Le voyage

Write by Farida IB


Debbie....


Bruit de la porte qui clapote.


Armel : je suis rentré.


J’entends la porte se refermer puis ses pas venant du salon.


Armel : mi amor


Moi : ....


Quelques secondes, après, j'ai senti le lit basculer d'un côté. Signe qu'il s'est assis.


Armel soupirant : ne me dis pas que tu dors encore.


Moi : ....


Armel : lol je t'ai épuisé si tant ?


Il se met à me raconter sa sortie, conscient que je ne dors pas. Du moins, le grincement de la porte m'a réveillé d'un sommeil réparateur. Je n’ai pas dormi depuis trois jours, en même temps cela fait trois jours que nous sommes au pays de la Teranga et votre pote ne rate pas une occasion pour me chauffer l'entrejambe étant donné qu’il a été sevré ces derniers jours. Même pas deux semaines inh encore que ce n’était pas volontaire. Au début, c’était pour accueillir dame nature puis après, il a fallu mettre les bouchées double au boulot pour pouvoir bénéficier d’un congé de deux semaines. 


Armel (s'étendant sur moi) : mi amor parle moi.


Moi râlant : Armel, tu m'emmerdes.


Armel (s’allongeant sur moi) : pas ces mots-là. (bisou dans le cou) Je t'ai manqué ?


Moi : pas du tout, tu as même fait vite.


Armel : tu dis ça pour que je te laisse tranquille.


Moi : tu comprends vite dis-donc


Armel : à moi, tu m'as manqué.


Il enlève ma couverture ce qui lui laisse un accès libre sur ma poitrine. Il se relève pour me fixer.


Armel : ne me dis pas que tu es restée clouer sur ce lit. 


Moi dans un soupir  : je suis épuisée.


Il se redresse en soupirant et se met à enlever ses chaussures.


Armel : tu n'a que ça à la bouche depuis notre arrivée.


Moi : parce que tu ne fais rien aussi pour arranger la situation si ce n'est que de l'empirer.


Armel (me jetant un coup d’œil) : je t'ai fait des massages.


Moi : qui finissent toujours dans des positions compliquées !


Armel faisant la moue : bah, ce n'est pas ma faute si t'es appétissante.


Moi : c'est ta libido qui est devenue autre chose aussi !!


Je suppose que je dois remercier la baleine pour l'avoir rendu aussi performant. Non pas qu'il était nul, mais j'ai bien compris qu'il a été rodé. Ce n'est pas pour me plaindre au contraire, juste qu’en ce moment ça me lasse de jouer au lapin à tout moment et avec quelle énergie !


Armel : c'est toi, je te dis (me palpant les fesses) c'est sorti ici (les claquant) et ça me rend fou. Regarde, je me suis tatoué ton prénom.


Moi (me redressant d'un bond) : tu as fait quoi ?? 


Il enlève son polo qui dévoile un incroyable tatouage avec une jolie écriture, j’avoue sur la partie où le cœur est censé se situer. 


Moi abasourdie : mais pourquoi t'as fait ça ?


Armel : je t'aime, c'est pourquoi.


Je le regarde sans trop savoir quoi dire. En fait ça me fait toujours bizarre de l'entendre me dire qu'il m'aime et de lire dans ses yeux que c'est pour de vrai. Je ne sais pas, c'est bizarre, c'est tout.


Armel soupirant : tu recommences à faire ta grimace.


Moi me recouchant : laisse-moi le temps de m'y habituer.


Il s'allonge à nouveau sur moi, la tête sur ma poitrine.


Moi ironique : ça va à l'aise ?


Armel : non attends.


Il se saisit d'un sein et roule le bout entre les doigts.


Armel : maintenant, je suis bien.


Je soupire seulement.


Armel : mi amor


Moi : mmh


Armel : tu sens le sperme.


Moi : on se demande pourquoi.


Armel se relevant : ok, viens-je te lave moi-même.


Moi : c’est gentil à toi, mais non merci. On sait tous les deux comment ça va se terminer.


Il me regarde avec un sourire en coin. 


Moi le fusillant du regard : n'y penses même pas !


Armel riant : je n'ai encore rien dit.


Il a rit pendant quelques secondes devant ma mine boudeuse avant de se calmer.


Armel : je te fais couler un bain ? 


Moi : ok.


Il repose sa tête sur mon sein et on reste ainsi un moment sans parler. Je commence même à somnoler avant de l'entendre à nouveau.


Armel : mi amor, pourquoi tu m'appelles plus Mel ou Sé ?


Je plisse les yeux et le regarde en cherchant une réponse. 


Armel impatient : hmm ??


Moi : je ne sais pas, peut-être parce que j'ai perdu la flamme.


Armel levant le sourcil : tu m'aimes plus ? 


Moi : je n'ai rien dit de tel ! 


Armel : mais qu'est-ce que ça signifie entre guillemets j'ai perdu la flamme ?


Moi : rien, Armel laisse-moi dormir !!


Il m’a regardé pendant 20 secondes environ d’un air vexé avant de hocher la tête et se lève pour se rendre je ne sais où. Je me suis emmitouflée dans le drap en soupirant d'aise. Je sais que je viens de créer un malaise, mais au moins je suis tranquille pour un moment. On va régler ça plus tard.


