Le désir
Write by Les Chroniques de Naty
Chapitre 7
****Moctar****
Cela fait trois
semaines que Martine est en mission.
Est-ce qu’elle me
manque ?
Peut-être que
oui ; peut-être que non.
Dans tous les cas je
n’en sais trop rien, car ces temps-ci je ne sais pas trop ce que qui m’arrive. Je
me sens attiré par Akabla. Depuis cette nuit où j’ai pu admirer par hasard son
corps de déesse, je ne fais qu’en rêver. Je veux la posséder. Je ne me suis
jamais autant senti attiré par une femme autre que la mienne depuis mon mariage.
Je peux le jurer et ce
la main sur le cœur que je n’ai jamais trompée ma femme. J’en ai eu l’envie,
oui j’ai eu envie de satisfaire ma libido ailleurs, mais seulement durant ces
derniers mois de sevrage. Car je suis un homme de parole ; j’ai promis fidélité
et respect à mon épouse, et ce jusqu'à ce que la mort nous sépare. Je compte
bien tenir ma parole donnée devant Dieu et les hommes.
Mais depuis cette nuit
‘’fatidique’’ je ne sais plus ce qu’est devenue ma bonne résolution.
La seule fautive est
Martine. Je suis un être humain, je suis un homme ! J’ai des besoins
sexuels qui doivent être satisfait. Pourquoi me prive-t-elle de mon droit
conjugal ?
Je voulais en parler à
mon témoin afin qu’il puisse en discuter
avec elle. Tenir une réunion avec nos différents parrains si cela s’avère
être nécessaire. Je ne veux surtout pas tromper ma femme ; je ne veux pas
souiller cette belle relation que nous avions.
Oui je dis avions, car
je ne sais plus ce qui nous lie si ce n’est Orphée. J’aime ma femme, mais je désire
une autre femme.
Et quelle femme mon Dieu !
La nounou de mon petit garçon.
Akabla est très prévenante.
À peine j’ouvre la bouche qu’elle exécute ce que je demande avec toujours un
sourire aux lèvres. Elle n’a pas changé depuis l’incident de la dernière fois,
au contraire je la sens plus à l’aise avec moi. Moi qui craignais que cela ne
plombe l’atmosphère entre nous, j’ai été surpris mais agréablement de constater
que cette situation a plutôt créée un certain lien entre nous. Un lien que je
ne saurai expliquer. Mais je me surprends à l’admirer, à la regarder travailler
et sourire tout seul. Et quand je rentre tôt du boulot, je l’assiste
lorsqu’elle donne le bain à Orphée. J’adore ces petits moments d’intimité qui
se sont créés entre nous. Et j’ai toujours hâte de rentrer à la maison pour ce
qui est devenu comme un rituel.
Je souhaite souvent que
Martine prolonge son séjour afin que dure ces moments avec Akabla. Oui c’est
comme ça et je ne veux pas que ça change.
Quand votre propre
femme vous tourne le dos et laisse sa domestique s’occuper de vous, j’ai envie
de dire que ce sont les conséquences logiques d’une telle attitude. Parce
qu’elle le veuille ou non, elle m’a abandonné entre les mains de Akabla. Au début
j’étais gênée que cette dernière nettoie mon linge et fasse notre lit et tout
ce que va avec. Mais avec le temps, je me suis habitué à sa présence dans notre
chambre à coucher. Elle y fait le ménage et le fait très bien d’ailleurs. Elle
change quelque fois ma brosse à dent quand elle sent que celle-ci est un peu
usée. Elle fait les courses pour nous et m’accompagne quelques fois au port de
pêche et à l’abattoir pour l’approvisionnement en poisson et en viande.
En clair je me suis
habitué à la voir faire des choses qui en principe relèvent des tâches de mon épouse.
Alors c’est normal que je veuille aussi qu’elle prenne la place de mon épouse
dans mon lit. En tout cas c’est le juste retour des choses selon moi.
Mais je fais violence
sur moi. Il ne faut pas que je me laisse prendre. Je fais des efforts ; toutefois
ceux-ci suffiront-ils ?
****Akabla****
Comme on le dit, il Ya
un Dieu pour les pauvres.
Oui je sais que je
marche sur mon chemin de gloire car dans peu de temps, mon plan portera ses
fruits. Mon patron résiste, je le voir faire des efforts surhumains pour ne pas
succomber à mes charmes. Je verrai bien jusqu'à quand cela continuera !
