Le statut quo
Write by Farida IB
*** Deux ans et demi plus tard ***
Khadija…
Je traverse le bâtiment central de l’université nationale de Singapour pour suivre l’allée le long de la pelouse qui mène vers la cité universitaire. C’est ici que je me suis installée après le bac et j’en suis à ma deuxième année d’ingénierie d’affaires. Ma réinsertion scolaire s'est passée du mieux que l’on puisse dire. J’appréhendais un peu au début, mais avec toute ma détermination à réussir et les fortes doses de motivations que je reçois de la part de tout le monde, j’arrive à suivre.
J’arrive devant mon logement privé et sort le trousseau de clés de mon sac pour ouvrir la porte lorsque mon téléphone se met à sonner. À coup sûr c’est Ussama. J’attends d’être à l’intérieur pour le sortir de sa pochette. En vérifiant l’écran, je fronce la mine, mais je décroche quand même pour entendre la voix hystérique de miss Alisha.
Alisha : c’est quoi cette histoire que Chirine (une des filles de sa bande de copine) sort avec Jemal ?
Je m’assois sur le lit pose le sac à côté avant de répondre.
Moi : Alisha calme-toi s’il te plaît.
Alisha criant de plus bel : me calmer ??? Tu me demandes de me calmer ? Elle l’a fait exprès, je suis sûre qu’elle l’a fait exprès. Elle ne peut pas me dire qu’elle a oublié le fait que j’ai eu une relation avec lui.
Moi (me massant la tempe droite) : c’était il y a deux ans. En plus, elle ignorait que c’était (appuyant sur le mot) ton Jemal.
Alisha : Khadija ne soit pas si naïve, Jemal, je m’affichais partout avec lui. Nous étions même élus le couple le plus influent des émirats à l’époque, elle ne peut pas me dire qu’elle a loupé cela.
Moi soupirant : peut être, tu sais bien que Chirine n’est pas une mordue des réseaux sociaux.
Alisha s’emportant : arrête de lui trouver des excuses, il n’y a rien qui justifie ce qu’elle a fait.
Elle crie au point où je l’éloigne l’appareil de mon oreille.
Alisha : ça ne se fait pas entre copines, c’est de la pure trahison. Elle n’a pas le droit de se mettre avec mon ex. (inspiration) Tu vois quand je te dis qu’elles m’ont toujours envié ces filles (je lève les yeux au ciel) toutes les deux, on sait bien que si elle veut Jemal, c’est parce qu’il a été à moi et c'est clair qu'il ne fera pas du sérieux avec elle.
Moi : bah ils sont fiancés et sont sur le point de convoler en juste noce.
Alisha hurlant à tue tête : QUOI ?
Oops !
Moi :…
Alisha : ils se sont fiancés ?
Moi : oui il y a quelques mois. (trois précisément)
Alisha : et pourquoi personne n'a pensé à m'informer ? Chirine allait donc se marier sans me prévenir ? Mais l'homme est mauvais !!
Moi : bah il faut d’abord qu’on arrive à te joindre ! J'ai appris tout ça par Widad (une autre amie) qui te cherche partout.
Alisha : tchuipp !!! On verra bien jusqu'où ça ira cette histoire de mariage. On sait tous que Jemal n'est pas porté sur l'engagement et surtout qu'il n'est pas fait pour être l'homme d'une seule femme.
Moi me retenant de commenter : en tout cas (changeant de sujet) alors quoi de neuf ?
Elle prend son souffle avant de répondre excitée.
Alisha : tu ne devineras jamais où je suis en ce moment même.
Moi : je suis sûre que tu ne tarderas pas à me le dire.
