La naissance d'une amitié
Write by princesse tia
Marion, tu peux venir voir ce qu'a ma machine s’il te plaît ? Elle a un bug que je ne comprends pas.
_Huuum ! Priscou tu as encore fabriqué quoi là bas ? Demandai-je en rejoignant son box pour voir ce qu'avait son ordinateur.
Depuis trois mois que nous avons commencé à travailler ici à Sunshine Communication, Prisca était la seule amie que je m’étais faite. Nous étions arrivées dans l’entreprise par le même recrutement avec quinze autres personnes, tous dans la vingtaine comme nous. Avec Prisca, les choses s’étaient faites naturellement et nous sommes devenues assez proches en peu de temps, nous étions tous le temps fourrées ensembles au boulot. Elle avait 21ans et moi 23, alors j’étais à la fois son amie et un peu sa grande sœur. Je l’appelais affectueusement Priscou et elle me disait que ça ressemblait à un nom de dessin animé.
_Huuum ! Priscou, cette fois ci je ne suis pas en mesure de t’aider hein ! Je ne sais pas ce qui se passe, lui dis je après avoir examiné l’ordinateur.
Elle s'adossa à son siège en soupirant pendant que je fouillais dans ses tiroirs à la recherche d’un biscuit à grignoter.
_Bon je vais appeler Aaron alors. Je ne voulais pas le déranger mais bon…, déplora-t-elle en composant le numéro dudit Aaron.
Aaron MASSENOU était celui qui se chargeait de tout ce qui nous concernait pendant notre période d’essai des six mois, dans l’entreprise. C’est à lui que nous nous adressions directement pour tout souci et c’est lui qui nous transmettait tout ordre ou toute information venant de la hiérarchie. Il était assez jeune, il avoisinait les trente ans. C’était le genre de personne ni beau ni laid, il était ‘’regardable’’ comme je dis souvent avec mes copines pour rire. Il était sympathique avec tout le monde, très serviable, bref c’était quelqu’un de vraiment charmant et tout le monde l’aimait bien mais moi, bien que n’ayant rien contre lui, je ne l’aimais pas beaucoup. Nos rapports étaient restés strictement professionnels depuis le début, il avait essayé une ou deux fois d’engager la conversation avec moi afin qu’on devienne plus proches je crois, mais je ne me suis pas montrée assez ouverte, il y avait quelque chose en lui qui ne me plaisait pas, même si je ne savais pas encore ce que c’était.
_Coucou les jumelles, vous allez bien ? C’est quoi le problème avec ta machine Prisca ? Demanda Aaron avec un grand sourire en arrivant.
_Salut Aaron. Prisca je retourne à mon poste, on se voit tout à l’heure à la pause pour déjeuner, dis-je en me dirigeant vers mon box.
Je ne revis plus Aaron jusqu’au lendemain matin quand Prisca et moi le croisâmes à l’entrée de l’entreprise, apparemment nous étions tous arrivés au boulot au même moment. Il lança son habituel ‘’Salut les jumelles’’, d’un ton joyeux, nous lui répondîmes et alors qu’il nous précédait dans le hall, Prisca s’écria :
_Eh ! Aaron, qu’est ce qui sent bon comme ça dans ton paquet là ?
Je la regardai toute étonnée, me demandant à quoi elle jouait exactement. Aaron se retourna tout amusé.
_Ce sont des croissants Prisca, tu en veux ?
_Oh ! oui volontiers, mais aujourd’hui je suppose qu’il n’y en a pas assez pour nous tous donc ce sera pour une prochaine fois. Pour info j’aime les croissants au chocolat et un peu de lait chaud pour les accompagner ne ferait pas de mal non plus.
Il éclata de rire en promettant de lui en apporter la prochaine fois, avant de se diriger vers son bureau.
_Toi-même est ce que ça va chez toi Prisca ? Tu mendies maintenant ? lui demandai je en riant. Je devrais peut-être te trouver une place à un carrefour pour mieux mendier.
Elle avait toujours été sans gêne cette jeune fille, elle ne cessera jamais de m’étonner.
_Ah ! Marion laisse ça. Quand il s’agit de la bouffe c’est autre chose hein !
Je m’apprêtais à lui répondre lorsque mon téléphone se mit à sonner, je me mis à sourire lorsque je vis le nom affiché à l’écran.
_Huuum ! ça c’est forcement Jojo qui l’appelle, façon elle sourit là. Bon moi je te laisse. Ciao Bella.
Prisca s’éloigna, me laissant décrocher l’appel de l’amour de ma vie. Joël-Joris que nous appelons tous Jojo, était l’homme avec qui j’étais depuis quatre ans maintenant. Il avait 30ans et exerçait comme comptable dans une société de la place. Je l’aimais comme une folle et il me le rendait bien mon Jojo, nous n’imaginions plus vivre l’un sans l’autre. Tout le monde était au courant de notre relation et nous formulions des projets de mariage, le seul hic était la mère de Jojo qui n’était pas très favorable à notre relation parce que je n’étais pas de leur ethnie.
