La carte séduction
Write by belleetrebelle
Armand avait déclaré une guerre douce à la culpabilité de Chloé. Chaque weekend, il ne venait plus seulement en père de famille, mais en séducteur acharné, déterminé à réveiller la femme qu’il savait enfouie sous les couches de remords et de peur.
« Tu te souviens, au marché de Ndokoti ? » commençait-il, un sourire en coin tandis qu’elle épluchait des légumes. « Tu portais cette robe jaune, celle qui ressemblait à un rayon de soleil. Tu m’as souri, et je me suis dit : 'Cette femme va te consumer.' Sors de ta carapace, Chloé. Je sais que tu es toujours là. La femme qui m’a consumé est toujours là. » c'est elle que je cherche.
Il revenait sur leurs premiers rêves, avec une précision qui la transperçait. Tu te souviens quand « On parlait de notre premier bébé, un soir sur le balcon. Tu avais peur des nausées. Je t’avais dit que je serais là chaque matin avec du gingembre et un seau, si nécessaire. Que je masserais ton dos chaque nuit, que je chanterais des berceuses à ton ventre. » Les larmes montaient alors inévitablement aux yeux de Chloé, et elle se détournait, rongée par l’amertume d’avoir elle-même réduit ces promesses en cendres. « Ne pleure pas, murmurait-il en s’approchant, sans la toucher. Les promesses, elles sont toujours là. Elles attendent. »
Il la dévorait des yeux, même lorsqu’elle tentait de se cacher dans de larges tuniques sans forme. « Tu es belle, Chloé. Plus belle encore qu’avant. Tu portes les stigmates de la bataille, et ça te donne une puissance, une profondeur qui me coupe le souffle. » Ses mots étaient des scalpels qui cherchaient à découdre les fils de sa honte.
Puis, il jouait parfois la carte de la séduction pure, avec une audace retrouvée. Il se penchait vers elle quand elle passait, son souffle chaud effleurant son cou, pour murmurer des phrases codées, des souvenirs érotiques qui agissaient comme des clés sur son corps. « Je rêve encore de cette nuit sous la moustiquaire, quand la chaleur était si lourde que nos peurs se collaient l’une à l’autre… Tu sentais le sel et le santal. Je voudrais te goûter à nouveau, retrouver cette saveur sur ma langue. »
Chloé rougissait, un frisson incontrôlable parcourant son échine. Elle serrait les dents, essayant de résister à la marée montante qu’il provoquait en elle. Il essayait chaque jour, patiemment, d’enlever le voile de culpabilité dans ses yeux, non par la pitié, mais en rallumant le désir, ce langage primal qu’ils avaient toujours si bien partagé.
Un soir, alors que Léna dormait profondément et que la maison baignait dans le silence bleuté de la nuit, il la coinça doucement contre le réfrigérateur dans la cuisine. Le néon éclairait ses traits, creusant ses cernes mais aussi la courbe sensuelle de ses lèvres.
« Armand, non… » souffla-t-elle, mais sa protestation manquait de conviction.
Il ignora sa faible résistance et captura ses lèvres dans un baiser. Ce ne fut pas un baiser doux ou questionneur, mais une revendication, une reconquête. Un baiser qui disait « Je me souviens ». Et Chloé, pendant un instant de folie pure, répondit. Sa bouche s’ouvrit sous la sienne, un gémissement étouffé s’échappant du fond de sa gorge. C’était comme boire à une source après des mois dans le désert. Le goût d’Armand, familier et pourtant si nouveau, la submergea, faisant vaciller ses défenses.
Ses mains, d’abord crispées sur ses épaules, se relâchèrent, remontant dans ses cheveux. Il en profita pour glisser ses paumes le long de ses flancs, sentant son corps frémir sous le tissu fin de son chemisier. Ses doigts tracèrent des cercles brûlants sur ses hanches, puis remontèrent, cherchant la courbe lourde et douce de ses seins, plus généreux depuis sa grossesse.
Mais au moment où ses pouces effleurèrent la pointe naissante à travers le coton, Chloé se raidit brusquement. Un flash l’aveugla : la dernière fois qu’ils s’étaient aimés, après la révélation de l’infidélité. La passion, suivie du néant. La séparation. La grossesse solitaire et terrifiée. Elle se rejeta en arrière, le cœur battant à tout rompre.
« Non, je… je ne peux pas, » haleta-t-elle, les yeux écarquillés par la peur. « La dernière fois… ça a mal fini. Je ne peux pas. »
Armand, le souffle court, les lèvres gonflées par leur baiser, comprit immédiatement. Il ne força pas. Il recula d’un pas, lui laissant son espace, mais son regard ne la lâcha pas, chargé d’une intensité qui la faisait vibrer.
« D’accord, » murmura-t-il, sa voix rauque de désir contenu. « Je ne forcerai jamais rien. »
Il s’approcha à nouveau, mais cette fois pour murmurer à son oreille, ses lèvres effleurant délicatement son lobe. Son haleine chaude fit frissonner chaque pore de sa peau.
« Mais sache, ma belle, que quand tu seras prête, quand tu auras assez confiance pour lâcher prise… » Sa voix n’était qu’un souffle, une promesse chargée de sensualité. « …je passerai la nuit à me souvenir de chaque centimètre de ta peau. À redécouvrir les endroits secrets qui te font crier. Et je ne m’arrêterai que quand tu supplieras, la voix brisée, que ton corps ne pourra plus en supporter davantage. »
La phrase, crue, explicite, traversa Chloé comme une décharge électrique. Un flot de chaleur intense et humide inonda son entrejambe, et elle sentit ses genoux trembler. Elle resta plantée là, contre le réfrigérateur, longtemps après qu’il eut quitté la pièce, essayant de retrouver son souffle, son équilibre, la raison.