J'ai donc fait un gros roupillon, à mon réveil, il était 16 h. Carrément ! J'inspecte l'appartement, parce que oui, monsieur a pris un appartement d'une chambre un salon qui cohabite avec une salle à manger, cuisine salle de bain pour douze jours à Saly, une ville près de Dakar. Il a insisté sur le fait que nous ne soyons aucunement dérangés à commencer par nos téléphones portables qu'il a laissé à Lomé. Du moins, je suppose parce que j’ai fouillé la chambre de fond en comble sans retrouver leur trace. Étonnement ça me fait un bien fou de passer des journées sans Smartphone. Enfin, je dois avouer que la première journée a été difficile, il m’a manqué grave. Mais là, je redécouvre le plaisir de laisser mes pensées vagabonder et ça m’enchante de pouvoir jouir de mes congés sans anicroches.  


Je ne retrouve Mel???? nulle part dans le logis. Je trace sous la douche où je remarque qu’il m’a quand même coulé le bain. Bon, c’est comme ça depuis qu’il a confessé son incartade. Il est au petit soin malgré mon humeur chiante. Rien à voir avec cette histoire, tout me fait juste chier. Que ce soit avec lui ou mes parents je n’ai plus la force de revendiquer quoi que ce soit, de me batailler. Toute ma vie, je l’ai fait, sans répit, sans aucun répit. Là, c’est bon quoi ! J’ai décidé de prendre les choses comme elles viennent et les accepter tels qu’ils sont, et mieux je me porterai. Je me brosse les dents et prends une longue douche froide. C’est en arrivant ici que j’ai compris pourquoi il a choisi cette destination. Le temps est cro cro sexy, ensoleillé 8 h par jour, loin du froid de canard qu’il fait à Lomé ! La veine des veines.

 Au sortir de la douche, je fais l’effort de bien choisir ma robe. J’ai pris un truc simple, mais trop sexy. Ensuite j’ai mis du temps à me maquiller, ma Brésilienne relookée, mission pardon activé lol. Je mets un gilet extra-long pour garder l’effet de surprise et sors de la chambre pour prolonger le salon jusqu’à la cuisine. Sur place, je trouve une table de rêve avec les merveilles du Sénégal. Le mec, il connaît les bonnes choses ! Je prends place à table avec un large sourire niché sur mes lèvres. Je passe mon regard entre les mets incapable de faire un choix. Je me suis servie un peu de riz au yassa de poulet, puis j'ai vu que le thiéboudienne me bipait. Je lui ai trouvé une place sur le côté et le couscous de mil avec ses boulettes de viande de l’autre. Une portion de frites, une cuillerée à soupe de mayonnaise et une grosse carpe au juste-milieu ; du jus de bissap au gingembre et à la menthe pour faire descendre tout ça, sans oublier le petit verre de vin comme apéro. J'ai fait deux tours parce qu’il faut le dire, l'appétit est au beau fixe. On se demande pourquoi ! 


Le dessert, du riz au lait caramélisé, c'est devant la télé que je me pose pour le manger. J'ai capté la TVT en pensant à ma famille. Nous sommes le 24 décembre et je me demande comment ils vont s'en sortir demain sans moi. C’est ma première fois de passer les fêtes loin d’eux en fait. J’ai pris toutes les dispositions nécessaires pour que mon absence ne se fasse pas ressentir, mais j’ai le cœur lourd. Pour être totalement honnête, c’est moi qui suis en manque d’eux, Junior encore plus que tout le monde. Son bruit me manque, ses bisous baveux. (Soupir) Je me retourne lorsque j’entends le clic clac de la clé dans la serrure. Armel entre, un sac de voyage accroché à l'épaule. Je dépose le dessert sur la table basse et vais à son encontre.


Moi : t'étais où ?


Je me mets à sa hauteur pour lui faire la bise, il me met un vent que j'encaisse en affichant mon plus beau sourire.


Armel me dépassant : bonsoir,


Moi le suivant : je t'ai posé une question Mel.


Il me jette un coup d'œil (rire) et poursuit son chemin.


Armel : sorti ! 


Moi : oui où Sé ? 


Là, il y a un sourire qui s’est dessiné sur ses lèvres qu’il s’est empressé d’effacer. Ce qui m'a fait sourire.


Armel : ne pense pas que tu vas t'en tirer aussi facilement. 


Il prend place sur le canapé et je vais m'asseoir sur ses cuisses avant d'enrouler mon bras autour de son cou pour lui faire un smack inactif.


Moi sans transition : je n'avais pas dit cela pour te vexer.


Armel : et qu'est-ce que tu as dit exactement ?


Moi baissant le regard : que j'ai perdu la flamme. 


Armel : qu'est-ce que c'est supposé vouloir dire ? 


Moi pesant mes mots : dans mon dictionnaire à moi, ça veut dire que c'est devenu une habitude pour moi de t'aimer, de te chérir, t'attribuer des surnoms. Maintenant, c'est ton tour.


Armel : ça, je l'ai toujours fait !


Moi : exclusivement non !


Armel : weh j'avoue, mais j'ai besoin de ta flamme pour m'enhardir. La même flamme qui a entretenu notre relation jusque-là. Tu ne vas pas me lâcher maintenant que nous sommes si prêt du but.


Moi soupirant : je n'ai jamais dit que je te lâchais.


Armel : tu agis tout comme ! T'es plus la même depuis mon aveu, t'es froide, distante, désintéressée. Je t'ai amené ici pour qu'on se relaxe, qu'on prenne du recul pour mieux avancer. Repartir d'un bon pied et je fais tout pour que ça soit le cas, mais c'est à peine si je ne t'ai pas amené en prison. Tu ne veux rien faire, tu passes ton temps au lit. Tout ce que je dis où te proposes t'agace (il me regarde les sourcils froncés) et maintenant pourquoi tu pleures ?


Moi en pleurs : je suis désolée, je te jure que ce n’est pas fait exprès.


