Les discussions

Write by Kossilate

Chapitre 23 : Les discussions


Le soir de mon premier jour de stage, je rentrai à la maison éreintée mais assez heureuse. Je n’arrivais toujours pas à croire à cette journée que je venais de passer. En acceptant  ce stage, je ne m’attendais certainement pas à ce que monsieur IKELE et mon idole soit la même et une personne. Après son départ, je voulus descendre chez Alexis prendre les manuscrits dont il m'avait parlé mais je fus interceptée par Margaret qui s'imposa pour me faire faire le tour du propriétaire. C’est ainsi que J'avais appris que le deuxième étage était consacré aux bureaux du boss, à son équipe proche, c’est-à-dire Margaret, un certain Lixandro qui était de sortir avec Monsieur IKELE et moi, du moins pendant la durée de mon stage. Il y avait aussi les bureaux des autres équipes chargées de la lecture des manuscrits à cet étage. Le premier étage était dédié aux corrections et à la mise en forme tandis que le rez-de-chaussée rassemblait les locaux des équipes artistiques et la salle des manuscrits déposés. À la fin du tour, Margaret m'abandonna à Alexis et me proposa de les rejoindre pour le déjeuner. Offre que je dû décliné lorsque je vis la quantité des manuscrits à lire pour le lendemain soir. La quantité des pages  à feuilleter effrayait la  boulimique littéraire que j'étais mais mon ego m'aida à ne pas m'effondrer. J'avais promis à mon boss qu'un travail impeccable et rigoureux pouvait être fait sans qu'il n'ait besoin de me hurler dessus ou de me traiter comme une sous fifre et mon orgueil m'interdisait de faillir à cette promesse.  Beaucoup pourrait penser qu'à ce moment de ma vie, j'étais un peu trop orgueilleuse, arrogante ou même irrespectueuse envers mon boss. À ces personnes la seule chose que j'ai envie de dire est ceci : « si réclamer du respect et être franc équivaut à être impolie alors sachez que je le suis jusqu'au bout des ongles. ». Monsieur IKELE m'avait donné l'occasion de parler et s'il y a une chose que je revendiquais depuis l'épisode du boudoir c'est le respect et la franchise. J'avais décidé en accord avec moi-même de ne plus laisser personne me marcher sur les pieds et de dire ce que je pensais si je le jugeais nécessaire. C'est parce que je m'étais tu que mon père avait continué à se saouler puis m'avais vendu. C'est parce que je n'étais tu que Madame K faisait de moi ce qu'elle voulait. Et si face à Rodrigue je m'étais encore tu, je n'aurais jamais connu ces étapes de ma vie. Je reconnais ne pas avoir forcement choisi la meilleure méthode pour parler à mon boss mais ne dit-on pas que l'homme se forge à force d'erreurs ? En ce qui concerne, mon comportement un tant soit peu exagéré par rapport à la référence à After, j’aimerais souligner que je ne me suis jamais prise pour une référence en critique littéraire loin de là. De plus ce n'est pas l'exemple en lui-même qui me chiffonnait mais plutôt celui qui l'utilisait. 


À la fin de ma journée, je passais récupérer Yelen à l'école. Son éternelle énergie m'empêcha de somnoler, de réfléchir ou même de plancher sur mes manuscrits. Ce ne fut donc que lorsque je l'eus couché, que je pus me consacrer à moi-même. Après avoir diné avec Mia dans une ambiance digne du grand nord, je m'enfermai dans ma chambre et ne me rendis compte de ce que je faisais qu’au moment où il répondit. 


-         Allo Phoebe….. 

 

-         Zay….Zayn…. 

 

-         Oui 

 

-         Je….tu….euh…., balbutai je sans aucune idée de ce que je voulais dire ou même entendre.  


Dire que je ne savais pas pourquoi j'appelais Zayn serait un mensonge que même un nourrisson ne pourrait croire. Depuis notre semblant de dispute dans le salon, il y avait deux jours, nous ne nous sommes pratiquement pas appeler. Je ne compte pas le nombre de fois où j'ai pris le téléphone, composer  le numéro de Zayn puis déposer le téléphone sans lancer l’appel en essayant de me convaincre qu'il avait besoin de temps pour prendre une décision. Mais faut croire que ce soir-là, le full d'émotion que j'avais en moi me donna la force d'aller au bout de mon action. En effet, parler à Zayn chaque soir était devenu une sorte de rituel pour moi au même titre que mon petit déjeuner. On se racontait chacun notre journée même si on l'avait passé ensemble, car pour moi-même si on vivait les mêmes expériences, on ne pouvait pas avoir les mêmes sentiments et c'était surtout cela que je voulais partager avec mon homme. 


-         Phoebe…tu es là ? Demanda Zayn m'obligeant ainsi à sortir de mon mutisme. 

 

-         Oui….oui je suis là. 

 

-         Mia m'a dit que tu avais finalement accepté le job, dit-il de façon neutre. 

 

-         Euh oui… ! J'ai commencé aujourd'hui. 

 

-         Cool….. 

 

-         Oui….. 