C’est après tout un homme,
il est fait de chair et de sang. Alors j’attends tranquillement que ses sens
prennent le dessus sur sa raison et son cœur.
Martine m’a laissé le
champ libre. Je béni le jour où elle est partie en mission. Car avant ça, Moctar
m’a vue presque nue. Heureuse coïncidence, car il put admirer ce qui se cache
en dessous de mes vêtements et c’était ça mon souhait. Je voulais qu’il voit de
lui-même la marchandise afin qu’il puisse en juger ; et à voir son
expression il a adoré.
Il a changé avec moi. Et
j’aime ça.
Je fais tout pour qu’il
me voie autrement que la domestique de sa femme. Je veux qu’il voie en moi une
potentielle femme à qui il peut faire la cour. Ou avec qui il peut vivre. Je sais
qu’il ne me courtisera pas en bonne et due forme. On va commencer par le sexe
et le reste suivra. Je suis déjà à la tâche pour que cela prenne forme. Je
m’habille comme il aime et me coiffe selon ses gouts. Je ne vis et ne respire
que comme il le veut.
À vrai dire je ne veux
plus seulement qu’il me sorte de ma condition de misère, je le veux lui-même. Je
veux son cœur et son argent. Je suis tombée amoureuse de lui et j’espère que
cela ne fera pas ma perte. Mais s’il advient que je doive choisir entre l’amour
et l’argent, sans hésitation je prendrai le nerf de la guerre à savoir
l’argent.
Qui est fou ?
Il n’est que 9 heures
et j’ai déjà fini mes travaux de la matinée. Je suis très matinale, je me réveille
au plus tard à 5 heures 30 du matin afin de vite commencer mon travail. Ma
patronne aime ça chez moi ; que je commence vite le travail et que je sois
aussi rapide.
Je vais voir le petit
qui dort à point fermé. Il commence à faire ses dents et son corps chauffe un
tout petit peu. Il a eu du mal à dormir hier. Entre les pleurs et la diarrhée,
je n’ai pas beaucoup dormi moi aussi. Si ça continue comme ça, on ira voir le
pédiatre avec son père. Ça sera vraiment dommage que la mère de l’enfant manque
toutes ses étapes de la vie de son fils à cause du travail. Un enfant c’est une
charge, une responsabilité ; on ne le fait pas pour le mettre à la charge
d’une nounou ou d’une autre personne. C’est pour s’en occuper soi-même. C’est
dur à dire, mais Orphée est plus attaché à moi qu’à sa propre mère, vu qu’elle
n’a pas de temps à lui accorder. Elle l’aime, de ça je n’en doute pas, mais
elle le fait passer après son travail et ça c’est réellement dommage.
Très dommage même je
dirai.
Dans tous les cas, cela
est fait pour m’arranger.
Je trouve Mota dans la
cuisine. C’est la nouvelle recrue. Elle est moins âgée que moi et ne se donne
pas trop d’air. Je crois que ça vaut mieux pour elle. Sinon je la ferrais descendre
de son nuage sans remord. Au stade où j’en suis, je ne laisserai rien ni
personne se mettre en travers de mon chemin. Je lui ai déjà donnée les
directives. C’est moi qui décide, et elle fait ce que je veux. C’est Martine la
patronne certes, mais c’est moi qui décide. Et il Ya une nuance entre ces deux
termes.
—Bonjour grande sœur. Me
salua-t-elle.
—Ça a va Mota. Tu as
fini le ménage ?
—Oui j’ai nettoyé les
autres salles d’eau comme tu l’as dit. Et j’ai laissée celle des patrons.
—D’accord. Fais sortir
du poulet. On fait du kedjenou ce midi pour nous même et le soir je vais faire une
bonne sauce claire pour monsieur. Prends le poulet africain, c’est mieux que le
poulet de chair qui est rempli de graisse.
—C’est accompagné de
quoi ?
—De riz local.
Je retourne dans la
chambre des patrons pour le ménage. Elle sent encore l’odeur de Moctar.
Cet homme a quelque
chose qui me plait et m’attire irrésistiblement. J’étais venue dans l’optique
de faire fortune, mais ce n’était pas prévu que je tombe amoureuse. Je ne m’en
plains pas ; parce que j’aime ce que je ressens pour lui.
