LA VERITE (2)

Write by Pegglinsay

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Léa

Ce lundi, c’est toute froissée que je vais au boulot. Vendredi je n’y étais pas allée, certes je ne me sens pas trop bien en ce moment, mais je ne vais pas rester à me morfondre à la maison.  Dès que j’ai mis les pieds dans le bus, Emmy a vu qu’il y a quelque chose qui n’allait pas. Je lui ai dit que j’avais des soucis familiaux sans rentrer dans les détails.   

Il était à peine midi et je trouvais que la journée était longue, que l’heure prenait tout son temps. Je n’avais qu’une envie ; rentrer chez moi. Le son de mon tel me signala un texto. Hmmmmm David. Je ne lui ai pas encore parlé. Je n’y arrive pas, c’est au dessus de mes forces. Je sais qu’on doit se parler, c’est inévitable mais pour le moment….

Je l’ouvre et le lis : <Ne pas pouvoir t’entendre, t’écouter me tue à petit feu mon amour. Please call me >

Je ferme les yeux et respire assez fort pour ne pas pleurer. Je me demande ce qui me fait le plus de mal ; est-ce parce qu’il s’est remarié ou c’est le fait qu’il l’est depuis six mois et que je l’ai su par pur hasard qui me fait le plus mal. Comment dois-je prendre l’acte qu’il a posé ? est-ce parce qu’il est égoïste et voit son bien-être avant sa famille ? ou  est-ce parce qu’il se soucie tant de notre avenir qu’il a décidé de se marier? Est-ce mal de ne pas pouvoir lui parler ? est-ce normal de ressentir autant de rage contre lui et penser que je ne pourrais plus lui faire confiance ? Qu’est-ce qui me dit qu’il n’a pas un enfant là-bas et ne veut que me mettre sur le fait accompli comme il en avait l’intention avec ce mariage.   

Cette migraine ne va pas me laisser de si tôt. Je me lève, prends deux comprimés dans mon sac et me dirige vers la salle des profs pour prendre de l’eau. A peine ai-je bu l’eau que je vois Djamal rentrer dans la salle avec, en main, deux bouteilles de jus, qu’il vient placer dans le réfrigérateur. Apres les avoir mis, il me fit face et me fixa. 

- Il y a un problème ? demandai-je sur un ton défensif. 

- Non pas du tout. Je voulais seulement savoir comment tu te portes.

- Comme tu vois, ça va ! Ça pete la forme !!, dis-je d’un ton ironique.

- Ben…. Si tu le dis, je suis contente de l’apprendre.

- Cool ! dis-je en me déplaçant.

- Léa !? 

- Oui ?

Je me tourne et le fixe dans les yeux. Il alla dire quelque chose mais se révisa. 

- Non rien ! 

Sans rien ajouter je retourne à mon bureau, celui que je partage avec deux autres assistants pédagogiques et termine de préparer un cours que je devrais faire demain puisque le professeur à un malaise ce matin et ne pourra pas être présent demain. Depuis le jour où il m’a emmenée chez moi, je ne lui ai pas parlé. J’avais envie de parler à personne y compris Djamal qui m’avait laissé plusieurs messages durant le week-end. Hmmmmm, ma vie ne ressemble à grand-chose en ce moment. Moi et Larissa, on s’est plus parlé depuis la dernière fois, et c’est tant mieux.


Plus tard dans la soirée…

Je tiens mon téléphone et décide d’appeler enfin David. Ça sonne plusieurs fois mais personne ne répond. Je refais l’appel, après plusieurs sons, il décroche enfin.

- Salut David !

- Bb enfin !

-

- Tu ne sais pas à quel point ton appel me fait plaisir.

- Je veux juste entendre la vérité de ta bouche. 

- Chérie !

- Je t’écoute David, dis-je en luttant avec mes larmes. 

- Je te demande pardon amour…

- Tu t’es mariée en décembre ?

- Non fin novembre.

- Et tu l’avais planifié depuis combien de temps ?

- Leaaaaa 

- REPONDS-MOI ! criai-je.

- Depuis un mois…

- C’est pour cela que tu avais laissé Boston ? Pour que les nouveaux mariés puisse s’aventurer dans une autre ville ?  

- Oui on a déménagé à Miami...

- Dis-moi, tu comptais me dire que tu t’étais remarié ?

-

- Non, ne répond pas, je connais la réponse. Si tu as passé six mois sans rien me dire alors pas besoin de me faire des films.

- Chérie je sais qu’on avait déjà posé ce problème et que je connaissais ta position la dessus. Léa c’est difficile, voire impossible pour moi de rentrer au pays sans savoir ce que me réserve l’avenir, surtout que le coût de la vie devient plus dure de jour en jour. Essaie de me comprendre Léa, je veux que vous me rejoignez aux States. Je veux que mes enfants puissent avoir la chance de réussir leur vie. D’avoir le choix d’apprendre ce qu’ils veulent et vivre une vie meilleur. Je sais que c’est difficile de comprendre ce choix difficile que j’ai fait mais je l’ai fait pour vous.

- Pour nous !!??

- Oui Léa, pour vous. Parce que je vous aime et cela plus que ma propre vie !!!!

- Lolllll, la bonne blague !!! Franchement David je ne te connaissais pas si drôle, dis-je d’un ton ironique.

- Chérie…

- Vous viviez ensemble ?

- ….Oui mon amour.

- On m’a dit qu’elle est belle et plus jeune que moi…

- Léa, m’interrompis David, entre elle et moi IL N’Y A ABSOLUMENT RIEN ! 

