Le rendez-vous
Write by Farida IB
Austine AGBEKO…
Moi (me présentant devant lui) : bonsoir,
Daniel (se levant) : bonsoir,
Il me tend la main que je prends après une brève hésitation. Il désigne ensuite la chaise devant moi, je m’assois et le fixe droit dans les yeux.
Moi suspicieuse : vous avez réservé tout un restaurant pour un dîner d’affaires ?
Daniel (soutenant mon regard) : bah c’est plus intime comme ça (enchaînant) on vous sert quelque chose à boire ? Un cocktail ? De l’eau simple ?
Oh my God...
Moi (m’éclaircissant la voix) : ça ira, merci.
Daniel : d’accord, euh et si nous parlions maintenant de ce don ? Vous avez pu vous décider sur une somme ?
Moi : je… Euh, non, je pensais que nous devrions le faire au cours de ce dîner ?
Daniel : tout à fait, mais vous m’avez également promis de réfléchir là-dessus.
Moi : oui et je l’ai fait.
Daniel (me fixant intensément) : alors ?
Moi : pour être honnête avec vous, je le prends comme une sinécure et ça, ça me met vraiment en alerte.
Daniel : ce n’est pas une sinécure, d’autant plus que cet argent ne servira pas à une fin personnelle. Ça ira dans l’actif de votre fondation et contribuera indirectement à l’épanouissement des filles et leurs progénitures.
Moi : je n’en disconviens pas M Leroy. Sauf que si je dois le définir ce montant, ce serait en fonction de l’urgence à laquelle nous sommes confronté en ce moment et ce n’est pas à cent millions d’Euro près.
Daniel haussant les épaules : faites donc, votre proposition est la mienne.
Je reste d’abord interdite un moment pendant lequel il ne me lâche toujours pas du regard.
Moi brusquement : que me voulez-vous exactement ?
Il acquiesce un petit sourire déconcertant.
Daniel sans transition : écoutez Mlle Agbéko, je sais que je vous prends de court et vous faites bien de vous méfier d’un parfait inconnu qui vient vous faire ce genre de propositions. Toutefois, comme je vous l’avais déjà dit, mes intentions sont pures, je n’aimerais pas trop rentrer dans les détails, mais (sortant un enveloppe kaki grand format d’un attaché-case) vous y trouverai quelques informations sur moi. (il me remet l’enveloppe en question) Des renseignements personnels et financiers.
Je sors tous les documents et y prête toute mon attention, il y a des copies de ses pièces d’identité, sa carte consulaire, ses relevés de compte bancaire qui résument des opérations à plusieurs chiffres effectuées très récemment, des attestations fiscales, son permis de conduire… Bref toute une panoplie de pièces originales qui l’identifie et qui atteste surtout qu’il a de la poigne et du répondant.
Moi dubitative : je ne sais pas trop quoi dire, vous voulez me faire croire que la providence vous envoie sur mon chemin ? Quoiqu’il ait des documents qui certifient que vous ayez l’habitude de faire des dons de ce genre, leurs valeurs ne sont pas aussi mirobolantes que ce que vous me proposez en ce moment.
Daniel : je vous comprends parfaitement et j’aurais dû être clair avec vous d’entrée de jeu. Voilà, je suis un volontaire des nations unies. Mon travail, c’est d’appuyer les projets du genre, mais, disons qu’avec vous, j’ai envie d’être un peu plus large.
Moi larguée : donc vous avez simplement décidé de jouer au bon samaritain avec une inconnue ?
Daniel : Austine, euh cela vous dérange si je vous tutoie et je vous appelle par votre prénom ?
Moi bousculant la tête : non allez-y.
Daniel : Je suis là pour le don, c’est vrai, mais honnêtement j’ai juste sauté sur l’occasion pour pouvoir me rapprocher un peu plus de toi.
Really ?
Moi (après un petit flottement) : donc si je comprends bien, tu veux m’acheter en quelque sorte.
