Le soir au village
Write by Yanolebon
Au village, à la tombée de la nuit, les deux amies ne se séparaient jamais. Là où se trouverait Claudia, Claudie n’en était jamais loin. On disait d’elles qu’elles étaient devenues des jumelles et laissaient entrevoir l’image anecdotique de « Tintin et Milou ». Le soir, au clair de la lune, on les voyait ensemble. Dans la case d’une des mamans, elles apprenaient leurs leçons. Elles s’interrogeaient sur les leçons du jour, préparaient leurs devoirs, et jouissaient d’une bonne éducation.
—Claudia : Nous allons nous interroger sur la leçon de grammaire du jour. À toi Claudie, tu vas répondre à mes questions : comment les noms qui se terminent en « al » font-ils leurs pluriels ?
— Claudie : Leurs pluriels se terminent en « aux ». Exemple : un cheval, des chevaux ; un animal, des animaux ; un canal, des canaux.
— Claudia : Bravo ma copine ! Bravo !
— Claudia et Claudie : Qu’avons-nous pour demain en histoire et en géographie ? Voyons ensemble !
— Claudia : En histoire nous aurons l’immigration des peuples du Nord en zone forestière et en zone de savane. En géographie, c’est bien les quatre saisons. On les voyait ensuite tirer de leurs sacs leurs cahiers d’exercices de maison, et les remplir soigneusement, ligne après ligne. Puis venaient le sommeil et le repos.
Quand elles étaient fatiguées et que la nuit était profonde, la maman de l’une accompagnait l’autre à la maison : solidarité oblige. Il leur arrivait parfois de dormir ensemble.
Mercredi jour de repos des écoliers Les deux amies ne chômaient pas durant ce jour de repos. Elles faisaient la lessive, aidaient leurs mamans à préparer le repas, portaient le repas aux champs. Elles allaient au marché et au marigot. Elles choisissaient alternativement de rendre visite les jours de repos à chacune de leur maman. Aujourd’hui, les enfants avaient décidé de rendre visite à tata Amélia à la maison afin de l’aider.
— Tata Amélia : Les enfants j’ai beaucoup à faire ce matin. Voulez-vous m’aider un peu ?
— Les enfants : Bien sûr que oui. Nous sommes venues pour t’aider. Nous allons commencer par la vaisselle et le nettoyage de la grande cour, la salle de Papi et les allées. Nous balaierons toute la devanture et nous ferons la cuisine avec toi.
— Tata Amélia : C’est bien mes enfants. Vous irez au marché pour m’acheter du poisson, des légumes et du riz. Après les travaux domestiques, elles se rendirent au marché. Elles ne jouaient pas en chemin mais pressaient les pas.
— Claudia : Lorsque j’accompagnais maman au marché, elle
restait longtemps devant les étalages et les étagères à discuter les prix
des denrées alimentaires. Elle me disait ceci : « Ma fille, au marché,
tu dois faire attention aux prix affichés. Les prix montent de jour en
jour. Il faut résister aux prix affichés, c’est après qu’on a le meilleur
prix. C’est un véritable exercice. »
Au cœur du marché, les deux amies firent le tour des étagères et des vendeuses et firent de bonnes affaires. De retour à la maison, elles furent félicitées par tata Amélia. Le mercredi après-midi, Claudie et Claudia, à l’image des autres enfants du village, allaient au marigot pour puiser de l’eau. Elles remplissaient leurs jarres puis reprenaient le chemin du village. Mais aujourd’hui, chemin faisant, Claudia trébucha, et sa jarre en tombant se brisa. Elle se mit à pleurer.
— Claudie : Ne pleure pas, ce n’est pas de ta faute. C’est cette maudite pierre qui t’a fait trébucher et la jarre est tombée. Je le dirai à maman.
— Claudia : Maman va me gronder ! Maman va me gronder ! Elle va me frapper. Je ne vais pas à la maison. Je ne vais pas… [Elle pleurait à chaudes larmes.]
— Claudie : Elle ne te grondera pas. Je vais tout lui expliquer.
Les deux amies rentrèrent difficilement à la maison : l’une avec sa
jarre pleine d’eau et l’autre sans jarre.
Claudia ne fut ni grondée ni frappée.
Ainsi les deux amies passaient le mercredi après-midi, jour de
repos des écoliers, à s’entraider, dans ce beau petit village où tout le
monde se côtoyait.