Le départ ?
Write by leilaji
Chapitre 12
***Leila***
J’en fais des tonnes. Et lui me regarde et ne me dit rien. J’ai envie de pleurer et de lui crier, tu ne vois pas que j’en fais des tonnes !
Je lui dis que je vais à New York et il ne me dit rien. Quand Monsieur Hiro Nakamura m’a appelée pour me faire cette proposition, j’ai cru que je rêvais toute éveillée. Une opportunité pareille ne se présente pas deux fois dans une vie. Aller à New York, me frotter aux talents des Etats-Unis. Réussir là-bas, c’est comme conquérir le monde entier. Je suis comblée et aussi tellement fière de moi parce que je reviens de loin.
J’ai eu envie de partager la nouvelle avec Alexander. Bam ! Alexander. Partir à New York, mais t’es folle Leila me suis-je dis ! Je commence à réfléchir à vive allure. Je me pose des questions et y réponds moi-même. Alexander ne compte pas pour toi ? Si bien sûr que si, quelle question ? Mais moi, est-ce que je compte pour lui ? On ne s’est jamais rien promis. On ne s’est jamais dit qu’on s’aimait. Il vit seul et moi aussi, mais vivre ensemble ne nous a jamais effleuré l’esprit. Est-ce que ça vaut la peine que je sacrifie ma carrière pour lui ? Je ne sais pas. Je n’ai pas la réponse à cette question.
J’ai appelé Elle pour lui expliquer la situation.
— Pourquoi tu veux fuir ?
— Mais je ne fuis pas, c’est un truc de dingue ! Aller à New York, tu ne te rends pas compte.
— Tu seras seule là-bas. Portant depuis quelques mois tu es tellement heureuse et rayonnante. Il te rend heureuse Leila. Ne gâche pas tout.
— Il ne m’aime pas. Lui et moi, c’est seulement pour le sexe et la compagnie, c’est tout.
— Comment tu le sais ?
— Il ne m’a jamais dit qu’il m’aimait elle, c’est aussi simple que ça.
— Alors laisse-lui l’opportunité et le temps de te le dire. Parce qu’il est dingue de toi Leila, ce mec est dingue de toi et ça se voit.
Lui laisser le temps ! Et ma carrière, je la mets en suspens pour lui ? L’AURAIT-IL FAIT POUR RESTER AVEC MOI ? Non ! Les hommes ne font pas ce type de sacrifice alors pourquoi serait-ce à moi de le faire ? Lui laisser le temps ? Et s’il ne me dit rien ? Et si tout ça pour lui ce n’est qu’une aventure parmi d’autres ?
Non, c’est trop risqué de lui laisser le temps.
J’arrête de faire le pitre, je n’en peux plus de sourire comme si j’étais heureuse à un point fou alors que ce n’est pas le cas ! Il me regarde et c’est tout ce qu’il fait.
— Félicitations ! Tu le mérites.
— Merci.
Il s’approche de moi et me caresse la joue. J’ai comme l’impression qu’il veut me dire quelque chose. Quelque chose qui a du mal à sortir. Il est troublé. MAIS PARLE ALEXANDER ! DIS-MOI DE RESTER… HURLE-LE MOI, JE T’EN PRIE.
— Je vais nous acheter du champagne. Un voyage pareil ça se fête.
Et il s’éclipse.
***Une semaine plus tard.***
Je suis dans un snack-bar au quartier Louis, le Hollywood Café. J’aime bien ce coin, les clients y sont hétéroclites et personne ne fait attention à personne. Je crois que c’est mon cinquième verre que je viens d’avaler cul sec. Il a du mal à passer celui là et me brule l’estomac. Je suis au fond du trou. Qui l’eut cru ? Je me mets à rire, un peu bêtement d’ailleurs.
Elle doit être à l’aéroport en ce moment même, toute contente d’elle-même. Quand je pense que j’ai voulu qu’on se mette ensemble. Ca doit bien faire plus de quinze ans qu’une telle idée ne m’avait pas traversée la tête. Partager ma vie avec une femme. Je commande un autre verre. Leila qu’as-tu fais de moi ?
