La première grossesse

Write by princesse tia

Je ne sais pas s’il y a une sensation plus horrible dans la vie que cette sensation de se sentir sale, souillée dans son âme, cette sensation de se sentir coupable parce qu’on sait qu’on est en train de faire quelque chose de dégoutant mais sans pouvoir s’arrêter, comme si quelque chose d’invisible, une force invisible plus puissante que nous, nous y obligeait. Cette sensation était celle que je ressentais depuis six mois que je menais ma double vie. J’étais toujours la petite amie de Joël-Joris, tout en étant l’amante de Aaron qui utilisait mon corps pour réaliser ses fantasmes les plus fous même si ça me faisait du mal et même quand je n’étais pas d’accord. Oui, Aaron me donnait parfois des fessées violentes en couchant avec moi (alors que je n’avais jamais été masochiste, ni sadique), il me forçait à la sodomie même si j’étais en pleurs à chaque fois (je n’avais jamais aimé), il me prenait dans les positions les plus humiliantes qui soient, bref Aaron utilisait mon corps comme bon lui semblait et moi je n’arrivais pas à me sortir de son emprise. Au fond de moi, je savais bien que tout ceci n’était pas sain, oh oui quelque part dans un coin de mon esprit, j’en étais consciente mais je ne savais pas ce qui me retenait attachée à lui. Peut-être étais ce sa manie de faire la victime à chaque fois que je prenais fermement la décision de le quitter, parce qu’en effet, Aaron avait le chic pour jouer parfaitement les victimes, il me donnait l’impression d’avoir vitalement besoin de moi et que si je le laissais tomber, c’en serait fini de lui, Aaron savait comment me parler et quel ton utiliser selon les moments, pour que je reçoive ses paroles comme le saint évangile. En fait il savait parler à tout le monde, il avait un certain art pour convaincre les gens. 

_Allo Yasmine, ça va ? 

J’étais allongée dans mon lit perdue dans mes pensées quand la sonnerie de mon téléphone me tira de ma rêverie. C’était Yasmine qui appelait.

_Je vais bien Marion et toi ? 

_Ça va ma belle, répondit je avec un triste sourire. Et Soraya ? 

_Soraya va bien aussi mais toi, tu es sûre que ça va ? On ne te voit plus, tu ne nous parle plus souvent, tu es distante, même ton nouvel appartement nous ne le connaissons pas, mais qu’est ce qui se passe Marion ? même maman demande d’après toi chaque jour. Tu es juste à une heure de route de la ville mais on a l’impression que tu es jusqu’en Australie.

Yasmine avait raison, j’étais devenue distante avec mes meilleures amies, en fait j’avais peur qu’elles se doutent de quelque chose et je ne pouvais pas leur raconter ce que c’était. En plus Aaron m’avait demandé de ne parler d notre relation particulière à personne, il disait qu’ils ne comprendraient pas et qu’ils gâcheraient tout. Je ne pouvais donc rien leur dire alors je me cachais, je zappais souvent leurs appels (je préférais me cacher derrière les texto), je leur posais des lapins pour nos rendez-vous, depuis six mois que j’avais déménagé, elles ne connaissaient pas ma nouvelle demeure parce que je le remettais toujours à plus tard et lorsque je rentrais en ville certains weekends je me contentais de rester terrée chez mes parents ou chez Jojo, en gros ça faisait six mois que je n’avais pas vu mes meilleurs amies, celles qui étaient un peu comme une autre partie de moi, celles à qui je ne cachais normalement rien. Aujourd’hui, j’ai retenu une leçon qui est de parler, de s’ouvrir à nos proches lorsque nous sommes dans des situations desquelles nous n’arrivons pas à nous tirer parce que plus on garde le secret, la situation a plus d’emprise sur nous. Au moins lorsque nous en parlons à des personnes qui nous aiment, elles se battrons pour nous extirper de là parce qu’en ce moment, elles ont plus de lucidité que nous. Peut-être que si je m’étais confiée à mes meilleures amies le plus tôt possible, certaines choses n’auraient pas été aussi loin mais bon, ça on ne le saura jamais avec exactitude. 

