L'accident
Write by leilaji
Chapitre
****Leila ****
Il y a … Il y a une femme blonde dans le salon.
Elle porte une chemise d’Alexander. Une chemise que j’aime énormément. La chemise est déboutonnée, elle est nue en dessous. Elle boit du champagne au goulot. Le champagne qu’Alexander avait acheté pour moi et que j’ai refusé de boire parce que j’étais trop triste qu’il ne se rende pas compte que je voulais qu’il me demande de rester. Elle ne m’a pas encore remarquée. Je peux lui sauter à la gorge et la rouer de coups. Mais en ai-je seulement le droit ? Je suis partie. Il m’a remplacée. C’est aussi simple que ça.
Et il fallait que ce soit le soir même ? Avec une … blanche ! Comme s’il s’était rendu compte qu’il faisait fausse route avec moi et qu’il fallait qu’il revienne dans son « milieu naturel » !
Elle sursaute. Elle vient de remarquer ma présence et me regarde bouche bée. Elle pose la bouteille de champagne et regarde ma main, mon attitude. Elle doit être en train d’analyser la situation, d’essayer de savoir qui je suis. Au bout d’un moment, elle se rend compte de l’indécence de sa tenue et commence à boutonner la chemise.
Je ne vais pas lui faire le coup de « qui êtes-vous ? Que faites-vous là ? et patati patata… ». Non.
Mon orgueil, ce fichu orgueil qui m’a mise dans cette merde est là, encore plus fort qu’avant.
Elle me regarde sans rien dire, attendant ma réaction pour s’expliquer. Je la sens un peu nerveuse. Elle doit se dire que va bien pouvoir me faire cette black ? Mais je ne vais rien lui faire à elle. Ce n’est pas elle la cause de ma colère.
Où est Xander ? J’entends un bruit de douche. Il prend sa douche après une bonne b… ! Génial. Je suis heureuse pour lui. J’ouvre enfin la bouche mais j’ai du mal à parler parce-que j’ai une énorme boule dans la gorge:
— Ca ne sert à rien de lui dire qu’il y avait quelqu’un ici, je lui conseille en essuyant les larmes que je ne peux empêcher de couler.
— Attendez, vous êtes sûre ? Alexander voudra savoir.
C’est quoi cette question ? Elle a pitié de moi c’est ça ? Elle a pitié de moi ?
Je me rapproche d’elle pour qu’elle comprenne bien ce que je veux qu’elle fasse. Elle a son odeur sur elle. Elle a l’odeur d’Alexander sur elle. Putain j’ai mal, j’ai envie de m’en prendre à elle. J’ai envie de tout casser. Comment a-t-il pu ?
— Vous voulez le garder ? Ne dites rien.
Puis je m’en vais.
***Alexander***
Cette douche m’a fait le plus grand bien. J’étais franchement trop bourré. Je sors de la chambre en m’essuyant les cheveux.
— J’ai cru entendre une voix.
— C’était la télé. J’ai éteins. On reprend les choses où on les a laissé mon chéri ?
— Juste pour cette nuit. Je te l’ai dit.
— Je sais Al.
Je déteste vraiment qu’elle m’appelle comme ça.
****Leila****
Le temps que je descende, il s’est mis à pleuvoir. Le temps est en parfait accord avec mon humeur. Nous sommes au bord de mer ici. La pluie est souvent forte par ici. Mais je traverse sans me soucier des trombes d’eau qui coulent sur ma peau. L’eau de pluie est glaciale et le froid me transperce jusqu’au cœur. C’est comme ça quand on aime ? On souffre autant des trahisons de l’autre ? Je m’arrête à l’entrée. Mais quel taxi va s’arrêter pour me prendre alors que je suis complètement trempée ? J’ai le cerveau tout embrouillé. J’ai l’impression que je vais vomir. Ca fait trop mal.
J’HURLE.
****Un mois plus tard. ****
On sonne à ma porte. Je ne suis vraiment pas d’humeur à recevoir qui que ce soit chez moi. Je replonge sous la couverture de mon lit.
On continue de sonner. Je finis par me lever. Tant pis pour la personne, elle va me sentir passer !
Quand j’ouvre, je vois Elle. Elle est belle, elle a changé sa coupe courte de la dernière fois pour un tissage ondulé, façon « je suis une lionne ».
— Je dis hein Larba. Donc toi tu es folle de lui à ce point ?
