L’audacieuse

Write by Gioia

***Ludovic EHIVET***

Je suis couché par terre dans ma chambre et dès que l’eau pénètre dans mes blessures que maman nettoie, je grimace. Toutefois, ses petites piques ne sont rien comparé à la rage que je ressens. Je n’ai jamais volé de ma vie ni pensé à toucher à ses affaires mais c’est moi qu’on traite comme de la merde.

– Lève-toi maintenant, j’ai fini, me dit maman en essayant de me donner un coup de main

– Ne te fatigue pas maman. Je vais juste dormir ici

– S’il te… s’il te plaît mon Ludo, fait un effort

Je n’ai pas répondu parce qu’encore une fois elle parlait avec cette voix misérable, indiquant qu’elle est au bord des larmes. En général j’essaie de la consoler mais là mon cœur est lourd. Si je l’ouvre, je risque de lui sortir des paroles dures et lui faire plus de peine, pour rien au final. Elle câline ma tête, me jure que tout ça va prendra fin un jour et me demande de faire un effort pour ne pas en vouloir à papa. Ma face est toujours collée au sol. Je la sens se lever puis elle sort. La porte s’ouvre encore et l’odeur de sueur de Melvin me fouette les narines. Je sens qu’il hésite avant de parler mais il finit par oser

– Je suis désolé Ludo, fait-il contrit

– Éloigne-toi de moi si tu ne veux pas de problème, le menaçai-je

Heureusement pour lui il ne s’est pas entêté. Je suis reste couché au sol jusqu’au petit matin. Mon weekend je l’ai passé à soigner mes blessures. J’étais si mal en point que je ne n’ai pas pu me rendre au chantier pour travailler. Le lundi alors que j’allais entrer en douche, ma mère m’interpella.

– Comme tes blessures n’ont pas encore cicatrisé, je pense que tu devrais rester à la maison pour que je te mette une herbe guérissante dessus

– Non maman, je vais me débrouiller comme ça, bredouillai-je avant d’entrer dans la salle de bain

Déjà je vais à l’école et j’ai de la difficulté à m’en sortir. Comment ça serait si je devais manquer des cours? L’oncle de maman qui venait nous chercher d’habitude n’avait qu’une place dans sa voiture aujourd’hui donc j’ai laissé Melvin la prendre et je me suis tapé la marche pour me rendre en cours. Pendant que je marchais tranquillement, une voiture klaxonnait fort derrière. J’ai commencé à activer le pas ayant peur que ça soit un ritualiste qui veut me kidnapper pour son commerce bizarre. Le klaxon se rapproche et j’essaie de courir en dépit de mes douleurs

– Ehivet, hoooo Ehivet? entendis-je une voix familière crier

J’ai reconnu la tête de Gueye qui venait de descendre la vitre une fois que la voiture était à ma hauteur.

– Ah salut toi

– Coucou, tu fais quoi ici?

– Je voulais prendre un peu l’air, mentis-je naturellement. À force, on s’y habitue. 

– Toi vraiment tu ne tiens pas à ta peau quoi. À cette allure tu seras en retard. Pourtant tu sais que notre premier cours c’est celui de Mr Adou. Monte avec moi

– Euh ça va je t’assure

– Ne fais pas je vais m’énerver contre toi hein, monte, fit-elle de sa petite voix, et je me suis exécuté tout en riant

– Qu’est-ce qui est drôle?

– Toi avec ta voix de petite fille disant que tu vas t’énerver

– Je n’en ai pas l’air mais je suis une vraie tornade quand je suis en colère, blague-t-elle

– Je n’en doute pas une seconde lol

– Alors tu as trouvé comment l’exercice de maths? Moi j’ai eu du mal avec le deuxième. Heureusement que mon père était là pour m’aider le weekend

– ET MERDEUUUHHH, j’ai complètement oublié pour le devoir, répondis-je en me donnant un coup au front

– Je jure que tu es suicidaire. Tu aimes quand le prof te ridiculise devant tout le monde ou quoi?

