m’a servi à nettoyer sa blessure. Je la remplace par une eau propre puis plonge un de mes t-shirts dedans avant de le passer sur son front, puis sa joue et son cou. Il semble apprécier. Malgré ses yeux clos, je perçois un léger soupir d’aise.


-J’imagine que ça doit avoir les mêmes effets qu’un bon bain… Je t’en ferai couler un quand tout ça sera fini.


Encouragée par ses petits gémissements, je continue à le rafraîchir jusqu’à ce que l’eau tiédisse. Puis quand je remarque qu’il n’y aura pas assez d’eau pour la nuit, je décide d’aller en chercher.


-Je reviens mon coeur. Je fais au plus vite.


Je mentirais si je disais que cette première bouffée d’air frais ne m’a pas fait du bien. Je l’ai pleinement savourée, comme celle d’un enfant sorti des entrailles de sa mère. Et j’ai égoïstement prié pour qu’elle ne soit pas la dernière.

Je vais vers  la petite source se trouvant en contrebas de l’entrée de la grotte. Je remplis les trois petites gourdes ainsi que les deux bouteilles d’eau que j’ai emmenées tout en observant au loin les garçons tester le simulacre de radeau qu’ils ont confectionné. 

C’est avec l’énergie du désespoir, qu’ils l’ont construit, je ne peux me résoudre à leur crier combien c’est peine perdu. Il faut être aveugle ou désespéré pour ne pas remarquer qu’il ne tiendra pas. La mer est agitée et l'île est entouré de rochers. Il se fracasserait avant même qu’ils n’aient atteint le large. Mais encore une fois, c’est le fruit de l’énergie du désespoir…


Je me rends compte que je perds mon temps à les contempler. Ils finiront bien par se rendre compte à leur risque et péril… Je regagne la grotte.

Un sentiment de lourdeur m’étreint le coeur pendant ma montée. Je suis obligée de m’arrêter pour reprendre mon souffle. 

Je suis en nage.

Je m’empare du foulard que je garde dans ma poche pour m’éponger le front et remarque qu’il s’agit de ma dernière acquisition: Un Hermès que je me suis offert lors de mon dernier voyage à Paris. 


Il m’a coûtée une somme non négligeable et aujourd’hui moi, Solène d’Almeida, working woman reconnue pour sa classe et son goût sans faille, je l’utilise pour m’essuyer le front.

Si on me l’avait racontée….


Le jour décline et comme à chaque fois que je veux me donner du courage, je laisse mon esprit voguer jusque chez moi. 


J’ai beau avoir réalisé que mes sentiments pour mon mari sont morts, penser à mon foyer, mes habitudes, mes acquis…m’apaise. Alors je me promène dans ma maison, je le regarde dormir, je fais du café, je lis mes mails, j’en suis à la lecture du mail d’une future mariée quand un pincement horrible me broie le coeur. J’ouvre mes yeux, je constate que la nuit est bel et bien en train de tomber et je n’aurai bientôt plus de visibilité, je décide donc de regagner l’intérieur de la grotte. 


Je ravive un peu le feu qui est à l’entrée puis prend la torche artisanale que je garde et l’enflamme, je me rapproche de Jude. 


Je ne sais toujours pas pourquoi j’ai tant mal au coeur mais je sens confusément que c’est en rapport avec lui.


-Jude, murmurè-je une fois près de lui.


-... 


-Jude! Répétè-je en le secouant.


Son bras est gelé, je retire vivement ma main et sens mon coeur s’emballer. Après quelques secondes d’hésitation, je passe ma main sur son visage, il est tout aussi froid, je sens la panique naître au fond de moi. Je m’admoneste mentalement, je prends son pouls: je ne sens absolument rien. J’étouffe un sanglot, puis me reprends aussitôt et me mets à parler calmement:


-Oh lala, tu as attrapé froid. Mon pauvre chéri. Attends, je vais te prendre une couverture.


