Sans issue

Write by Farida IB



Joe NOUMONDJI…


Je me plante au beau milieu de la chambre après avoir délicatement refermé la porte derrière moi, mon cœur se serre en voyant Cynthia recroquevillée sur elle-même. C’est comme ça depuis trois jours, qu’elle nous fait une dépression. Elle a visualisé les preuves que son tyran est à ses trousses. Je n’aurais pas dû la laisser lire le récit satyrique qu’il lui a laissé. Ce type a osé la toucher, il est même allé plus loin que je ne suis allé avec elle, (je sers mes poings.) il a pris plaisir à lui caresser l’entrejambe. Enfin, c’est ce qu’il raconte dans son pamphlet, il dit aussi qu’il l’aime et qu’il tuerait tous ceux qui l’empêcheront à nouveau d’être avec elle. Qu’il prie pour ne pas croiser mon chemin avant ça parce que c’est le même jour qu’il ira rejoindre son créateur. Je n’ai jamais autant détesté quelqu’un de ma vie, enfin, je suis le genre à ne jamais porté rancune contre mon semblable, mais, la maladie ou du moins la folie de ce type me donne juste des envies de meurtres. Sa chance, c’est qu’il est capable de se volatiliser dans la nature et de réapparaître comme bon lui semble, toutefois je suis prêt, trop prêt même à l’accueillir avec mes poings quel que soit le moment. Et ce sera quitte ou double. Soit je l’envoie rejoindre son créateur, soit il ira périr à The tomb (centre de détention privée et illégal). Je prends un grand souffle avant de tenter à nouveau de la faire sortir de sa bulle.


Moi doucement : bébé.


Cynthia…


Je me rapproche et me penche au-dessus de sa tête, elle a recouvert sa bouche d’une main et ses yeux sont tout enflés. Je me couche près d’elle et lui caresse lentement le dos.


Moi : bébé, il faut que tu manges quelque chose.


Cynthia (recommençant à pleurer) : non, je ne veux rien. Juste une régénérescence, il m’a touché sniff… Il m’a touché avec ses doigts meurtriers.


Moi la berçant : je sais, et c’est fini maintenant. Il ne te touchera plus jamais.


Cynthia pleurant : je suis rentrée, j’ai vu Bryan allonger sur le plancher. Snif, j’ai couru aussi vite que je peux… Snif, pour appeler papa… Snif, il était mort, il les a tous tué…


Moi : arrête de te ressasser cette scène, ça ne fera qu’empirer les choses.


Cynthia (fixant le vide) : je ne veux plus revivre ce cauchemar, je ne le supporterai pas. 


Je m’assois face à elle et prend son visage en coupe.


Moi : chuutt, ça n’arrivera pas. Il n’y a pas moyen que ça arrive.


Cynthia : comment le sais-tu ? Il reviendra… Snif, il reviendra me prendre tous ceux que j’aime. Il te tuera Joe, (secouant la tête) je ne veux pas qu’il te tue, je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit… Je… Je… Je t’aime trop !!


Moi (enroulant mon bras autour d’elle) : hey regarde moi (aucune réaction) Cynt… Bébé regarde moi s’il te plaît (elle s’exécute.) il ne m’arrivera rien et à toi non plus. Tu me fais confiance ? (elle hoche la tête.) Alors détends-toi, papa James est sur le coup, les forces spéciales ont été avisées. (elle me fixe intensément et je hoche lentement la tête.) Ils ont tous été déployés donc tu n’as plus à t’inquiéter.


Cynthia (la voix tremblante) : tu es sûr qu’il ne me retrouvera plus ? (oui de la tête) Mais je ne veux plus sortir d’ici (elle resserre très fort notre étreinte.) je… Je veux que tu restes avec moi.


Moi murmurant : je suis là, je serai toujours là. Tu peux rester ici autant que tu veux ok ?


Elle secoue la tête et pleure un bon coup avant de se calmer, je nous fais allonger sur le lit et entreprends ensuite de lui faire des papouilles dans les cheveux jusqu’à ce qu’elle ne s’endorme. Je la laisse et vais me servir un verre d’eau que je vide d’un trait avant de descendre pour appeler papa James qui décroche à la première sonnerie.