– Mêle-toi de tes affaires Gueye, répliquai-je en colère

J’ai gardé ma tête contre la fenêtre durant tout le trajet. Elle peut comprendre quoi de ce que j’endure, pfff. Je sors de la voiture en flèche tout en lançant un merci rapide une fois en face de l’établissement. Dès que je suis entré en classe j’ai senti en voyant le visage de Mr Adou que ça serait ma fête aujourd’hui.

– Alors, sortez vos cahiers. Volontaire pour le tableau? Ehivet tu….

– Moi monsieur, propose timidement Blair provoquant des murmures de part et d’autre dans la classe

– C’est la première fois que quelqu’un se porte volontaire, le prof répond avec un sourire que j’ai toujours trouvé machiavélique. J’espère que tu sais qu’à chaque erreur stupide tu vas perdre un point, il continue avec son sourire énervant là, pfff. Il gagne quoi à intimider les gens, je me demande.

– Euh oui, mais je n’ai pas bien compris les trois exercices donc autant montrer à la classe ce que J’ai fait je veux les faire pour que vous m’aidiez

Miriam qui est assise devant moi murmurait des trucs à Clarence.

– Elle est tombée sur la tête B? Mr Adou va bien la malmener

– Je ne sais pas ce qui lui passe par la tête ces temps-ci

Elle a fait ça pour sauver mes fesses, je pense intérieurement avec le cœur qui tambourine. Je ne sais pas comment me sentir face à son acte. Comme on s’y attendait, Mr Adou n’a pas arrêté de mal lui parler.

– Gueye, tes parents versent l’argent ici pour que tu ne saches pas faire la différence entre une fonction affine et linéaire?

– Non monsieur. Une fonction affine est déterminée par f(x)= ax+b et une fonction linéaire f(x)=b

– Donc tu sais seulement répéter les définitions comme un perroquet mais quand c’est devant toi tu es aveugle hein. Tu as même fait quoi ce weekend?

– J’étais à l’anniversaire de Clarence et ensuite j’ai etu......

– Voilà, quand vous allez fêter au lieu d’étudier pourquoi vous ne serez pas des tarés. Après c’est pour que vos parents se plaignent aux rencontres d’élèves qu’on ne vous encadre pas bien. Et tout ce que tu sais faire quand on parle c’est pleurer hein petit cancre. J’ai pris le bâton sur toi? Je t’ai touché?

– Non, fait-elle en reniflant la tête baissée

– Tu pleures tes parents décédés alors?

C’en était trop pour moi. J’allais me lever pour la remplacer quand elle lui a répondu. Nous avons tous émis un petit cri de surprise parce que personne ne répond à Mr Adou. Personne!

– Je ne suis pas une tarée Monsieur

– Tu as osé dire quoi? Il demande sur un ton menaçant après s’être levé

– Je fais des efforts Monsieur. Je ne suis pas tarée. D’ailleurs personne n’est taré dans la classe, elle dit sur un petit ton effrayé, et les murmures se décuplent.

– C’est moi que tu veux défier? Tu penses que j’ai peur de toi à cause de ton père?

– Mais non Monsieur, je voulais juste dire que ce n’est pas gentil de nous dire ça alors qu’on fait de notre mieux, vous ne nous encouragez jamais mais c’est important

Il lève sa main. Je quitte le banc malgré que Vince attrape ma chemise. J’allais gueuler au prof qu’il n’ose pas mais il a juste montré la porte à Blair

– Prends tes affaires, et tu vas chez le conseiller à la vie sociale SUR LE CHAMP

Elle passe devant moi la tête baissée, mais je vis quand même son air craintif et munie de ses effets, elle sortit suivie d’un Mr Adou enragé.