Daniel : Je veux t’aider dans le sens de ton organisation et en même temps, je voudrais que tu me donnes l’occasion de te connaître davantage.
Moi (croisant les mains sur ma poitrine) : et qu’est-ce qui te dit que ça m’intéresserais de faire connaissance avec toi ?
Daniel souriant lentement : rien, je veux juste tenter ma chance. Si tu le désires bien sûr.
Là, je baisse ma tête quelques secondes pour réfléchir, c’est vrai qu’il n’est pas déplaisant à regarder et qu’il dégage quelque chose de fort troublant. Bon, entre nous, j’avoue que le type me déstabilise beaucoup, ses yeux bleus là, son regard perçant qu’il me lance comme s’il voulait lire dans mon âme tchiippp !! Et puis son sourire, hmm ça, c’est un autre chapitre de l’histoire. Ça donne juste l’envie de se jeter dans ses bras et de danser la lambada toute la nuit. Là, je n’ai qu’une envie, me donner une bonne paire de gifles pour mes quelques secondes d’élucubrations ! Concentre-toi AGBEKO, il tombe de nulle part.
Daniel (s'eclaircissant la voix) : Austine tu veux bien m’accorder une chance ?
Moi évasive : M Leroy…
Daniel me coupant : appelle-moi Daniel.
Moi : bien Daniel, bien que tu m’aies présenté des documents qui me rassurent quelque peu sur ton identité, le malaise demeure entre nous. J’ai encore quelques réserves par rapport à tes intentions vis-à-vis de moi.
Il me lance un regard compréhensif avant de tendre sa main vers moi.
Daniel : donne-moi ton téléphone s’il te plaît (j’hésite.) aller fais moi confiance s’il te plaît.
Je sors le téléphone du sac que je déverrouille avant de lui remettre. Il se prend en photo en faisant une grimace et me le redonne ensuite.
Daniel : maintenant si tu découvres que Daniel Leroy est un criminel, tu pourras toujours montrer ma photo à la police.
Je souris.
Moi : mais il y a toujours deux problèmes qui se posent.
Daniel : lesquels ?
Moi : comment être sûr que tu n’es pas engagé ailleurs et comment comptes-tu faire plus d’amples connaissances avec moi si tu dois courir le monde entier pour ton travail ? Je suppose que tu vis en France, puisque tu viens de là m’as-tu dit jeudi au bureau.
Daniel : en effet, ma famille réside en France. Enfin mon père, ma mère, ma sœur et mes deux frères y sont et non, je suis un homme libre comme le vent. Par contre en plus d’être volontaire, j’ai d’autres occupations comme ce restaurant qui en fait m’appartient. Il y a un second à Rouen (ville de France) qui est géré par mon père. Comprends par là qu’il m’arrive de voyager par moment, mais je suis à Lomé pour la plupart du temps.
Même vous-même, on répond quoi après tout ça ?
Moi sans conviction : laissez-moi y réfléchir.
Daniel : pas de souci. (au tac) Bon et ce dîner ? On le fait maintenant ?
Moi sourire contrit : oui.
J’opte pour une salade composée et lui pour du caviar, nous agrémentons cela avec un vin millésimé. Le dîner se passe bien, pendant tout le long il me donne plus de détails sur sa vie. Au fur et à mesure, je me sens plus à l’aise comme si je l’avais toujours connu. Néanmoins, je me garde de faire tout commentaire ou encore lui parler de moi. Il me propose ensuite un dessert que je décline, on finit donc la soirée sur la promesse de se revoir. Autant dire que l’affaire du don est mise entre parenthèses, enfin tant que je ne me décide pas à statuer sur le montant. Je fais le trajet retour en réfléchissant sur tout ça, suis-je prête à me mettre dans une nouvelle relation ? Le type a été clair sur ses intentions et j’avoue que j’ai été attiré par lui dès le premier regard et ce soir encore plus. Toutefois, je n’ai jamais songé à une relation après le mariage fiasco que j’ai eu il y a six mois, je préfère ma vie telle quelle. Ça m’évite bien des problèmes.