Papa James : salut Joe, comment tu vas ? Et Cynthia ? 


Moi : bonjour, oui ça va tout va bien. Elle va bien, enfin c’est le moins qu’on peut dire.


Papa James : il faut penser au psy, c’est la seule option envisageable.


Moi : je comprends ton point de vue, mais je trouve toujours que c’est trop tôt. Elle est juste troublée par la nouvelle, dans quelques jours elle s’en remettra. Nous essayons tout de même de la rassurer.


Papa James soupirant : espérons que ce soit le cas, cette situation m’inquiète beaucoup surtout lorsque je me rappelle de comment, elle en a souffert par le passé.


Moi (me voulant rassurant) : tu n’as pas à t’inquiéter, tout ira bien. Tes recherches ont donné quelque chose ?  


Papa James : rien pour l’instant, de toute façon, il est recherché dans toute la Californie, et même aux environs. Il ne peut pas passer furtif et je continue à le traquer, les pistes ne mènent à rien, mais je finirai par l’avoir.


Moi : ok, c’est également le cas ici. Restons aux aguets.


Papa James : affirmatif, tu me fais le compte-rendu s’il y a du nouveau.


Moi : comme d’habitude.


Papa James : ok, je vais devoir te laisser, le devoir m’appelle.


Moi : ok à plus.


Click !!


Je raccroche et me rapproche ensuite du chef de la sécurité pour le rapport de la journée avant de remonter. Je passe sans détour voir Cynthia qui dort encore et reviens m’allonger sur le grand canapé. Je ne saurai dire à quel moment je me suis endormie puisque ce sont les légers coups d’Austine sur mon épaule qui me font ouvrir les yeux. Elle vient tous les soirs après le boulot depuis que Cynthia est ici.


Austine me souriant : bonsoir,


Moi (me redressant) : bonsoir, tu es là depuis combien de temps ?


Austine : je viens d’arriver, (posant le carton de pizza sur la table) je vous ai apporté à manger.


Moi : merci, mais il ne fallait pas te déranger. J’ai fait des pâtes.


Austine (haussant les épaules) : pas grave, elle dort encore ? (oui de la tête) C’est grave chiant, ce clown là a refait surface pfff !!


Moi : elle est juste un peu frileuse, ça va lui passer. 


Austine : mouais, je sais.


Moi (désignant le canapé à côté d’elle) : tu ne veux pas t’asseoir ? (ce qu’elle fait) Toi ça va ? Et ta journée ?


Austine (balayant l’air d’un revers de main) : la routine, j’ai encore eu un cas de rejet aujourd’hui. Ça m’offusque de savoir que des pères couchent avec leurs propres filles et sont les premiers à les éconduire lorsqu’elles tombent enceintes. 


Moi stupéfait : il y en a qui en sont capables ?


Austine lancée : et pire ! Je rencontre des cas de ce genre un peu tous les jours, il faut vraiment que ça cesse. Ce qui me vexe encore plus c’est qu’en dépit des sensibilisations sur les grossesses indésirables et tout, les jeunes filles ignorent toujours les moyens pour ne pas tomber dans ce guêpier. 


Moi : c’est plus la faute aux nouvelles technologies, nous avons tous perdu le contrôle.


Austine grondant : même, pas, c’est de l’inconscience. Elles maîtrisent tout ce qui est des réseaux sociaux, mais elles ne sont pas foutues de maîtriser leurs périodes, ni les différentes méthodes contraceptives ou carrément fermer leurs cuisses !!


Moi amusé : bah, c’est la mondialisation.


Austine : voilà pourquoi le centre est déjà plein en six mois.


Moi surpris : tant que ça ?


Austine : oui oui, je suis même en train de réfléchir à des stratégies  efficaces pour trouver des donateurs pour la construction de nouveaux centres.


Moi intéressé : ah ouais ? Je veux être le premier alors.


Austine : nan, il ne faut pas abuser non plus.


Moi : j’insiste, en plus, ce n’est pas pour toi que je le fais, mais pour les filles-mère. J’aime investir dans le social.


Austine (fronçant les sourcils dépitée) : tu serais un ange ou quelque chose comme ça ?