– HEYEEE Today na Today, il va faire d’elle de la chair à pâté, dit une de nos camarades

– Je te dis, c’est même quelle folie ça de parler à Mr Adou. De tous les profs à qui elle pouvait répondre, il fallait qu’elle le choisisse? Attendez-vous aux sanctions collectives oh, pfff! râle un autre

– Elle a trop cru que c’était son camarade, genre ce n’est pas gentil monsieur, faut nous encourager, se moque l’une

– Tout ça, c’est de ta faute Ehivet tu ne pouvais pas vite te lever pour aller au tableau quand le prof t’interpellait? me lance Clarence tout en me toisant

– Tu

– Clari, arrête ho! Vince la rappelle à l’ordre

– C’est entre Ehivet et moi Vincent! Ne mets pas ta sale bouche dedans

– Mais tu te prends pour qui? Il réplique piqué au vif

– Tchip, continuez vos conneries! Je ne parle même plus, lui répond-elle

***Blair GUEYE***

C’est bien ma veine. Le conseiller de la vie sociale ne semblait pas de bonne humeur à mon arrivée et mr Adou ne démorde pas donc je vais prendre cher.

– Conseiller, voilà une élève qui a osé me défier devant ses camarades, je vais de ce pas rencontrer le directeur sur le sujet. Je vous la laisse

– Miss Gueye c’est la première fois que je vous reçois ici. Qu’est-ce qui s’est passé?

– C’est une incompréhension avec Mr Adou. L’école c’est bien un lieu d’apprentissage non, Mr le conseiller?

– Cela va de soi

– Alors pourquoi Mr Adou nous parle comme si on était des bêtes sauvages? Avec lui on n’a jamais le droit à l’erreur. Il utilise des mots durs envers nous et ne se cache pas pour dire que notre condition sociale fait de nous des abrutis. C’est injuste

– Je vois. Est-ce vrai que vous avez fait preuve d’insubordination dans la classe?

– Loin de là. J’ai simplement demandé qu’il ne nous traite plus de tarés et nous encourage un peu

– Ça lui arrive souvent de le faire?

J’hésite au début par crainte que si j’avoue la totalité de ce qu’on vit sous la coupe de ce prof, peut-être ce dernier voudra se venger si ça lui revient aux oreilles. Le conseiller me rassure que tout ça restera entre nous donc je me confie.

***Mr Adou***

C’est tout énervé que je ressors du bureau du directeur. Cette petite débile m’a même fait perdre une grande partie de mon heure de cours. J’ai refusé qu’elle revienne dans la classe et obtenu du directeur qu’il fasse convoquer ses parents. Ce mollasson ne prendrait pas les choses au sérieux si je ne lui mettais pas la pression tellement il se laisse influencer par les gros titres des parents. Mais moi je n’en ai rien à foutre. Ces enfants sont des bons à rien et demain ça va venir se dire ministre de l’Économie ou député. Ce sont eux comme ça qui retardent le pays et nous donnent un mauvais nom à l’international. Si les parents ne les éduquent pas à la maison ce n’est pas avec moi Adou qu’ils feront leurs impolitesses.

***Ludovic EHIVET***

Je me sentais vachement coupable. Gueye n’est pas revenue en classe. Mr Adou quant à lui est revenu avec un sourire triomphateur. J’aurai envoyé un SMS à Gueye mais ne connaissant pas son numéro j’ai dû attendre la pause pour le demander à Vincent en aparté.

– Tu veux faire quoi avec son numéro? Tu en pinces pour elle? se marre-t-il

– Idiot, c’est pour savoir ce qui lui est arrivé

– OK oh, tiens voilà xxxxx. C’est quand même étrange cet intérêt soudain que tu as pour elle

– Comment ça?

– On fait la même classe depuis qu’on est en quatrième. Jamais tu n’as dépassé le bonjour bonsoir avec elle et à la fête je te trouve en train de reluquer sa poitrine puis maintenant tu prends son numéro

– Arrête de faire ton relou, dis-je agacé. Je t’ai dit qu’a la fête c’était une coïncidence, je cherchais Melvin et là c’est juste pour vérifier qu’elle va bien

– Ayi et puis tu te fâches déjà lol, je te taquinais

– Pfff pauvre con

– Oh Ehivet revient, crie-t-il avec humour alors que je m’éloignais déjà

J’ai consulté mon crédit et il me restait juste 200 CFA. Vu comment les compagnies de téléphonie volent les unités je ne peux pas me hasarder à l’appeler. Je dois garder au moins 150 francs pour les cas d’urgence donc j’opte pour un message.

