Le cauchemar
Write by Farida IB
Debbie.....
Moi roulant des yeux : comme si cette décision t'appartenait !
Armel : elle n'a pas le choix.
Moi : moi, je dis que si elle en a.
Armel : et moi, je dis que non.
Moi : et moi, je soutiens que si.
Armel avec force : non !
Moi ton de défi : si ! C'est mon avis et je le partage.
Il me regarde puis soupire de frustration.
Moi : je peux savoir pourquoi tu tiens à ce que tes parents divorcent ?
Armel : parce que !
Je hausse les sourcils en espérant qu'il ajoute quelque chose. Il soupire avant de parler.
Armel : c'est le plus beau cadeau qu'il fera à maman.
Moi : tu n'en sais rien, tu n'es pas en mesure de savoir ce que veut ta mère.
Armel : peut-être, mais je sais qu'elle ne veut plus de lui !
Moi lui lançant un coup d'œil : et comment en es-tu si sûr ?
Armel : bah, tu étais là toute à l'heure quand elle le mettait dehors.
Moi levant les yeux : ça ne veut rien dire du tout, elle est juste en colère contre lui.
Armel : bon bof, on est tous d'accord qu'ils seraient mieux pour tout le monde qu'ils divorcent.
Moi : moi, je ne suis pas d'accord, le divorce doit être la toute dernière option dans un mariage. Après qu'on ait tout essayé pour sauver la mise, tout ce qui est à son pouvoir.
Armel voix vive : foutaise ! Cette théorie peut peut-être marcher avec une certaine catégorie de personne, pas avec Fulbert Elli. C'est le last des cons.
Moi : il n'en demeure pas moins ton père !
Armel : et c'est vraiment dommage.
Il l'a dit avec une certaine haine mêlée à la déception. Je comprends qu'il soit déçu de son père, nous le sommes tous, mais de là à souhaiter leur séparation j'hésite. S'il y a un moyen de sauver leur couple et je suis sûre qu'il y en a, pourquoi ne pas tenter le coup ? Bien vrai tonton Fulbert n'a pas assuré, il n'a jamais assuré d'ailleurs. Toutefois il n'est pas exempt de la rédemption. S'il fait son mea culpa, qu'il regrette sincèrement ses actes, pourquoi ne pas lui donner une chance de se racheter ? Lui-même qui parle là, c'est par la force d'une ultime chance que je lui ai donné que nous en sommes là. Attendez que je lui rappelle bien ça !
Moi : si je suis arrivée à pardonner tes incartades, et je te rappelle qu'il y en a eu pas mal, pourquoi tu ne veux pas que ta mère en fasse autant avec ton père ?
Armel me regardant : nous, c'est différent.
Moi soutenant son regard : en quoi ?
Armel : je ne t'ai pas encore promis fidélité et respect devant untel.
Moi : ah et c'est selon toi une raison suffisante pour tromper sa copine ? (ajoutant) Ouvertement en plus ? Tu n'es même pas en position de blâmer ton père, vous êtes de la même faire.
Armel : étions ! Cette époque est loin derrière moi.
Moi : ouais, on peut se permettre d'en parler au passé parce qu'un jour, je t'ai donné la chance de changer.
Armel : J'ai voulu changer.
Moi : c'est ce que tu me dis ?
Il me lance un regard désolé en voyant que j'étais vexée.
Armel : ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.
Moi : mais tu l'as pensé.
Armel : pardon pardon, te vexe pas.... Rhoo pleure pas.
Il soupire bruyamment avant de se garer sur un côté de la voie et de me regarder l'air déboussolé.
Armel : je te jure que je ne pensais pas ce que j'ai dit, c'est pour toi et grâce à toi que j'ai changé. Tu as toujours su me tirer vers le haut, ressortir la meilleure version de moi.
J'essuie mes larmes du revers de la main en le regardant, je ne sais même pas pourquoi j'ai pleuré. Fichus hormones !
Moi : tu devrais le faire pour toi-même, c'est pour ton propre bien que tu devrais changer. Dis-moi que tu n'as pas l'esprit tranquille depuis que t'as rangé ta vie. Plus de pression, te retrouver tout le temps sur la sellette, la peur de te faire pianer, nos prises de tête et tout ce que cette vie de débauche impliquait. Dis-moi que tu ne te sens pas à l'aise là dans ton corps, dans ton esprit, dans ton âme.