Alisha (ton aussi pressant qu’excité) : à Rio de Janeiro (accent Brésilien s’il vous plaît !) j’ai chopé le fils d’un mafieux à Séoul il y a deux semaines, la vie n’a jamais été aussi belle…
J’active le haut-parleur et pose le téléphone à côté avant de m’allonger de dos pour l’écouter pendant plus d’une heure me raconter ses frasques. On peut dire qu’elle vit dorénavant la vie dont elle a toujours rêvé. Depuis que Jemal l’a largué, elle ne fait plus dans la dentelle. On ne la voit plus que sur des magazines peoples tout azimut apparaissant sur des yachts, dans les jets privés et les soirées prisées avec le fils d’un tel. C’est ce qui lui permet de construire sa vie et celles des siens. Sa mère a cessé de travailler pour mon père et est retournée s’installer en Inde son pays d’origine. C’est elle qui prend souvent de mes nouvelles. Alisha, ça doit faire neuf mois que je n’ai pas entendu parler d’elle et vous devinerez la raison qui l'a poussé à le faire aujourd'hui. L'histoire c'est que Chirine, sa grande copine d’antan (vous vous souviendrez qu’elle était à Singapour avec nous) s’est mise avec Jemal qu’elle a rencontré dans un groove à Abu-Dhabi il y a quatre mois. Jemal a tout de suite mordu à l’hameçon et a décidé de faire d’elle madame Singh !
Quand elle me laisse, je vérifie si Ussama n’a pas essayé de m’appeler entre temps et comme ce n’est pas le cas, je l'appelle moi-même. Il décroche à la troisième sonnerie.
Ussama ton voilé : salam ma puce, je te rappelle tout à l’heure. Je suis en réunion.
Moi : ah euh ok.
Clic !
Il raccroche et je commence à répondre aux filles qui m’ont laissé plein de messages. Cartia me raconte les péripéties de sa grossesse et Nahia m’informe qu’elle s’apprête à se rendre à l’aéroport pour récupérer Khalil qui était récemment de passage aux Émirates. Yumna me confirme sa descente imminente à Abu-Dhabi pendant ces congés donc je l'appelle pour qu'on redéfinisse de vives voix le programme de la baby-Shower surprise qu'on a prévu faire à Cartia. Dans une semaine ce sont les congés de Noël et je me prépare également à rentrer sur Abu-Dhabi. C’est là-bas que je passe mes vacances et congés en général. Et bien, au final, je n’ai pas eu besoin de partir vivre à l’étranger, enfin techniquement. Le Cheikh a abandonné cette idée lorsque les projets d’Ussama ont commencé à prendre forme. Ça fait deux ans qu’il vit entre deux Sites et ne revient au bled que pour de grandes occasions. Pour le moment, nous avons mis le projet de mariage en stand by parce que non seulement nos pères ont toujours du mal a digéré l’affaire, mais cela devrait également nous permettre de nous consacrer à nos vies professionnelles, la mienne plus particulièrement.
Sinon qu’entre lui et moi ça va, l’amour est toujours au top. Le seul problème c’est la montagne de restrictions que le Cheikh nous a posé, c’est d’autant qu’on préfère s’éviter nous-même. Courant ces deux dernières années nous nous sommes vus que quatre fois pendant l’Eid ul Fitr (Ramadan) et l’Eid ul Adha (Tabaski). Du coup on vit notre histoire à base de téléphone rose et beaucoup de patience.
Je tchate encore une dizaine de minutes avec elles avant de me décider à faire un tour dans mon coin cuisine pour me préparer un truc à manger. Ici, je ne manque de rien. J’ai un compte ouvert par le Cheikh que son fils et lui ravitaillent chaque fin de mois. Le plus surprenant, c’est qu’il se rend disponible à chaque fois que j'ai besoin de quelque chose.
C’est pendant que je sors les ingrédients pour faire un sandwich que Oumi m'appelle, elle veut que je lui ramène quelques bricoles.