***Leila***
Je regarde un long moment l’hôtesse en face de moi, je n’ai pas les idées très en place. Quelques chose me turlupine mais je ne sais pas quoi. Je lis son nom sur son badge pour me concentrer. Il faut que j’aille jusqu’au bout :
— Bonjour mademoiselle Binta Barry. J’ai un vol avec escale pour New York, lui dis-je en lui tendant mon billet et mon passeport.
Les mots ont du mal à sortir de ma bouche. Je ne pensais pas que ça me ferait mal un jour de dire que je voyage pour New York comme si c’était une condamnation à mort et non un mérite.
— Bonjour mademoiselle Leila… Larba. réplique –t-elle en lisant mes documents. C’est bon tout est ok. Ce sont vos bagages ?
Un homme m’aide à les faire peser.
***Un instant plus tard. ***
Je suis assise dans le hall avec tous les autres passagers. Les gens bavardent joyeusement et moi j’ai juste envie de pleurer. Je fais bien de partir de toute manière.
IL NE M’A PAS RETENU. ALORS JE FAIS BIEN DE PARTIR.
***Alexander***
Je bavarde avec Nathalie, une ex croisée tout à fait par hasard. Elle est vraiment mignonne comme tout. Agent immobilier à l’agence Alliance, blonde, yeux bleus, j’ai aimé les trois semaines qu’on a passé ensemble mais sans plus. Elle aurait bien souhaité que cela continue entre nous mais moi, j’avais autre chose en tête.
— Qu’est-ce qui ne va pas Al ?
Je déteste quand on m’appelle Al. Avec un diminutif pareil, j’ai l’impression d’être un gardien d’immeuble. J’aime quand Leila m’appelle Xander, elle le dit comme si c’était le mot le plus sexy du monde. Mais elle ne sera plus là pour le faire alors autant me contenter d’Al.
— Tout va bien. Pourquoi ? je lui réponds en faisant tournoyer le whisky dans mon verre.
— T’es sûr ?
— Ecoute Moisa (c’est son nom de famille à l’agence tout le monde l’appelle ainsi, c’est elle qui m’a trouvé l’appartement au bord de mer à côté de leur siège social) J’ai juste envie de boire et de m’amuser, alors si t’es pas intéressée…
Moisa est une grande fille, elle comprend ce que j’entends par « m’amuser ». Et je sais qu’elle ne dira pas non, elle en pince encore un peu pour moi ça se voit à sa manière de me toucher à tout moment.
Mes pensées volent une nouvelle fois vers Leila. Elle doit être dans l’avion maintenant… Mais je m’en fous. Elle n’a pas voulu de moi. Elle veut réussir à tout prix! Bonne chance à elle.
— Al tu crois qu’on pourrait reprendre les choses là où on les a laissées …
— J’ai juste cette nuit. Rien de plus Moisa …
— Je prends.
Je lui commande un verre. On peut maintenant commencer les réjouissances.
***Leila***
A chaque fois qu’une hôtesse parle dans un micro, mon souffle est suspendu à ce qu’elle dit. Je m’attends à ce que ce soit Alexander qui ait changé d’avis au dernier moment. J’imagine qu’il est venu me chercher. Mais ce n’est jamais cela. Je suppose que ce genre de scène c’est seulement dans les films.
Mon téléphone fait vibrer mon sac. Je me dis immédiatement que c’est peut-être Xander qui est désolé de ne pas avoir su me dire de rester et souhaite que j’annule le voyage. Je me mets à prier pour que ce soit lui. Le téléphone sonne toujours. Mais où est-il putain ? Je renverse le contenu de mon sac sur mes cuisses et décroche l’appel. C’est Elle.
Je suis tellement déçue. Mais je n’ai pas envie qu’elle le sache.
— Toujours là ?