Ce jour-là mon petit ami m’avait appelé pour me souhaiter une excellente journée comme à son habitude et pour me rappeler que nous devions nous retrouver chez lui après le boulot, ce qui fut effectivement fait. Après le diner, il m’annonça qu’ils avaient un repas de famille le samedi, donc dans trois jours et qu’il tenait à ce que j’y sois. Ça me faisait toujours plaisir quand il m’associait aux activités de sa famille, en plus je m’entendais bien avec ses quatre frères ainés et leurs épouses, son père m’aimait bien également, le seul problème c’est que je n’étais pas toujours à mon aise avec les comportements de sa mère. Quand je lui fis part de mon inquiétude encore une fois, il me rassura en disant que ça irait et qu’elle finirait par se calmer.
_Hum ! pourvu que samedi ne soit pas une catastrophe, conclu je en soupirant.
Apparemment mon intuition était la bonne puisque ce samedi fut effectivement une catastrophe. La mère de Joël-Joris n’a pas arrêté de se comporter comme si je n’étais qu’une intruse, elle faisait des allusions désagréables et parlait même de présenter des femmes à son benjamin, comme si je n’étais pas déjà avec lui, en gros, tout le repas avait été un enfer pour moi. J’ai été triste tout le reste du weekend et lundi matin, il a fallu que je me rende au bureau énormément maquillée pour cacher mes cernes et rendre mon minois un peu plus joyeux.
_Salut les jumelles, vous allez avez passé un bon weekend ?
C’était Aaron qui venait d’arriver alors que je papotais un peu avec Prisca avant de commencer à travailler. Il tenait deux sacs en papier qu’il posa sur le bureau en ajoutant :
_Voilà pour vous mesdemoiselles, des croissants au chocolat et du lait chaud pour les accompagner. Marion, je ne savais pas trop ce que toi tu préférais mais je suppose que tu aimes la même chose que Prisca vu que qui s’assemble se ressemble donc je t’ai pris la même chose qu’elle.
Il avait son habituel sourire plaqué sur les lèvres et semblait si fier de son geste. Je pensai à refuser mais j’avoue que j’avais besoin d’un bon petit déjeuner pour bien commencer la journée, surtout avec mon humeur du jour alors j’ai juste dis merci avec un sourire poli avant d’aller m’asseoir à mon bureau pour déguster, le laissant là avec Prisca. A partir de ce jour, il se fit un devoir de nous apporter le petit déjeuner chaque matin, c’était devenu tellement habituel que cette folle de Prisca allait même le chercher dans son bureau quand elle ne le voyait pas arriver. Ah ! cette fille…
_Tiens, tu n’es pas encore partie Marion ?
_Non Aaron, je dois terminer ce travail avant de rentrer vu que demain matin très tôt on doit le rendre.
Il était presque 20h et je croyais que j’étais la seule encore présente dans les locaux de Sunshine Communication, avant de voir Aaron sortir de son bureau. Les relations entre nous étaient devenues un tout petit peu plus amicales qu’au début, en même temps c’est assez logique de devenir un peu plus chaleureuse avec une personne qui vous apporte le petit déjeuner chaque jour depuis deux mois, n’est ce pas ? Il tira un siège et vint s’asseoir près de moi.
_J’ai remarqué que tu avais un peu plus de mal que tes collègues sur ce travail, c’est peut-être ce qui explique ton retard. C’est étonnant parce qu’habituellement tu es l’une des plus rapides.
Je m’adossai contre mon siège en soupirant. J’étais épuisée, je n’arrivais pas à comprendre le travail qu’on me demandait et ça me mettait les nerfs en pelote.
_Moi-même je ne sais pas ce qui se passe mais sur ce coup je n’y comprends absolument rien. Oh ! mon Dieu je ne vais jamais y arriver.
J’étais pratiquement au bord des larmes.
_Mais non je ne veux plus t’entendre dire ça. Il faut peut-être juste que je t’explique mieux, tu es très intelligente je sais que tu y arriveras. Allez viens, je t’aide à terminer tout ça et tu pourras rentrer te reposer.
Il se mit à m’expliquer posément ce que je devais faire et une heure plus tard nous avions tout expédié.
_Merci Aaron c’était très gentil à toi et désolée de t’avoir retardé, lui dis-je lorsque nous fumes dehors.
Il me répondit en disant que c’était un plaisir de m’avoir aidé et que je ne l’avais nullement retardé. Il proposa de me déposer mais je déclinai son offre alors il insista pour avoir mon numéro afin de s’assurer plus tard que j’étais bien rentrée. Je le lui donnai et en partant, je me disais que c’était peut-être quelqu’un de réellement bien, peut être que ma première impression à propos de lui était fausse au final.