Armel sourire béat : plus que jamais à l'aise et je le redis, c'est grâce à toi.
Moi secouant la tête : t'as eu raison à la base tu l'as fait tout seul parce que tu l'as voulu et ça sera ainsi tant que tu le voudras. Ce qui voudra dire que pour rien au monde, tu ne devrais retourner dans tes travers, peu importe que je sois là ou pas.
Armel fronçant les sourcils : tu comptes aller où ?
Moi : nulle part, façon de parler.
Il me regarde avec insistance.
Moi amusée : bah, où veux-tu que j'aille ? Encore que... Euh, on devrait y aller, je vais être en retard à mon rendez-vous.
Armel arquant le sourcil : encore que quoi ? Il y a un souci ?
Moi : aucun souci, que des dépenses en vue.
Armel plissant les yeux : mais qu'est-ce que tu racontes ?
Moi : je me comprends, on y va ?
Armel : parle moi Debbie !
Moi : après mon interview, si tu veux que je te dise quoi que ce soit tu attends que je me libère de cette corvée.
Il souffle.
Armel : tu finis à quelle heure ?
Moi : il faudra d'abord que je commence et pour ça, il me faut arriver à temps au lieu de rendez-vous.
Armel soupirant : c'est même où ?
Il démarre et nous quittons les lieux.
Moi riant : lol Sé, ne me dis pas que tu roulais seulement sans connaître ta destination ?
Armel : tu m'as dit GTA. (quartier)
Moi hochant la tête : au relais de la caisse.
Il lève le sourcil juste avant de me jeter un coup d'œil vite fait.
Armel : c'est dans un bar que vous vous rencontrez pour un rendez-vous professionnel, de plus à 20 h ? Et c'est même qui ?
Moi : un certain Emmanuel Osseni. Jusqu'à présent, nous n'avions échangé que par mails. Il m'a dit qu'il habite à cinq minutes du bar et qu'il ne compte pas m'accorder plus de trente minutes.
Armel renfrognant la mine : quand même, et c'est seulement la nuit que vous êtes tenus de vous rencontrer ? Il est au courant que tu es une femme mariée ou non ?
Moi levant les yeux au ciel : n'importe quoi !
Armel : en tout cas cette interview, on la fera ensemble.
Moi : n'ose même pas Mel, ne va pas me gâcher mon entretien. Le type met un point d'honneur sur la discrétion (il me lance un regard perplexe, je précise) une question de pudeur et de fierté. Les hommes ne veulent pas avouer à visage découvert qu'ils sont tout autant victime de la violence que les femmes.
Armel : je n'allais pas rechigner moi à le faire.
Moi : qu'est-ce qu'il y a d'autres à savoir à ton sujet que je n'ai pas encore écrit ? Tu es le premier sur ma liste avant Junior.
Armel me jetant un autre regard : ah ouais, tu as écrit sur moi ? (oui de la tête) Tu as écrit quoi dis moi ?
Moi : tu liras.
Armel souriant : donc mon nom va figurer dans un magazine, mais c'est génial mi amor. Je ne lis que le nom des autres.
Moi éclatant de rire : tu es bête.
Nous passons quelques secondes à nous regarder sans rien nous dire, que le sourire franc aux lèvres. Il se concentre sur la route après avoir posé un bisou sur ma main qu'il garde dans la sienne durant le reste du trajet en manœuvrant le volant de l'autre. Franchement, je kiffe ma vie de ouf. Eh je ne vous ai pas dit la grande nouvelle, je suis enceinte de quelques semaines. Le diagnostique est tombé ce matin pendant ma visite de contrôle chez le gynéco. Je n'arrête pas d'y penser. J'ai retrouvé mes repères direct lol, no bouging krkrkr.