Je me laisse tomber sur
le lit. Je prends son oreiller et le serre entre mes cuisses. Je suis remplie
de frissons. J’ai l’impression de l’avoir lui, sur moi. Je commence à mouiller.
Je vais voir dans le panier à linge sale et prends une de ses chemises que
j’enfile. Je laisse son parfum m’imprégner et me monter à la tête. Je prends
aussi un de ses boxers déjà porter, je le hume et enlève mon slip, je frotte la
partie du milieu contre mon sexe.
Comme c’est bon ce que
je ressens. J’ai l’impression que nos corps ne font qu’un. Je continue ainsi,
mes gestes sont accompagnés de petits gémissements. Je suis couchée dans le lit
conjugal de mes patrons, les jambes écartées en train de me faire un plaisir de
fou. J’accélère le rythme jusqu’à ce que je puisse jouir. Une chaleur inonde
tout mon corps et je me cambre comme sous l’effet d’une possession invisible.
Je verse mon jus
sur le drap et le regarde couler fière
de moi. Je transpire à grosse goutte, mais je suis heureuse.
C’est dans cette
position que Mota viens me trouver. Elle me regarde surprise. Cette petite idiote
n’a pas tapé avant de rentrer ; où se croit-elle ? Au champ
peut-être ?
—Dégage de là. Criais-je.
Ce n’est pas un enfant
et je crois qu’elle a compris ce qui se passe. Il faut que je lui dise deux
mots à cette petite. Je fini rapidement ce que j’ai à faire dans la chambre, je
ramasse le linge sale et sors en fermant la porte.
—Pourquoi n’as-tu pas tapé
avant de rentrer ? Tu te crois dans la maison de ton père ?
Elle me regarde
silencieuse.
—Si jamais tu oses répéter
ce que tu as vu, compte sur moi pour te faire passer un sale quart d’heure. C’est
pigé ?
Elle acquiesce de la tête.
Effrayé comme un animal blessé.
—C’est bien ma petite.
C’est comme ça qu’il
faut traiter le petit personnel. Il faut les faire vivre dans la crainte et la
terreur.
Je retourne vaquer
tranquillement à mes occupations.
************
****Madame Asseu*****
Je reviens de l’église
et décide de passer la journée chez mon fils. Il Ya longtemps que je n’ai pas
vu mon petit fils et il me manque. C’est le seul petit enfant que j’ai. Malheureusement
ma plus grande n’a pas encore d’enfant ; donc à part le fils de Moctar, je
n’ai pas d’autres petits-enfants. Ma dernière qui ne veut toujours pas se
marier. Je me demande bien ce qu’elle attend ; il ne faudrait pas qu’elle
finisse vieille fille ou comme sa belle-sœur qui à force d’avoir trop étudiée,
pense que c’est la chose la plus importante qui soit sur terre. Je sais que
c’est bon d’avoir des diplômes, car le savoir et la connaissance sont les
seules choses qu’on ne peut arracher à un Homme. Mais il n’Ya pas que ça dans
la vie ; une femme doit se marier et c’est important. Faire des enfants et
avoir une vie de couple saine est la meilleure chose qui soit.
Martine n’est pas là,
alors je peux bien y rester sans me sentir mal à l’aise. C’est vrai que c’est
chez elle mais quand j’y viens je ne me sens pas du tout bien en sa compagnie. Je
préfère donc quand elle n’est pas là. Moctar m’a dit qu’elle vient la semaine
prochaine. Elle doit rester là-bas et ne plus revenir. C’est mal de penser ainsi,
mais je ne peux m’y empêcher.
Je ne trouve que la
petite nouvelle au salon lorsque j’arrive. Je me demande ce que ma belle-fille
fait avec autant de domestiques. La maison n’est pas aussi grande, en plus pour
une famille de seulement trois personnes a-t-on besoin de deux personnes pour
s’en occuper ? Moi je n’ai pas eu l’aide de quelqu’un pour s’occuper de
mes enfants j’arrivais à m’en sortir toute seule, pourtant je n’étais pas riche
comme elle. Elle est d’une paresse inqualifiable selon moi. Sinon ça ne coute
pas grand effort de s’occuper soi-même de sa propre famille au lieu de la
laisser ainsi aux mains d’inconnus. Elle a non seulement de l’argent à
gaspiller mais aussi elle est très bête. Mais je sais qu’elle n’aura que ses
yeux pour pleurer. À croire que sa mère ne l’a pas éduquée comme il se devait. Sinon
une femme normale et complète n’aurait pas besoin de tant de monde pour
s’occuper de sa maison.
