La rupture

Write by lelechu

Jasmine

Une fois encore je tente de joindre Boris sur son numéro mais ça sonne dans le vide. Ça fait aujourd’hui 3 jours qu’il n’est pas venu travailler et 3 jours qu’il ne répond pas à mes appels. C’est par André que j’ai su qu’il y a eu plus de peur que de mal et que Leslie va bien. Elle est toujours en clinique mais rentre bientôt. Pourquoi Boris lui parle à lui et pas à moi ? surement la culpabilité. J’ai ressenti la même chose pendant quelques jours au point de pleurer certains soirs dans mon lit jusqu’à ce que je comprenne qu’en réalité, Leslie a un problème plus sérieux qui n’a rien à voir avec Boris et moi. Pour qu’une personne en arrive à avoir des envies de suicidez, c’est qu’elle fait une dépression et pas des moindres. Et que Boris lui eu parlé ou non, elle aurait posé cet acte tôt ou tard.  Je me demande bien ce qui a pu la conduire à cet état de dépression. Elle a toujours été une femme qui a la tête sur les épaules, une femme calme, posée, réfléchie et surtout une femme forte. J’espère vraiment qu’elle va s’en sortir. J’ai décidé de ne quand même pas laisser tomber Boris. J’ai longtemps fui parce que je ne me sentais pas la force de lutter pour nous 2 mais maintenant que je lui ai donné mon feu vert et que j’ai décidé d’être heureuse avec l’homme que j’aime, je me dois de me battre jusqu’au bout et ne pas le laisser tomber au moindre problème. J’en suis là de mes pensées, quand j’entends sonner à ma porte. Je me lève difficilement et me dirige vers la porte. Je suis épuisée ce soir. Quand j’ouvre, je me retrouve face à Boris et mon cœur trépigne de joie. J’oublie toute ma fatigue et me jette dans ses bras avant de prendre ses lèvres.

- Tu m’as tellement manqué mon amour. Ça fait des jours que je tente de te joindre Entre stp.

Il reste silencieux et la mine fermée. Je mets ça sur le compte de la culpabilité et des sales jours qu’il a du passé. Il va s’assoir au salon et je me dirige vers le mini bar pour lui servir un verre de vin. Je m’en sers un aussi et le rejoint sur le canapé.

- (Lui tendant son verre) comment elle va ?

- (Soupirant) je ne sais pas. Physiquement elle va bien mais émotionnellement… elle pleure sans cesse et refuse de s’alimenter.

- (Triste) je suis désolée pour elle et pour l’angoisse et la culpabilité que tout ça te fait ressentir. Lui dis je en lui prenant la main. Main qu’il me retire aussitôt. Je le regarde dubitative.

- Qu’est ce qui se passe Boris ? tu m’en veux pour quelque chose ?

- (Ton lasse) Non je ne t’en veux pas Jasmine. C’est juste qu’il faut qu’on discute tous les 2.

- Ok je t’écoute.

- Il faut qu’on arrête de se voir. Je veux dire que tu avais raison. Nous 2 ce n’est pas une bonne idée. Nous ferions souffrir trop de personnes autour de nous.

Choquée, j’éclate de rire devant son manque de courage.

- Tu n’es pas sérieux Boris. Nous savions tous les 2 que ce combat pour notre amour serait tout sauf facile. Je me suis enfuie loin de toi pendant 3 longues années et tu m’en as voulu au point de me détester. Alors tu voulais que je reste, pour pouvoir m’abandonner à la première difficulté ?

- Ce n’est pas « la première difficulté » comme tu le dis. Il s’agit d’une vie et pas de n’importe quelle vie Jasmine. La vie de ma femme, celle que j’ai épousé.

- (Dépassée) Je n’y crois pas. Boris tu as fait des pieds et des mains pour que je cède pour que j’accepte de me battre pour nous 2. Et là je suis d’accord, j’avoue que je t’aime à la folie et que je veux être avec toi. Je veux me battre à tes cotés. Je comprends ta réaction, j’ai eu la même au bureau quand j’ai appris ce qui s’était passé mais je me suis ressaisie. Nous ne sommes pas responsables de l’état de Leslie. Elle fait une dépression, et ça n’a surement pas commencé aujourd’hui ni hier d’ailleurs. C’est un mal qu’elle traine depuis longtemps si elle prenait des tranquillisants.

- Je sais mais j’ai un devoir de redevance vis-à-vis d’elle. Elle m’a soutenu sans jamais se plaindre quand moi j’ai fait ma dépression. Elle a toujours été là pour moi. Je ne peux pas la laisser tomber maintenant.

- Mais je ne te demande pas de la laisser tomber bébé. Je ne te demanderai jamais ça. Mais tu peux l’aider à surmonter tout ça en étant son ami. J’ai discuté avec un ami psychologue. Dans ce genre de cas, tu ne dois pas céder au chantage parce qu’elle essaie de te manipuler afin que tu ne la quittes pas. Tu dois rester à ses cotés et l’assister comme tu veux sans toute fois lui montrer que tu changes d’avis.