Je me dirige vers mes affaires et en reviens avec un paréo dont je le couvre. Et je me blotti contre lui:


-Voilà, tu vas mieux te sentir très vite. La chaleur du corps est la meilleure.


-... 


-Te souviens-tu de la première fois où nous avons dîné ensemble? C’était un vrai fiasco n’est-ce pas? Tu ne disais pas grand chose, tu te contentais de me regarder avec cette profondeur qui m’a toujours troublée.


-...


-Je ne te l’ai jamais dis mais tu m’as toujours troublée quand tu me regardes ainsi. J’ai l’impression que tu sondes mon âme et ça me fait peur… C’est comme si je ne peux rien, absolument rien te cacher.


-...


-Jude? Tu m’écoutes? T’es fâché contre moi? Il ne faut pas m’en vouloir s’il te plaît. Je suis un peu lâche parfois.


Quelque chose en moi refuse catégoriquement d’admettre ce que je sais pertinemment. Il ne va pas me répondre, il ne va plus jamais me répondre, il s’est endormi pour de bon et je refuse de l’accepter. J’ai besoin de continuer de lui parler, de le serrer contre moi, de lui dire tous les mots que je ne lui ai jamais dis. Lui avouer que je l’ai éviter toutes ces années car je sentais bien que lui et moi, ce ne serait jamais un simple petit béguin, que lui et moi, ce serait une passion dévorante, déchirante, profonde, entière, merveilleuse...


Un autre sanglot monte en moi, lui aussi réprimé comme les précédents. Je lui parle pendant des heures et j’ai finalement dû m’endormir car c’est la voix de JK qui me fait sursauter:


*** Jour 28  ***


-Tiens tiens, comme c’est mignon tout ça!


-Va-t-en! Lui ordonnè-je sans me retourner.


-Dis donc, si j’avais su qu’il fallait pourrir pour avoir tes faveurs...


-Tais-toi! Je t’en prie, tais-toi! Dis-je, un sanglot dans la voix.


-Tu pleures?


-...


-Mais, qu’est-ce qui se passe?


Je le sens s’approcher, je serre le corps de Jude contre moi et fais barrage pour que JK ne puisse l’atteindre.


-Solène?


-...


-So? Que se passe-t-il? Pourquoi le débile ne parle pas?


-Cesse de l’appeler ainsi! D’ailleurs, sors d’ici! Nous n’avons besoin de personne.


-Solène… Laisse moi juste voir si tout va bien s’il te plaît.


-Il a juste froid, je le réchauffe.


-Seigneur!


J’ai vu sa main passer et j’ai lutté un moment pour l’empêcher de toucher Jude, mais il a fini par réussir à prendre son pouls.


-Mais Solène, il n’est plus là, me dit-il doucement.


-Si, il est là. Il a juste froid.  Je dois le réchauffer.


-Mais… Ça fait combien de temps que vous êtes ainsi?


-Je...je… je... ne sais pas! Balbutiè-je. 


-So? Murmure-t-il d’une voix radoucie.


-Oui… Soufflè-je.


-Il faut que tu le lâches ma belle. C’est fini pour lui…


-NON! Tais toi! 


-Solène! Soit raisonnable ma belle.


Il me caresse le dos tout en me murmurant des mots d’apaisement, me disant qu’à cause de l’infection, il se décomposerait plus vite, qu’il ne fallait pas que j’agisse en égoïste, que malgré le fait que ce soit un “con fini”, il mérite d’être dignement enterré…


Au départ, je ne l’écoutais pas, je me projetais loin d’ici, dans ce café à Paris, la première fois -mais aussi l’une des rares- où j’entendis Jude rire. Il avait un rire viril, sexy, envoûtant. Son visage si torturé habituellement irradiait, il était magnifique. 


Oui, c’est cette image que je veux garder de lui. 