Il me dévisage un moment d'un air déboussolé et finit par soupirer.


Armel : peut-être que je devrais te laisser digérer cette histoire, je comprends qu'il te faut du temps pour guérir de tes blessures. 


Moi : snif je veux être avec toi Mel


Armel : je le veux aussi, plus que tout. Mais vois-tu ? J'ai besoin que tu sois avec moi Deborah, à 100 %. 


Moi hochant la tête : à 200 % 


Armel : tu vois la bourse a chuté. Avant, c'était 1000 % ! 


Moi : cette fois, on le fera monter ensemble. 


Il me regarde, soupire et se passe la main sur la tête.


Armel : marché conclu


On se regarde près d'une minute dans le fond des yeux.


Armel : tu as le droit de te sentir blessé et je ne m'attends pas à ce que tu me pardonnes où que tu laisses couler de si tôt, je veux simplement que tu fasses un effort.


Moi remuant la tête : je ne t'en veux pas. Bon, comme je te l’ai dit l’autre fois, je suis plus vexé par la tournure des choses que les faits en soi. Par contre, je ne vais pas te cacher que désormais, je suis parée à toutes les éventualités.


Armel voix cassée : dis pas ça, j’ai promis.


Moi : je m’en tiens à ta promesse, mais n’empêche que je suis prudente.


Armel : je vais rectifier le tir.


Moi coupant court : ok.


Armel me fixant : arrête de pleurer, nous ne sommes pas venus à des funérailles ici.


J'éclate de rire et ris un moment. Il essuie mes larmes et me fait un bisou sur le front. Je le regarde ensuite.


Moi : tu as changé.


Armel haussant les sourcils : en quoi est-ce que j'ai changé ?


Moi : en tout, tu as mûri, tu as gagné en maturité. 


Armel haussant l'épaule : je n’ai pas remarqué. Dis-moi, tu as tes raves ?


Moi : non pourquoi tu demandes ? 


Armel : je n’ai pas compris pourquoi tu chialais toute à l'heure, t'es enceinte ? 


Moi : mais non ! Tu as quoi avec ça ? Tu veux que je tombe enceinte ?


Armel : ça sera pas mal pour te sécuriser.


Moi : lol, je pense me faire poser un stérilet.


Armel (me fixant d'un air menaçant) : n'y penses même pas ! 


Moi : on n’est pas prêt pour avoir un bébé Sé.


Armel : je le suis. Enfin j'apprends à le faire avec Kékéli.


Moi amusée : ce sera le cadeau que je te ferai à tes 25 ans.


Armel : je veux maintenant.


Il joint l'acte à la parole en baladant sa main sur mon corps et en parsemant mon cou de bisous. Le gilet finit quelque part sur le carreau. Il prend le temps de me détailler du regard. 


Moi : tu aimes ?


Armel : tu comptais te rendre où habiller comme ça ?


Moi : nulle part, je me suis habillée rien que pour mon babe. C'est quand même la veille de Noël. Mais attends ! (prenant place sur le canapé) Il nous reste plus qu'une semaine et quelques jours de vacances, on va quand à Lagos et à Mada ?


Armel : rhoo Debbie je suis sur un programme. Ma priorité en ce moment, c'est de constituer le patrimoine de mes futurs gosses. Tout le monde s'attend à ce que je sois un père irresponsable, je ne vais pas leur donner raison. 


Moi : tu seras un très trop bon papa, il suffit de voir comment tu prends soin de tes neveux.


Armel : arrête de me faire les yeux doux, on n'a même pas fini de visiter Dakar. 


Je croise les mains sous ma poitrine en boudant. Il me laisse dans mon coin et s'en va dans la cuisine pour revenir avec un plat dans la main. J'arrête de bouder toute seule (rire) et vais faire une salade de fruits qu'on mange entrelacé en bavardant. 


Armel : dis-moi pourquoi t'as menti.


Je hausse les sourcils d'incompréhension en le regardant.


Armel : lorsqu'à 10 ans, on a essayé de passer aux choses sérieuses, et même que c'est toi qui m'as incité à le faire pour avoir vu tes parents faire. On s'était mal pris et tu t'es retrouvé par terre et blessée par la même occasion.


Moi : lol tu es décidé à faire un récapitulatif de notre enfance aujourd’hui.


Armel haussant l’épaule : j’ai beaucoup pensé à nous ces derniers jours, de notre relation en général. Maintenant dis-moi pourquoi t'as menti à ton père.


Moi : j'ai dit là vérité, c'est lui qui a tourné l'histoire en son avantage après m'avoir bien battu.


Armel : le mien aussi ne m'a pas raté, et même qu'il m'a foutu au prytanée après. (souriant) Tu as pleuré tes aïeux le jour de mon départ.


Moi : et tu es revenu deux ans plus tard plus récalcitrant que jamais et très tranchant.


Armel : bah, tu veux quoi ? J'ai été initié par une enseignante.


Je le regarde subitement.


Armel le regard dans le vide : je n’en ai jamais parlé à personne. Pendant deux ans et demi elle me faisait faire des trucs...


Il s'interrompt et se lève.


Armel : tu viens ? Il faut qu’on se plonge dans l'esprit de Noël.


Moi le suivant : anh anh tu me dis tout ce qui s'est passé, cette enseignante elle est toujours là-bas ? Elle a peut-être continué avec d'autres enfants.


Armel : laisse tomber s'il te plaît, c'est de l'histoire ancienne et je n'étais pas un enfant de cœur non plus.


