Le retour
Write by Farida IB
Florent GBEVOU…
Moi répondant : je t’aime aussi mon cœur.
Je raccroche et prends le chemin inverse pour la maison. Mon « footing matinal » prend ainsi fin sans une once de sueur sur mon corps (rire). C’est la seule idée que j’ai trouvée pour pouvoir consacrer mes matinées à Fifa et le reste de la journée à ma famille. Tout le monde est désormais satisfait et cela m’évite bien des surprises désagréables comme la fois où j’ai surpris ma belle-mère en train d’écouter aux portes. La chance que le jour-là, c’était mon ami André-Marie et non Fifamè.
J’arrive à la maison et passe d’abord par la cuisine pour me servir un verre de jus d’orange que je bois goulument avant de poser le verre sur la paillasse. Je traverse ensuite le dédale de couloirs qui mène aux pièces de la maison dans l’intention de voir mes enfants. Circuler dans cette maison équivaut à faire de la marche sur 1000 kilomètres. Néanmoins, c’est une belle bastide en L classique, élégante et lumineuse. Elle est assez colossale pour accueillir ma grande famille, bon j’exagère un peu, mais un tout petit peu. Parait-il que c’est le cadeau de son père pour son diplôme de doctorat. Elle est constituée de trois pavillons collés les uns aux autres. Le pavillon central que nous occupons en ce moment est le seul à être construit sur deux niveaux. Il abrite d’immenses pièces au rez-de-chaussée, une cuisine ouverte sur le séjour, la piscine et l'entrée. L'étage supérieur abrite quant à lui quatre chambres, des toilettes indépendantes, une salle de bains avec baignoire et une mezzanine. Fifamè en bonne maîtresse de maison l’a arrangée avec goût et tact, une des nombreuses qualités que je lui découvre.
Je rentre en premier dans la chambre qu’occupe ma fille et la trouve avec sa mémé qui lui fait des tresses.
Moi y pénétrant : bonjour bonjour
Jennifer : bonjour papa
Belle-mère (au bout des lèvres) : bonjour,
Moi : Jenni tu as bien dormi ? C’est quoi le programme d’aujourd’hui ?
Jennifer : ça va papa, tu as promis nous amener pêcher au lac.
Moi faussement : c’est vrai ça ? Je ne me rappelle pas l’avoir dit.
Belle-mère : c’est normal, tes (articulant) courses matinales prennent toute la place dans ton cerveau. Comment peux-tu encore te rappeler d’une promesse faite à tes enfants ?
Je soupire simplement.
Jennifer boudant : mais tu as promis...
Moi : je rigole mon ange, on y va si vous êtes prêts. Ton frère est dans sa chambre ?
Elle hoche la tête.
Belle-mère la grondant : arrête de gigoter, tu vas me faire rater les lignes.
Jennifer : mais mémé, je répondais à papa.
Belle-mère : on répond par la bouche, ça, ce sont les choses d’Agbokpa (chez moi). Il n’y a que vous pour répondre à une personne âgée avec des gestes.
Je plisse le front genre what is his problem ? (c’est quoi son problème.)
Jennifer la petite voix : Hervé est dans sa chambre.
Moi hochant la tête : ok, je vous laisse, je suis en haut si besoin.
Belle-mère (le regard braqué sur la tête de Jennifer) : hmmm
Jennifer : d’accord papa.
Je sors de là, mais au lieu d’aller voir mon fils comme prévu, je monte retrouver Nadine. L’atmosphère avec sa mère devient un peu plus tendu tous les jours, elle ne rate jamais une occasion de lancer des sous-entendus et cette situation devient vraiment gênante. Je n’ai pas d’autres solutions que de mettre fin à cela, il me faudrait trouver un argument assez solide pour la faire partir. Ou mieux nous rentrons tous, à Cotonou elle n’a jamais notre temps.
