le voile se lève

Write by RIIMDAMOUR


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Quatre mois que mon...enfin Amine, était parti.
J'avais repris les cours et c'était bientôt les fêtes de noël.
Mansour et Tala me tenaient compagnie à tour de rôle et Khadija vivait pratiquement chez moi.
J'avais convaincu mon... je veux dire Amine d'appeler mon oncle pour lui demander de laisser Khadija me tenir compagnie, jusqu'à son retour. Cette dernière à sauté sur l'occasion sans hésiter. Depuis elle en profite plutôt bien.
Elle sort quand elle veut, elle m'a d'ailleurs dit qu'elle n'avait jamais été aussi libre de toute sa vie. C'est vrai qu'avec mon oncle comme père,  c'était pas évident.

Amine m'appellait toutes les semaines pour prendre de mes nouvelles. Il suivait aussi l'enquête de Banina qui n'avait toujours pas avancé, mon beau père refusait de lui donner les vidéos du mariage.
Ça me faisait du bien de l'entendre, même si je m'entêtais à le nier.
Khadija m'avait fait remarquer que j'avais un air béat quand je parlais avec lui.
Je lui avais répondu que c'est du n'importe quoi.

En attendant, mes cours me prenaient tout mon temps.
En plus de mes études et de mes cours de cuisine, je prenais désormais des cours de langues: Anglais et Espagnol.
Je ne me reposais pratiquement plus, pour ne pas laisser à mon cerveau le temps de ressasser mes douleurs.
Bien que le temps soit passé depuis ma dernière agression, je ne m'en étais toujours pas bien remise.
Quand Amine m'appelait je faisais en sorte qu'il pense que j'allais mieux, je jouais au même jeu avec Banina et Josée.
Je ne voulais juste pas les inquiéter.
Même le cousin de Banina et le médecin avec qui elle m'avait mis en contact m'appelaient de temps en temps pour prendre de mes nouvelles.
Je les rassurait du mieux que je pouvais.

Mais à l'intérieur, ça n'allait pas du tout.
J'avais atrocement mal quand je repensais à ce qui m'était arrivé.
Ce n'est pas du tout évident de se dire qu'il y a une personne qui veux me nuire et qui cours toujours dans la nature.
Je n'avais plus envie de ça; d'avoir mal, de me réveiller un beau jour sans me souvenir de ce que j'avais fait la veille, d'être considérée comme une alcoolique.

Il y a une période ou je me suis  dégouté de moi même.
J'avais honte de me regarder dans un miroir, j'étais perdue.

Je me disais que peut-être je buvais sans m'en rendre compte , ou que j'étais devenue folle.
La première fois que ça m'est arrivé, j'avais 16 ans. J'ai failli devenir dingue quand je me suis réveillé un matin, avec un mal de crâne horrible, je ne me souvenais pas de ce que j'avais fait la veille, à la fête ou jetais allée avec Safietou.

Quand par la suite j'ai vu des photos de moi, sur Facedakar, en train de danser lasivement avec un homme que je ne connaissais ni d'Adam, ni d'Eve, j'ai été abbatue.

Quand j'ai demandé à ma belle-mère ce qui c'était passé elle m'a répondu , ravie:

- Tu ne sais pas ce que tu as fait? Mais tu as bu ma chérie. Je t'ai vu commander un verre de champagne.

Je ne l'ai pas cru, elle renchérit face à mon regard sceptique:

- Tu avais même l'intention de passer la nuit chez l'homme avec qui tu dansait. Si moi, ta belle-mère qui t'aime tant n'avait pas intervenu, tu aurais couché avec lui.

Je ne l'avais pas vraiment cru.
J'en avais parlé à Josée, elle n'y avait pas cru non plus.

La deuxième fois, je m'étais réveillée dans le lit du neveux de Safietou.
Ce dernier est la seule famille que je lui connaisse. Il m'avait couru après des mois durant, moi je le fuyais. Il était tout ce que je detestais chez un homme: vil, pervers, égoïste et égocentrique à souhait.

J'étais nue dans son lit, il était couché sur moi. Je n'étais pas tout à fait lucide, mais je l'étais assez pour savoir ce qu'il s'apprêtait à faire.
Il parsemait mon cou de baisers baveux et me disait des choses salaces.
Je l'ai supplié avec ma petite voix d'arrêter, je lui ai dit que je ne voulais pas.