Je reste dans ses bras encore quelques secondes, après tout ce sont les dernières, puis j’accepte la main que me tend JK pour m’aider à me relever. Je bute sur un objet qui roule discrètement. Je me rassois de nouveau et analyse l’objet. On dirait une fiole. Je n’ai pas le souvenir de l’avoir vu avant...


-Jk, tu peux rapprocher la torche s’il te plaît ? 


-Qu’y a t-il ?


-Attends, je ….


Je m’empare de la fiole, suis intriguée par son étiquette, sur laquelle on voit une tête de mort mais également en plus petit, dans un coin, une fleur bleue-violette prenant la forme d’un casque. Pourquoi ce dessin me semble si familier?


-Ça ne te rappelle rien ? Lui demandé-je en la lui tendant. Regarde le dessin sur l’étiquette.


Tandis qu’il examine le dessin, je tente de me relever, C’est là que je constate qu’il y a des inscriptions au sol: 


So, Poison, Loup, Mou,  ..abane...


Mais qu’est-ce que c’est ?  Qu’est-ce que ça signifie ?


Je reporte mon attention sur JK, qui vient d’ouvrir la fiole. Il la passe sous son nez, hume puis passe un rapide coup de langue sur les bords de la bouteille avant de recracher sur les côtés.


-Mais t'es fou! Tu n'as pas vu la tête de mort?!


-Merde ! Ark ! Pfff ! J’ai une sensation de brûlure et d’engourdissement au bout de la langue. J'essayais de terminer quel produit ça peut être. Qui lui a donné ça ?


-Je n’en sais rien. Dis-je troublée. Je ne l’ai à aucun moment laissé seul, excepté lorsque je suis allée chercher de l’eau.


-....


-Et regarde ça. Ces inscriptions te disent quelque chose ?


Il inspecte à son tour les inscriptions qui sont pour la plus part effacées. 


-Mon dieu, j’ai beau chercher, je n’arrive pas à comprendre ! C’est du charabia pour moi ! Que signifie ces mots ? Que fait cette fiole ici ?


-… Peut-être que …. Peut-être que ce sont des indices. Dit-il en posant la troche au sol, près des inscriptions. Regarde, on reconnaît bien l’écriture de Jude même si on sent un manque d’assurance dans le tracé. 


Mais oui ! C’est vrai comment, j’ai fait pour passer à côté de ça ! Bien que les lettres ne soient pas nettes, on reconnaît clairement l’écriture de Jude, les “o” avec une virgule, c’est lui !


-Tu as raison !


Après quelques secondes, nous déduisons la première référence: Poison, pour la fiole, mais les mots  Mou, Loup et Abane tout comme le dessin sur la fiole, ne nous disent rien. Nous restons silencieux pendant de longues minutes à essayer de comprendre ce qui s’est passé.


-Bon une chose est sûre, il a été empoisonné .... Et tout porte à croire que la personne qui a fait ça est l’une des notre.

 

-Quoi ? Comment ça ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ?


-Le fait qu’il ait bu la fiole. Comme nous, il a peut-être cru qu’il s’agissait d’un remède et si l’un d’entre nous le lui avait donné en la faisant passer pour un remède, ça expliquerait qu’il l’ait bu. Et ce serait après avoir bu qu’il se serait rendu compte qu’il s’agissait d’un poison, ce qui expliquerait les indices.


-....


-Je sais ça semble gros mais...C’est plausible et j’ai envie de dire qu’ici, tout est possible.


Il a raison, ça semble gros mais, tellement possible. Le coupable se trouverait donc parmi nous mais qui ce serait ? Je suis incapable de décrypter les indices laissés par Jude.  Il ne me disent absolument rien ! Après ce qui me paraît être des heures de réflexions, JK et moi décidons d’un commun accord de taire les informations dont nous disposons pour le moment. Afin de réunir quelques pièces du puzzle. 

Nous enregistrons les indices laissés, dans un coin de nos têtes, puis je les efface et cache la fiole en faisant un noeud de mon paréo qui me sert de pagne avant de laisser JK informer les autres du meurtre, ou plutôt du décès de Jude. 