Je m’installe sur le canapé dans le coin salon et pose mon plateau sur la table basse. J’avale à peine une bouchée que la sonnette de l’intérieur retentit. Ça doit être Sofia, la seule fille que je fréquente ici. Enfin, c’est elle qui s’incruste souvent. Pour tout vous dire, je mène plutôt une vie de solitaire régulée entre les amphithéâtres, la bibliothèque, mon logement et quelques rares sorties avec Sofia. En dehors des groupes de travail, je me mêle très peu à la masse. En gros, je profite au calme de ma liberté surveillée. Parce que oui, je me déplace avec des gardes du corps juste par précaution. Le plus fun, c’est qu’ils sont tellement discrets que personne ne se doute de leur présence. Yumna m’a dit que c’était pareil avec elle à ces débuts à l’étranger avant qu’elle ne demande elle-même après qu’on les retire. Elle peut se le permettre parce qu’elle ne se sent pas menacer. Moi, je vis la peur continuelle d’être séquestrée à nouveau par mon père malgré qu’il ne veuille même plus me voir en image. J'ai dû commencer à voir un spécialiste depuis un certain temps parce que ça devenait lancinant.
C’est la bouche pleine que je vais ouvrir la porte.
Sofia (passant devant moi) : toujours en train de manger toi.
Moi refermant la porte : il faut bien que je me nourrisse.
Elle fonce vers la cuisine et moi, je reprends ma place. Elle revient quelques minutes après avec un jus de raisin et un verre.
Sofia (lorgnant le plateau) : ça a l’air délicieux ton histoire là.
Moi hochant la tête : très.
Sofia : je peux goûter ?
Moi : lol va t’en préparer un toi aussi, il y a tout ce qu’il faut sur la table cuisine.
Sofia : super ! (depuis la cuisine) Je suis venue comme convenu pour les courses.
Moi : ah oui, j’avais oublié qu’on avait prévu d’y aller ensemble.
Sofia : j’espère au moins que tu n’as pas oublié de faire ta liste.
Moi : nop.
Sofia : ok.
Elle retourne dans la cuisine au même moment téléphone sonne. C’est Ussama.
Moi décrochant : salam bébé.
Ussama : wasalam ma chérie, je viens de finir ma réunion.
Sofia : le chéri de l’autre.
Moi (dans sa direction) : chuutt !! (dans le combiné) C’est ce que je vois là.
Ussama : il y a quelqu’un avec toi ?
Moi : c’est Sofia, on s’apprête à aller faire du shopping.
Ussama : ah ok, tu en es où pour les préparatifs de ton voyage ?
Moi : je suis presque prête, il me reste juste à faire quelques courses pour le baby-shower de Cartia et pour ta mère.
Ussama : je vois (changeant de sujet) je me suis retrouvé d’urgence à Kuala Lumpur ce matin. J'aurais bien aimé venir te voir, tu me manques.
Moi : mais c’est juste à côté, tu peux passer me voir quelques heures avant de rentrer.
Je l’entends soupirer.
Ussama : il ne vaut mieux pas.
Moi soupirant à mon tour : d’accord comme tu veux
Je regarde Sofia qui prend place à côté de moi.
Ussama : n'oublie pas de vérifier tes mails, je t'ai envoyé ton billet ce matin et j'ai aussi ça fait un virement sur ton compte. C'est pour tes courses.
Moi : Sama…
Ussama : chérie nous n’allons pas tirailler sur ça right ?
Moi dans un souffle : ok merci.
Ussama : je t’en prie ! Bien, il faut que je te laisse.
Moi : ouhibouka (je t’aime)
Ussama : moi aussi bébé bisou.
Moi : bisou.
Il raccroche et je me tourne vers Sofia qui me fait un sourire espiègle.
Sofia : bah dis lui.
Moi plissant les yeux : quoi ?
Sofia mimant des bisous : muah muah muah.
Moi : lol t'es folle (me levant) dépêche toi de finir de manger.
Sofia : à vos ordres madame.
Moi : lol.
*** Quelques jours plus tard ***
Khalil…
Je referme la porte de l’appartement Nahia et me dirige droit vers la cuisine d’où me provient une bonne odeur de pancake. Je la trouve devant la cuisinière avec sa mini-chaîne à côté, il y a du Garou (Que l’amour est violent) en fond sonore. Je m’approche d’elle et pose mes mains sur ses épaules, elle lève la tête et me regarde dans les yeux puis me sourit. Sourire auquel je réponds.