Moi : tu ne penses pas qu'il est peut-être grand temps que tu arrêtes de tout mettre sur ton dos, de subir en silence, de vouloir sauver le monde si toutefois, tu arrives à sauver quelque chose ! Que tu laisses chacun assumer ses erreurs ?


Armel : on parle toujours de la même chose.là ?


Moi : tu sais bien que non !


Armel : lol bien essayé (prenant le sac de voyage) on a pas mal de choses à faire, il faut qu'on décore le sapin.


Moi (regardant autour de moi) : quel sapin ?


Armel avec un mouvement de tête : suis moi.


On passe par la cuisine où il ouvre une porte qui donne sur une véranda. Et là je découvre le plus grand sapin qu'il m'ait donné de voir. J'ai ouvert grand mes yeux comme si je venais de découvrir un nouveau monde. J'étais dans le coma ma parole !


Armel : ne fais pas cette tête, il fallait juste sortir de la chambre.


Moi voix coquine : faire quoi dehors si j'ai tout ce qu'il me faut dans la chambre ?  


Armel sourire en coin : peut-être qu'on devrait y rester finalement.


Moi : oh non après après.


Armel : rire* vos désirs sont des ordres madame.


Il ouvre le sac et sort les décorations. On s'y met à cœur joie, on passe un moment très plaisant même. Lorsqu'il a allumé les guirlandes, c'était magique, franchement le plus beau sapin que j'ai jamais vu et c'est nous qui l'avons fait ! (sourire de fierté) Nous avons fait de magnifiques photos à l'aide d'un appareil numérique et nous sommes retournés nous allonger dans le canapé toujours enlacé avec le split à fond. J'ai mis mon pouce dans ma bouche pendant qu'il me faisait des papouilles. Il est, je pense 23 h.


Armel : ne dors pas, on doit assister au direct du pape.


Je relève ma tête et le regarde  perplexe.


Moi : tu veux assister à la messe ? (m'asseyant en claquant mes doigts) Qui êtes-vous ? Qu'avez-vous fait de mon namour ?


Armel : sourire* ça va commencer. 


Il était super concentré en plus. Le truc, c'est que dans ma famille, on met les pieds à l'église que le 24 et le 31 décembre (ne me regardez pas avec vos gros yeux  nous avons sûrement des collègues ici) mais Mel et l'église ça fait 2, quand je dis 2, c'est II genre le chiffre romain. Bref, je me suis endormie après quelques minutes seulement. Un peu normal, pas de chant ni ne danse, pas de motivation pour tout dire. (de m'excuser). 


Je me réveille dans le lit et bien au chaud, je souris. Un amour ce mec. J'ôte mon doigt de la bouche et ouvre complètement mes yeux en m'étirant. Je l'ai vu assis sur un sofa pas loin du lit l'air pensif. Je m'approche et l'enlace le cou.


Moi : bonjour Mel, joyeux Noël.


Armel ton neutre : bonjour joyeux Noël


Je le regarde. 


Moi : qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette.


Armel (tapotant la place vide sur le sofa le ton tendu) : viens assois-toi.


Je contourne le sofa et prends place arborant une miline d'inquiétude le cœur battant.


Moi : Sé tu me fais peur, dis moi ce qu'il se passe.


Il sort son bras de sa cachette et je peux voir mon téléphone dans sa main. Je lève le sourcil.


Moi : je pensais que c'était resté à Lomé ?


Il ne répond pas, il le met face à moi et je me rends compte qu'il a lancé un appel vidéo, mais l'image est flou. Des secondes plus tard, toute ma famille apparaît derrière l'écran et crie Joyeux Noël en chœur. J'ai lâché un sanglot sans savoir.


Caroline (regardant dada) : mais pourquoi elle pleure ?


Moi : vous m'avez manqué.


Noémie : en tout cas, tu ne nous manques pas. Si tu peux même rester là-bas. Pour une fois, que tu n'es pas là pour nous empêcher d'ouvrir nos cadeaux la veille


Caroline : à moi, si ! Elle me manque. C'est nul Noël sans elle.


Sophie : c'est clair !


Dada : mais laissez-moi parler aussi


Noémie : ce n'est pas ce que tu fais là ?


Dada la toise et je souris. Armel s'est levé pour nous laisser entre nous.


Moi me calmant : joyeux Noël mes amours, c'est aussi nul mon Noël sans vous.


Noémie : tu bluffes ! Moi, j'aurais aimé être à ta place. 


Junior : daga moi vient


Moi : oh mon bébé comment tu vas ?


Junior me montrant quelque chose : chava, cadeau de moi.


Caroline : on dit mon cadeau.


Moi : donc vous avez ouvert vos cadeaux hier nuit hein ?


Noémie (bousculant la tête de Sophie) : cette chipie s'en est opposée catégoriquement.


Moi : heureusement que je peux compter sur elle inh, parce que la grande sœur vraiment.


Sophie esquisse un large sourire et Noémie la regarde de travers.


Moi : et qu'est-ce que papa noël vous a apporté ? 


Sophie/Caroline : une tablette


Caroline me montrant la sienne : éducatif


Sophie : moi, j'ai exactement la même que Marianne, trop chouette


Je fronce les sourcils, je n’ai jamais acheté de tablette. Junior tiens un lecteur Mp3 et Noémie ramène son casque puis m'explique que c’est un baladeur musical éducatif avec une compilation de mots, d'alphabet, de chant bref tout ce qu'il faut pour délier sa langue. Elle par contre avait des paires de basket et un ensemble pull et jogging Nike. J'étais larguée parce que moi, je n'ai rien payé de tel et dans tout ça moi mes cadeaux que j'ai pris à la quinzaine; essentiellement des fringues, des jouets et des poupées ont été relégués au second plan.