-

- CHERIE !?

- ….

Je ne pouvais répondre, mes larmes m’en empêchaient de le faire.  J’avais mal, très mal. Je déposais le tel sans pour autant raccrocher. Il m’a fallu un effort surhumain pour continuer à parler à David.

- Désolée mais je ne peux pas ! murmurai-je

- Quoi bb ? qu’est-ce-que tu ne…

- Ça ne passe pas. Je n’arrive pas à  être compréhensive, tu vois…

- Mon amour…

- Même si j’arrivais à te pardonner je ne pourrai plus te faire confiance. J’aurai toujours des doutes à chaque fois.

- Please darling !!!!

- C’est au dessus de mes force pour le moment. Je ne sais pas si un jour je pourrai passer un trait sur tout ça. Mais pour le moment, j’ai cette histoire à travers la gorge et je n’arrive pas à  la digérer. Je suis désolée David ! 

- Lea, listen dear…

- Tu te souviens de la dernière fois, quand je t’avais demandé de faire un choix ? de choisir entre ta famille et tes papiers ? tu t’en souviens ?

-

- Je pourrais jamais priver mes fils de leur père puisque tu joues un rôle important dans leur vie. Mais en ce qui me concerne…

- Léa please, je ferrai tout ce que tu voudras mon amour mais ne m’abandonne pas. Sans toi je suis perdu ! please don’t leave me boo !!!

- En ce qui me concerne, continuai-je en pleurant, pour le moment, je ne veux plus te parler, t’entendre…

- J’ai besoin de toi Léa, sinon je vais craquer. Je ne pourrai plus vivre.

- T’aurais du y penser avant. Et félicitations pour tes futurs papiers. 

Je raccroche sans qu’il ait le temps de me répondre. Il m’appelle mais je dépose mon tel et me dirige vers la salle de bain. J’essuie mes larmes et me regarde dans la glace.  Léa ! Reprends-toi ! ta vie continue et même si tu ne veux pas vivre pour toi-même, au moins fait le pour tes enfants.

Je retire mes vêtements et file dans la douche tout en espérant que pourrait emporter ma douleur. 


QUATRE SEMAINES PLUS TARD…


David

- Vos valises sont déjà prêtes ? 

- Oui papa, me répondent les garçons ensemble.

- Maman m’a acheté de jolis basquets pour demain, me dit Éric  .

- Très bien mon fils. N’oubliez pas de me faire des photos avant de partir mes p’tits gars. 

- D’accord papa, à plus.

- À plus Nicolas. 

- Bonne nuit papa.

- Bonne nuit fiston !

Et il raccroche.

Cela fait deux semaines depuis que je parle a mes fils sur un nouveau numéro. Léa a achète un nouveau téléphone uniquement pour que je puisse leur parler sans passer par elle. Si il y a quelque chose a me dire, elle le fait par texto. Elle m’a même bloqué sur son numéro.  Hmmmmm, je prends tout sur moi et essaie de la comprendre mais malheureusement je sais aussi qu’avec elle ce sera difficile d’avoir le pardon.

Demain, les garçons iront a Jacmel  pour passer leur vacances d’été. Ils vont passer plus de cinq semaines là-bas. Donc, je ne pourrai même plus rester en contact avec leur mère. Quatre semaines sans lui parler fut une torture atroce et le pire c’est que je ne sais où va ma relation avec elle. Mais je reste confiant et considère notre relation comme un bateau dans une zone de turbulence. Le bateau, certes, tangue des deux cotés mais je suis sur qu’il arrivera à bon port. J'ai confiance en ce que nous ressentons l'un envers l'autre et je sais qu'un amour pareil ne peut mourir après un bourrasque de vent, le bateau ne va pas couler. Croyez-moi !!!

Deux jours plus tard…

Larissa 

Deux jours depuis que je suis à Jacmel avec les chéris de Léa. Ben… oui. On a passé plusieurs jours sans se parler mais le troisième jour j'ai débarqué chez elle et on s'est réconcilié puis on à repris notre amitié là où on l'avait laissé. Je sais que j'ai été un peu dur avec elle mais… passons. Il y a deux jours que je suis ici. Moi, Léa et les garçons avons fait le voyage dans mon jeep. Je suis pas encore une très bonne conductrice donc j'ai demandé a l'un de mes cousins d’être notre chauffeur. C’est une chose de conduire dans la ville mais s’en est une autre de faire des centaines de kilomètres sur des routes nationales.

Donc me voilà à Jacmel devant le portail de la maison d’Éric après avoir déposée Léa dans un bus pour retourner à la capitale. J'envoie un message à Éric lui disant que je suis devant sa maison.

Deux minutes plus tard, un jeune homme vient m’ouvrir et je me gare sur la cour garnie par endroit de fleurs et de plantules. 

- Veillez me suivre mademoiselle. Monsieur est entrain de se nettoyer, il va vous recevoir sous peu.

- D'accord merci.

Je reste subjuguée par autant de végétation que je remarque à l’arrière. J'ai toujours aimé les grandes espaces. Certes je vis dans un appartement mais j'ai des plantules près de mes trois fenêtres. Je remarque une silhouette près d'une citerne. Ah c'est Éric ! Il est torse nu et vient vers moi. Mon regard s’attarde sur ce partie de son corps. Hmmmmm Larissa ce n'est qu'un très bon ami, ne l’oublie pas. 


Ma vie; une scene de...