- (Criant) tu ne comprends rien Jasmine. Elle a essayé de se suicider par ma faute. Si je n’avais pas été occupé à te courir après, si je lui avais prêté de l’attention, j’aurai vu qu’elle n’allait pas bien et j’aurai pu empêcher tout ça d’arriver. Je l’ai épousé en lui promettant de la rendre heureuse et je la pousse au suicide en tombant bêtement amoureux de mon amie.

- (Choquée) Boris !

Il se met debout et se passe nerveusement la main sur le visage.

- Je suis désolée Jasmine mais je vais y aller. Je suis venu te demander de ne plus m’appeler, de ne plus chercher à me voir. Tu peux continuer à travailler dans l’entreprise mais nos relations resteront purement professionnelles. Je te demande pardon si je te fais du mal mais je ne peux pas faire autrement.

Des larmes de rage s’échappent de mes yeux.

- Mon amour, ne nous fais pas ça. Essayons au moins de tenir un mois pour voir comment les choses évoluent. Dis-je en essayant de le toucher.

- (Me repoussant fermement) Ma décision est prise Jasmine. Je suis désolé. Dit-il en se dirigeant vers la porte. 

Je n’essaie pas de le rattraper et reste debout à pleurer silencieusement. Quand il veut ouvrir la porte, je l’appelle doucement.

- Boris ?

- (Se retournant à moitié) Jasmine ?

- Si tu franchis cette porte, tu peux m’oublier parce que je ne te pardonnerai jamais de m’avoir fait croire que tu pouvais tout affronter pour moi et de m’abandonner ensuite après. Si tu pars d’ici ce soir, je te promets que je vais te sortir de ma vie et que je ne t’ouvrirai plus jamais mon cœur.

- Sois heureuse Jasmine, je te le souhaite sincèrement.

A sa phrase, je fus incapable de retenir mes sanglots. Il me regarda un moment de la tristesse dans les yeux avant de sortir en fermant la porte derrière lui. Après son départ et toujours en pleurant, je vais dans la salle de bain prendre une douche et me mettre au lit. Une phrase de Tacha me revient en tête : « tu n’es plus une enfant Jasmine. Il faut que tu prennes ta vie en main. ». Elle m’avait dit ça une fois ou elle m’avait appelé et que j’étais en pleure après avoir perdu mon bébé. Sa phrase m’avait fait réagir et aujourd’hui encore elle me fait réagir. Par amour pour Boris, même s’il était loin de moi, j’ai refusé tous les hommes qui se sont intéressés de trop près à moi. J’ai mis ma vie de femme entre parenthèse parce que ce que je ressentais pour lui était trop fort pour que je m’intéresse à quelqu’un d’autre. Si j’ai fui c’est justement parce que je ne voulais pas que Boris quitte sa femme pour moi. Mais il a trouvé les mots et les actes qui ont su me toucher. Il a su me rassurer et me mettre en confiance. Il a su me persuader que notre amour valait la peine que je me batte, qu’il valait la peine que je me fasse traiter de pute, de traitre, de femme sans vergogne, de femme de peu de vertus. J’ai tellement mal que Boris m’ait tourné le dos justement au moment ou j’étais prête pour lui. Mais il a fait son choix et je dois le respecter. Même si cela me brise le cœur, je ne m’intéresserai plus jamais à ce qu’il fait de sa vie. JE SORS BORIS DE MA VIE AUJOURD’HUI ET POUR TOUJOURS.


Boris

Je suis le premier à arriver au bureau ce matin. J’ai déposé Leslie ce matin de bonheur a sa thérapie et sa sœur passera la chercher. Je reviens au bureau après 3 jours d’absence et je reçois la lettre de démission de Claude. Je n’en suis point surpris. Il semblerait aussi qu’il ne soit plus revenu travailler depuis notre dispute. Ça m’attriste que cela se termine comme ça entre nous mais c’est mieux ainsi. Je m’installe et je commence à travailler pour rattraper mon retard de ces derniers temps. Plusieurs minutes plus tard, j’entends la voix posée de Jasmine disant bonjour à ma secrétaire puis j’entends ses pas s’éloignés de mon bureau. Avant, elle serait rentrée me dire bonjour et j’en aurai profité pour l’admirer et lui voler un baiser. Je soupire et m’adosse à mon fauteuil. La décision de m’éloigner de Jasmine n’a pas été une décision facile à prendre mais je devais le faire. J’estime que je devais ce sacrifice-là à Leslie pour tous les efforts qu’elle a consenti à faire dans sa vie pour moi, pour être restée quand je n’étais là que physiquement, pour avoir choisi de m’épauler bien que je l’aie négligée pendant longtemps. Je me suis rendu compte quand je l’ai vu couchée inconsciente sur ce lit d’hôpital que malgré la force de l’amour que je ressens pour Jasmine, je ne pourrai jamais vivre heureux en ayant le malheur ou la mort de Leslie sur ma conscience. Cette femme a donné trop d’elle-même pour moi. J’espère que Jasmine trouvera un jour la force de me pardonner de l’avoir sacrifier elle aussi pour Leslie. Je sais à quel point elle m’aime et à quel point elle a mal mais je sais aussi qu’elle trouvera la force de se relever parce qu’elle elle est forte pas Leslie. Je suis aussi conscient du fait que je ne suis pas directement responsable de la dépression de Leslie et que sa tentative de suicide était un chantage affectif dû à son état mais ça ne change rien au fait que j’ai le devoir de l’aider à s’en sortir. Je suis tellement absorbé par mes pensées que je n’entends pas André ne frappé ni entrer dans mon bureau. Je sursaute quand il me tapote l’épaule.