 Sympa ! 


C'est ma mère qui m'informe que le père Noël est passé derrière moi et lui a offert à elle deux pagnes : un wax hollandais et un super wax. C'est parti pour les bénédictions pendant quinze bonnes minutes, il a fallu que ses enfants viennent lui arracher le téléphone de l'oreille. J'ai écouté chacun se plaindre de chacun, prendre la liste des cadeaux, Noémie et sa mère qui veulent des bazins. (des !) Et d'un coup, j'ai aimé le calme de ces trois derniers jours. J'ai fini par raccrocher en leur servant une excuse bidon puis je suis parti à la recherche du père Noël que je retrouve qui s'est enfermé dans la salle de bain. 


Moi toquant : Sé sors vite, tu as des comptes à me rendre ! Et pourquoi même, tu t'enfermes !?


Armel : Debbie, c'est Noël.


Moi : mais tu n'avais pas à faire ça, tu as dû claquer une fortune.


Armel : de mon argent


Moi : le patrimoine de mes enfants


Armel ton rieur : ce sont leurs aînés.


Moi : oncles, tantes et mémé ! C’est à eux de les gâter pas l’inverse.


Armel : bah au moment opportun


Moi levant les yeux au ciel : bah, au moment opportun, ouvre-moi cette porte !


Il le fait après cinq minutes environ après que j'ai menacé de défoncer la porte. Je fronce la mine devant le spectacle qui s'offre à moi.


Armel : le bain de madame est prêt.


Moi dépassée : Elli qu'est ce que tu as encore fabriqué ?


Armel souriant fièrement : un jacuzzi flottant, faut que tu reprennes des forces.


Je n'ai rien dit tellement que j'étais dépassée. Il m'a déshabillé lui-même et m'a plongée dedans, rhololo qu'est ce que ça fait du bien ! Ma foufoune en avait grave besoin. 


Moi : je bénis ta vie Selom, je bénis tes parents de t'avoir accouché en face de ma maison.


Armel : rire* ne rentre pas déjà en transe, la journée ne fait que commencer.


Moi : la mienne est déjà gagnée, je n'attends plus rien de la vie.


Il s'esclaffe jusqu'à ce que je l'invite à me rejoindre. On profite pendant un long moment de l'effet apaisant avant que ça ne vire dans les cinquante nuances de Gray. Il attend lorsque ça devient vraiment chaud pour tout arrêté.


Moi dans les vapes : quoi quoi ?


Armel : t'a toujours mal si ?


Moi : on s'en fout si j'ai mal ou pas. La vie fait mal, mais c'est dans ça qu'on trouve notre bonheur.


Armel : lol pas besoin de philosopher.


On prend notre petit-déjeuner là dans le jacuzzi, à 13 h, il commande un déjeuner Thaï qu'on mange à la véranda. C'est après qu'on s'échange nos cadeaux pour se rendre compte qu'on avait eu les mêmes idées de cadeaux. Hilarant ! De la sape de la tête aux pieds le tout de la nouvelle collection Gilles Touré passant par les parties intimes et les accessoires qui vont avec. Bon, il faut dire qu'on passe notre temps à recenser les pépites que regorge mama Africa.


Moi : tu as espionné mes pensées.


Armel : entre toi et moi qui prend l'avion la nuit ? 


Moi le poursuivant : attends que la sorcière t'enfourche son balai dans le cul.


Nous nous sommes lancés dans une course-poursuite en riant. Des gamins que nous sommes. J'ai mis fin à un moment donné et on s'est posé sur le canapé pour appeler les siens. Il a parlé à ses frères et je l'ai fait avec sa mère Tina et Marianne. Nul besoin de vous dire que le torchon brûle entre père et fils depuis le baptême. Le type se braque, il n'en fait même pas allusion ce n'est pas faute d'avoir essayé de lui soutirer des verres du nez. En réalité, je sais ce qu'il en est, mais mon cerveau refuse simplement d'y croire. Son fils est déjà passé par là alors pourquoi essayer de.... Enfin bref, je refuse même de le penser parce que c'est juste impensable. Je l'écoute se chamailler avec sa mère justement à ce propos. Il finit par raccrocher fou de rage. 


Armel : tout ça, c’est de ta faute !


Moi : ah qu’est-ce que moi, j’ai à voir avec les histoires de ton père ?


Armel : elle n’en saurait rien si tu ne lui avais pas mis la puce à l’oreille.


Moi : comment pouvais-je deviner qu’elle épiait notre discussion ?


Il se passe la main dans les cheveux en soupirant bruyamment. J'attends qu'il se calme pour lui soumettre le fond de pensée. 


Moi : mais pourquoi tu ne lui dis pas tout simplement ce qu'elle veut savoir ?


Armel : parce que ! (soupir) Ça va la détruire. 


Moi : excuse-moi, mais son foyer s’écroule déjà tout seul sans ton aide. 


Armel : soupir*


Moi : Sé, ton père, est allé loin cette fois et tu es d'accord avec moi sur le fait qu'il y a longtemps que leur couple n'en est plus un. Mieux vaut arrêter cette mascarade. 


Armel (se passant la main sur le visage) : ce n'est pas à moi de lui dire quoi que soit et puis si elle arrêtait de s'occuper de la vie et des couples de ses fils plus que du sien elle allait ouvrir ses yeux sur la réalité. 


Il se tait pendant plusieurs minutes au cours desquelles je ne dis rien non plus.


Armel : dans le fond, je n'ai pas envie de la perdre, une deuxième fois. Parce qu'à coup sûr, ce sera le cas si elle apprend tout ce qui se passe et cette fois ça sera un point de non-retour. 