Les heures qui suivent son consacrées à l’inhumation de Jude. 


L’émotion est certes là, mais ce n’est plus pareil, je ne crois plus en eux! 

Je n’arrive plus à croire à leurs larmes, leurs cris, leurs tristesses, leurs détresses. Ils me paraissent tous faux. J’ai l’impression qu’ils jouent tous la comédie et je ne peux faire confiance à personne. Je les observe un par un et essaie de déceler le moins crédible d’entre eux mais je ne vois rien. L’un d’entre eux est le coupable, le tueur qui s’amuse à nous ôter la vie de la pire des façons mais lequel? 


Je rejoins JK près des côtes pour faire un point concernant les indices.


-Toujours rien ?


-Toujours rien. Répond-il en soupirant. Et toi? 


-Idem. 


-Ça  a forcément un sens. Dit-il en se mettant à marcher. Il a laissé ses indices en se disant qu’ils seraient compréhensibles, du moins pour toi ! Ça ne te dit vraiment rien ?


-Non ! Je t’assure que non. Je tente de faire des connexions mais, elles n’aboutissent à rien.  Peut-être que… Pffff, je ne sais pas ! 


AHHHH ! Je voudrais tellement comprendre ! Pourquoi je ne comprends pas ?

Okay, Solène calme-toi, fais-le vide dans ta tête et repense à tout ça , m’ordonné-je.


Je ferme les yeux, fais quelques exercices de respirations puis les ouvre lorsque je suis plus apaisée. Je sors la fiole et l’examine de nouveau…


-J’ai déjà vu cette fleur. Murmuré-je plus pour moi même qu’autre chose.


-Quoi ? Qu’est-ce que tu as dit ?


-… Je l’ai vue sur l’île… vers la cabane !


-Qu’est-ce que tu dis ?


Mais oui, bon sang, cette fleur, je l’ai vu près de la cabane quand j’ai suivi JK. Oh mon Dieu… Je me tourne vers JK et le regarde différemment. Cette fleur, il l’a normalement vu également, il peut donc être en train de faire semblant ? Et si c’était lui le tueur ? D’accord, je l’ai surpris en train de se faire dévorer le pénis mais? Si c’était une mise en scène ? Je ne sais pas, je ne sais plus ! Mais je ne peux faire confiance à personne.

Il faut déjà que j’aille vérifier que c’est bien cette plante qui se trouve vers la cabane.


Sans crier gare, je m’éloigne de JK et court aussi vite que me le permettent mes jambes en direction de la cabane. Lorsque j’arrive, je la contourne et vais directement à l’arrière. Je le savais, elles sont là, sur plusieurs rangées…


“CLAP, CLAP, CLAP”


Je me retourne pour voir la personne qui applaudit et manque de défaillir.


-Elles sont magnifiques n’est-ce pas. Mais je ne te conseille pas de les respirer, elles sont malheureusement très toxiques. Je les ai importées et plantées moi même. Je ne pensais pas qu’elles réussiraient à survivre ici, mais comme l’humain, elles s’adaptent aux milieux hostiles.


********


Jk


Mais qu’est-ce qu’elle fait? Je reste planté là quelques secondes avant de me lancer à sa suite. 


Putain! Elle devient folle ma parole. C’est quoi cette lubie de s’élancer seule dans ce labyrinthe du crime. Pfff, c’est qu’elle est rapide la gazelle! Elle réussit à me distancer un peu mais j’ai fini par comprendre qu’elle va vers la cabane maudite…


Quand j’y parviens, elle n’est pas à l’intérieur mais je perçois une conversation à l’arrière, je m’y rends donc. 


-JK, non ! N’avance pas ! M’ordonne Solène.


-Pourquoi ?


-Parce que tu risquerais de marcher sur l’un des pièges que j’ai installés. Dit une voix bien trop familière à mon goût. Bonjour Jilly.


Je me retourne lentement pour me retrouver en face de la dernière personne que j’aurais soupçonné.