_C’est à cause du boulot chérie, je suis désolée de vous avoir négligées ces derniers temps, je vais me rattraper promis. 

Je me sentais vraiment mal de leur faire cela, de leur cacher tout ce qui se passait et par-dessus tout, je me sentais mal d’avoir trahit tous ces principes que nous avions. 

_Hum Marion, je te connais mieux que tu ne le crois, il y a quelque chose que tu ne nous dis pas, je sais que ça ne va pas. C’est à cause de Jojo, vous avez des problèmes c’est ça ? insista Yasmine. 

_Tout va bien ma puce et quand ça n’ira plus, promis vous serez les premières personnes vers qui je me tournerai, comme d’habitude. 

_D’accord Marion, comme tu ne veux rien dire, je ne vais pas te harceler mais rappelles toi que nous serons toujours là. Ah ! au fait il y a Soraya qui prévoit encore une séance photo hein ! 

_Je suppose que ce sera encore nous les ‘’mannequins de la galère’’, dis-je en riant.

Soraya nous sollicitait souvent pour la promotion de ses créations, elle nous appelait ses ‘’mannequins de la galère’’ et nous disaient qu’elle nous utiliserait jusqu’à ce qu’elle devienne assez célèbre pour s’offrir les services de Naomi Campbell. Nous rechignions souvent mais au fond nous étions toujours heureuses de lui porter notre aide dans sa carrière de styliste, en plus ses tenues étaient magnifiques et nous nous amusions beaucoup pendant les séances photo.

_Ah ! oui c’est toujours nous puisque qu’elle n’a pas encore le cachet de Naomi Campbell, répondit Yasmine en riant son tour. Actuellement elle prépare un voyage sur Accra pour un défilé, mais dès son retour on se met d’accord sur une date et voilà. 

_D’accord, tenez-moi au courant. 

_Ok. A plus ma belle, bisous. 

A peine avait-elle raccroché qu’on sonna à la porte. J’avais déjà deviné que c’était Aaron, il n’y avait que lui qui débarquait quand il le voulait, Jojo me prévenait toujours avant d’arriver. 

_Coucou la plus belle, ça va ? 

Il me fit la bise et entra dans la cuisine pour poser les paquets de nourritures qu’il tenait dans les mains. 

_Tu as faim ? Moi oui, vas t’asseoir, j’apporte les plats, dit-il depuis la cuisine. 

Je me rendis compte que j’avais en effet faim, on était dimanche et j’avais passé toute la journée au lit sans rien avaler d’autre qu’un pot de yaourt. Aaron nous servit donc un peu de salade et du poulet puis un verre de vin pour chacun de nous. Nous avions mangé en discutant de tout et de rien, à un moment il me demanda :

_Dis-moi Joël-Joris, il compte quand même faire avancer votre relation ? Qu’est-ce qu’il dit à propos de vous deux ? 

_Bah ! on va se marier, je t’avais parlé de nos projets de mariage. C’est juste sa mère qui bloque l’avancement des projets pour le moment mais ça va aller, répondis-je calmement.  Maintenant elle met clairement tout en œuvre pour qu’il épouse cette Elyne, mais Jojo m’a assuré que tout irait bien. 

Il se tut un instant, l’air de réfléchir profondément puis soupira. 

_Tu sais que tu es comme ma sœur Marion, je t’aime énormément et je ne supporterai pas qu’un homme joue avec toi…, commença-t-il avec cette voix douce, presque paternelle, qu’il utilisait très souvent. 

_Mais Jojo ne joues pas avec moi, c’est juste que…

_Juste que quoi Marion ? me coupa-t-il. C’est juste que rien du tout. S’il t’aimait vraiment, il serait prêt à affronter sa mère pour toi, quitte à se faire renier s’il le faut. Vous totalisez quand même quatre ans de relation ma chérie, il aurait dû apporter au moins ta dot s’il t’aimait vraiment. 