Ma relation avec Fifamè, c’est juste le goût. C’est le truc en plus dans ma vie en ce moment, avec elle, j’ai le beurre, l’argent du beurre, la crémière et son cul en supplément. C’est une femme très facile à vivre en plus d’être magnanime, je lui trouve même des similitudes avec Nadine à telle enseigne que mes sentiments sont actuellement partagés entre elles. Si notre séjour à Nantes m’a de nouveau rapproché de ma femme et raviver les flammes entre nous, j’ai toujours ce besoin de me sentir près de Fifamè pour que mon humeur soit d'appoint. J’ai l’impression d’aimer les deux, je me sens dans l’incapacité de me passer d’elles. Il me faut toutes les deux dans ma vie et c’est pourquoi je ne laisserai personne entraver mon bonheur. Je regrette d’avoir fait venir sa mère au lieu de la mienne, c’était à priori pour le bien-être de Nadine. Ma mère ne la blaire pas du tout, c'est impossible pour elles de vivre sous le même toit. Voilà que c’est plutôt à ma paix que sa mère vient entraver.
Nadine (parlant tout bas en berçant le bébé) : shuutt doucement, je crois que nous avons sommeil.
Je lui fais un sourire béat en refermant subtilement la porte et vais m’accroupir derrière elle. Je pose ma tête dans son cou avant de me mettre à contempler le petit qui vacille des yeux, signe qu’il veut s’endormir.
Nadine doucement : tu veux le prendre ?
Je remue la tête négativement, je redoute le fait qu'il commence à crier comme à chaque fois que je le prends dans mes bras. Il est assez spécial comme bébé, il n’aime pas l’odeur de son père. Nadine dit que c’est une phase et que ça changera d’ici peu, mais sa mère comme d’habitude n’est pas du même avis. Elle sous-entend que c’est son flair qui le fait réagir ainsi, un bébé ? En tout cas, allons-y seulement !
Nadine : je vais le coucher.
Je bouge un peu pour qu’elle puisse se lever. C’est pendant qu’elle le couche que mon téléphone vibre dans ma poche, je sors de la chambre avant de vérifier l’écran et de constater que c’est ma mère. Je m’accoude à la rambarde et décroche ensuite, nous passons trente minutes à parler essentiellement de la famille. Elle prend les nouvelles des enfants avant d’aborder le sujet de la maladie de mon père et des exploits de Fifa. Mon père souffre du diabète, pour le moment, c’est encore au stade 1 donc évitons du mieux que nous pouvons que ça dégringole. C’est Fifamè qui nous a trouvé un docteur renommé dans le domaine sur place pour sa prise en charge donc en ce moment, c’est la belle fille préférée de maman. Elle passe une dizaine de minutes à vanter les mérites de Fifa, encore qu’elle vient de leur offrir une belle résidence à la cité Houeyiho. Elle raccroche, finalement pas sans m’avoir félicité de m’être en fin décidé à descendre Nadine du piédestal sur lequel je l’avais placé. Je range le téléphone et me met ensuite à réfléchir sur les raisons qui peuvent pousser ma mère à haïr autant ma femme. Elle ne l’a jamais toléré, elle ne lui a d’ailleurs jamais caché son antipathie. C’est la voix de Nadine qui me sort de mes pensées.
Nadine (s’accoudant) : c’était ta mère ?
Moi (hochant la tête) : elle t’envoie ses salutations.
Nadine : hmmm
Moi plissant le front : qu’est-ce qu’il y a ?
Nadine : j’aurais voulu lui parler, depuis que j’ai accouché à part ton père et tes frères, je n’ai reçu ni le coup de fil de ta mère encore moins celui de tes sœurs. C’est bien la première fois qu’une telle chose arrive.
Moi : j’ignorais que c’était le cas, je vais arranger ça t’inquiète.
Nadine : il le faut bien, j’ai l’impression qu’elle me déteste encore plus dernièrement. Elle ignore carrément mes appels et messages (elle soupire.) quand est-ce que ça prendra fin ? J’aimerais bien enterré la hache de guerre un jour.
Moi (me voulant rassurant) : tu sais bien que c’est sa nature.
Nadine : et pourtant, ce n’est pas le cas avec tes belles-sœurs. Je suis l’intrus.
Moi : ne dis pas ça, je lui parlerai.
Nadine : tu répètes ça depuis douze ans.
Moi insistant : laisse-moi me charger de ça. (du tic au tac) Euhh chérie, il va falloir mettre fin à notre séjour ici. Les affaires m’appellent !