-TOI ?


-Oui, c’est moi ! Surpris hein ? J’étais en train d’expliquer à Solène comment grâce aux fleurs juste derrière elle, j’ai réussi à extraire la toxine que notre cher regretté Jude a ingurgité.


Je l’écoute parler, mais je n’entends rien. Le bruit de mon cerveau dont les rouages fonctionnent à pleine vitesse occulte ses délires de psychopathe.

Plus je la regarde, et plus ça me semble évident que c’était elle, depuis le début. 


-Et lui, il était tout content que je lui permette d’aller retrouver sa chère Maude. Tu aurais du voir la lueur de gratitude dans son regard.


-La ferme. Ferme ta gueule, bordel. Surtout si c’est pour prononcer le nom de Maude.


Elle éclate de rire, comme la psychopathe qu’elle est.


-Ah, Jillian. Tu n’as toujours pas compris que ton attitude hautaine et supérieure ne t’apporte que des soucis? Tu devrais faire preuve de plus de respect.


-Sinon quoi, hein, Fétiches? Demandé-je en m’avançant vers elle. 


Son sourire narquois disparaît et elle affiche une expression blessée. La même qu’elle a affiché la première fois qu’Adam et moi l'avons appelé comme ça. 

J’aurais éclaté de rire à sa tête, si la situation s’y prêtait.


Son air blessé disparaît comme il est apparu, c’est à dire brusquement, et elle s’approche lentement de moi.


-Même à l’article de la mort, tu es égal à toi même, méchant et sarcastique. L’enfer sera un trop bel endroit pour une pourriture comme toi.


J’éclate de rire. Je sais, c’est inopportun, mais je ne peux pas m’en empêcher.


-Une pourriture que tu voulais dans ton lit, non?


Elle lève la main et quand je comprends ce qu’elle veut faire, j’ai juste le temps de bloquer son geste.


Puis, je lui tords le bras et elle pousse un gémissement de douleur. Ça lui apprendra à avoir osé essayé de poser sa main sur moi.


J’accentue la pression sur son bras en me demandant si les autres m’en voudraient si je le lui arrachait. Juste un petit peu, qu’elle sente la douleur qu’elle nous a infligé, qu’elle sente à quel point je la hais.


-Jilliaan!!


Merde. Solène! 


Je me tourne dans sa direction et la découvre aux prises avec un gars. ils sont en train de rouler dans l’herbe.

Sans rien chercher à comprendre, je lâche la main de l’autre folle là, ce qui la fait tomber la tête la première, et me précipite vers eux.


Je plonge sur le type, me retrouve au dessus de lui et quand je le reconnais, je commence à lui donner des coups à tous les endroits de son corps que je peux atteindre.

Il se défends bien, mais j’ai la rage. Je vais le tuer. Il a osé toucher Solène. Et en plus, il a voulu donner mon pénis à bouffer à un rat. Mon pénis, merde! Il sait combien de femmes tueraient pour l’avoir?


On continue à rouler dans l’herbe et, quand j’ai l’impression d’avoir vraiment l’avantage, je jette un regard vers Solène, arrêtée là en état de choc et lui crie:


-Cours! 


L’autre con là profite de ce moment d’inattention pour se mettre au dessus de moi et m’envoyer son genou dans les burnes.

Putain, c’est douloureux.


Solène crie ‘’Jillian’’ et veut s’approcher de nous.

Elle est conne ou quoi?


-Cours, bordel! Rentre au camp et préviens les autres.


Elle me regarde, regarde la psychopathe couchée sur le sol en train de revenir à elle en gémissant comme si elle allait mourir dans la seconde et me regarde de nouveau.

Non mais les femmes! Moi, je suis en train de me faire défoncer la gueule pour te donner le temps de fuir, et tout ce que tu trouves à faire, c’est rester là à me regarder avec des yeux de merlan frit?