Plus il parlait, plus le doute s’immisçait dans mon esprit à propos des intentions de Joël-Joris. Nous avions des projets mais je ne voulais rien presser, je l’aimais et ça me suffisait, je voulais le laisser faire à son rythme, après tout je n’avais que 23ans, mais avec ce que Aaron me disait là, je ne savais plus quoi penser. 

_Si tu ne prends pas des mesures dès maintenant chérie, tu apprendras avec surprise qu’il s’est marié avec cette Elyne ou même quelqu’un d’autre. Je suis un homme, je connais les hommes Marion et je suis plus expérimenté que toi. Je veux juste ton bonheur, je ne veux pas qu’il te perde du temps. 

Ce fut le coup de grâce, je me mis à paniquer, peut-être qu’il avait raison. 

_Qu’est-ce que je devrais faire ? demandai-je après quelques minutes. 

Il se tourna vers moi me prit le visage entre ses mains et me dit en me regardant droit dans les yeux :

_Tu dois lui mettre la pression, tu dois même poser des ultimatums si nécessaires. S’il t’aime vraiment, il fera ce qu’il faut et moi je n’en serais que très heureux pour toi. N’oublies pas que je serai ton témoin à la mairie hein ! 

Je souris et il me prit dans ses bras pour m’embrasser avant de m’emmener dans la chambre pour satisfaire ses pulsions sexuelles. 

Depuis ce soir-là, je n’arrêtais plus de harceler Joël-Joris à propos de notre relation, je lui répétais inlassablement que s’il m’aimait vraiment, il viendrait m’épouserait. En fait je lui répétais tout ce que Aaron me disait. 

_Marion arrête un peu avec ça s’il te plait. Je t’aime chérie et c’est avec toi que je veux me marier mais je suis en train de manager maman petit à petit pour la conduire à accepter, patientes et fais-moi juste confiance, me supplia-t-il un samedi alors qu’il était chez moi pour le weekend. 

_Si tu m’aimais vraiment, tu lui tiendrais tête et pas la ‘’manager’’ comme tu dis. Je veux qu’on avance Joris, si tu ne…, commençai-je avant d’être prise d’un coup de nausées assez violentes qui me forcèrent à courir dans les toilettes. 

Depuis quelques jours, je ne me sentais pas très bien, j’avais des fringales, des nausées, quelques vertiges, des palpitations et d’autres petits malaises. Je me suis dit que c’était peut-être un palu qui s’annonçait. 

_Tu vas bien bébé ? me demanda Jojo tout inquiet à mon retour des toilettes. 

_Je ne me sens pas très bien depuis quelques jours, je ne sais pas ce que j’ai, lui répondis je en m’allongeant dans le lit. 

Il vint s’allonger à côté de moi et me demanda : 

_Tu crois que tu es enceinte ? 

Je bondis brusquement tel un diable hors de sa boite, je n’y avais pas pensé à ça. Je me saisis de mon téléphone afin de consulter mon calendrier menstruel et ce que j’y vis ne me rassura aucunement. Ça faisait deux semaines que j’aurai dû avoir mes règles et je ne m’étais même pas rendu compte de ce retard mais il faut dire aussi que j’avais beaucoup de travail au bureau, surtout avec la fin d’année qui arrivait, c’était des réunions sur réunions et plein de rapports à préparer. 

_Chérie ça va ? Si c’est un bébé nous allons assumer tu sais. Tu n’as pas à t’inquiéter ma puce, me dis Jojo. 

_Mais non je ne peux pas être enceinte, m’écriai-je.