— Plus que quelques minutes à attendre, le départ est déjà affiché.
— Ok, tu m’appelles dès que tu descends de l’avion hein. Airtel a le roaming non ?
— Ok. Bisou.
— Bisou.
Je raccroche le cœur lourd. Elle dit que j’ai tort, que je devrais attendre encore un peu. Mais s’il m’aime tellement comme elle le prétend, pourquoi ne m’a-t-il pas retenu? Pourquoi ? C’est tellement simple de dire : « Non Leila reste avec moi ». Tellement simple. Moi, je n’ai pas envie d’être celle qui l’oblige à s’engager. Alexander est aussi indépendant que moi, ça ne marchera pas si ça ne vient pas de lui, du fond de son cœur. C’est lui qui m’a dit : « ce sera juste quelques temps Leila, ne t’attends à rien de plus ». Et moi je dois me sacrifier pour un homme qui m’a prévenu dès le départ en me disant qu’il n’aura que du sexe à m’offrir ?
Je range un à un les affaires dans mon sac. Puis je tombe sur mon trousseau de clef. Je ne sais pas pourquoi, il me semble … différent !
***Alexander***
J’étais trop bourré pour conduire alors Nathalie m’a proposé de me ramener. Comme je n’ai pas envie de mourir au volant ou de tuer quelqu’un sur la route, je l’ai laissé conduire.
Une fois dans l’appartement, on commence par se mettre à l’aise. Je sors le champagne que Leila n’a pas voulu boire avec moi. Je vais le boire avec … Comment s’appelle –t-elle déjà ? Ah Nathalie ! Je suis vraiment trop saoul. Mais pas assez saoul pour ne pas remarquer que cette Nathalie embrasse bien. Oui, elle sait y faire. Elle n’est pas timide du tout.
***Leila***
Pourquoi, il y a une clef en plus sur mon trousseau ? Je regarde la clef attentivement. C’est étrange, elle me semble familière mais je sais que ce n’est pas la mienne. Où est-ce que j’ai vu cette clef ?
Puis je comprends tout. C’est celle de Xander. Celle qu’il garde dans le tiroir de sa table de travail. Que fait-elle sur mon trousseau ?
Est-ce qu’il se pourrait que… ?
J’entends la speakerine dire: « Les passagers en partance pour New York sont priés d’embarquer ! Merci ».
J’ai le cœur qui bat à vive allure. La speakerine répète son message. Les personnes autour de moi commencent à se mettre en rang. Ils sont prêts pour le grand départ.
Mais moi NON ! Je veux Alexander. Je sors de l’aéroport en courant. JE VEUX ALEXANDER.
****Alexander****
J’ai défait son soutien-gorge en un tour de main. Elle a une magnifique poitrine. Sa peau laiteuse est couverte d’une fine pellicule de sueur. J’ai oublié de mettre le split en marche. Je la regarde et elle s’approche de moi pour coller son bassin à mon sexe. Cette femme sait ce qu’elle veut !
— Al ?!
***Leila***
Je suis presque arrivée chez lui. Trois minutes plus tard le taxi s’arrête devant son immeuble. Je lui donne 5 000 francs et n’attends même pas qu’il me rende la monnaie. Je cours tout en réfléchissant. Mais à quel moment m’a –t-il donné la clef ? Oh Alexander ! Tu as failli tout nous faire rater.
Je suis tellement heureuse que j’appuie fébrilement sur le bouton de l’ascenseur. J’ai hâte de lui faire la surprise. J’ai hâte de lui dire que moi aussi JE VEUX PLUS que ce qu’on partage déjà et que je ne partirai pas. J’ai hâte de l’embrasser, de le chérir.
Une fois au septième étage, je sors de l’ascenseur et je soupèse la clef dans ma main.
C’est la clef du bonheur !
Je l’introduis dans la serrure tout doucement. Je veux lui faire la surprise. Je tourne la clef et je rentre.
Seigneur ! Pas ça non !
A suivre.
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Leilaji