 

-         Tu avais quelque chose à me dire. 

 

-         Euh…oui..pas vraiment…..je ne sais pas, dis-je hésitante. 

 

-         …… 

 

-         ….. 

 

-         …… 


Je détestais cette sensation. Je n'ai jamais été à cour de mots avec Zayn, je n’avais d’ailleurs jamais été dans une situation pareille avec lui. Mais faut croire qu’il y avait un début a tout. J'arrivais toujours à lui dire ce que je ressentais, ce que je voulais mais là clairement je sentais que mon annonce d’il y a deux jours, à bouleverser les normes entre nous et que nous devions en discuter avant toute autre chose. Je pris alors mon souffle à deux mains et me lançai. 


-         Zayn, je ne supporte plus cette ambiance entre nous. Je sais que j'en suis à l'origine mais pourrais-tu nous donner la chance d'en discuter avant de me classer persona non grata ? Demandai-je limite en suppliant. 

 

-         Tu ne pourras jamais être persona non grata pour moi, murmura-t-il après quelques secondes de silence. 

 

-         …… 

 

-         Mais je ne sais pas de quoi on pourra bien discuter puisse ce que ta décision est prise. Ce serait juste remuer le couteau dans la plaie. 

 

-         Zayn…. 

 

-         Non laisse-moi finir. Je te connais Bae et je sais que tu ne crois pas aux relations à distance et franchement moi non plus. Pourtant j'aurai été près à faire un effort pour toi si je ne savais que tu allais flipper pour tout et pour rien en m’imaginant dans les draps d'une autre. J’aurais pu fait cet effort pour toi si tu avais une réel raison de quitter Seattle, finit-il dans un souffle. 


Cette dernière partie me serra le cœur à un point inimaginable. Je savais que personne ne comprenait cette décision que j'avais prise mais le moins que j'attendais de lui c’est qu'il me demande pourquoi avant de sauter sur les conclusions. Mia m'avait crié que je maternais trop mes sœurs. Grace et Tati Joss m'avaient dit que cela ne servaient à rien de les suivre car elles étaient grandes et que j'avais ma vie à construire. Mais après l'épisode Kira, personne n'avait pris la peine de me demander mes raisons et tout le monde à directement conclut que c'est mon égoïsme légendaire et mon besoin de tout gérer qui revenait au galop. Pourtant j'avais de réelles raisons de suivre mes sœurs. 


-         Ok..., dis je d'une petite voix. 

 

-         …… 

 

-         Je voulais juste te dire que ma journée était assez chargée, que j'ai appris des choses hallucinante, que j'ai sûrement agi de façon extrême et que j'avais besoin que tu me remontes les bretelles et surtout je voulais te dire qu'il y avait une réel raison à ma décision. Mais j'imagine que ça, ça ne sert à rien …..bonne nuit, murmurai-je en retenant mes larmes.  


Je raccrochai aussitôt que j'eus finis et je laissai libre court à mes larmes. Je me reprochais de ne pas bien avoir parlé à Zayn. Je me disais que si j'avais commencé à lui expliquer la situation, avant de lui annoncer ma décision, il l'aurait comprise mais d'un autre côté, je ne pouvais m'empêcher de l'en vouloir de me juger ainsi sans m'écouter. J'étais  loin d'être parfaite mais comme je l'ai dit plutôt l'homme se forge à force d'erreurs et j'avais au moins le mérite d'apprendre des miennes. Zayn me rappela dès que je raccrochai mais mon orgueil m'interdisait de le laisser entendre mes larmes. J'attendis donc de me calmer avant de le rappeler. 


-         Allo 

 

-         Ça fait plus d'une heure que je t'appelle.  

 

-         Oui….. 

 

-         Ça va.. 

 

-         Oui..pourquoi ça n'irait pas ? Demandai-je d'une voix qui se voulait enjouée.  

 

-         Je sais que c'est parce que tu pleurais que tu ne m'as pas répondu, répondit-il d'une voix lasse. Alors je repose la question et je veux que tu me répondes franchement. Est-ce que ça va ? 

 

-         Non ça ne va pas. T’écouter sous-entendre que je n'ai pas de réel raison de suivre mes sœurs m’a un peu secoué 

 

-         Tu m'as demandé de te dire ce que je ressentais sincèrement et c'est ce que j'ai fait. 

 

-         Je sais….bon bonne nuit Zayn 

 

-         Attends…. 

 

-         …… 

 

-         Je suis désolé de t’avoir fait pleurer. Je pense qu'on ne se comprend pas. Il faut qu'on discute mais pas au téléphone… 

 

-         Si tu veux….affirmai je sans grande conviction. 

 

-         Demain je passerai te chercher à la sortie de ton stage. Dis-moi juste l'heure. 


Apres mon semblant de conversation avec Zayn, j'appelai Kira. Elle seul comprenais ma décision et elle seule était donc capable à ce moment de me réconforter. Je savais qu'il devait être tard à cotonou mais j'avais vraiment besoin de parler. 


-         Hey little sis, lança la voix endormie de Kira après le troisième appel. 

 

-         Hey… 

 

-         Qu'est-ce que t'as ?? 