- Balla arrête. Lui soufflais-je à l'oreille. Balla s'il te plaît

Il m'ignorait en continuant de faire ses affaires, me touchant, me palpant.
J'ai supplié, j'ai pleuré, j'ai récité toutes les prières que je ne connaissais.
Mais il continuait, il en était arrivé à mon intimité et moi je n'arrivais toujours pas à bouger, je ne pouvais même pas crier.

Je me suis mise à pleurer en silence, me disant que j'allais être violée, à 17ans.
Toute ma vie a défilé devant le yeux pendant ces sombres minutes, toutes mes peines, mes souffrances...

J'ai regardé le ciel et j'ai prié Dieu de me prendre, avant qu'il ne soit trop tard, avant que le mal ne soit.

Mais quand il s'apprêta à me pénétrer, je sentis la force revenir à mes membres. J'ai pu bouger la main,  doucement, mais j'ai bougé quand même.
Je me suis mise à effleurer le lit, discrètement, à la recherche de quelque chose qui pourrait m'aider, pendant ce qui me parut une éternité.
Il avait réussi à faire entrer en moi un petit bout de lui, ça faisait un mal de chien et j'ai commencé à me débattre, faiblement.
L'autre animal ne me calculait même pas et continuait sa vile besogne.

Alors j'ai touché quelque chose, de froid et de fin à côté de ma tête, sans réfléchir je m'en suis saisi, et avec les dernières forces qu'il me restait, je le lui ai planté dans le dos.

Il a hurlé, un hurlement bestial et s'est retiré de moi en m'enlevant des mains ce avec quoi je l'avais poignardé.
J'ai pu voir que c'était la broche avec laquelle je faisais tenir ma perruque.

Il a continué à crier comme une petite fille en sautillant.
Pff...
Moi j'en dis qu'un homme ne crie pas et qu'un homme, un vrai, ça ne profite pas de la faiblesse d'une femme pour la violer.

Il est allé regarder son dos dans le miroir de la chambre.

Il y avait une longue traînée de sang qui maculait son dos.
Je n'y étais pas allée très fort mais j'ai mis toute ma haine dans ce coup.

Je me suis redressé avec peine et je cherchais à m'enfuir.

Il est revenu vers moi, le regard empli de rage.

- Salope. Dit-il en me gifflant.

Très douloureuse,  la gifle.

Il s'apprêtait en m'en coller une autre quand la porte s'ouvrit à la volée.

C'était Xavier et Safietou derrière elle.
- Milouda, mon Dieu! Tout va bien? Demanda le chauffeur.

- Il m'a...t...violer. tentais-je d'expliquer en sanglotant.

Xavier c'était précipité vers moi alors que ce sale con de Balla se cachait le... avec un oreiller.

- C'est pas vrai. Je ne l'ai pas violé. Cria Balla.

- Jésus Marie Joseph!  Fit Xavier en voyant de plus près l'état dans lequel je me trouvais.

Xavier me prit dans ses bras, je me couvris du drap. Tout ça  sous le regard froid de Safietou.
Elle n'avait pas dit un seul mot. Rien.

Xavier jeta un regard haineux à Balla puis on sortit.

J'étais devenue hystérique je n'arrêtais pas de pleurer quand Xavier me laissa à ma chambre.
Je lui avais demandé d'appeler Josée pour moi.
Il obtempéra et resta avec moi, en me regardant avec des yeux peinés ne sachant que faire pour me calmer, jusqu'à l'arrivée de mon amie.
J'ai demandé à Xavier de ne rien dire à personne
Cette dernière avait passé la nuit avec moi, essayant de me calmer par tous les moyens.
Le lendemain, elle m'avait supplié de porter plainte pour tentative de viol.
Mais je ne voulais pas attirer l'attention sur moi, donc j'ai refusé.
Je me suis dit qu'après tout il n'était pas arrivé à bout de son entreprise, ce n'était pas la peine d'en faire toute une histoire.
Et puis il était parti, le lendemain.

Xavier aussi fut très surpris que je ne porte pas plainte.
Il avait cru que Balla m'avait réellement violé.
Safietou a cru la même chose car apparemment, je m'étais mal exprimée.

Elle était ravie.
Je l'ai laissée dans l'erreur, son neveu ne lui avait pas dit la vérité pour je ne sais quelle raison.

Après les rumeurs ont commencé à courir. Comme quoi, elle nous avait surpris, son neveu et moi, entrain de forniquer.

Ça m'a fait mal bien sûr mais je n'ai rien dit.

Je ne savais pas ce qui se serait passé si Amine n'avait  pas été là, au mariage de son frère.
Je lui en serait éternellement reconnaissante de m'avoir ramené à la maison avant que ne crée un scandale.