Nadine (l’air pas du tout surpris) : je savais que c’était trop beau pour être vrai, je n’avais pas…
Moi la coupant : je suis désolé, ce sont les affaires, j’ai…
Nadine (posant le doigt au milieu des lèvres) : je comprends t’inquiètes, j’ai assez profité de toi et je ne t’ai même pas remercié convenablement pour tout ce que tu as fait pour moi.
Je me place devant elle et l’embrasse.
Moi (lorsqu’on se détache) : tu l'as déjà fait avec le beau bébé que tu m’as fait, il est (détachant les mots) MAGNIFIQUE.
Nadine (éclatant de rire) : ça, je te l’accorde !
On part dans un autre baiser que ma belle-mère vient interrompre, encore une autre raison de quitter ce pays le plus tôt possible.
*
*
Salifou DIOMANDE…
Je récupère mon passeport après le dernier contrôle de police et traverse le hall de l’aéroport pour sortir. Je saute dans le premier taxi que je trouve pour me rendre à la maison. Je viens d’arriver à Ouaga après avoir consacré une semaine dans des hôpitaux pour cette histoire de test d’ADN. J’ai tenu à le faire dans plusieurs hôpitaux prestigieux un peu partout dans le monde pour la fiabilité des résultats. Je veux par le même biais éviter toute tentative perfide de la part de Fatim, elle ignore jusque-là que le médecin chargé de faire le test à Ouaga m’a refilé plusieurs échantillons que j’ai envoyé dans d’autres hôpitaux. Tout est possible en Afrique donc j’ai pris mes dispositions pour éviter une surprise désagréable. Je veux pouvoir finir avec cette histoire une bonne fois pour toute, si cette fille est vraiment la mienne, je trouverai le moyen d’éviter sa mère et sinon qu’elles oublient mon existence. J’en ai assez payé les frais comme ça, tout ce que je veux en ce moment, c’est recouvrer ma paix d’antan.
Depuis l’irruption de Mariam à la maison, elle s’est de nouveau mue dans un silence pesant, ce n’est pas pour autant que j’ai abandonné mes tentatives de conciliation. Elle ignore mes messages, mais au moins je suis rassuré qu’elle les lise. Demain, j’irai chercher les enfants qui doivent entamer leur cours de renforcement dans trois jours. J’appréhende un peu le fait d’y aller parce que ça me briserai de rentrer sans leur mère (soupir).
Quand le conducteur du taxi coupe le moteur devant la maison, je paie ma course pendant que Moussa fait rentrer ma valise. En parlant de lui je lui ai donné un ultimatum par rapport à Fatim, la prochaine fois qu’il la laisse passer mon portail c’est le même jour que je lui trouve un remplaçant. Dans la chambre, je range rapidement mes affaires avant de prendre un bain. Je me prépare ensuite un plat de spaghetti qui comme d’habitude sent le brûlé. N’ayant pas d’autres choix, je l’avale tel quel avant de me mettre au lit. Il n’est que vingt et une heure passée de quelques minutes, mais j’ai besoin de reprendre de force parce que demain je tenterai le tout pour le tout pour ramener ma femme chez nous.
Au premier chant du coq, j’étais à mi-chemin d’arriver dans notre village, j’arrive une heure plus tard au moment où baba Diagoné semblait se rendre dans sa ferme. Je gare en face de leur maison et me précipite vers le vieux.
Moi (m’accroupissant en lui parlant en patois) : bonjour baba.
Il pose sa main sur mon épaule droite, ensuite l’épaule gauche avant de m’inciter à me relever.
Baba Diagoné : sois le bienvenu, tu as fais un bon voyage ?
Moi : j’ai fait un excellent voyage merci.
Baba Diagoné sans étendre : viens allons à l’intérieur.
Je ne me le fais pas répéter avant de pénétrer l’habitacle qui semblait encore endormi. On s’installe tous les deux dans leur grand salon avant qu’il ne reprenne la parole.
Baba Diagoné (s’éclaircissant la voix) : soit le bienvenu encore une fois, quelles sont les nouvelles ?
Moi : rien de grave, comme vous le savez déjà certainement, je devais passer prendre les enfants aujourd’hui. C’est le but de mon déplacement ce matin, mais je voudrais également profiter pour vous demandez la faveur de reprendre ma femme.