J’éclate de rire.


Moi me calmant : non, à quoi me sert toute cette fortune si je ne la partage pas ? Tout ça n’est que vanité.


Austine éblouie : tu as raison, ma sœur a vraiment la chance de t’avoir croisé sur son chemin.


Moi touché : je sais qu’elle le sait.


Austine (me lançant un coussin) : lol prétentieux ! (passant du coq à l’âne) Quand je pense que ce Jason de malheur nous a gâché nos vacances, il nous a fait rater la surprise.


Moi : yup, ce n’est pas grave. On en remettra une couche d’ici là si les choses se tassent.


Austine (l’air déçu) : j’avais hâte de voir la réaction de Cynthia le jour où on serait arrivé à Cannes, cet idiot nous a vraiment cassé le feeling.


Voix faible de Cynthia derrière moi : qui va à Cannes ici ?


Je me retourne pour la voir nonchalamment adossée contre l’encadrement de la porte du couloir, ensuite nous nous levons à sa rencontre avec des gestes précipités. 


Moi : tu es réveillée ? 


Austine : viens t’asseoir chérie, 


Je l’installe à côté de moi pendant qu’Austine se propose de lui faire du café, ce qu’elle accepte.


Moi : ça va ?  comment te sens-tu ?


Cynthia : mieux, je n’ai plus fait ce cauchemar. qui va à Cannes ici ? Vous parliez de Cannes.


Moi : bon, c’était une surprise, c’était prévu qu’on y aille après les Canaris.


Cynthia : ah ok.


Moi : on peut toujours y aller si tu veux.


Cynthia (secouant vigoureusement la tête) : nan, ce n’est pas prudent pour l’instant. 


Moi : tu as raison.


Austine revient avec le café qu’elle prend à petites gorgées en l’écoutant la charrier.


Austine : tu rentres quand à la maison ? Il y a maman ainsi qu’Abi et Nadia qui veulent te voir.


Cynthia : elles peuvent venir ici (à moi) Enfin si ça ne te dérange pas.


Moi : oui ça ne me dérange pas du tout.


Austine : ok, je leur dirai (sourire) donc ça y est, tu t’installes ?


Cynthia (répondant faiblement à son sourire) : non pas du tout, je n’ai juste pas envie de bouger pour le moment.


Moi : elle serait plus en sécurité ici.


Austine : wep je vois (se levant) ce n’est pas tout, mais il faut que j’y aille. Il est bientôt 23 h (faisant la bise à Cynthia) contente de savoir que tu vas mieux.


Moi (me levant à mon tour) : ok un agent te raccompagnera.


Austine : pas besoin, je suis habituée, tu sais ?


Moi : j’insiste, ce n’est pas prudent une femme seule au volant la nuit.


Austine : ok.


Je la raccompagne au bas de l’immeuble et attends qu’ils démarrent pour monter. Je propose ensuite la pizza à Cynthia qu’elle accepte volontiers.


*

*

Axel BENAN…


Dorcas et moi revenons en ce moment d’un glacier après un tour à la piscine. Je traîne beaucoup avec elle dernièrement et je dois avouer que c’est plutôt agréable d’être en sa compagnie, même s’il faut le dire, je me rabats en quelque sorte sur elle pour oublier un tantinet Rachelle. Elle a ce don de faire en sorte que les personnes autour d’elle se sente bien, c’est même pour ça que j’ai du mal à comprendre pourquoi mon cœur ne se penche pas sur elle. D’ailleurs, je n’arriverai jamais à comprendre cette habitude délirante qu’on certaines personnes comme moi de s’attacher à ce qui est mauvais pour eux (soupir). Cette situation me met vraiment dans le cogito, je ne sais pas encore ce que je ferai de Dorcas. Je sais bien que je ne l’aimerai jamais, mais d’un autre côté, je n’ai pas envie de lui briser le cœur et ça, ça me met dans une impasse totale (soupir).


Dorcas (agitant sa main devant moi) : hooo !!


Je relève mes yeux pour croiser son regard dépité.


Dorcas (plissant le front) : à quoi penses-tu ?


Moi (fixant sa poitrine) : rien, tu as fini ? 


