Lâcher prise

Write by Farida IB

Chap 33 : lâcher prise.



Nihad ANOUAM…


Dylan (passant la main sur sa tête) : je te rembourserai.


Moi (les mains croisées sur la poitrine) : tu veux que je trouve ça où ?


Dylan : bah dans ton ancien compte


Moi : tu as bien dit « ancien compte », je ne veux plus rien à voir avec ce compte !


Dylan (inspirant profondément) : biquette, (souffle) tu me refuserais d’aller voir tes beaux-parents ? 


Je décroise mes mains et prends le temps de vider à moitié la canette de Sprite. Ça fait une heure que nous sommes posés au Rivoli (restaurant) normalement, c’est un chill en amoureux, mais le sujet d’actualité est revenu sur la table des discussions. Depuis une semaine que je refuse de céder, enfin, je n’en ai même pas en ce moment. S’il faut le faire, c’est que je dois ravaler ma fierté et aller puiser dans mon ancien compte, ce que je ne suis pas prête à faire.


Moi : je t’ai déjà trouvé le plan idéal, tu fais le voyage en bateau. 


Dylan moue de dégoût : tu es même sérieuse avec ton affaire-là ?


Moi : plus que sérieuse, bon est-ce que tu as une autre alternative à proposer ?


Dylan (un geste évasif de la main) : tu la connais.


Moi : Dy, un million pour aller à Pog ? Tu ne trouves pas que c’est exagéré ?


Il prend une gorgée de son Red bull.


Dylan : ce n’est pas de l’exagération, toi-même, tu sais que ça fait un bail que j’y suis allé. Ils m’ont tous fait de longues listes, je dois me prendre un hôtel, en plus de cela, je veux prendre un vol aller retour sur Equaflight (compagnie aérienne).


Moi ironisant : qui va te voir ohh ?? Le grand de Loubev débarqué dans la capitale économique à bord d’une compagnie pétrolière. 


Dylan : je bosse dans une compagnie pétrolière ! 


Moi : justement ! Je me suis toujours demandée à quoi te sert ton salaire.


Dylan (fronçant les sourcils) : que veux-tu insinuer par là ?


Moi : que tu peux te payer ce voyage avec tes économies.


Dylan : j’ai tout déboursé pour le loyer et tu sais bien que mon salaire, c’est trois fois rien. 


Moi : dans tout ça, tu ne m’as pas donné l’objet de ton voyage. C’est quoi l’urgence ? 


Dylan : tu le sauras si tu m’aides !


Moi (regard appuyé) : hmmm


Dylan soupirant : biquette fais le pour moi s’il te plaît, c’est la dernière fois que je te demande ce genre de service.


Moi : je vais voir ce que je peux faire.


Dylan : ne vois pas, fais le juste. Je te revaudrai cela.


Moi : lol ce n’est pas la première fois que j’entends cette phrase, et pourtant…


Dylan : je te rembourserai t’inquiète.


Moi le fixant : je n’ai jamais espéré que tu me rembourses, je t’aiderais volontiers si j’en avais encore les moyens.


Dylan : tu en as toujours les moyens !!


Moi : bien au contraire, (soupir) tu veux m’amener à déroger à mes propres principes. Tu sais toi-même ce qui se passe, à l’heure actuelle, c’est le type de ma mère qui a le contrôle sur tout ce qui est finance. 


Dylan : mais ton compte n’est pas rattaché à celui de l’entreprise.


Moi : vrai, mais j’ai laissé tout ce qui concerne ce compte à la villa.


Dylan avec insistance : tu n’auras qu’à y retourner. 


Moi (sur un ton de reproche) : Dylan ? 


Dylan soupirant : je veux vraiment profiter de mon congé pour y aller, fais le pour moi s’il te plaît.


Moi : je verrai quoi faire.


Dylan (dans un souffle) : ok.


Moi : il y a une chose que je ne comprends pas, tu y vas pour voir tes parents et pourquoi irais-tu dormir à l’hôtel ?


Dylan : tu as mis la barate sur votre studio là-bas, et je n’ai plus l’âge de partager la chambre avec mes sœurs.


Moi : mais c’est pour quelques jours seulement.


Dylan : Nihad, c’est bon, cette discussion n’a que trop duré. On rentre si tu as fini.


Moi perplexe : on ne mange plus ?


Dylan : je n’ai plus faim, tu as plombé l’atmosphère.


Moi regard appuyé : bébé ?


Dylan (se passant la main sur le visage) : commande, je t’attendrai.


Je me lève en soupirant.


Moi : on y va, je n’ai plus faim de toute façon.


On quitte le restaurant sur cette note et lorsqu’on arrive au parking, il fait sortir la voiture avant d’y descendre et de me tendre la clé.


Moi (arquant le sourcil) : pourquoi tu me donnes la clé ?