Je ne sais pas comment j'ai fait pour me retenir de lui en parler jusque-là. Enfin, je voulais lui éviter un accident vu la journée chargée qu'on a eu. Je connais assez mon type pour savoir qu'il risque de foncer droit dans une voiture ou même dans un arbre sous le coup de l'euphorie (rires). Aussi je veux que ce soit un moment spécial, donc j'ai loué une chambre au Radisson Blu afin de nous retrouver rien que lui et moi. J'attends qu'on soit sur le chemin de retour pour lui communiquer le programme. Il va nous falloir redéfinir nos priorités et réorganiser nos vies parce qu'on n'aura pas qu'un seul, mais deux bébés !
Armel : qu'est-ce qui te fait sourire ?
Moi : je suis heureuse, tu me rends heureuse.
Armel me souriant : toi, tu es bien mystérieuse ce soir, qu'est-ce que tu me caches ?
Moi faisant un sourire énigmatique : tu le sauras bien assez tôt.
Armel : dis toujours !
Moi : après promis.
Il me regarde un sourcil arqué quelques secondes avant de soupirer de reddition. Lorsqu'il gare quelques minutes plus tard devant le bar, j'envoie un mail au sieur Osseni pour m'enquérir de sa position à l'intérieur. Sa réponse ne s'est pas fait attendre. C'est après lecture et vérification que je descends du véhicule pour ensuite me mettre à la portière pour écouter ce que veut me dire Armel.
Armel : quand tu finis avec lui fais moi savoir, je pense faire un tour à la maison voir si tout se passe bien.
Moi : ok, reviens vite. Ne me fais pas attendre longtemps.
Armel : je compte faire un aller-retour.
Moi me redressant : ok.
Armel : et mon bisou ?
Je passe de l'autre côté pour lui faire son bisou qui se prolonge, se prolonge, encore et encore. Il finit par m'en faire un sur le front avant de se décider à me laisser partir. J'ai senti le sieur Osseni méfiant et glacial pendant nos échanges via mail, c'est pourquoi j'avance vers sa table d'un pas hésitant et son apparence physique n'arrange pas les choses. Il est grand, musclé, certainement un sportif avec des tatouages partout sur le corps bref un air de bad boy qui fiche un peu la frousse. Sur le coup, je commence à regretter d'avoir accepté ce rendez-vous à ce moment de la journée. Il faut dire que je n'avais pas le choix, Véronique n'a pas pris la peine d'avancer l'heure comme j'ai demandé. Étonnement, il mime un sourire lorsque je me présente devant lui. Sourire qui me fait oublier mes appréhensions, un tout petit peu quand même. Une salutation timide et une excuse solennelle pour le petit retard accusé, et le face à face commence tendu. Il a d'abord tenu à me raconter la mauvaise expérience qu'il a eue avec Véronique. Elle l'aurait dragué éhontément durant toute la rencontre et donc il me fait vite comprendre qu'il n'est pas là pour se faire draguer. Il a accepté me rencontrer uniquement parce que j'ai paru courtoise et professionnelle jusqu'au bout de nos échanges. Je suis quand même choquée de l'apprendre. Il est vrai que Monsieur Osseni au-delà de ses airs de bad boy, est un jeune quadragénaire, d'une beauté époustouflante (je remarque seulement ohh) il a tout d'un charmeur, mais enfin un peu de bon sens ne tuerait pas ! Après cette petite mise au point, c'est sans transition que je commence l'interview qui se poursuit très bien contre toute attente. Il répond posément à mes questions et d'un ton enjoué. Le plus surprenant, c'est sa posture décontractée, son regard déterminé pendant qu'il me raconte son histoire, la plus pathétique qu'on m'ait raconté depuis que je travaille sur cet article. Ce qui fait la particularité de son histoire, c'est qu'il a été maltraité par toutes ses ex-femmes (j'ai bien dit ses). Ébouillanté, privé de nourriture, torturé verbalement et physiquement, isolé de ses proches, dénigré, rejeté à longueur des années. Ce sont les innombrables cicatrices qui marquent sa peau qu'il cache sous ses tatouages en fait. N'ayant pas beaucoup de temps devant nous, il me livre seulement les détails sur le déchaînement de sa toute dernière compagne qu'il a subi pendant deux ans, jusqu'au jour où il a décidé de faire chemin seul. Quand je lui demande comment il fait pour tomber à chaque fois sur des femmes violentes, il réplique :
M. Osseni : à la base, elles ne le sont pas. Elles le deviennent avec le temps. Nous filons le parfait amour sur plusieurs mois voir des années puis soudainement ça vrille en cauchemar. Ça commence par de petits caprices qui se meuvent successivement en véritable emprise sur ma personne.