-Salut Gueye, c’est Ludovic; j’espère que ça va et tu n’es pas dans le pétrin. Désolé que ça tombe sur toi alors que tu voulais me sauver

Sa réponse suivit aussitôt.

-Hey Ludo; ça va ne t’inquiète pas; je suis à la maison. Ne te sens pas coupable; je ne l’ai pas fait pour toi mais toute la classe

-OK, mais j’ai quand même une dette envers toi, je te propose de te recopier les cours en attendant ton retour. Ça te va?

-Lol, OK alors, tu es mignon. Je te prends au mot. Écris bien hein.

-Ça marche Gueye, on se redonne des nouvelles.

-Oui je vais t’écrire et en passant c’est B vu que je t’appelle Ludo.

-Non B ça me rappelle trop Bitch, ça sera Blair pour moi.

-Mdrr, OK oh, bisous.

Je n’allais pas gaspiller de l’argent pour répondre bisou et ça ne me va pas d’ailleurs donc j’ai rangé mon téléphone.

***Blair GUEYE***

L’idéal pour moi c’est de convaincre papa de venir à la convocation. Sinon avec maman ça va barder. Heureusement pour moi elle n’était pas à la maison quand je suis rentrée. Je suis montée dans ma chambre et j’ai continué à regarder ma série favorite, Pretty Litte liars. J’étais si concentrée que je n’ai pas entendu la cuisinière entrer avec mon goûter. Par contre j’ai bien reconnu dans le couloir le bruit que font les Manolo Blahnik de maman sur le parquet. Un parfum suit quand on ouvre ma porte. Je m’attends à maman mais c’est l’ange noir de Givenchy que je sens et la seule qui y est accro c’est ma grande sœur. Je me suis levée en sursaut et j’ai foncé dans les bras de Kate.

-Kateeeeee, tu fais quoi là? m’écriai-je de joie après un long câlin.

– Donc du as oublié que je devais rentrer aujourd’hui? elle répond en caressant ma tête.

– Mais il n’est que 18 h. Ton vol est arrivé si tôt?

– Je n’ai pas non plus dit que je venais direct du Canada. Je suis passée par Dakar avec des amis pour voir à quoi ça ressemble et j’y ai fait quelques jours avant de débarquer.

– Bouuuhhh, je suis trop jalouse. Tu te fais tous les trips intéressants sans moi.

– Lol la boudeuse. Décroche ton bac et on fera le tour du monde.

– En attendant vous laissez les câlins et venez me trouver en chambre. J’ai une heure pour m’apprêter et retrouver votre père au Pullman (hôtel) pour un gala, dit maman.

– Eh la grande de Babi oh, ma sœur dit pour charrier ma mère ce qui nous fit rire.

En mode je ne peux pas dire que je m’y connais vraiment. J’aime juste tout ce qui est mignon. Mais Kate et maman sont des femmes très classes. J’étais assise en tailleur sur le lit des parents tout en les écoutant échanger sur les choix vestimentaires de maman. Quand ma sœur revient comme ça, tout le monde est aux anges. L’ambiance à la maison au top.

– Tu as fait un bon voyage sinon Katie? je demande tout en jouant avec les bijoux que maman déposait sur le lit.

– Il peut y avoir quoi de bon dans un vol si long que Vancouver Dakar? tu comprendras quand tu viendras me rejoindre après le bac.

– Hehe bientôt on pourra revenir ensemble. Tu ne vas plus t’ennuyer dans l’avion.

– Ah bon hein B? Déjà pressée de me quitter? dit-elle faussement fâchée.

– Lol même pas maman. De toute façon on se verra chaque année.

– Tu veux plutôt dire qu’elle va carrément déménager pour s’installer avec nous vu qu’elle ne veut pas couper le cordon oui.

– Vous là vous ne savez pas quelle chance vous avez d’avoir une maman qui vous adore hein, laissez même mes bijoux.