- Mec tu m’as effrayé ! dis-je en me tenant la poitrine

- (Souriant) je ne te savais pas si peureux hein !

- (Sourire triste) je peux l’être quelque fois.

Il me regarde comme à son habitude, longuement. Il fait ça quand il me sent préoccupé et qu’il essaie de deviner de quoi il s’agit.

- Comment elle va ce matin ? finit-il par me demander la mine sérieuse.

- Je n’en sais rien. Elle ne parle pas, elle ne mange pas. Elle reste couchée à regarder le vide devant elle. Elle a commencé sa thérapie ce matin, je l’y ai déposé avant de venir.

- Du courage mon frère. Je sais que la situation est difficile mais ça ira. Tout va finir par s’arranger.

- (Ému) Merci

Il se racle la gorge ensuite et je devine que c’est maintenant que les hostilités vont commencer.

- Sinon comment ça va ta relation avec Jasmine ? 

Je le savais. Il a deviné que même si l’état de santé de Leslie m’inquiétais, c’est à Jasmine que je devais cette mine triste.

- Il n’y a plus de relation entre elle et moi. J’y ai mis fin hier. C’est mieux pour tout le monde.

Il ne dit rien et continue de me dévisager. Embarrassé, je lui demande un peu sèchement.

- Quoi ???

- Je n’ai rien dit

- Mais tu en as envie donc parle je t’écoute.

- Si tu insistes. En fait je ne suis pas étonné, je savais que tu ferais ça. Je ne te demanderai pas pourquoi parce que je connais tes raisons. Même si je trouve que c’est la décision la plus conne que tu ais prise de toute ta vie.

- (Agacé) André !

- (Levant les mains en signe de résignation) ok, désolé. Je n’ai qu’une question à te poser.

- Laquelle ?

- Ta décision tu es vraiment prêt à l’assumer ? 

- Bien sûr. Je sais ce que cela va me couter mais je suis prêt à assumer.

- Tu pourras assumer le mariage de Jasmine avec un autre homme ? 

Je reste figé devant sa question pleine de bon sens. Jasmine m’a avoué que pendant les 3 années où nous étions loin l’un de l’autre, aucun homme ne l’avait touché. En d’autres termes, depuis que je lui ai fais l’amour, elle n’a plus laissé un autre homme le faire. Et j’ai ressenti un senti de possession qui m’a moi-même effrayé quand elle me l’a dit. Je me suis juré sur le champ, qu’aucun autre ne la touchera à part moi. Mais hier elle m’a clairement fais comprendre qu’elle ne m’attendrait plus et qu’elle ferait sa vie et ils sont nombreux à attendre ça. Assane le premier. Je n’arrive pas à imaginer Jasmine appartenant à un autre, Jasmine faisant l’amour à un autre homme. Je ferme les yeux de douleur face à l’image que j’ai dans la tête.

- C’est bien ce que je me disais. Me dit André en se levant. Excuse-moi pour ce que je vais te dire Boris mais tu es un véritable idiot. 

Il se dirigeait déjà vers la porte. Je l’arrête brusquement.

- Andy ? il se retourne sans me répondre.

- Tu crois qu’elle va vraiment épouser ce type ?

- Je ne sais pas Boris mais je l’espère réellement parce que toi tu ne la mérite pas.

La seconde d’après il était sorti. Et je senti le doute m’envahir. Ai-je vraiment pris la bonne décision ? rester avec Leslie par devoir et par pitié, ne lui fera pas plus de mal que si j’avais choisi de rester sur ma décision ? quitte à mettre une pause dans ma relation avec Jasmine pour la reprendre quand tout serait rentré dans l’ordre ? Je ne sais pas, je ne sais plus. J’ai pris la décision qui s’imposait à moi. Je n’ai pas beaucoup réfléchi sur le champ. Une chose est sûre c’est que celui qui souffrira comme un chien dans cette histoire, c’est moi. Je mourrai à petit feu chaque jour passé loin de Jasmine et si jamais elle devait en épouser un autre, … Je préfère ne pas y penser. J’ai pris ma décision et je dois l’assumer. Je souffrirai surement mais je l’assumerai parce qu’il n’y a plus de retour en arrière possible. L’idiot que je suis s’est assuré qu’il y en est plus.


L'histoire que vous lisez

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

Tel un feu dévorant