Il avait pris un chauffeur pour moi, pour ma sécurité disait-il, car il n'était plus sûr que je marche dans la ville toute seule.
Je lui avait naturellement proposé Xavier qui n'a pas hésité à plaquer son boulot chez Safietou pour venir travailler pour nous.
Mon mari m'a même laissé sa voiture, son petit bébé qu'il aime plus que tout.
Vraiment il était devenu trop gentil.

Camélia la demi soeur de mon mari venait me voir souvent et prenait de mes nouvelles.
Elle m'avait même traîné un jour dans un institut de beauté ou l'on avait d'ailleurs passé un agréable moment.
Elle en a profité pour m'expliquer sa relation avec Amine.
En fait, cela ne faisait pas longtemps qu'il connaissaient l'existence de Amine.
Rawane Aïdir leur avait caché le fait qu'il avait une autre femme toute leur enfance et ce n'est que lorsqu'il eurent atteint l'âge adulte qu'il leur a dit la vérité.
Amine avait fait les démarches pour connaître son père mais au fond, il ne l'a jamais aimé.
Les autres fils Aïdir non plus ne l'ont jamais considéré comme leur frère.
Mais elle, elle avait toujours voulu se rapprocher de lui, mais il avait érigé une sorte de barrière entre eux.

Pour moi, ça expliquait beaucoup de chose, j'ai fait genre je savais déjà tout ça pour qu'elle ne trouve pas bizarre que je ne connaisse pas le passé de mon mari.

J'en ai profité pour la questionner discrètement sur Taloula.

Ma belle soeur (une véritable pipelette) m'a résumé l'affaire.

- Taloula? Mon frère ne t'a pas raconté son histoire avec elle? S'était elle exclamé. Vraiment celui-là il est trop secret.
Taloula c'est sont ex.
Il ont grandi ensemble en france.  Ils se sont aimé ces deux là, ah ouais. Ils se sont même fiancé, à l'âge de 20ans.
Mon frère était fou d'elle et elle,  ben... elle en profitait. Il était sous ses ordres 24heures sur 24 et il comblait ses moindres désirs. Mais tu sais quand on est jeune et qu'on est trop conscient de sa beauté, on a tendance à faire des erreurs.
Taloula à commencé à être trop exigeante avec lui, et tu connais mon frère, il n'aime pas du tout qu'on le presse, il a toujours été son propre maître. Alors un beau jour, elle a exigé de lui un bracelet en je ne sais plus trop quoi, de l'or peut etre, Amine lui a dit qu'il n'avait pas les moyens de le lui payer, elle s'est fâché et l'a quitté.
Après quelques temps elle a épousé Rachid, c'était le meilleur ami de mon frère . Personne n'a compris pourquoi elle a fait ça.
Mon frère a été dévasté par sa trahison .
C'est depuis lors qu'il est devenu un peu plus....un peu plus comme il est maintenant. Elle est divorcée depuis un an.

Je comprenais pourquoi Amine m'avait semblé troublé par la présence de cette femme.
Mais une question demeurait, qu'était elle venue faire au Sénégal?

C'était peut-être pour reconquérir mon mari, mais dans ma tête, ça c'était inacceptable.

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J'ai finalement décidé de prendre les choses en main.
J'ai appelé Rawane Aïdir et je lui ai expliqué pourquoi j'avais besoin des enregistrement vidéo du mariage.
L'enquête de Banina n'avancait pas, et moi, je savais que je ne serais pas en sécurité tant que celui qui m'avait drogué n'avait pas été interpelé. Je n'en pouvais plus de vivre dans la peur.

Quand je lui ai parlé, il a fait genre il s'en fout, jusqu'à ce que je lui dise que si jamais j'étais encore droguée, je risquais de détruire non seulement la réputation de son fils, mais également celle de sa famille toute entière.

Je plains Amine d'avoir un père pareille, cet homme n'agit que dans son intérêt, il est filou et intéressé, mais il n'avait aucune envie de voir sa réputation entachée, donc il a accepté de m'envoyer les copies des vidéos, il a accepté de mauvais coeur celà dit.
Dans ce pays, c'est ça qui compte, les trucs de réputation, de dignité et tout ça. La plus part ce ne sont que des faux semblants.
Par exemple :les gens s'efforcent de paraître tel qu'ils ne sont pas.
On est pressé de critiquer les lesbiennes ou les gays, mais eux au moins ils se montrent vraiment tels qu'ils sont. Avec eux au moins on sait à qui on a affaire.
Mais ici, nous vivons avec des gens qui jouent au pieux, aux bons catholiques, aux bons musulmans mais au fond, il sont pire que Satan lui même.
Moi j'en dis, pfff...