A la maison, je me débarrasse de tout et m’allonge sur le lit en sous-vêtements. Je retente encore une fois le numéro de Cynthia qui décroche à la première sonnerie.
Moi directe : ce n’est pas trop tôt miss Clark, tu peux me dire ce qui t’es arrivé cet après-midi ? À cause de toi j’ai dû…
Cynthia la voix excitée : on la fait !!
Moi maugréant : euh qui et qui ont fait quoi ? Tes gorilles ne se sont pas présentés, j’ai dû prendre mon taser avec moi. Encore heureux que le mec avait d’autres idées dans la tête, il voulait…
Cynthia m’interrompant à nouveau : laisse-moi parler rhooo, je te dis que nous l’avons fait.
Moi insistant : et moi, je dis qu’il n’en est rien…
Cynthia : Aus on a sauté le pas, Joe et moi avons couché ensemble.
Moi surprise agréablement : vrai vrai ? Joe et toi avez fait ″Jiiiggy Jiiiggy″ ?
Cynthia : oui, enfin, si nous parlons de la même chose !
Moi excitée : donc tu l’as vraiment violé ? J’espère que tu n’as pas fait la morte, que tu as tourné les reins comme il le faut ?
Cynthia : Aus !!! T’es super gênante comme ça.
Moi : rhooo ne soit pas chiche, en tout cas, tu me donneras tous les détails croustillants demain.
Cynthia : yass, ton rendez-vous s’est bien passé ? Excuse moi pour l’escorte, ça m’est complètement sorti de la tête.
Moi : je te pardonne pour avoir enfin suivi mes conseils (elle rit.) Bof, le type veut être ″my new crush″ ! (mon nouvel amoureux)
Cynthia : really ? Il tombe comme ça du ciel et veut déjà être ton amoureux ?
Moi : oh, paraît-il qu’il me guettait depuis des mois, il est volontaire des nations unies et le Galien, c’est son restaurant.
Cynthia sceptique : reste quand même sur tes gardes, tu dois voir avec papa James pour qu'il nous sorte sa fiche personnelle.
Moi : c’est comme si c’était fait, parlant de papa, il m’a appelé parce que vous répondiez aux abonnés absents.
Cynthia : ah oui, je comptais le rappeler après le dîner. Il y a un souci ?
Moi : t’es assise ou debout ?
Cynthia inquiète : ne me fais pas languir s’il te plaît.
Moi : dis-moi quand t’es assise…
Cynthia : je suis couchée.
Moi : oh pourquoi ? Il a été brut ? Tu as trop mal ?
Cynthia haussant le ton : Austine !! (soupire.) C’était bien, je dirai même que c’était l’extase ! T’es satisfaite ?
Moi : alors trouve-toi de quoi trinquer pour le début d’une nouvelle vie féerique sans angoisse.
Cynthia : tu parles de quoi ?
Moi : bah, Jason Parker est maintenant six pieds sous terre, il s’est tué dans un accident à Floride. C’est ce que papa voulait vous annoncer ce soir.
Cri !
Cynthia : oh my God !!! Tu es sûr de ça ? Il a vraiment eu la confirmation de son décès ?
Moi : il t’enverra le rapport de police par mail.
Elle hurle dans tous les sens très excitée, ce qui fait apparemment débouler Joe dans la pièce. Ils jubilent tous les deux après l’avoir tenu au courant de la nouvelle.
Moi dans le combiné : allô ? Je suis encore là.
Cynthia euphorique : je suis là babe.
Moi : ok, je vous laisse fêter la nouvelle comme cela se doit.
Cynthia rire de gorge : compte sur moi !!
Moi la taquinant : tu ne peux plus déjà t’en passer et dire que tu fuyais le goût !