Moi : bonjour mon cœur.
Nahia : bonjour mon amour.
Elle se retourne et m’embrasse en pleine bouche, j’attrape sa nuque pour l'attirer plus prêt et c’est le moment que Nabil choisis pour rentrer dans la cuisine.
Nabil : beuurkk ! Il faut vraiment que vous me fassiez subir ça tous les matins ?
Nahia lorsqu’on se détache : tssrrr tu n’as qu’à fermer tes yeux.
Je souris et reviens m’asseoir à table en même temps que lui.
Nabil : bonjour tonton Lil.
Moi : bonjour champion, tu fais quoi à la maison un samedi matin ? Il n’y a pas école coranique aujourd’hui ?
Nabil : maman a dit qu’elle est trop fatiguée pour m’emmener chez papi et mamie.
Je lance un regard qui passe de lui à Nahia qui dévie son regard pour le poser sur les plats devant elle. Je fixe tout de même mon regard dans sa direction ce qui l’oblige à parler lorsqu’elle vient poser les divers plats devant nous.
Nahia la petite voix : j’ai travaillé toute la nuit.
Je lui lance un regard appuyé et elle hausse l’épaule. L'ennui c'est que je ne peux même pas lui reprocher de l’avoir fait parce qu’il arrive qu’on veille sur du travail pour ne pas être submergé plus tard. Depuis que nous avons transformé son agence en corporation, nous avons plus de travails et nous voyageons presque tout le temps. Les clients affluent de partout dans le monde, il faut dire qu’on a posé de solides bases avant de démarrer. La collaboration se passe bien, le fait qu’on ait eu travaillé ensemble dans un premier temps a facilité les choses pour nous. Nous avons pu trouvé notre rythme, elle s’occupe plus des clients sur place. Nous nous relayons souvent autant pour le travail que pour les responsabilités familiales.
Moi : il fallait me le dire, j’aurais pu l’emmener.
Nahia : n’oublie pas que tu es de repos.
Moi : ça fait deux jours que je me repose.
Nahia faisant la moue : umh, c’est cela qui explique la veine de soucis qui te barre le front.
Moi : ça n'a rien à voir (à Nabil) on rattrape ça ce soir.
Nabil : d’accord.
Elle me sert du thé à la menthe et un thé au lait pour Nabil et pour elle-même avant de prendre place en face de moi. Durant le repas elle m’observe plus qu’elle ne mange et je fais celui qui ne s’en rend pas compte. Je sais qu’elle meurt d’envie que je lui fasse le compte-rendu de la dernière entrevue avec mon père. J’évite d’aborder le sujet depuis trois jours que je suis rentré. Je n’en vois pas l’utilité parce que les choses sont toujours au même point. J’ai pris l’habitude de faire un tour aux Emirates tous les trimestres pour des raisons humanitaires et aussi pour voir mes parents, enfin plus ma mère. Au fil du temps j’ai essayé toutes les approches possibles pour obtenir le consentement de mon père, maman et tonton Sharif n’en sont pas du reste. Il soutient à présent que ce n’est pas elle-même le problème, mais son statut imminent de femme du futur Cheikh. Qu’elle se doit être une femme vertueuse et pieuse (traduction une femme comme ma mère). Je crois qu’il fait un blocage sur le fait qu’elle ait un enfant parce qu’au-delà de cet aspect elle correspond parfaitement à cette description. S’il pouvait seulement dépasser cela et comprendre que c’est elle la femme qu’il me faut pfff. Je soupire lorsque j’intercepte un autre de regard de Nahia sur moi, elle entame une conversation avec Nabil pour faire diversion. Elle prévoit de faire un tour au supermarché donc ils se font un rappel de ce qui manque.
Moi intervenant : on s’en chargera Nabil et moi. Toi, tu te reposes.
Elle me jette un coup d’œil.
Nabil : top !