Moi abasourdie : comment un homme au physique redoutable comme vous peut-il être victime de violences conjugales ?
M. Osseni : je crois que ça vient d'un laxisme de ma part. Du fait que je veuille être un bon mec pour elles, alors elles me montent facilement dessus. Au fait mon histoire remonte à une époque de ma vie où j'ai blessé une femme (se mordant la lèvre) Austine. J'ai rarement vu une femme aussi éprise de son homme, la douceur incarnée. C'était la femme à épouser et j'étais sur le point de le faire lorsque le diable m'a envoyé l'une de ses disciples, Jézabel.
Je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher un rire en pensant au pasteur Luc Roussel Adjaho.
Moi me confondant en excuse : pardon.
M. Osseni : il n'y a pas de quoi mademoiselle. Annick, c'était son prénom. J'ai vécu plusieurs mois avec elle avant de découvrir que c'était une prostituée de luxe doublée d'une bisexuelle. J'ai pris mes jambes à mon cou et je me souviens parfaitement d'avoir passé un sale temps à enchaîner des coups foireux.. Ensuite, je me suis repenti et j'ai voulu bien faire les choses. Les femmes de ma vie, je les mettais sur un piédestal. Je leur donnais tout ce qu'un homme pouvait donner à sa femme et lorsque ce n'était pas le cas, elles explosent et rapidement je cède. Elles avaient un total contrôle sur ma personne. Si je prends le cas de la première, elle choisissait mes tenues, les proches que je pouvais côtoyer. Au bout de quelques mois plus personne ne se frottait à nous. Mais par contre, il n'était pas question que je fasse des remarques sur elle, que j'émette des opinions sur sa vie. Avec elle, j'étais clairement en prison. Puis j'ai rencontré Sophie. Même topo. Avec Ruth, la dernière, j'ai bien voulu changer la donne, mais l'homme perd facilement la tête devant une belle croupe.
Je souris quand il s'éclaircit la voix.
M. Osseni : c'est en cela que les violences au sein du couple sont compliquées, au détour des sévices, il y a une raison qui te pousse à rester. Pour les hommes, la plupart du temps, il s'agit d'un déni, le refus d'accepter qu'on soit victime d'une femme abusive. Mais avec le temps, j'ai fini par comprendre que la perversion, la manipulation ne sont pas l'apanage des hommes, qu'il y a des femmes qui vampirisent et aussi que la femme n'aime pas le laisser-aller exception faite d'une minorité.
Moi riant doucement : merci pour cette précision ! (sérieuse) Je pense que tout a été dit, nous allons donc boucler l'interview.
Il lève les yeux surpris en consultant sa montre.
M.Osseni : vous avez épuisé moins de temps que prévu. (me fixant) Je suis fasciné encore plus par votre professionnalisme. Votre collègue devrait en prendre de la graine.
Moi sourire jaune : je lui en toucherai deux mots.
C'est sur ces mots qu'il me laisse sur la promesse de garder le contact. J'appelle Armel comme prévu, comme ça sonne dans le vide, je lui laisse un message. Je décide ensuite de commander une limonade en attendant qu'il arrive. En levant les yeux pour appeler le serveur, j'ai croisé le regard insistant qu'un type fixe sur moi, il ne s'est pas détourné lorsque je l'ai regardé en retour en arquant un sourcil interrogateur. C'est drôle depuis un moment que je ne saurais préciser, j'ai le sentiment de le croiser partout, même ce matin à la sortie de ma visite. À chaque fois, il a ce regard insistant qu'il détourne subitement. Mais là, c'est tout le contraire. Il me regarde un moment avant de me faire un sourire cynique qui me glace sur place. Je me sens tout à coup vulnérable, en insécurité. Je tente à nouveau de joindre Armel. Ce faisant, je remarque que le type n'était plus là. Mais je n'étais pas pour autant rassurée, et Armel qui ne décroche toujours pas. Je me demande bien ce qui le retarde si tant. Je ramasse mon sac en sortant du bar avec l'intention de prendre le premier taxi pour rentrer. L'hôtel peut attendre. Je guette devant la route en agitant ma main lorsqu'une fourgonnette noire se gare à ma hauteur, j'ai sursauté en voyant le type du bar assis au volant.