Cynthia : leave me alone ! (laisse-moi tranquille.)
Je raccroche et finis dans la salle de bain où je me démaquille et prend une douche rapide avant de me coucher les pensées tournées vers le beau blond aux yeux bleus.
*
*
Annick ANJO….
Ça fait cinq jours que l’atmosphère est tendue entre Emmanuel et moi, il accuse le coup de la réponse que je lui ai servie lorsqu’il m’a parlé de la tentative de Cholah. Et croyez moi, j’ai regretté mes mots plus tard. Depuis le mec, s’est muré dans le silence et quand il daigne me parler, c’est de façon laconique, il reste dans son coin lorsqu’il est à la maison.
Ça me met vraiment en mauvaise posture, encore que je ne puisse pas lui expliquer qu’en fait je n’étais pas dans mon état normal. J’étais toujours sous l’effet d’un mélange de joints et d’alcool que le client que j’avais eu m’a forcé à prendre deux jours consécutifs. Ce cocktail explosif a failli tout bousiller dans mon cerveau, je me croyais sur une autre planète. Ce n’est que trois jours après que j’ai retrouvé mes esprits, quoique les effets secondaires subsistent encore jusque-là.
Je n’ai pas revu Cholah depuis l'incident, elle a dû se rendre au Nigeria au cours de la semaine et son retour est prévu pour demain. J’ai néanmoins eu une discussion houleuse avec elle au téléphone, mais je veux que nous réglions cela de vive voix et en présence d’Emmanuel et de son père. Je suis très sérieuse lorsque je dis qu’Emmanuel, c’est ma propriété privée. Cela peut paraître presque impensable, mais je tiens à lui comme à la prunelle de mes yeux. Car avec lui, je peux me sentir aimer. Car pour lui, je ne suis pas qu’un simple objet sexuel. Car avec lui, je me sens comme une princesse.
Là, j’essaie de rectifier le tir, j’ai pris la décision de me ranger un bon moment. J’ai même recommencé à jouer à la parfaite petite amie en le couvant même s’il n’a pas l’air de remarquer mes efforts. En ce moment je m’attèle à lui préparer un plat telibo (pâte fait à base de la farine de cossette d’igname) accompagné de la sauce crincrin et de la friture. C’est un plat qu’il affectionne particulièrement et j’espère ainsi enterrer la hache de guerre.
Il est dix-neuf heures lorsqu’après mon bain, je me pose devant Novelas TV. À coup sûr, Emmanuel rentrera dans quelques minutes. Je me précipite alors vers la porte lorsque j’entends ses pas dans les escaliers. Il était déjà sur notre palier alors que j’ouvre la porte et lui prends ses affaires. Quand je me rapproche pour lui faire la bise, il se défile simplement en direction de la chambre. J’encaisse mon vent et laisse sa sacoche sur le petit bureau aménagé au salon, son pardessus sur la chaise à côté avant de le suivre dans la chambre. Quand j’arrive, je reste debout adossée à la porte en le regardant troquer ses vêtements de ville contre un jogging et un débardeur.
Moi (entamant la conversation) : bonsoir chéri.
Emmanuel au bout des lèvres : bonsoir,
Moi : ta journée s’est bien passée ?
Emmanuel : oui
Il s’assoit sur le fauteuil à côté de ma coiffeuse, le regard posé dans le vide.
Moi : pouvons-nous avoir une discussion s’il te plaît ?
Emmanuel : de quoi veux-tu parler ?
Moi : tu ne vas pas quand même pas me bouder toute la vie, je t’ai présenté mes excuses.
Emmanuel : et tu penses que c’est suffisant ?
Moi soupire : Manu crois moi, je regrette sincèrement mes mots. J’avais dit cela sur le coup de la fatigue, tu me connais et tu sais très bien que j’allais réagir au quart de tour sinon. (soupir lasse) Je voulais t’informer de la réunion de famille que j’ai convoqué demain pour que Cholah puisse te présenter ses excuses, je ne pouvais pas le faire plus tôt parce que tu n’avais pas le temps libre.