Nahia : je suppose que je n’ai pas le droit de riposter.
Moi hochant la tête : tu supposes bien.
Nahia : ook je vais vous faire une liste.
J’acquiesce et nous finissons de manger en parlant d’autres choses. C’est Nabil et moi qui débarrassons et elle lave les assiettes. Elle entreprend par la suite de faire ladite liste pendant que je retourne me préparer dans mon appartement. Ça aussi ça n'a pas changé. Bon en dehors du fait que j’ai signé à un bail en bonne et due forme. Nabil vit depuis un an avec nous, enfin entre nos deux appartements et fait de temps à autre des tours chez son père et ses grands-parents. Ils ont commencé le lycée cette année Laïla et lui, leur école les avait fortuitement présenté au brevet qu'ils ont réussi avec brio. Depuis lors, nous vivons dans un semblant de cocon familial dans deux appartements différents (rire). Nous n’avons pas pu faire les présentations officielles qui doivent normalement faire bouger les choses entre nous. Son père exige la présence d’un membre de ma famille, ce qui n’est toujours pas évident. Ils savent tout de même que nous nous fréquentons, son père et son oncle nous ont donné leur bénédiction et sa sœur est plus que ravie. Il n’y a que sa mère qui est un peu réticente à l’idée, elle ne l'exprime pas souvent mais son attitude le démontre clairement. Par contre depuis un moment, ils s’impatientent tous au sujet du mariage et moi encore plus parce que cette situation commence à m'exaspérer au plus haut point. Nahia est la seule à s’en accommoder, enfin elle ne s’en plaint jamais parce qu’elle reste convaincue que mon père finira par céder.
Nahia (criant depuis sa chambre) : Samime (Samir de moi selon elle-même, c’est son nouveau délire) la liste est prête.
Moi : je viens.
Je finis de m’apprêter et la retrouve dans son salon.
Moi : nous sommes bien d’accord que tu ne m’appelles pas comme ça en public.
Nabil débarque arquant un sourire au coin des lèvres.
Nabil : mais tonton Lil, c’est joli comme surnom.
Nahia : vraiment !
Moi : mouais, c’est ça !
Plus tard, je sillonne minutieusement les rayons du supermarché Leader Price suivi de près de Nabil qui pousse le caddie que je remplie au fur et à mesure en suivant la liste que Nahia nous a faite. Ça nous prend à peu une heure pour finir et on passe à la caisse pour nous retrouver par la suite sur le parking aménagé du supermarché. C'est alors je déverrouille mon Infiniti que je remarque l'attroupement un peu plus loin, je pense qu'il s'agit d'une dispute entre un homme et une femme. Je passe ma route sans trop prêter attention et ouvre le coffre pour le charger. À un moment donné, la femme se met à crier et sa voix m’interpelle. C’est bizarre, mais on dirait…
Nabil (confirmant ma pensée) : mais c’est maman !
Quand je constate qu’il s’agit effectivement d’elle, je laisse le reste des courses sous la surveillance de Nabil et referme furtivement le coffre avant de bloquer le véhicule pour me précipiter vers l’endroit où ils se trouvent. J’ai oublié de vous dire qu’elle est toujours aussi grande gueule !
Voix de Nahia : jeune homme, les oreilles ça se nettoie. Si vous arrivez ce soir chez vous, introduisez votre éponge dans votre oreille gauche et enfoncez là jusqu’à ce qu’elle sorte par l’oreille droite. Ensuite faites les va-et-vient exactement comme vous vous épongez le dos. Vous entendrez mieux la prochaine fois tcchhrrr.
Le jeune homme (qui doit avoir entre 25-27 ans) : tu parles comme ça à qui ?
Nahia (faisant de grands gestes) : à toi ! Tu ne peux pas me dire que tu ne m’as pas entendu klaxonner, regarde l’état dans lequel tu laisses ma voiture.
Le jeune homme : je me suis excusé.