En effet, je ne pouvais pas être enceinte, je n’envisageais pas pire situation en ce moment pour moi. En temps normal ça ne m’aurait pas vraiment dérangée d’être enceinte, je sais que Jojo aurait été à la hauteur, mes parents auraient certainement fait un peu de problèmes parce que nous n’étions pas mariés mais rien de bien méchant. Ce qui me faisait peur en fait c’est que si jetais enceinte, je ne saurai dire qui exactement en était l’auteur parce que je couchais avec deux hommes différents sans vraiment prendre de précautions avec aucun d’eux, ce qui était vraiment une stupidité énorme de ma part. Non, je ne pouvais pas être enceinte, comment pourrais-je annoncer ça à qui que ce soit ? Non ce n’était pas possible. Il fallait que j’appelle Aaron, cette situation me dépassait, je ne pouvais plus réfléchir mais lui saurait certainement quoi faire, Aaron savait toujours quoi faire cependant pour l’appeler, il fallait que j’éloigne Joël-Joris. Je l’envoyai donc exprès chercher une pharmacie de garde afin de me rapporter des remontants, ce qu’il s’empressa de faire.

_Marionnette, ça va ? Que se passe-t-il tu n’es pas avec ton Jojo ? Demanda Aaron après avoir décroché mon appel.

_Ça ne va pas Aaron, je crois que je suis enceinte. 

Il marqua quelques secondes de silence avant de demander calmement : 

_Qu’est ce qui te fais penser ça ? 

_Je ne me sens pas bien depuis un moment et aujourd’hui je me suis rendue compte que j’avais un retard de règles de deux semaines. Mon Dieu Aaron, qu’est-ce que je vais faire ? Je suis totalement paniquée. 

Je parlais en faisant des cent pas fébriles entre la salle de bain et la chambre, j’étais vraiment perdue. 

_Ecoutes tu vas d’abord te calmer chérie, calmes toi. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter tant qu’on n’est sûr de rien. Tu es où là actuellement ? 

Il parlait avec un calme que je ne comprenais pas alors que moi j’étais au bord de la crise de nerfs. 

_Je suis chez moi, je passe le weekend avec Joris, répondis-je en m’asseyant sur le lit les yeux embués de larmes. 

_Ok, donc je suppose qu’il va rentrer chez lui dimanche soir comme d’habitude, donc demain. Tu attendras donc qu’il rentre et tu feras un test de grossesse, ensuite on avisera en fonction du résultat d’accord ? Pour le moment calmes toi. 

_D’accord, j’ai compris, je te laisse maintenant j’entends Joris qui arrive.

_Ok tiens moi au courant. 

Il raccrocha au même moment où Jojo entra dans le salon avec les remontants que j’ai refusé plus tard de boire.  Je fis l’effort de rester calme tout le reste du weekend comme me l’avait recommandé Aaron mais ce ne fut pas facile du tout. Jojo insista pour que je fasse un test avant qu’il retourne en ville mais j’ai catégoriquement refusé, lui promettant de le faire dans quelques jours si les règles ne venaient toujours pas et de le tenir au courant, ce qu’il finit par accepter avant de prendre la route dimanche après-midi. Juste après son départ, je couru à la pharmacie de garde en quête d’un test de grossesse, j’en pris finalement deux. De retour à la maison, je rentrai dans les toilettes toute tremblante, je me dis à haute voix :

_Marion, peu importe ce que ces tests donneront, surtout tu ne t’effondres pas, tu restes calme. 

Je déballai les tests et urina là-dessus, pendant les quelques minutes qui précédèrent le résultat, je pris soin de me laver les mains avant de me tordre les doigts en patientant. Quand enfin je pris les bâtonnets, mes jambes se mirent à trembler, je ressentis une chaleur désagréable me monter des pieds à la tête, j’étais au bord de l’évanouissement : j’étais enceinte et je ne savais pas exactement qui en était l’auteur.  Moi, Marion, jetais enceinte sans en connaitre l’auteur, mais qu’allais-je bien pouvoir faire ? Je suis allée m’asseoir par terre dans la chambre, les tests et mon téléphone en main, je n’arrivais pas à réfléchir, je devais contacter quelqu’un, je pensais aux jumelles mais je ne savais pas comment leur dire ça alors je composai le numéro de la seule personne qui était devenu mon confident, Aaron. 