Voix : mademoiselle, je te dépose quelque part ?
Je recule de deux pas en essayant de ne pas paniquer. Mais en vrai, j'étais pétrifiée, le sentiment d'insécurité de tout à l'heure s'est décuplé. Je dis d'une voix qui se veut calme :
Moi : non merci, mon fiancé vient me chercher.
Lui : j'insiste.
Moi haussant le ton : non mais lâchez-moi les baskets, je vous dis que....
Je me retourne subitement en sentant une main sur mon épaule. En voyant un homme avec un masque, j'ai voulu crier, mais il a mis sa main sur ma bouche pour m'empêcher de le faire. Je me mets à me débattre comme une folle en lui flanquant des coups de coude. Puis, alors que réussis presque à lui échapper, il raffermit sa prise et soudain, je sens comme une piqûre dans le cou. J'ai posé ma main sur mon ventre en criant " Seigneur mes bébés ". Toutes mes pensées se sont ensuite dirigées vers leur père. La suite est assez confuse parce que je perdais de plus en plus conscience, mais je me sens projeter dans l'auto et entends le bruit assourdissant qu'il fait en démarrant.
*** Le lendemain ***
Fulbert....
J'émerge à petit coup d'un lourd sommeil, réveillé par les chants d'oiseaux. Je cligne plusieurs fois des yeux pour m'habituer à la lumière du jour avant d'ouvrir grand les yeux pour m'apercevoir que j'ai dormi à la belle étoile, devant ma maison et au beau milieu de mes affaires qui traîne de part et d'autre. Je me redresse ensuite lorsqu'un violent mal de tête vient me rappeler les événements de la veille. Je me revois supplier Eunice à genoux, et elle qui me renvoyait de la maison avant que la scène pendant laquelle je me défonce sur Armel ne passe en boucle dans ma tête. J'ai soudain une conscience aiguë de la bourde que j'ai commise. Je me relève brusquement inquiet en allant appuyer sur la sonnette. Je sonne plusieurs fois sans que personne ne vienne ouvrir. J'ai besoin de le voir, de lui présenter des excuses en priant Dieu qu'il n'ait rien eu de grave. (me passant la main sur le visage) Je me suis conduit comme un imbécile, le dernier des imbéciles. Il n'y a plus aucun doute à présent, j'ai perdu les miens. J'arrête de sonner quand j'entends le clic clac de la clé dans la serrure.
Voix d'Armel : mi amor, c'est toi ?
Il ouvre prestement la porte qu'il referme aussitôt lorsqu'il se rend compte qu'il ne s'agit de personne d'autre que moi. Il a le visage tuméfié, défiguré par un œil au beurre noir, un pansement sur l'arcade sourcilière gauche. J'entreprends de cogner la porte.
Moi : fiston, je t'en prie,
Je n'ai pas eu le temps de finir ma phrase qu'un énorme bruit de freins accompagné d'un crissement des pneus sur le gravier raisonne. Armel bondit de la maison au moment où je me retourne pour voir une fourgonnette garée à cinq ou six mètres devant la concession des Diapena et qui redémarre en trombe laissant ce qui me semble un corps en plein milieu de la voix. Il y a un individu cagoulé qui referme le coffre de la voiture pendant que nous fonçons voir ce qu'il en est. Armel détache la corde qui a servi a ligoté le corps avec une rapidité extrême et enlève prestement le masque qui lui couvrait le visage.
Moi stupéfait : c'est Deborah !
Armel l'air perdu : je sais, aide-moi.
Moi me mettant à ses pieds : soulève délicatement sa tête.
Armel s'exécutant : comme ça ?
Moi le regardant : oui (la soulevant par le giron) on y va !
Nous la portons donc jusqu'à la rampe d'accès de notre garage où il commence directement à vérifier son pouls.
Armel : elle respire, vite, il faut qu'on l'emmène l'hôpital.
