Le General

Write by EdnaYamba

 

Lauriane MIKELE

 

-         Quoi ? dis-je en écoutant ma sœur au téléphone.

-         Le général a fait un malaise nous sommes à l’hôpital militaire, me répète Marlène.

-         Ok j’arrive tout de suite.

Le général c’est le petit nom que nous avons donné à notre père à cause de sa carrière militaire et du caractère rigoureux de notre éducation. Il a toujours été robuste cet ancien militaire mais avec les années son corps s’affaiblit ; je n’ose pas imaginer qu’il nous lâche maintenant vraiment pas, c’est notre repère ! Je prends une permission vite au boulot et je rejoins ma sœur et maman à l’hôpital militaire. Quand j’arrive, je vois maman le visage abattu, en bonne femme Nzebi, elle a déjà son pagne et son foulard sur la tête. Marlène debout à côté d’elle.

-         Il est où ? demandé-je à Marlène

-         Ils l’ont emmené dans une salle pour l’examiner, c’est son cœur encore me répond-elle.

-         Tu as appelé les autres ?

-         Oui, ils arrivent.

Mon père a eu plusieurs enfants, entre les enfants légitimes qu il a eus avec maman c’est -à dire, Abel notre ainé, Marlène et moi, il y a aussi ceux qu’il a eu dehors et que maman a gardé comme les siens, aujourd’hui encore je me dis que les femmes étaient vraiment patientes avant, rester avec un homme qui te trompe et qui te ramène des enfants dehors , moi j’aurais foutue le camps, mais ma mère est une femme douce et passive, toujours prête à tout pour satisfaire son mari mais après quand on sait que ce sont des mariages qui durent depuis l’adolescence on peut la comprendre et surtout bien qu’il ait eu des liaisons dehors mon père n’a jamais accepté qu’aucune personne manque de respect à sa femme que ça soit de sa famille ou ailleurs. Même mes frères n’avaient pas le droit de mal se comporter avec maman. Il disait toujours : « si quelqu’un n’est pas d’accord avec l’éducation de ma femme ou de cette maison il fout le camps ! » Un homme spécial le général. Entre les enfants il n’était pas question de différence, on était tous ses enfants point trait pas de demi-frère ou de demi- sœur et pour ça je dois avouer que je suis d’accord avec lui peut-on être frère avec quelqu’un à demi ? C’est ridicule. Avec mes frères on est assez unis, tandis que Marlène rassure maman, une infirmière vient nous indiquer qu’on peut aller voir papa dans sa chambre.

Papa est allongé sur son lit d’hôpital. Dès qu’il nous voit rentrer il fait un sourire avant de dire à son épouse.

-         Maguy tu veux bien arrêter avec cette tête de mort, je ne compte pas mourir maintenant !

Nous éclatons de rire alors que maman le toise !

-         Papa comment te sens-tu ?

-         Ça va les filles pas raison de vous affoler ! mais je suppose que vous avez déjà appelé vos frères !

-         Oui papa, répond Marlène, ils seront là d’ici peu

-         Pfff , ce n’était pas nécessaire ! passe-moi mon journal là !

Maman lui tend le journal qu’il commence à lire.

Quelques minutes plus tard, le médecin passe le voir nous disant qu’il peut rentrer à la maison, toutefois il nous emmène sur le côté alors que les garçons sont déjà là. Le quarantenaire en blouse nous regarde et nous dit dans un jargon médical que les problèmes cardiaques de papa nécessitent une intervention immédiate, il nous demande de voir au niveau du secrétariat les prix des différents examens à faire, quand nous y allons-nous ressortons de là choquées, la santé est chère mon Dieu !

(…)

Assis tous au salon de cette maison qui a été le témoin de notre enfance, nous discutons de la santé de papa.

Abel qui est l’ainé de tous décide qu’on s’organise pour chacun mettre la main à la patte pour payer les examens et l’intervention chirurgicale. Adieu la fête d’anniversaire de Liana, les mois vont encore être serrés. Une fois la discussion finie, nous allons dire au revoir au couple MIKELE.

-         Marlène, dit Papa d’un ton grave, je compte voir ton mari ici dans la semaine est-ce que tu m’as compris ? ne crois pas que j’ai oublié !

-         Oui papa, répond Marlène

 

Marlène MIKELE

Moi qui croyais que Papa avait oublié. Comment je vais faire pour faire venir Rodrigues ici ? Papa ne veut rien entendre ! Même alors qu’il est malade au lieu de se préoccuper de sa santé, il veut d’abord régler mon histoire ! Je vois déjà le regard de Lauriane sur moi, moi je ne voulais pas ébruiter ce qui se passe dans mon couple c est peine perdue. Nous embrassons maman et nous sortons de la maison. Lauriane ne dit rien mais je sais qu’elle attend que je lui explique ce que papa veut dire à Rodrigues.

Qui a dit qu’être mariée c’était le bonheur ? Je suis mariée à l’homme que j’aime j’ai un foyer stable cependant nous n’arrivons pas à avoir des enfants. Chaque fois que je me prends une grossesse elle se solde par une fausse couche. Je fais des rêves bizarres dans la maison.  La dernière fois c’est en larmes que j’ai appelé maman. Et papa a dit trop c’est trop il fallait qu’il voit Rodrigues et sa famille mais mon mari ne veut rien entendre !