—Où est mon fils ?
Demandais-je.
—Il dort maman.
—A cette heure-là ?
Elle ne répond pas.
—Bon d’accord apporte
moi une bouteille d’eau glacée. Il fait tellement chaud que j’ai l’impression
de fondre.
Je suis au salon quand Akabla
sort de la chambre avec Orphée. Il est tout frais et tout beau. Il ressemble
beaucoup à son père quand il avait le même âge.
—Bonjour maman. Me
salua-t-elle en faisant une légère génuflexion.
Elle connait bien les
bonnes manières cette jeune fille. Elle me salue toujours bien quand je viens
ici et est très prévenante. Elle n’est pas comme les autres filles qui travaillaient
ici. Je l’apprécie bien ; en plus elle s’occupe très bien de mon petit-fils.
Peut-être plus bien que la mère de ce dernier.
—Bonjour ma fille. Tu
vas bien ?
—Oui maman ça va. Et
vous-même.
Je lui prends l’enfant
des mains. Il est tout content de me voir. Un enfant très adorable cet Orphée.
—Eh on se maintient ma
fille.
Elle me laisse l’enfant
et va dans la cuisine. Elle revient plus tard avec des petits pains et du jus
de fruit.
—Ah merci.
—De rien maman. Vous êtes
chez vous ici. Je vous apporte autre chose ?
—Non ça va. Tu peux réveiller
Moctar pour moi s’il te plait ?
—Bien sûr.
Je joue avec le petit
le temps qu’elle revienne suivie de mon fils. Il a l’air un peu endormie.
—Bonjour maman. Comment
vas-tu ?
—Bonjour chéri. Je vais
bien. Tu n’as donc pas été à l’église aujourd’hui ?
—Je suis trop fatiguée
maman. Nous sommes en plein inventaire et je ne rentre pas tôt du boulot.
—Le travail n’est pas
une raison pour oublier Dieu. C’est lui qui t’a donné ce travail ne l’oublie
pas.
—Je sais maman. La
semaine prochaine je ferai l’effort d’y être.
-Non, il ne s’agit pas
de faire un effort. Il faut que tu y sois.
—C’est compris maman.
—A croire que chez vous
ici il y en a que pour le travail. Voici ta femme qui délaisse son foyer pour
aller se pavaner en Amérique pour un mois. C’est quel travail qui te fais
abandonner mari et enfant aussi longtemps.
—S’il te plait maman. Se
plaint-il.
—AAAHhhh il n’Ya pas de
s’il te plaît qui tienne. Est-ce que j’ai mentis. Si ce n’est pas ta domestique
c’est sûr que tu allais mourir de faim ici. C’est quelle genre de femme ça. La
place d’une femme c’est à la maison avec son mari et ses enfants et non en
train de se promener je ne sais où à faire je ne sais quoi.
—Mais maman elle
travaille. S’il te plait ce n’est pas le lieu pour parler de ça. dit-il en
glissant un regard gêné vers Akabla.
—Hum toi aussi tu l'a
soutien dans ses bêtises non ? C’est pour cela qu’elle se comporte comme
ça. Comme une femme célibataire qui vit seule et qui n’a pas d’engagement. Même
son fils ne la connait plus. Regarde un peu comment il est collé à sa nounou. Ce
n’est pas une femme au foyer ça.
Mon fils me regarde exaspérer
sans rien dire.
—Akabla tient le petit.
Celui-ci saute
quasiment de joie lorsqu’il se retrouve entre les bras de cette dernière qui le
fait tournoyer dans les airs. C’est ça on appelle une femme et une mère. Pas
cette Martine avec ses airs de femme blanche.
—Akabla, tu peux me
faire des œufs au plat s’il te plait. Mets-y beaucoup de tomate.
—D’accord monsieur.
Quand elle nous donne
dos, je sens le regard de mon fils peser sur le derrière de la nounou. Je
souris intérieurement, car je connais ce genre de regard qu’un homme lance à
une femme. Ça ressemble à ce qu’on appelle du désir.
Je ne vais pas dire que
je suis contre le fait que Moctar regarde une autre femme. Bien au contraire,
j’en suis enchantée.