Il me jette un coup d’œil.
Moi : je suis franchement désolée pour tout, j’aimerais sincèrement rattraper le coup.
Il me regarde simplement sans rien dire. Je perds patience au bout de quelques minutes et décide de tourner les talons. Assise sur le canapé au salon, je me déchaîne sur la télécommande et fini par éteindre la télévision. Il arrive et s’adosse à l’encadrement de la porte du couloir.
Emmanuel posément : je ne trouve pas d’excuses pour le comportement de ta sœur et cela m’offusque encore plus que tu trouves normal qu’elle m’ait fait des avances. On peut supposer que ta sœur est encore dans la fleur de l’âge et qu’elle s'est laissée dominer par ses pulsions, mais rien ne justifie ta réaction. C’est toi l’aînée, c’est à toi de la recadrer, mais c’est plutôt toi qui banalises. Que suis-je sensé penser de toi et de ta famille après cela ?
Moi (me rapprochant) : crois moi je t'en prie, j'ai dit ça dans un état de fatigue extrême.
Emmanuel : certes, mais ce n’est pas là une raison. Ça m’a vraiment blessé d’entendre cette parole sortir de ta bouche, ça a diminué un tantinet l’estime que j’avais pour toi. (ajoutant) Annick j’ai tout abandonné pour être ici, je n’attends pas de toi que tu sois une femme parfaite. Je veux juste pouvoir vivre avec toi dans le respect et la convivialité.
Moi : je sais et je suis navrée, demain nous allons régler cela une fois pour toutes.
Emmanuel : je ne peux pas me présenter devant son père qui en même temps est votre tuteur parce que je ne l’avais pas fait au préalable et dorénavant, je n’aimerais plus me retrouver à partager le même espace que Cholah. Je ne crois plus pouvoir être à l’aise en sa présence. Trouvez le moyen de régler ça entre vous, de toute façon, c’est ta sœur.
Moi : il faut bien qu’elle te présente ses excuses.
Il hausse simplement les épaules.
Moi la petite voix : donc tu me pardonnes ?
Emmanuel : je t’ai pardonné !
J’arque le sourcil.
Emmanuel : il fallait bien que tu retiennes la leçon.
Moi souriant : et tu as réussi, c’est la pire des semaines que j’ai passées te toute ma vie.
Emmanuel : si tu le dis.
Moi le fixant : là, je peux t’embrasser ?
Il ouvre ses bras dans lesquels je me jette sans me faire prier. On s’embrasse langoureusement quelques secondes avant qu’il ne mette fin à cela, je garde ma tête posée contre sa poitrine les yeux fermés en humant son parfum.
Emmanuel : j’aurais bien aimé faire durer l’instant, mais j’ai faim, j’espère que tu as préparé quelque chose.
Moi me détachant : il y a ton plat préféré sur la table.
Il sourit et m’embrasse à nouveau. On se met alors à table et après le dîner je lui donne moi-même son bain avant de passer une longue nuit à rattraper nos séances chaud lapin. Le lendemain, c’est le cœur irradie de bonheur que je débarque chez Asanda où j’ai donné rendez-vous à Cholah. Je les retrouve dans la véranda et prends place sur l’une des chaises meublant le lieu. Je salue gaîment Asanda et Cholah au bout des lèvres.
Cholah : rhoo Nicko tu me boudes encore ?
Moi la toisant : il y a de quoi non ?
Cholah : je voulais juste tester ton type, là, je suis convaincue que tu peux lui faire confiance les yeux fermés.
Asanda intervenant : est-ce qu’elle t’a demandé de le faire ?
Moi : vraiment ! Je t’ai déjà dit que c’est ma chasse gardée, que cherches-tu à me prouver ? Cholah fait très attention à ne pas me chercher sur ce terrain-là parce que ça risque de mal tourner pour toi.