Armand, de l’autre côté de la porte, sourit dans l’obscurité. Il connaissait sa femme. Il savait que derrière la femme blessée se cachait encore une sensuelle, une passionnée qui n’attendait qu’une étincelle. Et il était prêt à patienter, à attiser le feu doucement, jusqu’à ce que la carapace craque et que sa « petite coquine », comme il l’appelait en secret, émerge enfin, affamée et libérée. Le jeu était dangereux, mais la récompense en valait tous les risques.
Chloé de son côté sentir le danger venir de loin, elle se demanda si elle pourrait supporter une autre séparation si jamais Armand revenait sur sa décision.
Elle savait déjà que son corps avait pris les devants et ne pourrait pas résister aux attaques de Armand. Mais sa raison était au ralenti et ne voulait pas subir une autre crise.
Elle regardait toutes les techniques de séduction de son mari et ne pu s'empêcher de penser à la beauté de son mari. Elle découvrait en lui un séducteur né.
Un soir alors qu'il bercail Léna dans la chambre, il a finit et s'est endormi.elle mi Léna dans son berceau et a voulu réveiller Armand car elle voulait dormir. Après quelques secondes d'hésitation, elle s'est couchée à côté.
Et ce qui devait arriver arriva.
Armand serra automatiquement sa femme dans ses bras, lui murmura un je t'aime à peine audible dans son sommeil et s'endormir. Chloé ne dit rien et s'endormit aussi en toute quiétude.
A son réveil, elle se souvint de la scène de la veille, les mots d'Armand restèrent suspendus dans l'air de la cuisine, bien après qu'il ait quitté la pièce. Chloé sentait encore la brûlure de ses lèvres et l'écho de sa promesse qui résonnait dans tout son être. Son corps était un champ de bataille : sa chair, humiliée et vibrante, se souvenait de chaque caresse passée et tremblait à l'idée des futures. Son cœur, lui, était une forteresse assiégée, les remparts de sa peur ébranlés par l'assaut sensuel et patient de son mari.
Les jours qui suivirent furent un supplice délicieux. Chaque regard qu'Armand lui lançait était chargé de la chaleur de sa promesse. Lorsqu'il passait près d'elle pour prendre Léna, son avant-bras effleurait le sien, laissant sur sa peau une traînée de feu. Il ne tentait plus de l'embrasser, mais son jeu de séduction s'était fait plus insidieux, plus personnel.
Un après-midi, alors qu'elle travaillait sur son ordinateur, il vint se pencher derrière elle, ses mains posées de part et d'autre de son clavier, l'enfermant sans la toucher.
«Tu te souviens de cette fois à Kribi ? » murmura-t-il, sa voix basse tout contre son oreille. « L'orage. On était censés rentrer, mais toi... tu as voulu nager sous la pluie. L'eau ruisselait sur ta peau, et tes vêtements collés laissaient deviner chaque courbe. Je t'ai prise contre un arbre, le tonnerre couvrant tes cris. Tu mordais mon épaule pour te retenir de crier trop fort. »
Chloé ferma les yeux, le souvenir si vif qu'elle en eut le vertige. Elle sentit un picotement au bas de son ventre et serra les jambes. Il se contenta de déposer un baiser léger, brûlant, sur la nuque, là où ses cheveux commençaient, avant de se redresser et de s'éloigner comme si de rien n'était.
Il jouait avec elle. Et le pire, c'est qu'elle aimait ça. Un frisson d'excitation se mêlait à son angoisse. Elle se surprenait à guetter ses gestes, à espérer ces petits moments volés où il ravivait la braise.
Une semaine plus tard, il arriva avec un petit paquet. « Pour toi, dit-il simplement. Pas pour la mère, pas pour l'épouse. Pour la femme. »
À l'intérieur, elle trouva un flacon d'huile de massage, à la senteur envoûtante de ylang-ylang et de patchouli. Et une petite note, d'une écriture qu'elle n'avait pas vue depuis des lustres : « Pour quand tu auras envie de te reconnecter à ton propre corps. Aucune attente. Juste toi. »
C'était d'une intelligence diabolique. Il ne lui offrait pas un bijou ou un vêtement. Il lui offrait un outil pour sa propre sensualité, un rappel que le plaisir lui appartenait d'abord. Cette nuit-là, seule dans sa salle de bain, elle fit couler un bain et versa quelques gouttes de l'huile dans l'eau. Les vapeurs aromatiques l'enveloppèrent. En fermant les yeux, ce n'était pas seulement son propre toucher qu'elle sentait sur sa peau, mais l'ombre des mains d'Armand, la mémoire de leur passion.
Le lendemain, elle le regarda différemment. Le voile de culpabilité dans ses yeux n'avait pas disparu, mais il était traversé d'éclairs de désir pur, sauvage. Armand le vit. Il sourit, intérieurement. Le siège portait ses fruits. La forteresse commençait à se fissurer. Il savait que lorsqu'elle tomberait, ce ne serait pas par résignation, mais par un élan irrépressible, un besoin viscéral de retrouver la plénitude qu'ils avaient partagée. Et il serait là, non pour la rattraper, mais pour choir avec elle, dans les profondeurs retrouvées de leur passion.