On rigole tout en les lui prenant et lui confirmant qu’on l’adore aussi. Kate c’est ma grande sœur favorite et la plus belle au monde. Bon pour le favori je n’ai pas beaucoup d’options vu que les parents n’ont eu que nous. Mais même si on était nombreuses je suis sûr que Kate serait ma préférée. Elle connaît tout de ma vie en plus de m’accorder beaucoup de temps. En plus elle me donne plein de conseils sur comment me comporter avec le garçon que j’aime. Maman est partie, mais en retard comme d’hab. Kate et moi avons fini la soirée devant Pretty little liars et une bonne pizza que le chauffeur est allé nous chercher.

Le lendemain nous étions à table pour le petit déjeuner super tôt mais aucun papounet en vue.

– Il est où papa?

– Il a dû se rendre à Man dès cinq heures du matin et ne reviendra que vendredi.

– OK, répondis-je d’une voix remplie de trémolos en pensant à la convocation qui est due pour demain.

Toute la journée j’ai cogité pour trouver une option mais rien. Le soir j’ai finalement remis la lettre à maman

– Blair Gueye! Tu es sérieuse là avec cette fichue lettre que je tiens entre mes mains? me chauffe-t-elle.

– Maman ce n’est pas ma faute. Mr Adou et moi avons eu une incompréhension.

– Quel genre d’incompréhension?

– Promets d’abord que tu ne feras pas de scandale.

– Tu te crois en position de faire des marchés? rétorque-t-elle durement.

– Le prof.… il nous traitait régulièrement de tarés et....

– Hein? Je n’ai pas bien entendu. Répète plus haut et fort! m’interrompt-elle subitement.

– Il nous traite d’idiots, dis-je d’une petite voix.

– Ça prend un taré pour en reconnaître un autre han, ma sœur dit avec sarcasme.

– Katie s’il te plaît....

– S’il te plaît quoi? Toi Blair tu es sûr d’être ma fille avec ce caractère de chiffe molle?

– Bon maman il ne faut pas exagérer non plus han, ma sœur dit.

– Non mais tu l’entends? Son prof la traite de tarée et au lieu de me dire ça avec rage, elle baisse la tête et te dit s’il te plaît quand tu t’indignes.

– Je lui ai dit que....

– Monte dans ta chambre en vitesse!

Je m’exécute en courant avant de m’enfermer et renifler fort pour que rien ne coule de mes yeux. Ce n’est pas ma faute si ça fait mal au cœur quand on me crie dessus. Le lendemain je me suis levée très tôt pour lui parler. Ma crainte ce n’était pas que maman allait me punir. Bien au contraire c’est qu’elle allait dramatiser la situation là-bas et attirer l’attention sur moi. Elle est le directeur sont des vieux amis donc je savais que je n’avais rien à craindre. Le souci c’est qu’elle s’en prenne à Mr Adou qui nous déteste déjà sous prétexte qu’on est des gosses de riches. Puis que ce dernier se venge sur toute la classe. J’ai tout essayé le matin là mais elle ne m’a même pas laissé en placer une. Le pire c’est que Kate a décidé de se joindre à elle et ma sœur est un peu comme ma mère. C’est d’un pas lourd que je suis montée dans notre voiture encadrée par ses deux femmes au tempérament chaud. Des amis m’ont approché dès mon arrivée à l’école mais pas le temps de papoter. Je suis maman et ma sœur pour le bureau du directeur, où se trouve déjà Mr Adou.

– Directeur je ne suis pas, mais pas du tout contente. Expliquez-moi pourquoi je paie des millions en scolarité et on sort ma fille de la classe, dit maman contrariée.

– Tout ceci n’est qu’un fâcheux malentendu madame Gueye. Je suis sûr que Miss Gueye et Mr Adou ont eu un différend ce qui peut souvent arriver n’est-ce pas, il dit d’une voix conciliante et je m’empresse d’acquiescer pour qu’on en finisse mais Mr Adou décide de lancer une offensive.

– Votre fille est mal éduquée, fainéante et impertinente. Je ne tolère pas ce genre d’attitudes dans ma classe.

– Lol et c’est vous comme ça qui allez refaire son éducation? ironise ma sœur.

Je lui prends la main en dessous de la table pour lui demander d’arrêter mais c’était peine perdue.