— Elle ce n’est vraiment pas le moment. J’ai juste envie de rester un peu seule. Tu peux le comprendre.
— La patronne te cherche. Tu as deux missions sur la table. Mais vu la tête que tu as, tu vas faire fuir les clients. Ce sont des japonais envoyés par leur ambassade, c’est toi-même qui dis qu’ils sont très pointilleux sur le professionnalisme et personne d’autre dans le cabinet n’en veut.
— Je ne peux pas. Je suis … fatiguée.
— Tu vas te prendre une bonne gifle hein, c’est moi que tu laisses à la porte ?
Elle me bouscule et entre dans le studio. Oh Elle je ne suis pas d’humeur aujourd’hui.
Elle prend place au salon et me regarde. Il y a des jours comme ça où je ne peux pas aller contre sa volonté. Elle est comme une grande sœur pour moi. Je ne peux pas la mettre dehors même si je crève d’envie de le faire. J’ai un coquet salon en osier tressé acheté au quartier Glass. J’essaie de prendre soin de mon intérieur mais bon, le résultat n’est pas toujours au rendez-vous. Je ne suis pas une femme d’intérieur. D’ailleurs je ne suis pas une femme du tout. Je suis juste une machine à travailler. Voilà. C’est dit.
— Va me peigner tes cheveux. Ils sont dans un sale état.
J’inspire bruyamment pour lui faire quand même comprendre mon agacement mais je m’exécute, je vais prendre le peigne dans ma chambre. Une minute plus tard, je reviens verre elle, complètement en panique, le peigne plein de cheveux dans la main.
— Elle, je ne comprends pas, je perds mes cheveux.
Elle prend les choses en main et m’emmène chez Beatrice. Seigneur qu’est-ce qu’il m’arrive ?
****Chez Béatrice****
Le salon est bondé, rempli de cliente. Quand j’entre avec Elle, tous les regards se tournent vers nous.
— Ohhhh. Ma chérie c’est comment tu as maigri comme ça ? C’est l’indien là qui te fait ça bien au point où tu maigris.
Oh putain je vais craquer si quelqu’un me parle encore d’Alexander. Ca fait un mois qu’on a « rompu ». Je crois qu’il ne sait pas que je ne suis pas partie. Je le vois de temps à autre avec la blonde, il semble égal à lui-même. Alors que moi, je suis en enfer. Dès que je le vois, je change de route, je me cache presque. Je n’ai pas envie de croiser son regard vert. Peut-être me mettrai-je à le supplier de me reprendre. Et ça je ne le veux pas.
Pour New York, c’est raté. J’ai dit à Monsieur Hiro que je n’étais plus intéressé. Il m’a semblé déçu. Il a même insisté un peu. Mais il est trop tard pour New York. Le cœur n’y est plus. J’ai repris ma place à « the Firm ». La boss est très contente de mon retour. Je me consacre de nouveau à mes dossiers. C’est ce que je sais le mieux faire.
Elle fait des signes à Béatrice dans mon dos, mais je m’en rends compte. Elle essaie surement de lui expliquer la situation sans me vexer. Des regards curieux sont toujours posés sur nous. Les filles ont attendus « indiens » et elles veulent surement savoir qui je suis.
Ben elles vont être servies.
— Ce n’est pas la peine de le cacher Elle. Béatrice, Alexander et moi ne sommes plus ensemble.
Puis je me mets à tout raconter. Ca me fait du bien de vider mon sac. De parler, parler et encore parler. Les clientes, petit à petit se sont rassemblées autour de nous. Pendant que Béatrice prenait soin de mes cheveux.
— Tu vas continuer à les perdre si tu n’arrête pas de te torturer avec cette histoire. C’est ton homme ou pas ? Va le récupérer. Tu le serre dans un coin et tu lui fais perdre les pédales avec un méchant coup de rein.
Les clientes éclatent de rire.
— Et la blonde ? Le jour même de mon départ. Si c’était moi, on me traiterait de pute. Mais comme c’est un homme, c’est pardonnable c’est ça ? D’ailleurs, je ne sais même pas s’il m’aime. Il ne m’a jamais rien dit. Il ne m’a pas dit de rester…
Une femme me coupe la parole. Elle semble énervée par mon récit.