Baba Diagoné biaisant : ta femme et tes enfants sont encore couchés. Par contre, je m’apprêtais à rejoindre ma femme et mes fils à la ferme à ton arrivée.
Moi insistant : je suis conscient du fait que vous devez vaquer à vos occupations, mais je voudrais que vous m’accordiez un instant s’il vous plaît.
Baba Diagoné : d’accord, je veux bien t’accorder quelques secondes.
Moi : merci à vous (m’agenouillant) vous excuserez mon insolence, je voudrais vous solliciter pour intercéder en ma faveur auprès de votre fille. Je sais que je ne mérite en aucun cas votre aide, mais considérez cela comme un service rendu à vos enfants que nous sommes.
Il eu comme un flottement un moment qui m’a semblé une éternité.
Baba Diagoné : relèves-toi, je ne suis qu’un être humain. (silence) Pour ta requête, disons que c’est tout simplement impossible pour moi de le faire. Tu trouves ça logique toi que je rende un tel service à l’homme qui a enceinté ma fille très jeune et qui ensuite n’a rien trouvé de bon que d’aller farfouiller dans les jupons d’une autre ?
Moi secouant la tête : vous avez absolument raison, mais si je suis ici, c’est pour qu’on arrange les choses. Je reconnais mes torts et je mérite amplement ma punition. (tête baissée) Je tiens une fois de plus à vous présenter mes sincères excuses pour tout, mais cette histoire d’infidélité n’est qu’un simple malentendu.
Baba Diagoné dans sa lancé : j’accepte de nouveau tes excuses, sauf que ce n’est plus de mon ressort de réussir à te faire pardonner par ma fille. La décision lui revient.
C’est foutu donc !
Baba Diagoné (me prenant de court) : elle t’aime encore, elle te reviendra. Arrête de te torturer l’esprit, laisse-lui seulement le temps de se rendre compte que l’oiseau ne se fâche pas contre l’arbre.
Je reste quelques secondes sans voix avant de rétorquer.
Moi sourire radieux : merci baba.
Il me donne ensuite quelques conseils avant de se rendre dans sa ferme. Une demie heure plus tard, Mariam rentre dans la pièce et se tient derrière moi.
Mariam : Sa… Lifou ?
Moi me levant : bonjour chérie
Mariam : ne m’appelle pas comme ça ! Bonjour, on t’a chassé de chez-toi ?
Moi : non, il me tardait juste d’être ici.
Mariam : tes enfants dorment encore.
Moi : je suis là pour eux, mais aussi pour toi, je veux qu’on parle.
Mariam ton exaspéré : de quoi veux-tu parler cette fois ?
Moi : Mariam s’il te plaît arrête cette torture que tu me fais subir, je ne sais plus dans quelle langue il faut que je le dise pour te faire comprendre que je n’ai rien à voir dans cette histoire.
Elle me désigne le fauteuil avant de prendre place à son tour.
Mariam : tu es venu pour les enfants, je suppose.
Moi : oui, mais je veux que tu rentres avec nous.
Mariam : laisse-moi le temps de les réveiller et de les apprêter.
Moi : mon amour…
Mariam (se levant) : ils seront prêts dans trente minutes au plus.
Moi soupirant : t’inquiètes prenez votre temps.
Mariam : ok, je vais profiter leur préparer une glacière pour la route.
Je la regarde simplement partir. Lorsque les enfants se réveillent, nous faisons d’abord un tour chez leurs grands-parents pour leur dire au revoir avant de prendre la route. Inutile de vous parler du festival de pleurs à notre départ. Le trajet vers la maison s’est déroulé dans une humeur maussade, j’étais encore plus meurtri que les enfants. En fait, je pense que mon histoire avec Mariam prend ainsi fin parce que je ne compte plus entreprendre quoi que ce soit pour la ramener à la raison. Je suis prêt à accepter tout ce dont il adviendra de notre couple.
Plus tard à la maison, je suis couché sur le canapé du séjour dans l’obscurité à broyer du noir lorsque le bip d’un message me tire de mes pensées.
Mariam << Je ne bouge pas de chez mes parents tant que tu ne viens pas payer ma dot ! »
Tout à coup, soudain, brusquement la vie retrouve tout son sens.