Je hoche la tête en me relevant, je ne sais pas comment j'ai fait pour retrouver mes clés de voiture et mon portefeuille en un clin d'œil dans ce bazar. Je déverrouille les portières et nous allons l'installer sur la banque arrière en position semi-assise étant donné qu'elle respire, mais semble inconsciente. Je conduis à tout bringue jusqu'à la source de vie. Une fois sur place, elle est immédiatement conduite en salle d'urgence. Armel est pendu au téléphone depuis que nous avons quitté la maison. Il a appelé Eunice puis Adjoa, la mère de Déborah. La dernière personne qu'il appelle, c'est mon petit frère Simon.
Moi le regardant : dis-lui de nous mettre directement en contact avec le commandant.
Il lui transmet mon message et nous attendons quelques secondes pour l'avoir au bout du fil. Je lui donne tous les renseignements que j'ai pu retenir sur la camionnette à savoir la couleur, le numéro de la plaque d'immatriculation et tous les détails sur la scène de son débarquement à son redémarrage. Quelques minutes plus tard, on entend un bruit de pas dans le couloir, Adjoa débarque affolée accompagnée d'Eunice. Elles vont directement vers Armel qui s'est adossé contre le mur, le regard vague.
Adjoa : où est Deborah ? Où est ma fille ? Comment se fait-il qu'elle se retrouve ici ?
Eunice : qu'est-ce qui s'est passé ?
Il ouvre la bouche, mais n'arrive pas à parler.
Moi qui réponds : nous n'en savons rien pour le moment. Un individu portant un masque sur le visage est venu jeter son corps inerte devant votre concession. Nous avons eu le réflexe de l'envoyer ici.
Adjoa éclatant en sanglots : Jésus ça, c'est quelle histoire ? Seigneur sauve ma fille.
Moi : les médecins s'occupent d'elle, nous n'allons pas tarder à avoir des nouvelles.
C'est Eunice qui parvient à faire asseoir son fils en les rassurant tous les deux, même pas me lorgner moi. (soupirant) Les forces armées arrivent bien plus tard sur les lieux.
Armel.....
Tonton Simon (calepin et stylo à la main) : est-ce que tu assisté à l'enlèvement ?
Moi : non
Je m'éclaircis la voix après avoir remarqué qu'elle tremblait légèrement.
Tonton Simon : qu'est-ce qui t'es arrivé au visage ? Tu t'es aussi fait agressé ?
Moi évasif : un incident.
Il me lance un regard aigu en espérant que j'ajoute autre chose. Je le regarde simplement.
Tonton Simon : okay, raconte-moi la soirée de Déborah dans les moindres détails.
Moi hochant la tête : elle avait passé sa journée au travail, elle est rentrée à la maison à 16 h pour préparer le dîner de bienvenu de maman. Ce dîner, nous avons dû l'interrompre afin de permettre à mes parents d'avoir une discussion en privé. Étant donné qu'elle avait un rendez-vous, elle a décidé de s'y rendre. J'ai proposé de la déposer....
Tonton Simon le coupant : le rendez-vous, c'était pour quoi ?
Moi : elle devait interviewer quelqu'un pour son article.
Policier : elle connaissait son interviewer ? S'étaient-ils rencontrés avant ?
Moi : non, selon ce qu'elle m'a dit, leur rencontre a été arrangé par sa collègue. Elle a juste confirmé avec lui par mail. En fait, la collègue lui avait refilé son interview.
Policier : comment s'appelle sa collègue ?
Moi : je connais juste son prénom, c'est Véronique.
Il le note sur le calepin et me fait signe de continuer.
Policier : elle travaille où Deborah ?
Moi : à Diane magazine.
Policier : sais-tu si son entretien s'est bien passé à tout hasard ?
Moi : oui, elle me l'a signifié par messagerie.
Policier me fixant le sourcil arqué : quand est-ce que tu as remarqué sa disparition ?
Moi me passant la main sur le visage : j'étais revenu sur le lieu de rendez-vous pour la récupérer comme convenu, par contre j'avais mis plus de temps que prévu. Un contretemps à la maison. Arrivé au bar, elle n'était nulle part. Un serveur m'a fait comprendre qu'elle était déjà partie. Je suis donc retourné à la maison, mais elle n'y était pas et en famille non plus. J'ai essayé de la joindre à plusieurs reprises sans succès. J'ai refait un tour dans le bar attendre jusqu'à la fermeture puis je suis rentrée attendre que le jour se lève pour me rendre à la police tout gardant l'espoir qu'elle revienne entre temps.