— Pourquoi devrait-il te demander ça? Lui as-tu montré une seule fois qu'il comptait réellement pour toi? Ok, il t’a dit qu'il n'avait que du sexe à t'offrir MAIS dans son comportement ne voyais-tu pas que c'était tout autre chose?! Si tu voulais rester, tu n'aurais pas eu besoin qu'il te le demande! Tu as décidé de partir par conséquent tu lui as montré que votre relation n'avait aucune une réelle importance pour toi! Tu voulais qu'il te rassure sur votre possible futur ensemble mais toi l’as-tu fais ? Non.
Pourquoi me parle-t-elle comme ça ? Les réactions contrariées fusent de partout…
— Bah son Alexander est dans tous ses droits, te fâche pas contre lui, ton orgueil était de trop. Toi aussi, t’as jamais visualisé l'idée de faire ta vie avec lui. Il ne voulait que du sexe! Ca s’était au départ et toi t'es restée concentrée sur le sexe au point de perdre la vigilance ma chère. En tout cas pour ma part Xander c'est un bon gars, laisse le se défouler, et à sa place je n'ai aucune explication ni excuse à te donner.
— Un homme ça guérit le mal par le mal !
— Mince! Les non-dits gâchent tout! Tu voulais qu'il te dise ci tu voulais qu'il te dise ça ! Toi-même tu ne pouvais pas le dire! Femme émancipée qui attend tous les premiers pas de l'homme? Ça fait la grande seulement au boulot? Un moment faut arrêter d’attendre que la vie t'envoie les choses toutes servies! Tu veux quelque chose tu le prends, tu penses quelque chose, tu le dis !
Les soins sont terminés et mes cheveux tressés en une longue natte. Elles continuent de me parler. Mais je ne pense qu’à ce qu’à dit la dernière. Ca tournoie dans ma tête. Est-ce que je ne pouvais pas lui dire tout simplement que je veux rester avec lui puis le laisser décider ? Mon orgueil, mon orgueil !
Pourtant je l’avais trouvé. J’AI TROUVE CELUI QUI A CHANGE MA VIE.
Elle est au téléphone. Elle me sourit. Peut-être sent-elle que je reprends du poil de la bête. Je souris à mon tour.
— Bon il faut qu’on y aille Leila.
— Ok. Béatrice merci.
— Bonne chance avec l’indien ohhhhh, me disent-elles en coeur.
Les filles m’ont convaincue. Je vais voir Xander. J’ai besoin de lui parler, de m’expliquer, de tout recommencer. Son corps me manque, ses yeux me manquent, sa voix, ses baisers, sa présence me manque. Je vais le voir aujourd’hui même.
****Alexander****
Ca doit bien faire une heure que je suis garé devant ce complexe commercial de l’autre côté de la voie expresse. Je suis sûr que c’était elle. J’en suis certain. Je reconnaitrais ce corps, cette stature, cette démarche parmi des millions. Je suis sûr que c’est elle. Elle est rentrée dans un salon de coiffure et était accompagnée par une femme à la crinière de feu.
Oh mon Dieu Leila, tu n’es pas partie ?
J’ai beau essayé de t’oublier, je n’y arrive pas. Nathalie sent bien qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez moi mais elle n’ose me le demander de peur de subir ma colère. Je ne me maitrise plus. Toi seul savais, d’un seul regard faire fondre la perpétuelle irritation en moi. Je serre le volant de toutes mes forces. Je tourne la clef pour démarrer la voiture et partir mais je n’arrive pas à m’en aller. J’ai besoin d’une explication. Je pense à toi tout le temps, quand je suis seul avec mon verre. Au boulot avec mes collaborateurs, dans le lit avec Nathalie. Je pense à toi.
Pourquoi ne m’a-t-elle pas dit qu’elle n’est pas partie ? Se fout-elle de moi à ce point ? Je ne peux le lui pardonner…
Ca y est elle sort du salon. Je ne réfléchis plus. Je descends de la voiture et traverse en criant Leila. Je dois lui dire que :
« Maintenant c’est vraiment fini entre nous »… Je veux lui rendre tout le mal qu’elle m’a fait, qu’elle continue de me faire.
Elle m’a entendu l’appeler. Mais je vois son visage se décomposer comme si … elle avait peur. Quoi je l’effraie maintenant ? Elle regarde sur ma gauche et crie. Tout ça se passe au ralenti. Le temps de regarder ce qu’elle regarde et je réalise que :
Je suis sur la voie rapide.
Je me suis avancé sur la voie sans regarder.
La voiture qui arrive est …
C’est le noir complet.
A suivre
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Leilaji