Moi lui pressant l'épaule : bébé, je suis de tout cœur avec toi. Quoi qu'il se passe, quoi qu'il arrive, on surmontera ça ensemble.


Armel sourire jaune : merci


Bien évidemment, l'appel ajouté à la discussion a jeté un froid sur le reste de la journée. C'est pourquoi pendant les quatre jours qui ont suivi, j'ai pris les rênes pour nous faire enchaîner balades, sorties, visites. D’abord sur la petite côte en sillonnant les restaurants, le parcours de golf et un marché artisanal. Balade qui s’est terminée par un trip à bord d'un voilier le long de la côte ouest pour échouer sur les îles de la madeleine. Après un pic-nic et des promenades sur les sables blanches, nous avons mis le cap sur le lac rose et de là nous sommes partis sur l’île de Gorée. Nous sommes rentrés pour le réveillon du nouvel an après une escale sur le front de mer de Saly pour acheter des poissons et des fruits de mer. Je me suis mise aux fourneaux pour nous préparer des mets typiquement togolais avec des desserts américains comme l’aurait fait sa mère puis à minuit nous sommes partis assister au feu d'artifice à la place de l’indépendance. Après des je t'aime en se regardant dans les yeux, nous avons échangé un long baiser puis la bonne année. Cap sur une paroisse. Ah, c'est ça qui est là ohh !! Au retour, on a dormi (oui, c'est ça !) jusqu'au matin. Après un tendre réveil, on est resté à lézarder dans le lit, plongés dans nos pensées. Je ne sais pas pour lui, mais moi, je n'ai plus du tout envie de rentrer. 


Armel brisant le silence : ça m'ennuie qu'on doive rentrer.


Moi : on n'est pas obligé si ?


Armel : lol ma mère débarquerait  à la minute pour nous faire déguerpir.


Moi amusée : encore elle-même.


Il sourit et je rigole puis il y a un flottement.


Armel reprenant : il y a mon boss au port qui m'a proposé de revenir, j'ai accepté. 


Moi : ah Ouais ? Super ! L'année promet de belles choses.


Armel : wep et des résolutions s'imposent.


Je penche la tête et le regarde et lui aussi.


Armel : nous sommes bien d’accord que le changement doit venir de moi (je fais oui de la tête) et je réitère ma promesse, mais toi change rien. Bon à part ton rythme de travail.


Moi : je travaille sur ça.


Armel : ok ça marche. Par contre, j'en ai ras-le-bol que tout le monde se donne le droit de se mêler de ma vie, de mon couple plus précisément ma mère et son alter égo. 


Moi : lol, elles œuvrent pour ta cause !


Armel : m'en fous ! Le couple, c'est nous deux et je suis capable de régler mes problèmes moi-même. D'ailleurs, nous avons toujours fonctionné ainsi et je préfère de loin cette époque de nos vies. Depuis que ma mère sait pour nous deux, elle veut avoir son mot à dire comme elle en a l'habitude avec Bradley. Moi, je dis non. Tu me connais assez pour savoir que j'aime trop la  discrétion et j'aurais souhaité que ça soit dorénavant le cas. 


Moi le chahutant : hum hum ça sent l'arnaque. Ça peut être aussi une occasion de faire des coups en douce ni vu ni connu. 


Armel : parce que tu comptes faire des coups en douce ?


Moi : weh, c'est ça. Vesqui. 


Il rit.


Armel : c’est tout pour moi, maintenant, je t'écoute.


Je le regarde perdue.


Armel : quelles sont tes attentes, qu’est-ce que tu espères pour cette année ?


Moi haussant l'épaule : rien de plus que d'être là reine de ton royaume, la seule et l'unique déjà. 


Armel sourire contrit : touché !


Moi : je ne veux tellement pas connaître un autre homme à part toi.


Armel renfrognant la mine : lui, je vais le niquer.


Moi riant : c'est toi le maître du jeu, tu détiens toutes les cartes en mains.


Armel : mdr Deborah, si je suis le maître du jeu alors toi, tu es la grande-maitresse !


Moi plissant les yeux : de quoi parles-tu ?


Armel : fais bien l'innocente, fait ! 


Moi : sourire * je ne sais vraiment pas de quoi tu parles, rire* sérieusement. 


Armel froissant les sourcils : et qu'est-ce qui te fait marrer ?


Moi : ta bouille krkrkr, je n'ai rien fait à part protéger mon terrain. 


Armel : ça vient, tu y es presque.


Moi : on a plus que deux jours à faire ici ça me saoule.


Armel Soupirant : tu l'as dit (me regardant subitement) weh très futée ta manière d'esquiver la discussion. 


Moi bloquant le rire : et maintenant on sera tous les deux à travailler et à étudier à la fois. Cela va sans dire qu'une fois qu'on franchira les battants du terminal de l'aéroport Gnassingbé Eyadema, on aura plus le temps pour nous. Il faut dès lors qu'on optimise les deux jours restants.


Armel se pinçant la lèvre : je présume que tu as déjà une idée en tête si ?


Moi (lui lançant un regard libidineux) : on ne peut rien te cacher toi.


Armel : lol dis toujours.


Moi : à toi l'honneur, je ferai tout ce que tu voudras. Dis-moi juste ce que je peux faire pour te faire plaisir. 


Armel : je parie que tu le sais déjà !


Moi montant sur lui : c'est la nouvelle année, l'occasion parfaite pour innover.