Dylan : je vais prendre un taxi pour rentrer.


Moi : rhooo Dylan arrêtes ce que tu veux faire là, on avait prévu que tu dormes chez moi ce soir.


Dylan : oui, mais là, je n’ai plus le moral. Je dois réfléchir à trouver une solution pour mon problème.


Je me rapproche de lui et enroule mes bras autour de son cou.


Moi (lui caressant la nuque) : bébé, j’ai dit que je verrai quoi faire.


Dylan : ça reste encore une probabilité, j’ai besoin d’une certitude.


Moi (bisou sur le front) : compte sur moi (bisou sur le nez) donne-moi trois jours (sur les lèvres) je te trouverai ça.


On s’embrasse franchement.


Dylan (lorsqu’on se détache) : je t’aime.


Moi : je t’aime dix mille fois plus.


Dylan sourire en coin : je le sais.


Il capture à nouveau mes lèvres et lorsque ça devenait chaud, il stoppe ses gestes et m’incite à rentrer dans la voiture. Il roule ensuite sur une petite distance avant de garer sur un terrain neutre situé en bordure de voie.


Moi intriguée : mais pourquoi tu t'arrêtes ?


Dylan : on ne l’a jamais fait dans ta voiture.


Moi riant : c’est vrai inh.


On recommence à s’embrasser alors qu’il glisse la main dans mon intimité l’air de rien. Il plie le siège avant au max, je retrousse un peu ma robe, il s’allonge sur moi, je libère sa braguette, il m’embrasse fougueusement, je lui mordille le lobe de son oreille droite…. Fin, Roar !


*

*


Salifou DIOMANDE…


Je prends mon thé debout devant la table cuisine, il est 7 h passé de quelques minutes sur la grande montre en haut des étagères et j’ai un rendez-vous d’affaire dans moins de deux heures. Je dévore le croissant posé à côté de ma tasse et avise au même moment le désordre dans la cuisine. Ce sont les choses qui m’interpellent encore plus sur l’absence de ma femme (soupir). Je pense qu’il me faut trouver une femme de ménage, ou même faire appel à une agence de nettoyage. 


Dire que cette situation que Mariam me force à supporter ne me fait pas chier serait un euphémisme (soupir). Elle me manque, les enfants me manquent, je les ai au téléphone une fois tous les deux jours, mais leur bruit me manque. Encore que maintenant qu’ils sont avec elle, c’est difficile de tenter une approche. Elle ne me parle même plus, elle laisse le téléphone aux enfants et lorsque je demande à lui parler elle n’est jamais là (soupir). Je comprends sa position, enfin, je comprends qu’elle soit déçue, mais moi à sa place, je l’aurais déjà pardonné et laisser couler. Je ne sais même plus comment lui faire changer d’avis, ça commence à me donner des céphalées cette histoire (soupir). 


Je quitte la cuisine une fois fini et me rends dans la chambre pour me préparer. Je sors des combinaisons de tenue du dressing, mais le choix est bien trop difficile à faire, je n’en ai pas l’habitude. Tout ça, c’est Mariam qui s’en chargeait, elle me choisissait la tenue depuis la veille et dès l’aurore, elle me met la pression pour ne pas être à la bourre. J’arrivais toujours à mes rendez-vous avant l’heure, le ventre plein. C’est de plus en plus difficile pour moi de composer avec son absence, mais là, je n’ai guère le choix, il faut que je me rende à ce rendez-vous de toute façon.


J’opte finalement pour un pantalon beige et une chemise blanche que je prévois accompagnée d’une veste bleu marine. Le seul problème qui se pose, c’est la couleur de la cravate et pour ne pas me mettre en retard, je décide de le laisser tomber. Je m’habille rapidement et sors de la chambre, mon attache-case à la main. Pendant que j’avance dans le couloir, un bruit me parvient depuis la cuisine. Je m’y rends à pas pressés pour y trouver Fatim s’activant dans les tâches ménagères. 


Moi (fronçant les sourcils) : tu peux me dire ce que tu fais dans ma cuisine ?


Elle se retourne et me fixe.


Fatim simplement : bonjour, et pour ta question le ménage !


Moi agressif : je vois bien que tu fais du ménage, mais qu’est-ce que tu fais là ? D’ailleurs, qui t’a laissé rentrer chez moi ? 


Fatim trop zen : le gardien, je n’ai pas besoin d’autorisation pour rentrer chez toi à ce que je sache. 


Moi haussant le ton : tu dégages de chez moi !


Fatim : ho, tu baisses d’un ton lorsque tu t’adresses à moi, je ne suis pas venue me disputer avec toi.


Moi : Que veux tu encore ?


Fatim : installer ma fille, je te l’avais déjà dit. Elle vient vivre ici à partir d’aujourd’hui et elle ne peut pas vivre dans le désordre que je vois là.


Moi (secouant la tête) : c’est non.