-         Tu comptes me dire ce qui ne va pas ?me demande Lauriane

-         Laurie….pas aujourd’hui stp

-         Moi je te dis tout Marlène mais comme tu as maintenant des secrets pour moi d’accord, dit- elle en déverrouillant sa portière.

Je sais qu’elle est fâchée ; ma sœur et moi on a toujours été proches déjà à cause du fait qu’on n’avait pas d’amis, à l’époque avec le général personne n’osait nous fréquenter parce qu’on avait jamais le droit à rien, le pire a été avec la grossesse de Laurie, il est devenu plus dur , plus d’amis que ça soit fille ou garçon, ma petite sœur et moi avons donc forgé des liens forts, on s’est toujours tout dit mais là je n’ai pas la force d’étaler mon chagrin devant elle surtout qu’elle est mère, va-t-elle seulement me comprendre ?

J’arrive chez moi et je vois ma belle-mère assise à la terrasse, elle est là depuis près d’un mois et je n’ai pas la paix malgré tout ce que je peux faire de bien.

Dans mon ethnie on éduque de sorte à être des femmes douces, serviables et disponibles mais parfois je me dis que c’est une erreur. Je lui lance un bonjour qu’elle répond à peine. Je poursuis dans la maison, le temps de déposer mon sac et de rentrer vite fait à la cuisine. Mais quand je vais à la cuisine, elle a déjà préparé. Humm !

(….)

-         Alors comment va-t-on père ?me demande Rodrigues attablé

-         Ça va mais on doit lui faire faire des examens on s’est organisé pour voir comment payer ; lui raconté-je,

-         Hummm maman c’est très bon comme toujours, dit-il à l’endroit de sa mère alors qu’il pique une fourchette dans son plat.

-         Tant que je suis là tu mangeras toujours bien !

J’accuse le coup. Je ne dis rien !

Je ne sais pas ce qui fait le plus mal dans tout ça, le fait que mon mari l’encourage ou le fait que pour cette femme je ne sers à rien. Coque d’œuf comme je l’ai surpris un jour à m’appeler.

Je n’ai rien fait pour mériter ça ! Seigneur pourquoi mes grossesses ne tiennent elles pas ?

Liana

-         Maman, ça veut donc dire que je n’aurais plus de fête pour mes 21ans ?

-         Chérie, le général est malade et ça demande beaucoup d’argent, je suis désolée.

-         Ok mais je te préviens je vais accepter l’offre d’emploi de la dame hein, je ne compte pas fêter mes 21 ans juste à la maison avec toi et Liam !

-         C’était dans quoi déjà ?

-         Prestation de services !

-         Ok tu as mon accord ! ton petit-frère est là ?

-         Oui il révise ! bon moi aussi je vais m’y mettre pour ne pas oublier ce qu’Andy m’a appris !

-         Vous deux ça avance ?

-         Toujours pas je commence à me dire que peut etre que je ne lui plais pas !

-         Oh dommage, il ne sait pas quelle perle il rate.

-         Yep , dis-je en me dirigeant dans ma chambre.

Andy Andy, soupirai-je en m allongeant sur le lit. Je ne comprends pas ce qui se passe avec lui. La dernière fois j’ai bien vu dans ses yeux que je ne le laissais pas indifférent mais bon il n’ose toujours pas faire le pas. Je cherche la carte de la dame de la dernière fois, demain il faut que je l’appelle pour  commencer le boulot si l’offre est toujours disponible ; je sais déjà que financièrement parlant maman ne pourra pas assurer et je comprends très bien que la santé du général passe avant tout ! C’est mon grand-père je l’aime !

Liam entre dans ma chambre, comme d’habitude sans cogner. Depuis qu’il est là on n’a pas eu le temps de se parler. Il vient s’allonger à côté de moi.

-         Tu n’as toujours pas appris à cogner toi ?

-         Ah que y a quoi que tu caches ici ?

-         Alors avec papa à quel niveau ?

-         Pfff tu sais comment il est à démarrer au quart de tour, je le supporte de moins en moins ! mais maman veut que je retourne là-bas !

-         Tu sais qu’elle n’a pas le choix.  Et comment ça se passe avec la nouvelle femme de Papa ?

-         Pfff une belle hypocrite ! quand papa n’est pas là, elle me répète des phrases du genre je ne suis pas ta mère pour accepter ceci cela… et moi je souris en me disant effectivement tu n’es pas ma mère, ma mère est 10mille fois plus belle que toi !

-         C’est clair ! souris-je

Nous partons d’un fou rire !

Liam ne supporte pas la compagne de Papa, chaque fois il se plaint et connaissant mon petit frère, je suis sure qu’elle doit être aussi hypocrite qu’il la décrit, je sais qu’au fond secrètement il espère comme moi j’ai espéré avant de renoncer que Papa et maman reviennent ensemble. Papa, il me manque mais je l’en veux toujours, je n’arrive pas à lui pardonner.

 


 

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