Tonton Simon : bien, pour l'instant le principal suspect, c'est l'interviewer que je soupçonne d'être en complicité avec sa collègue. Sais-tu s'il y avait un problème spécifique entre les deux ? Parlant de la collègue.
Moi : en principe non, mais elle disait que Véronique ne l'aimait pas beaucoup et elle ne le cachait pas. Elle s'est plainte plusieurs fois à son sujet.
Tonton Simon : ok, il faut qu'on saisisse cette Véronique. Envoie-moi la localisation Map du magasine.
Je sors mon téléphone pour rechercher l'adresse sur Google que je lui envoie par messagerie. Ensuite, je rejoins les autres en salle d'attente tandis que tonton Simon fonce au magazine. Je prends place en m'enfermant dans le silence. Pourtant, à l'intérieur, c'est un beau désastre. Le stress montait à cran. Et plus les minutes passent, plus je suis proche d'une crise d'angoisse. Heureusement que le médecin n'a plus tardé à se pointer, je me lève d'un bond en le voyant se diriger vers nous.
Moi : comment va-t-elle docteur ?
Docteur : nous avons réussi à la réanimer (je soupire intérieurement de soulagement) nous lui avons faits des examens qui ont révélé qu'elle a subi une agression sexuelle, probablement après avoir été droguée. Elle s'en tire avec une fracture au niveau des cuisses. Nous lui avons placé un plâtre et l'avons mis sous sédatif. Elle présente également des troubles psychotraumatologique. Entendez vous donc qu'au réveil, elle fasse un repli sur soi. Malheureusement, le bébé n'a pas survécu, nous attendrons de retirer le plâtre pour lui faire un curetage.
Armel sortant de ma torpeur : quel bébé ?
Docteur poursuivant : vous ne pouvez pas la voir pour l'instant. Je vais...
Armel : quel bébé docteur ?
Docteur : elle a perdu le bébé qu'elle portait.
Ma-Debbie poussant un cri effaré : heeeeeeeeee !!!
Maman : ah comment ?
Moi (happant le col du docteur) : elle a perdu quel bébé ? Vous vous foutez de ma gueule là ! Ma femme n'était pas enceinte. Vous vous êtes sûrement trompé (rire nerveux) Pas mon enfant, elle n'a rien perdu du tout.
Monsieur Elli essayant de nous séparer : Armel calme toi.
Moi (serrant le col du docteur, hystérique) : toi lâche-moi ! Docteur dis moi que c'est faux tout ce que tu racontes. Personne n'a osé poser ses sales pattes sur ma femme.
Pendant des minutes, je me suis déchaîné contre lui. Je refusais d'y croire, je devenais vraiment fou. A un moment je laisse le docteur pour m'en prendre à mon père qui a réussi à s'interposer entre nous. Je le pousse sans ménagement lorsqu'il a voulu saisir mon bras.
Moi : toi, tu me lâches ! (hurlant) Tu ne me touches pas, tout ça c'est toi ! C'est toi qui es à l'origine de tout ça. C'est entièrement de ta faute, c'est toi qui m'as retenu hier soir. Je devais repartir la chercher, je suis arrivée bien trop tard. Elle n'aurait rien eu, ils n'auraient rien eu. J'ai perdu mon enfant par ta faute Fulbert Elli, je te déteste. (lui donnant un coup de coude) Je te hais plus que tout au monde. À partir de cet instant, tu n'existes plus moi, tu n'es plus mon père ! Tu m'oublies !
Il a dû déployer de la force, aider par ma mère pour me maîtriser. Pendant ce temps, la mère de Debbie s'est effondrée, des infirmières ont accouru pour l'envoyer dans une chambre. Je finis par m'asseoir par terre, dépourvu de souffle. C'est à ce moment précis que je respire un grand coup. J'ai senti le sang me monter à la tête.
Moi regardant ma mère : je vais les retrouver, je jure sur la tête de mon enfant que les coupables, je les retrouverai et je les tuerai de mes propres mains.