Dorcas : yes, je t’ai préparé ton bain. Néanmoins, ce n’est pas sûr que je serai là à ton retour de la douche, je dois rentrer avant que mon père ne ramène la cavalerie.


Moi : ok (d’un geste de la main) approche !


Dorcas : Axel, mon père, rentre de mission ce soir, je ne veux pas déjà avoir des problèmes avec lui.


Moi (voix sensuelle) : tu seras à l’heure t’inquiètes, tu refuserais de satisfaire ton petit ami au détriment de ton père ? 


Dorcas agréablement surprise : petit ami ? 


Moi : weh, allez viens. Trêve de bavardage.


Elle défait le nœud sur la serviette enroulée autour de sa poitrine exposant ainsi sa forte poitrine et sa petite œuvre d’art au niveau de sa touffe.


Moi perplexe : c’est mon initiale ?


Dorcas (hochant la tête) : l’idée m’est venu toute à l’heure sous la douche.


Moi (sourire en coin en l’attirant vers moi) : Léonard de Vinci peut se coucher, tu es la best.


Elle éclate de rire, rire que j’étouffe dans un long baiser avant de faire exploser son corps d’orgasmes virulents. Plus tard, je la dépose chez elle et fais volte-face ensuite pour la maison. Pendant je que roule, je sens mon téléphone vibrer dans la poche intérieure de mon pantalon, je l’ignore avec l’intention de m’en occuper une fois que je serai rentré. Ce que je fais après m’être confortablement installé sous la couette et comme je l’avais deviné c’était un appel de Rachelle. Je lui envoie un message sur Whatsapp auquel elle répond spontanément.


Moi : qu’est-ce que tu veux ?


Rachelle : te parler.


Moi : de quoi ? On s’est déjà tout dit.


Rachelle : mais pas l’essentiel, je peux t’appeler ?


Moi : non


Rachelle : bébé arrête cette torture que tu m’infliges s’il te plaît.


Moi : si tu ne peux pas écrire, fais un audio !


Rachelle : Axel s’il te plaît…


Moi : fais comme bon te semble.


Elle appelle aussitôt mais je laisse sonner un moment avant de décrocher.


Rachelle : merci bébé.


Moi bourru : tu veux quoi Rachelle ?


Rachelle : que tu me pardonnes et que tu oublies


Moi : tu veux que je te pardonne quoi en fait ? (ton sarcastique) Tu dis n’avoir rien fait, tu as plaidé non coupable des charges retenues contre toi malgré les preuves solides. (haussant le ton) Alors qu’est-ce que je suis censé te pardonner ?


Rachelle (la petite voix) : tout, je veux que tu laisses tout tomber et qu’on reprenne sur une bonne base.


Moi rire dérisoire : ah ouais ? Sur quelle base ? (répondant moi-même) Du mensonge et de la sournoiserie bien sûr.


Rachelle : loin de là, (soupir) Axel je t’aime malgré tout et je ne peux pas vivre sans toi. Tu ne peux pas savoir combien ça me fait mal de te savoir en colère contre moi, tu me manques, tes mots de réconfort me manquent. Nos longues heures au téléphone, les anecdotes sur tes journées, tout ça me manque bébé. 


Moi (inspirant profondément) : j’ai été profondément blessé, tu n’as aucune idée de ce que j’ai ressenti lorsque cette femme t’a publiquement traité de pute. Tu penses que c’est vraiment réjouissant de lire ce genre de choses sur la femme qu’on aime ? Figure-toi que non, et je pense avoir fait assez de concessions comme ça vis-à-vis de toi.


Rachelle (la voix larmoyante) : je suis désolée, Sniff… Pardonne-moi s’il te plaît.


Moi : j’ai compris.


Elle pleure franchement.


Moi (au bout d’un instant) : roohh arrête de pleurer… calme-toi je te dis… Arrête c’est bon !! Rachelle !! (elle répond à travers les sanglots) C’est bon tu es pardonné, mais c’est la toute dernière fois.


Rachelle : promis.


Moi : ok. 


Flottement.


Moi : tu es là ?


Rachelle : oui


Moi : tu m’as manqué 


Rachelle : tu m’as manqué aussi bébé, je t’aime.


Moi : love you too.

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