Je bloque le coup que Fred, ou peu importe son nom de sous fifre, m’envoie et roule a nouveau pour me retrouver au dessus de lui. je lui envoie ensuite une droite dans la mâchoire avant de regarder Solène à nouveau.


-Lena, sauve toi, merde! Va chercher Adam et les autres.


Elle jette de nouveau un oeil à la scène avant de hoche la tête et de partir en courant en direction de la grotte.

Une chose de faite. On va pouvoir rentrer chez nous.


J’ai à peine le temps de penser ça que je ressent une douleur fulgurante dans la cuisse gauche.

Merde! Ce fils de chienne m’a fiché un canif.


Il me pousse et me fait tomber  par terre avant de se relever et de se mettre à courir dans la même direction que So.


J’essaie à mon tour de me mettre debout, même si je sais que je n’irais pas bien loin, et quand je lève la tête, je tombe nez à nez avec le canon d’un pistolet.


-Désolée Jilly, mais sur ce coup, tu vas devoir rester avec moi. 


Elle se penche pour retirer le couteau de ma cuisse et me demande de tendre les mains.

Je m’exécute et elle les positionne l’une sur l’autre avant d’abaisser son couteau avec rage. la lame s’enfonce dans mes paumes, les liant ensemble.


Bordel! C’est ça que Jésus a enduré? Merde!


Le cri de douleur que je pousse semble la satisfaire, et elle sourit avant de baisser son arme et de s’asseoir à coté de moi.


-De toutes les façons, Solène n’ira pas bien loin. Stan connaît cette forêt comme sa poche et la rattrapera sans tarder.


Elle éclate de rire comme si elle avait dit une bonne blague.


-C’est dommage, une si belle fille, se faire lacérer le visage... Pour le coup, c’est elle, et non moi, qui ressemblera à un fétiche. 


Elle pousse un petit gloussement d’excitation et frappe dans ses mains.


-Quant à toi, mon bon ami, j’ai de merveilleux projets pour nous deux.


Je lui fait une grimace de dégoût et recule en me traînant sur le sol. Elle rigole de nouveau.


-Non, je ne vais pas te toucher. Tu ne m’intéresses plus depuis belle lurette. par contre, elles…


Ça veut dire quoi, elles?

Qui elles?


Elle se lève et se dirige en courant vers la cabane pour revenir quelques secondes plus tard avec un petit seau.

Elle le pose par terre et reprend son pistolet avant de venir enlever son couteau d'où elle l’avait planté. Miséricorde, ça fait un mal de chien! 

Le sang jaillit de la plaie et elle sourit de toutes ses dents.

Puis, elle se penche, et me tenant en respect avec son flingue, s’emploie à déchirer mes vêtements avec son couteau.

Une fois fait, elle me replante le couteau dans les paumes et s’’empare du seau qu’elle renverse sur moi.

Pendant quelques secondes, cette nouvelle morsure de la lame me coupe le souffle, je puise en moi assez de rage pour garder un brin de lucidité…

Le contenu du seau est poisseux et collant, de couleur ambre..

Du miel. Constatè-je une fois mes esprits moins embrumés par la douleur. 


Je ne comprend pas.

Jusqu’à ce qu’elle lève un bocal rouge que je n’avais pas vu et l’ouvre tout près de moi.

Des centaines de fourmis rouges en sortent et commencent à venir vers moi.


Affolé, je me met à hurler. Je sais ce qui m’attends. C’est comme ça qu’est mort le méchant, dans le premier tome de ma BD. Je suis allergique aux piqûres de ces fourmis. Merde, je ne veux pas mourir comme ça!


-Fais pas ça, stp. Je t’en supplie.


Elle éclate de rire.


-Le grand Jillian Kadja qui supplie. Quel spectacle.


Puis elle sors de sa poche un chiffon et se baisse pour l’enfoncer dans ma bouche.


-Meurs en paix, Hikkaku Tomoko. 


Et elle éclate à nouveau de rire avant de tourner les talons en sifflotant.

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