Elle ouvre les yeux et la bouche en me fixant un moment pendant lequel je soutiens son regard.
Moi continuant en comptant de mes doigts : 1, tu vas bousiller ma couverture en te présentant chez moi alors que j’étais censée te garder à l’hôpital, 2, tu fais des avances à mon mec. Si ce n'est pas de la provocation alors c'est quoi? Un défi ?
Cholah soupirant : loin de moi l’idée de te provoquer, et je t’assure que je n’avais pas l’intention de coucher avec lui.
Moi haussant le ton : tu l’aurais fait si je n’étais pas venue te surprendre.
Cholah : ça ne se reproduira plus je te jure tout, pardonne moi sister.
Moi : ce n’est pas à moi que tu dois présenter tes excuses, mais à Manu qui pense maintenant que nous sommes une famille de merde.
Asanda : il n’a pas tout à fait tort en tout cas.
Nous la regardons genre, elle hausse simplement les épaules.
Cholah se tournant vers moi : je le ferai t’inquiète.
Moi : en ma présence, et je t’interdis de mettre à nouveau les pieds chez moi quand je ne suis pas là.
Cholah écarquillant les yeux : oh ?
Moi catégorique : je suis très sérieuse.
Cholah soupire résignée : c’est compris.
On passe sur d'autres sujets et l’atmosphère se déride au fur et à mesure que nous discutons. Un moment, le téléphone d’Asanda sonne. Elle se lève brusquement et se dirige vers le jardin pour répondre.
Cholah : aka, il y a le réseau ici !
Moi riant : vraiment, qu’est-ce tu cherches à cacher ?
Elle se retourne et nous tire la langue avant de s’asseoir sur la balançoire dans le jardin. Elle passe quinze minutes à communiquer tout sourire et reviens quand elle finit.
Moi la taquinant : toi, tu as des choses à nous dire.
Asansa sourire béat : rien.
Cholah : etiieuuhh, elle a même des petites étincelles dans les yeux. C’est qui ?
Asanda intrigante : quelqu’un !
Moi plissant le front : t’as un amoureux ?
Asanda : peut-être.
Cholah : arrête le suspens, dis-le nous. C’est qui ? Il est comment ?
Asanda répétant : c’est quelqu’un. ,(enchaînant) Je l’ai rencontré, il n’y a pas longtemps et je pense que je l’aime bien.
Moi lui donnant une tape : petite cachottière, donc où on est là, tu vois quelqu’un ?
Asanda (se cachant le visage) : mouais et c’est plutôt sérieux, il me présente bientôt à sa famille.
Cholah : déjà ? Donc je suis la seule à ne pas connaître le goût de l’amour ?
Asanda : coco personne ne t’empêche de le faire hein !!
Moi : franchement, quoi, trouve-toi un mec et arrête de convoiter le mien.
Cholah : je suis bien comme je suis, je n'ai pas envie de mener une double vie. D'autant plus que mon cas est plus compliqué que la vôtre.
Moi : tu as fait ton choix, mais n'oublie pas que tu es la maîtresse de ta vie.
Cholah : laisse ça comme ça.
Je passe encore une heure avec elles avant de rentrer en début d’après-midi retrouver mon poussin. Il était sagement en train de faire une petite sieste au moment où je rentre dans la chambre. Je me dirige vers lui à pas de loup et pose un bisou sur son front. Je dépose ensuite mon téléphone sur le montant du lit et le sac dans le dressing avant d’aller prendre une douche.
En sortant de la salle de bain quelques minutes plus tard, je le retrouve assis les yeux rivés sur mon téléphone. Je me fige lorsque je croise l’expression de son visage qui ne dit rien de bon actuellement, il a les sourcils et la mâchoire serrés, les pupilles farouchement contractées.
Emmanuel entre les dents : tu es, tu es une prostituée de luxe ?
Ça, c’est la métaphore parfaite de l’expression toucher le fond !!!