Nahia plus que vénère : et ce sont des excuses qui vont me payer une nouvelle carrosserie ? Bon sang ! Vous n’avez pas le permis, c’est vous qui voulez conduire. Tu as vu où qu’on file sur un parking ?
Quelqu’un dans la foule : vraiment !
Moi (quand j’arrive à me frayer le passage) : mais Nahia qu’est-ce qui se passe ?
Nahia : ce con a défoncé ma voiture !
Le jeune homme veut répliquer quand les autres lui tombent dessus, ce qui donne la force à Nahia de s’échauffer encore plus. Je lui prends juste la main et la tire à l'écart.
Moi : on rentre.
Nahia : jamais, et qui paiera pour les réparations ?
Moi : laisse tomber, on enverra le mécanicien chercher ça plus tard.
Nahia (croisant les mains sous sa poitrine) : même pas.
Moi durement : tu te calmes et tu me suis.
Elle soupire bruyamment mais me suis quand même. Je déverrouille la voiture et elle s’installe la première suivit de Nabil. Je monte à mon tour et demarre avant de parler.
Moi : que faisais-tu là ?
Nahia : j’avais oublié des choses.
Nabil : rhoo maman tu oublies toujours quelque chose.
Elle lui lance un regard noir.
Moi : il fallait simplement nous appeler pour le signaler.
Nahia : vous ne décrochiez pas vos téléphones.
Moi : et ça ne pouvait pas attendre ?
Son téléphone sonne en ce moment, elle fouille un moment dans son sac avant de le retrouver. Elle décroche sans vérifier.
Nahia : allô !
Appelant :…
Nahia soupire : désolée ma belle, il y a un enfoiré qui vient de me défoncer ma caisse.
Appelant :…
Nahia : exactement, le nouveau beubeuh !
Appelant : …
Nahia : ton frère était contre.
Ce doit être Yumna.
Yumna :…
Nahia : vraiment !
Yumna :…
Nahia : ah d'accord j'étais au volant. Je t'écoute.
Elle se tait quelques secondes ensuite la conversation devient un jeu de questions-réponses, de temps en temps elle hoche la tête en répondant soit par oui soit par non.
Nahia : hmm, je te conseille de réfléchir encore un peu.
Yumna :…
Nahia : quand bien même.
Yumna :…
Nahia : ok, on en reparle plus tard.
Moi lorsqu’elle finit : qu’est-ce qu’elle traficote encore celle-là ?
Nahia balayant l’air de la main : des histoires de femmes.
Moi regard appuyé : hmmm.
Nahia : rien de spécial.
Moi : en tout cas.
J’attends qu’on soit tous les deux dans mon appartement pour revenir sur l’incident de toute à l'heure. Je lui demande les détails qu’elle me donne.
Moi : tu n’étais pas obligée de faire un sclandre pour ça, ça pouvait se régler à l’amiable.
Nahia : c’est ce que je voulais faire, c’est son insolence qui m’a mise hors de moi.
Moi : tu aurais pu éviter de rentrer dans son jeu...
Je suis interrompue par le bourdonnement de son téléphone, elle le vérifie et le dépose. Je devine par le visage qu’elle fait que c’est son ex, l’autre pingouin. De m’excuser, mais je ne me rappelle plus de son prénom. Il cherche à reprendre contact avec elle, on ne sait pourquoi. Elle l’a bloqué de partout, mais il réessaie avec d’autres numéros. Je ne veux pas me mêler de cette histoire, c’est son ex, c’est à elle de le gérer.
Nahia du tic au tac : c'est moi ou tu évites d'évoquer le sujet qui fâche ?
Je soupire.
Moi : rien à signaler.
C’est à son tour de soupirer.
Nahia : je pense qu’il faut peut-être envisager de se séparer.
Moi : ce n’est même pas envisageable ! Si ça continue, je me verrai dans l’obligation de le faire représenter par quelqu’un d’autre.
Nahia ecarquillant les yeux : tu ne ferais pas ça !??
Khalil : si si parce que j'en ai vraiment RAS LE BOL !!!