Il pince sa lèvre inférieure et sourit dans le coin des lèvres en me regardant amoureusement. (la précision est importante.) Du coup, on ne sait toujours pas c'est qui le maître du jeu. En tout cas ça ne m'intéresse pas de savoir.


Armel : soy tuyo mi corazón, tuyo de por vida.


Là, c'est fort !!!! Rideau s'il vous plaît !!



Cassidy......


Godwin s'écriant : heureuse année la grande !!!!


Moi amusée : mais dis donc qu'est ce qui te rend si heureux ?


Maman en fond sonore : le combo Martini, foufou, vin.


Godwin tourne la caméra vers elle. 


Moi : la base ! Seigneur qui m'envoie ça ici ?


Godwin : attends que je t'envoie les tofs.


Moi faisant la moue : gardez vos choses ! 


Il pouffe de rire pendant que maman rigole doucement. Le reste de la fraterie vient s'aligner derrière en faisant des grimaces.


Anani : da-Cassie envoie moi juste un billet d'avion et je t'apporte ça.


Jordan : gagaga qui va laisser un sans papier comme toi monter dans son avion ??


Anani le ton boudeur : papa a lancé le processus afin qu'on m'établisse un acte de naissance.


Moi : il était temps !


Abdoul : ça veut dire que l'État togolais n'a aucune idée de ton existence, à 17 ans ! Awoo pitié. 


Anani : toi, je vais t'arracher tes dents de scie, bâtard là.


Il se met à le poursuivre.


Maman maugréant : pas ce langage dans ma maison.


Moi : il est où papa !?


Godwin : le vin a eu raison de lui.


Moi : déjà ? Il n'est même pas encore 12 h.


Godwin : qu'est-ce que tu veux ? Il n'a plus les poumons solides.


Maman : ne parle pas de mon mari, il est plus jeune que vous cinq réuni.


Nous : mdr


Godwin : nan, mais ce qu'il faut à papa, c'est une petite minette pour lui redonner sa jeunesse. 


Maman : tu ne veux pas non plus lui faire boire l'eau de la fontaine de jouvence ? Tchuipp'ss !!! Essaie seulement, on t'a dit que je suis vieille moi !? J'ai 58 ans cette année et j'ai encore les reins solides.


Godwin : la vieille, je parle des fraichininis avec les seins pointus tout droit sorties du lycée. La petite sœur de Serge fera bien l'affaire.


Maman (le menaçant avec une spatule) : vas là-bas avec tes idées démoniaques ! Tu vas lui chercher une minette, tu vas lui chercher une minette !!! Tu n'es pas un homme toi ? Avec ta tête, on dirait ma jarre d'eau. Les jeunes de ton âge au village ont femme et enfants et cherchent à en rajouter, toi c'est mangé ma pâte matin midi soir que tu connais. 


Moi : krkrkr


Godwin riant : maman Cassie, c'est parce que je veux une femme qui te ressemble. 


Maman : il veut même les bonnes choses, passe moi ma fille ici ! 


Il tend sa main secoué de rire pour couper la vidéo avant de lui passer le téléphone.


Moi : mais maman pourquoi tu le grondes ? Il n'a pas tort, papa n'est plus tout jeune....


Maman m'interrompant : est-ce qu'il vous a demandé quelque chose ? Regarde Cassie ne t'y met pas toi aussi. Essayez, essayez de trouver une minette comme il le dit à votre père. Je prends simplement mes sachets bleus pour m'en aller. 


Moi me retenant de rire : t'en aller où ? C'est maintenant que tu t'en iras après avoir supporté l'insupportable toutes ces années.


Maman : oui oui, je l'ai fait à cause de toi ! J'ai supporté tous les rabaissements du monde pour pouvoir t'offrir un foyer, te faire grandir avec père et mère pour ton équilibre.  


Moi : maman laisse ça, avoue-le une bonne fois que tu aimes papa, que tu ne pouvais pas supporter de vivre sans lui. 


Maman : tu as la chance qu'il y a le téléphone entre nous, la gifle que je t'aurais flanqué hmm.


Moi pliée de rire : heureuse année maman 


Maman : heureuse année ma chérie, mes meilleurs vœux. Ça va ? Comment se passe la fête chez toi ?


Moi : ça va, je suis là (mentant) nous avons prévu faire une petite fête avec la communauté togolaise d'ici.


Maman : tu les connais bien !? Sois prudente, ne va pas te lier d'amitié avec n'importe qui n'importe comment. L'homme est un loup pour l'homme.


Moi (sentant les larmes me monter) : d'accord maman, je vous rappelle plus tard. Enfin faites-moi signe lorsque papa sera réveillé.


Maman : Cassie il y a quelque chose que tu ne me dis pas. Je le sais, je le sens et j'ai encore fait le même rêve cette nuit. 


Moi discrète : ça va...


Maman : tu peux toujours revenir, tu sais ? Je n'ai pas touché un franc de l'argent que tu m'as donné. Tu pourras t'en servir pour ouvrir ton commerce ou tout ce que tu voudras. Ma fille ton père et moi, nous ne croulons pas sous l'or, mais tu n’as jamais manqué de rien. 


Moi : maman, je ne peux pas, Georges....


Maman : c'est à cause de lui que tu es partie ? Qu'il allait te faire quoi ? Tu n'es pas la première femme à quitter son mari et tu ne seras pas la dernière. Georges, c'est toi qui l'as choisi pour des raisons données. Si aujourd'hui, tu ne veux plus de lui, tu en as sûrement d'autres. Personne ne peut te contraindre à rester avec lui, même pas lui-même. Ton père et moi souhaitions te voir dans un foyer, mais ton bonheur nous importe le plus. Cassie là où tu es mon cœur ne l'accepte pas, rentre ma fille. Peu importe la somme que tu as dépensée pour que ce voyage soit effectif, rentres ! Nous saurons nous débrouiller comme nous l'avons toujours fait. 