Je me suis empressée de porter les copies à Banina.
Nous avons visualisé les vidéos dans le plus grand des calmes, j'étais hyper concentrée, stressée aussi,  scrutant tous les visages.

Le soir du mariage, j'étais trop nerveuse pour remarquer que Safietou ne me lâchait pas du regard.
Pourquoi? Je n'en savais rien.
Mais ça me fit froid dans le dos.
Nous avons ainsi visualisé 1heure de vidéos sans rien de trop intéressant.

J'avais bu en tout huit verres de jus de goyave.
Il est trop fort mon amour pour ce fruit.
Banina remarqua que c'était le même serveur qui me servait toujours.
Ça c'était bizarre.

À bien regarder, la tête du serveur en question me disait bien quelque chose, mais je ne me souvenais pas le connaître.
Puis nous sommes arrivés à la partie où les drogues on commencé à faire effet.

Je m'étais approché de Amine et je lui parlais en riant au éclats, lui il avait l'air assez étonné.
Puis je me suis levé et j'ai commencé à danser en me frottant à lui. Mon Dieu!
Je n'arrivais pas à croire que j'ai dansé de cette manière là, en publique.

J'ai ravalé mes larmes, c'était pas le moment de pleurer.
Puisqu'on avait rien de concret, on a recommencé la vidéos.

Au tout début, nous n'avons pas remarqué que lorsque Safietou est arrivée, le serveur s'est directement dirigé vers elle, elle lui a filé discrètement quelque chose de vert.
Très discrètement, on avait pu ne pas remarquer cette séquence.

Il nous manquait des preuves, mais moi j'étais sûre que c'était elle, elle avait engagé cet homme pour me droguer.
Je bouillonais de rage
en ce moment, mais je fis tout mon possible pour me calmer.

Safietou, encore elle, encore elle.
Que lui avais-je donc fait pour qu'elle s'acharne ainsi sur moi.

J'ai laissé à la détective le soin de continuer.
J'étais vidée de mes forces, je ne pouvais pas continuer.

Xavier vint me chercher et dès que j'arrivais à la maison, j'appelais Amine.

Il avait la voix toute rauque, je l'avais réveillé.

- Désolée, je t'ai réveillée? Lui demandais-je

- Non c'est pas grave.

- Je peux te laisser dormir si tu veux. Insistais-je.

- Non c'est pas grave t'inquiètes. Je t'ai appelé tout à l'heure, mais je suis tombée sur ta boîte vocale.

- Ah bon, j'étais avec Banina depuis ce matin. Au fait, ton père ma donné une copie des vidéos. Expliquais-Je.

-Quoi? Comment t'as fait?

- Euh...Je lui ai dit la vérité.

- Mais pourquoi t'as fait ça?

- C'était le seul moyen pour qui accepte. Je en pouvais plus d'attendre.

- Hunnn... vous les avez regardé?

Je lui ai raconté en détail ce qu' nous avions vu.

- Ta belle-mère! Hum... c'est pas vraiment une surprise. Dit il. Dis moi, tu ne t'en doutais pas un peu?

- Si, mais je me disais qu'elle n'avait aucun intérêt à me faire ça.

- Un de ces jours, il faudrait que tu lui demande ce que tu lui a fait à cette folle là. Taquina t-il.

- Ah non, elle m'a déjà dit qu'elle ferait tout pour me pourrir la vie.

- Sérieux? Demanda t-il en riant.

- Je le jure.

On rit pendant quelques secondes puis il me demanda:.

- Comment tu te sens?

Comment je me sentais?
J'étais abattue?

- Boff... répondis-je.

- Et toi comment vas tu?

J'avais posé cette question pour changer de sujet.
Je n'avais pas envie de m'apitoyer sur mon sort.

Il le comprit et se prit au jeu.
Il me parla de son boulot.
La première fois qu'il le faisait d'ailleurs. Il en parlait avec passion.
Il me parla de l'Inde. D'après sa description, c'était magnifique.
Il me décrivait les paysages, les temples, les gens, les vaches.
Il était étonné par le spectacle des vaches qui étaient adorées.

Nous n'avions jamais parlé aussi longtemps, que ce soit au téléphone ou en Face à face, 01h18 de communication.

C'était bien quand même, j'avais réussi à me détendre.
Quand il raccrocha,  je m'endormis le coeur léger .

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Pardon mais...je t'a...