*
*
Nihad ANOUAM…
Je soupire longuement en posant mon portable sur la commode, je ne peux plus compter le nombre de fois que j’appelle Dylan et que je tombe sur son répondeur. Ça commence à m’exaspérer au point où tout mon entourage en paie les frais, mon humeur est de plus en plus exécrable, je ne sais pas, mais tout m’irrite en ce moment. Je me tourne vers Gabrielle qui passe le week-end avec moi, j’avais besoin de la compagnie et elle devait m’informer sur l’évolution de ses enquêtes au sujet du dénommé Jean-Marc NNANG.
Gabrielle soupir lasse : c’est pour me laisser monologuer que tu m’as fait venir ? Je pensais que tu voulais de la compagnie.
Moi : rhoo ne te fâche pas pour si peu, je n’arrive toujours pas à joindre Dydy et ça me vénère.
Gabrielle : laisse le boy profiter de ses darons, c’est comment ? (se levant) Tu gazes avec ton affaire-là, il n’y a pas que lui dans la vie. Le dehors est beau, profite un peu de ta vie parce-que c'est ce qu'il fait lui.
Moi : mais je le fais nan ?
Gabrielle roulant des yeux : lol, c’est quand la dernière fois que t’as groové ?
Moi un geste évasif de la main : il n’y a pas que le chill dans la vie, je suis bien comme je suis.
Gabrielle : et pourtant c'est le moment. Bientôt, tu iras au foyer et tu n’auras pas le temps de t'amuser avec tes dix gosses.
Moi : lol j’en veux seulement quatre.
Gabrielle : quatre c’est même beaucoup si je pouvais faire des jumeaux une fois pour de bons.
Nous partons dans un fou rire.
Gabrielle se calmant : et puis bref, revenons à nos mots et tons. Je disais que mon type s’était infiltré dans la vie virtuelle de ton beau-père.
Moi : ce n’est pas mon beau-père !
Gabrielle : lol, c’est le mari à ta madré.
Moi : peu importe !
Gabrielle continuant : donc comme ça, le type de ta mère…
Moi : je préfère.
Gabrielle : arrête de m’interrompre !!
Moi : ok, vas-y parle.
Gabrielle : c’est mieux on laisse tomber.
Moi : oh, j’ai dit quoi encore ?
Gabrielle : on en parle plus tard, je ne suis plus d’humeur.
Moi soupire résigné : ok, comme tu veux.
Je me lève et me dirige vers la cuisine pour me chercher quelque chose à mettre sous la dent.
Gabrielle me suivant : tu veux faire quoi ?
Moi : je ne sais pas, un truc vite fait, j’ai faim.
Gabrielle : je ne dirai pas non à un bon bouillon de carpe.
Moi : ok, j’espère que tu vas le préparer toi-même.
Gabrielle la petite voix : c’est quand tu le fais que c’est doux.
Moi : tu ne m’auras pas comme ça, vient préparer ta chose ! D’ailleurs, je retourne me coucher.
Gabrielle : oh, tu n’as plus faim ?
Moi ouvrant le frigo : je vais me réchauffer la tarte d’hier.
Gabrielle : tchiipp !
Je referme le frigo en secouant la tête.
Moi : je me demande avec quoi, tu nourris le King puisque tu es allergique à la cuisine.
Gabrielle : nous mangeons toujours au restau.
Moi écarquillant les yeux : tu vas manger au restau toute ta vie ?
Gabrielle : no way, j’aurai deux cuisiniers, un pour la semaine et un autre pour le week-end.
Moi riant : bravo, tu as l’air de maîtriser la situation.
Elle tchipe fort et sors de la cuisine, je retire la tarte du micro onde lorsque c’est bon et enlève le papier aluminium qui couvrait la surface avant de le mettre dans un plat. Je mange debout devant le plan de travail en buvant un vin sorti de ma réserve dans mon ancienne maison. Bon pour l’affairage j’ai dû repartir là-bas pour prendre mon chéquier pour ce que vous savez et j’en ai profité pour prendre quelques affaires m’appartenant. Dylan a pu effectuer son voyage comme prévu et ça fait deux semaines qu’il est à Port gentil. Le hic, c’est que la communication a du mal à passer entre nous, bof je mets ça sur le compte des retrouvailles. Normalement, il doit rentrer entre ce soir et demain, c’est pour ça que j’essaie de l’appeler pour lui donner une liste de choses à me prendre.