_Aaron, je suis enceinte, je viens de faire deux tests qui se sont révélés positifs, je vais mourir Aaron, je suis perdue, annonçais-je tout de go en pleurant. 

_Calmes toi Marion, calmes toi, respires et restes calme. 

_Comment puis-je rester calme Aaron ? Le pire c’est que je ne sais même pas qui d’entre vous deux est l’auteur, bon Dieu que vais-je faire ? 

Aaron attendit quelques minutes avant de me dire avec tout le calme possible :

_Euh ! pour ça chérie, ce n’est pas moi en tout cas. 

J’eu l’impression de n’avoir pas bien entendu, comment Aaron pouvait il prétendre ne rien avoir avec ma grossesse alors que je couchais avec lui autant que Joël-Joris et sans aucune précaution ? 

_Quoi ? Comment ça Aaron ? 

_Je ne t’ai jamais raconté mais des années auparavant j’ai fait une septicémie qui a causé assez de dégâts à mon corps et depuis lors bah…mon sperme il ne peut plus…enfin tu vois, je ne peux plus engrosser de femmes, c’est impossible, du moins pour le moment alors je ne suis pas l’auteur de cette grossesse Marion, il n’y a pas de chances.

Il me parlait avec ce genre de ton qui ne pouvais laisser aucun doute sur ce qu’il disait, je n’eus d’autre choix que de le croire sur paroles. 

_Oh ! ok…, fis-je simplement sans trop savoir que penser de toute cette situation à présent. 

_Mais tu ne peux pas garder cet enfant, chérie tu dois avorter. 

_Quoi ? Pourquoi tu me dis ça ? Qu’est-ce que ça peut bien te faire que je le garde si tu es sûr de ne rien avoir avec cette grossesse ? 

_C’est parce que je pense à toi Marion, je pense à ton bien. Ce n’est pas le moment pour toi de faire un enfant, Joël-Joris ne t’a pas épousée. Si tu lui fais cet enfant et qu’il t’abandonne pour une autre que feras tu ? Réponds-moi que feras tu Marion ? Tu te retrouveras avec un gosse sur les bras et qui sait si tu pourras te marier avec quelqu’un d’autre ? 

J’étais en larmes devant tout ce qu’il me disait, je n’avais aucune envie de me débarrasser de cette grossesse, mais ce que Aaron disait me faisait peur d’une part et d’autre part, je ne savais toujours pas exactement qui était l’auteur de cette grossesse quoi qu’il dise. Et s’il pouvait quand même faire des enfants sans le savoir lui-même et que l’enfant finissait par être de lui, que ferais-je ? 

_Marion, je ne veux que ton bien, je veux seulement ton bien.  Réfléchis-y et surtout n’en parle à personne avant qu’on ait trouvé une solution d’accord ? 

_Ok. 

Cette nuit-là je n’avais pas pu dormir, j’étais resté là éveillée en me demandant quoi faire, le pire était de ne pouvoir en parler à personne. Le matin à mon réveil, je ressemblais à une déterrée, mes yeux étaient cernés, gonflés et tout rouges. Joris m’appela pour voir comment j’allais et si j’avais fait le test, je lui répondis que je ne l’avais pas encore fait et que dès que ce serait le cas je lui ferai signe. Arrivée au bureau, je ne parlais à personne à part pour répondre aux questions qu’on me posait, d’abord parce que je n’avais pas la tête à ça mais en plus les nausées ne me laissaient pas de répit. Vers 9h on m’apprit que Salim, Prisca et moi avions une réunion urgente à la direction générale de Sunshine Communication dans l’après-midi, je demandai à me faire remplacer mais apparemment c’était impossible alors je dus me résoudre à y aller. Aaron me laissa un texto quelques heures avant la réunion qui disait : « Comment vas-tu Marionnette ? ». Je lui répondis que ça n’allait pas très fort et lui m’écrivit à son tour ceci : « J’espère que Prisca ou les autres ne se doutent de rien. Fais l’effort d’être le plus normal possible et à la réunion de ce soir, fais pareil. Tout s’arrangera bientôt ». 