– Je vois que c’est de famille cette attitude crasseuse et oui, j’ai deux filles de douze et dix ans qui ont plus de classe dans leur petit doigt que vous deux dans votre corps entier.

– Je suis désolée Mr Adou. Je ne serais plus impertinente, tentai-je encore pour dissiper la tension et qu’on en finisse rapidement.

– Tu vas m’écrire cent mille fois je ne serais plus une tarée, fainéante et impertinente avant de regagner ma classe!

– Elle ne va rien écrire du tout! ma sœur rétorque avec hargne.

– Attendez c’est MA fille qu’il se permet de traiter de tarée? MA FILLE devant moi? s’offusque maman.

– Mme Gueye on....

– Monsieur le directeur, je retire Blair de votre établissement sur le champ!

– Mais non voyons. On n’a pas besoin d’en arriver là. Gueye, tu peux retourner en classe. Je vais discuter avec ta mère et Mr Adou.

– C’est ma classe et....

Je me suis levée tandis que le prof se taisait sous le regard menaçant du Directeur. J’ai rejoint les autres dans la cour comme on venait de sonner l’heure pour la récréation.

– Oh déjà de retour B? Tu aurais dû en profiter pour te prendre des vacances bien méritées, elle dit quand je les saluais.

– Hmm Gueye moi je te plains deh. Mr Adou ne va pas laisser ça passer. Mais merci de l’avoir bien remis à sa place, me dit une camarade.

– Lol avec Kate et Madame Gueye dans les parages votre pompeux de Mr Adou va se dégonfler comme un ballon de baudruche, ironise Mimi.

– Yeee elles sont là? fallait me dire, il va comprendre sa peine, Clari dit après un petit rire malsain.

Moi je ne plaçais même pas un mot. Toute mon attention était sur l’escalier attendant de voir maman et Kate descendre. On retournait en classe trente minutes plus tard quand je les ai aperçus par la fenêtre, sortant du bureau du dirlo. Comme on était en heure libre, je restais non loin pour les rejoindre quand elles finiraient de parler à Mr Adou.

– Un vaurien comme vous n’a et ne sera jamais au niveau de ma famille donc que ce soit la première et dernière fois que vous osez mettre ma fille dehors sinon vous vivrez pire que cette journée! dit maman.

– Écoutez madame, si vous tenez la tête du directeur entre vos mains sales de rapace, sachez que la mienne tient fièrement sur mon cou et je ne vous autorise pas à m’adresser.

– Autorisé? Ce ne sont que les aigris comme vous qui aimez vous en prendre à nous. Si vous vous approchiez humblement de nous on pourrait vous dire comment arriver à notre niveau mais non vous préférez rester dans la jalousie. Eh Ivoirien et comportement agricole ce n’est pas possible.

– Petite prostit…

La main de maman n’a pas perdu de temps pour s’abattre violemment sur sa joue alors que je m’empressai de les rejoindre. Derrière les autres murmuraient choqués par la scène. Je me suis placée devant maman, la frousse au ventre mais tenant quand même parce que les yeux de Mr Adou lançaient les éclairs. Mais maman me bouscule sur le côté malgré que j’essaie de la tempérer.

– Ne vous en prenez plus jamais à mes enfants! Sale Pouilleux va. Kate on part! Blair en classe! Et vous aussi! crie-t-elle aux autres derrière moi.

Ma sœur dévisagea Mr Adou de la tête aux pieds, me fit une bise puis suivit maman. Certains profs qui n’avaient rien raté de la scène s’étaient approchés de Mr Adou tandis que Clarence m’avait déjà tiré pour me ramener en classe avec eux tellement j’étais sous le choc. La dernière chose que je vis c’était la haine viscérale qui émanait du regard de Mr Adou.

Le soir-là à la maison j’ai reçu un message qui venait adoucir un peu ma journée.

-Coucou Blair, c’est Ludo. Je voulais juste te dire que je vais te protéger de Mr Adou ne crains pas.

-Merci mon ami Ludo.

J’ai répondu à son message, le cœur un peu plus léger. Pas parce qu’il pouvait changer quelque chose à la situation mais que le fait qu’il ait pensé à moi me touche.

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