Je range mon assiette une fois finie et rejoins Gabrielle qui est occupée à pianoter sur son téléphone comme d’habitude. Je m’assois près d’elle et me saisis du mien avant d’essayer à nouveau le numéro de Dylan qui sonne cette fois dans le vide.
Gabrielle : t’es chaude pour une virée en boîte ? King nous invite.
Moi pas intéressée : je suis très fatiguée ce soir.
Gabrielle faisant la moue : rhoo Nini tu as dormi toute la journée.
Moi : et je suis toujours éreintée, la semaine a été plus que chargée. Il m’a fallu courir tout Lv pour faire la cour au client.
Gabrielle : en tout cas, ce n’est pas moi la fille de Caroline MPEGA qui vais refuser un groove. Je vais même déjà me préparer.
Moi riant : encore toi-même !
Gabrielle poussant ma tête : mouff !
Elle s’attèle à se préparer pour sa soirée alors que je me fatigue à appeler Dylan qui décroche finalement après plusieurs sonneries.
Moi d’entrée : eh bien, on se fait désirer hein M RASSONDJI.
Dylan sèchement : bonsoir,
Oh ?
Moi : bonsoir, j’essaie de te joindre depuis ce matin.
Dylan : j’étais dans l’avion.
Moi fronçant les sourcils : tu es rentré ?
Dylan : oui, cet après-midi.
Moi : tu es rentré et ça ne t’a pas traversé l’esprit de m’appeler encore moins me dire que tu venais ?
Dylan : j’avais une urgence à régler.
Moi vexée : tu pouvais quand même me laisser un message.
Dylan : désolé, ça m’a échappé.
Moi : ok, pas grave, tu viens me voir ce soir ?
Dylan : ce n’est pas possible, je suis crevé.
Moi : demain donc (au tac) tu m’as rapporté quoi de PoG ?
Dylan ton agacé : rien, tu n’as rien commandé que je suis supposé rapporter
Moi choquée : oh ? (narquoise) Une petite tablette de chocolat pouvait faire l’affaire.
Dylan soupir frustré : Nihad, je n’ai rien apporté à personne. Raccroche maintenant, je suis exténué.
Moi : ok.
Je décolle le gadget de mes oreilles et le garde en main les yeux et la bouche ouverte, tellement je n’en crois pas mes tympans. Puis l’idée me vient de le rappeler, ce que je fais. Il décroche à la troisième sonnerie.
Dylan visiblement agacé : allô !
Moi : oh, c’est comment, qu’est-ce qui te prend ce soir ?
Dylan : si tu n'as rien à dire de bon je vais devoir te raccroche au nez.
Je ne dis rien et garde un moment, il entreprend une conversation avec des personnes dont j’ignore encore l’identité. Je recolle instinctivement le téléphone à l’oreille. Très certainement qu’il ne s’est pas rendu compte que je garde encore la ligne.
Dylan à Gibs : elle ne peut pas rentrer, elle n’a même pas le cœur de le faire.
Gibs répondant : laisse la n’ga (nana) partir frère, ses parents doivent être en train de la chercher en ce moment.
Voix de fille suppliante : bébé, je veux rentrer s’il te plaît.
Mon cœur fit un salto dans ma poitrine.
Dylan lui répondant : si tu rentres ce soir, je garde ce que je t’ai rapporté de Port Gentil. Je t’ai pris un truc spécial.
Voix de la fille excitée : fait voir !!
Dylan : tu connais la condition qu’il faut pour ça.
Voix de la fille : rhoo bébé arrête.
Gibs : man arrête de faire poiroter la fille.
Dylan : en tout cas il vaut mieux que tu partes avant que ton père ne m’envoie à l’hôpital. Tu es au courant que son père a un huit millimètre caché dans l’un de ses tiroirs ?
Gibs : krkrkr le vieux est prêt même.
Dylan : tu blagues avec monsieur KOUMBA !!
Je m’écroule sur le sol en même temps que le téléphone qui a succombé à la chute.