Fatim (levant les yeux sur moi) : comme si je t’en donnais le choix.


Mes mots meurent sur mes lèvres lorsque je vois Maï arrivée. Elle laisse tomber ses bagages en main et court s’agripper à moi.


Maï : papa !


Moi posément : ça va ?


Maï souriant : oui, je suis trop contente. Maman m’a dit que je viens désormais rester avec toi et mes frères.


Moi : euhh ok (levant les yeux sur sa mère) je peux te voir un instant ?


Fatim : parle devant ta fille.


Moi : Fatim s’il te plaît.


Fatim roulant les yeux : ok, Maï va m’attendre au salon. Ton père et moi devons parler seul à seul.


Maï : d’accord maman.


J’attends que la petite s’éloigne avant de parler.


Moi (sur un ton de conciliation) : elle ne peut pas rester, comme tu peux le constater ma femme n'est pas là et les enfants non plus. 


Fatim haussant les épaules : je sais déjà par ton gardien qu’ils ne sont pas là.


Moi (plissant le front) : et tu fais quoi là ?  


Fatim répétant : installer ma fille


Moi me mettant en colère : non mais tu es bouchée ou quoi ? Tu veux l’installer sous la supervision de qui ?


Fatim : bah toi


Moi (secouant la tête) : je ne suis pas là, je voyage demain. 


Fatim : ce n’est pas grave, je m’en occupe jusqu’à ton retour.


Moi : mais tu peux le faire chez toi, elle ne peut pas rester ici pour le moment. Il faut d’abord que ma femme rentre et qu’on se mette d’accord sur ça.


Fatim ton égale : ce n’est même pas mon problème ça, Salifou cet enfant est aussi le tien !


Moi : je sais, mais elle ne peut pas rester pour le moment.


Fatim : c’est ce qu’on va voir.


Moi remonté : non mais tu débloques ? Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans la phrase, elle ne peut pas rester pour l’instant ? Ne me fais pas perdre mon temps, j’ai un rendez-vous important ce matin.


Fatim : mais qui t’empêche d’y aller ? Va à ton rendez-vous, je m’occupe d’installer notre fille.


Moi grinchant : Fatim, tu dégages !


Fatim catégorique : non.


Moi (passant la main sur ma tête) : j’y vais, à mon retour, je ne veux pas vous voir ici.


Je quitte devant elle sur ces mots et me dirige vers la porte d’entrée très remonté. Celle-là ne manque vraiment pas d’audace, il faut toujours qu’elle vienne semer la zizanie dans ma vie. 


Je m’installe au volant de ma voiture et commence la manœuvre lorsque Maï déboule toute excitée.


Maï : au revoir papa, tu me ramènes un gâteau.


Je lui fais un bref sourire avant de démarrer, je dois dire que si je tolère Fatim depuis le début de cette histoire, c’est à cause d’elle. Cependant,  les avoir dans les parages ne fera qu’empirer les choses entre Mariam et moi, je n’ai alors, mais pas du tout besoin de ça en ce moment. En même temps ça me permettra d’avoir les échantillons qu’on me demande pour le test de paternité, quoique je n’aie pas envie de me retrouver à partager le même espace avec Fatim. Elle a assez hanté ma vie comme ça !!


C’est en réfléchissant à tout ça que je roule jusqu’au portail que Moussa se dépêche pour m’ouvrir. Celui-là va m’entendre à mon retour.


J’arrive à mon rendez-vous bien heureux que le client ait accusé un peu de retard parce que j’ai les nerfs à fleur de peau. Je cherche une place discrète dans le salon de thé où nous avons convenu nous voir avant de me plonger dans la lecture du journal que j’ai pris en venant. Il arrive finalement avec quinze minutes de retard et nous passons deux heures à discuter business. 


Je finis mon entretien les nerfs toujours tendus, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Je viens de perdre un gros marché, mon client a rejeté toutes mes propositions de prix sur une commande de plusieurs tonnes de coton. Décidément, tout va de travers dans ma vie en ce moment, mes affaires vont plutôt mal et ma vie de famille n’en est pas du reste pffff.



Je reprends la route de la maison espérant ne pas y trouver Fatim, c’est pendant que je roule que mon téléphone sonne. Je jette un coup d’œil sur l’écran et constate que c’est Mariam qui appelle, à coup sûr, ce seraient les enfants donc je décide de les rappeler une fois à la maison. Je roule à tout bringue et lorsque j'arrive dans l'allée menant vers la résidence, j'aperçois de loin Moussa ouvrir le portail tout en souriant. C'est lorsque je franchis le seuil du portail plus tard que comprend l'objet de son sourire. 



Sur le coup, je ne saurai le qualifier de bonnes ou mauvaise nouvelle, mais je descends tout de même, le cœur battant la chamade.



Mariam : Sal il faut qu'on parle !!


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