J'ouvre ma bouche pour parler, mais aucun son ne sort. Rien que mes pleurs en silence. Je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas comment lui dire que je ne suis même pas encore arrivée à destination. Ça fait deux semaines que nous sommes bloquées à Addis-Abeba dans un hôtel miteux dépourvues de nos passeports. Nous sommes cinq jeunes femmes, je suis l'avant-dernière à arriver. La plupart sont là depuis un mois et nous attendons tous un soit disant boss qui doit donner le feu vert pour que nous puissions poursuivre le voyage. Il serait en ce moment en vacances et c'est prévu qu'il arrive dans deux jours. C'est le message que m'a envoyé l'agent à Lomé avant de me bloquer de partout.


Maman poursuivant : tu n'es pas obligée de vivre avec nous, tu peux louer. Ce sera toujours mieux que de te savoir en terre inconnue.


Moi balbutiant : maman, on me cherche.


Maman : d'accord, rappelle ohh.


Moi : hum.


Je raccroche et me couche pour pleurer un bon coup. Je me redresse pour essuyer les larmes lorsque j'entends quelqu'un toquer à la porte puis Hamdiya, une fille du convoi entre et referme la porte derrière elle. 


Hamdi : tata Cassidy qu'est ce que tu fais ?


Elle c'est la plus jeune parmi nous. Elle vient du nord du Bénin. 19 ans, mère d'une fille de neuf mois qu'elle a eue avec un chrétien. Ses parents, n'approuvant pas leur union, ont donné l'enfant à son père avant de décider de son expatriation. Un moyen pour eux de l'éloigner du jeune et de rapporter des sous pour s'occuper de ses dix-sept autres frères et sœurs par ricochet. Il y a ensuite une Dado, 39 ans qui s'y rend avec l'accord de son mari dans l'espoir d'améliorer les conditions de vie du couple et celles de leurs quatre enfants. Le reste comme moi est à la recherche du bonheur. Hamdi vient se mettre debout face à moi et me dévisage.


Hamdi : tata, tu as pleuré. Encore !


Moi : c'est ma mère, elle me fait le coup à chaque fois.


Hamdi : elle doit beaucoup t'aimer.


Moi : je suis son tout, son œil droit.


Hamdi : à la bonheur !! J'ai une bonne nouvelle et une demi-bonne nouvelle à t'annoncer. 


Moi du tic au tac : on part enfin ?


Hamdi : non mais il paraît que le boss arrive demain. C'est Marietou qui a entendu Donatien le dire à Namane. (tous deux bras droit du fameux boss).


Moi intéressée : ils ont dit quoi d'autre ?


Hamdi : c'est tout ce que je sais pour le moment. (sourire énigmatique) La bonne nouvelle à présent !!


Moi : vas-y !


Hamdi : nous avons carte blanche pour manger et boire tout ce que nous voulons au restaurant comme à Noël. 


Moi souriant toutes mes dents dehors : c'est par là qu'il fallait commencer. 


Hamdi riant : j'étais sûre que tu retrouverais ton sourire après cette nouvelle. Aller viens, il y a pire dans la vie. 


Moi hochant la tête : je vais me changer rapidement.


Hamdi : tu vas encore faire baver plus d'un.


Moi : pardon, je vais mettre une robe marocaine, je n'aime pas la façon dont les gorilles du soit disant boss me reluquent. 


Hamdi : mais c'est normal, ils connaissent les bonnes choses. 


Je ris seulement et vais me rincer le visage. Pendant que je change Hamdi me raconte ses épopées qui me font rire à gorge déployée. Une boute-en-train cette fille. Elle a toujours le mot pour faire rire et remonter le moral. On sent l'innocence pure. Dommage qu'elle ait à subir ce genre de péripéties à son âge. Je me maquille sobrement puis nous rejoignons les autres au rez-de-chaussée. Comme je m'y attendais, les bras droit me dévisageaient comme une proie.


Moi les regardant mal : prenez une photo ça sera plus simple. 


Namane (caressant son menton la bouche entrouverte) : je préfère le live.


Moi le toisant : tchhrrrr.


Donatien s'écartant : après vous mes dames.


Je les toise et tchipe avant de suivre les autres. Pendant tout le trajet, ils n'ont de cesse de lancer des commentaires pervers sur chacune d'entre nous et vu que je n'ai pas ma langue en poche c'est vite partie en clash. Ne serait-ce l'intervention des filles qu'on en serait venu aux mains. Elles ont arbitré tout le temps que nous avons passé au restaurant qui se trouve à quelques rues de l'hôtel où nous sommes logées. 


On passe exactement deux heures au restaurant puis au lieu de nous ramener à l'hôtel, ils nous emmènent en visite dans la ville sous une surveillance rapprochée. C'est comme ça depuis que nous sommes là, tous nos faits et gestes sont surveillés. J'ai juste l'impression d'être une prisonnière. On passe quand même un bon après midi riche en découvertes. Le soir après un succulent repas, nous improvisons une soirée dansante avec moi comme DJ. Après trois shoot de vodka que j'ai bus cul-sec, j'étais déchaînée. Enfin, vous avez eu un aperçu de mon amour pour la danse. Le chaud s'étend sur une bonne partie de la nuit puis nous regagnons nos chambres. Cette nuit-là, je m'endors paisiblement et heureuse. À mon réveil, le cauchemar.






  


   

Le Maître du jeu-2