 

-         Qui te dit que j'ai quelque chose ? Fis-je en soupirant.

 

-         Pour m'appeler à quartes heures du matin, tu as intérêt à avoir quelque chose sinon je  me charge de te faire avoir un truc. 


Cette phrase fit naitre un sourire timide sur mon visage ravagé par le passage récent des larmes.


-         Je suis en froid avec Zayn. 

 

-         Qu'est-ce qu'il s'est passé ?? Tu as fait quoi ?? demanda-t-elle toute réveillée.

 

-         …..

  

-         Tu parles ou je te tire les vers du nez. 

 

-         Je lui ai dit que si les filles choisissaient Washington plutôt que Seattle je les suivrai. D'abord, il ne m'a rien dit et est parti mais là ça fait deux jours qu'on s'est pas parlé. Je l'ai appelé ce soir et on va dire que je n’ai pas eu la conversation que je voulais. Mais demain on doit se rencontre pour parler, débitai je d'une traite. 

 

-         Ok… 

 

-         …… 

 

-         Tu lui as dit quoi exactement ??? 

 

-         Je lui ai dit que je suivrai les filles dans la ville de leur choix et que je l’obligeais pas à me suivre. 

 

-         Ok…. 

 

-         …. 

 

-         Récapitulons. Tu as dit à ton mec que tu déménages sans lui à l'autre bout du pays pour suivre tes sœur sans lui expliquer pourquoi et maintenant tu oses m'appeler à x heures pour me dire qu'il est en froid avec toi ? La fille, on t'a envoyé sur moi ou c'est dans ta tête qu’on met l'eau dans coco ?? hurla Kira à l'autre bout du téléphone. 


C'était bien ma veine pensai je. Moi qui désirais me faire réconforter, me voilà en train de subir un supplice auditif sans nom. 


-         Kira pourquoi tu t'énerves. Toi mieux que personne c'est que j'ai raison de prendre pareil décision….. 

 

-         Ok. Me coupa-t-elle.  Phoebe je ne critique pas ton choix. Je ne peux même pas le faire. Ce que je critique c’est ta manière d'annoncer la nouvelle à Zayn.  

 

-         Mais…. 

 

-         Laisse-moi finir. Disons que je t'annonce que je retourne travailler en tant que prostitué. Que me diras-tu ?? 

 

-         ……tu ne peux pas faire une chose pareille tu n'en as pas le droit. Pas après être sortir de cette vie de débauche et de souffrance, dis-je en manquant de suffoquer de peu. 

 

-         Stop c'est un exemple que je te donne et je crois que la réaction que tu viens d'avoir va t'aider à comprendre Zayn.  

 

-         …… 

 

-         Tu as aussitôt trouvé ma décision atroce et ce par rapport à ce que tu as vécu. Tu n'as pas voulu savoir pourquoi je fais ça….c’est pareille pour Zayn 

 

-         …… 

 

-         De la même façon ma décision t'aurais fait mal parce que je ne t'aurai pas expliqué mes raisons, de cette même façon Zayn souffre parce sur tu as commencé l'histoire par la fin. 

 

-         …… 

 

-         Je crois que tu as compris ce que je voulais dire. Alors je vais raccrocher et retourner finir mon beau rêve où on me débarrassait de certaines toiles d’araignée. Mais avant promet moi de commencer l'histoire par le début cette fois et de parler de cause avant de sauter aux conséquences. 

 

-         Ok, mais attends ne raccroche pas….

 

-         Tu veux me dire autre chose ?

 

-         Je voulais aussi savoir comment les jumelles allaient, murmurai je d'une petite voix 

 

Je sentis un froid s’installé dès que cette phrase franchit la barrière de mes lèvres. Je pouvais deviner que Kira s’était crispée à l’autre bout du fil. 

 

-         Elles vont super bien.

 

-         Je veux dire moralement….

 

-         Sans te mentir, j’ai l’impression que ce sont toi et moi qui avons un problème et non elles. Elles passent leur journée à rire, à danser et à s’amuser…..

 

-         Tandis que moi et toi nous morfondons, avons peur et cessons de vivre, finis je à sa place 

 

-         Oui, dis Kira dans un souffle. Tu ne penses pas qu’on devrait en parler aux autres ?

 

-         Peut-être que maintenant que c’est confirmé  on pourrait leur dire…de toute façon j’en parlerai à Zayn demain. 

 

-         Tu as plutôt intérêt.

 

-         Je vais te laisser là. Je commence à avoir sommeil aussi or j’ai encore une tonne de travail.

 

-         Ok ! je retourne me coucher même si j’ai peu de chance de retrouver mon sexy jardinier, soupira Kira, ce qui eut pour effet de nous faire rire. 


Après ce coup de fil, je me sentais encore plus mal et je ne m'imaginais pas que c'était possible. J'espérais juste que la conversation de demain me permettrait d'aplanir les angles et de retrouver ma complicité perdue avec Zayn. Mais surtout j’espérais qu’on puisse trouver une solution au problème de notre famille.

L'histoire que vous lisez

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

Cher destin