A 15h la voiture de service nous déposait devant la direction. D’autres collègues des autres succursales étaient présents également et nous nous saluâmes tous avant de chercher des places pour s’installer. Une heure après que la réunion ait commencé, mon téléphone se mit à clignoter signalant un texto de Aaron, je le consultai discrètement et lu ceci : « Alors, ça fait quoi de s’asseoir à côté de sa rivale ? ». Je ne compris pas tout de suite ce que ça signifiait et je lui écrivis à mon tour en lui demandant ce qu’il racontait. Je reçu ce message en réponse : « Je suis ravie de te présenter ma promise, assise à ta gauche ». Je me retournai et regarda celle qui était assise à ma gauche, il s’agissait de Clarisse. Elle était une des infographistes de Sunshine Communication, c’était une jeune femme assez effacée, elle n’était pas du genre à beaucoup parler ou à se mélanger aux autres mais lorsqu’il le fallait elle se montrait très joviale. C’était donc elle la future Mme MASSENOU ? Je ne m’en serai jamais douté. Je me sentis plus mal que jamais de coucher avec son homme et d’être même peut être enceinte de lui et cet imbécile n’avait pas trouvé meilleur moment qu’aujourd’hui pour m’annoncer cela. Je le regardai à sa place dans la salle et il était en train de sourire malicieusement. Mais quel genre d’homme était-il ? A la fin de la réunion, je n’attendis pas de le voir avant de repartir parce que je n’en avais pas envie, j’avais l’impression qu’il s’amusait de toute cette situation, j’étais énervée mais je n’avais pas assez de force pour me disputer avec lui, j’étais juste très épuisée. J’étais arrivée à peine arrivée chez moi qu’il sonna à la porte, il m’avait suivie m’avait-t-il dit. 

_Pourquoi tu es parti sans m’attendre ? 

_Parce que je n’avais pas envie de te parler Aaron, d’ailleurs va t en, je suis fatiguée. 

_Mais enfin qu’est-ce que je t’ai fait ? Demanda-t-il en me suivant dans la chambre. 

J’étais rentrée m’allonger sur le lit avec mon ours en peluche dans les bras. Il se déchaussa et s’allongea contre moi. 

_Qu’est-ce que tu me reproche Marion ? répéta-t-il de sa voici la plus douce possible. 

Je me mis à pleurer à chaudes larmes. 

_Tu me forces à avorter mais en même temps tu prétends ne pas être l’auteur de la grossesse. En plus tu me choque en me montrant ta petite amie comme ça ce soir avec l’air de t’en amuser, je ne te comprends pas Aaron. Ça veut dire quoi tout ça ? 

Il me serra contre lui et me berça tout doucement pendant que je continuais de pleurer tout mon soul. 

_Chut ! ce n’est pas que je te force à avorter chérie, je veux juste ton bonheur. Tu sais que je t’aime Marion et je ne supporterai pas de te voir faire une erreur sans te ramener sur la bonne voie. Crois-moi chérie, ce serait une erreur de garder cette grossesse, fais-moi confiance, je me charge de tout et ça ira bien. 

Il parlait comme un père à son enfant tout en continuant de me bercer, sa voix était douce mais ferme, je savais que je devais juste obéir. 

_Fais-moi confiance, répéta-t-il plusieurs fois d’affilée. 

_Mais je suis de rhésus négatif et Jojo est de rhésus positif tout comme toi alors il me faudra…

_Un sérum anti D, après l’avortement je sais. Je me charge de tout ne t’en fais pas. 

_J’ai aussi appris qu’un curetage faisait très mal, est ce qu’il y aurait un autre moyen ? Je voudrais éviter ça au maximum s’il te plait. 

_Bon…je verrai ce que je peux faire. 

_Ok…

C’est ainsi que j’acceptai cette nuit-là de faire mon premier avortement, j’avais mal de me débarrasser ainsi de cet enfant, je n’aurai jamais pensé à commettre cet acte un jour, mais voilà…


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