L'ÉVEIL DE KAMA – LES ÉLUS. Chapitre 6 : Départ
Write by Le Kpetoulogue
L'ÉVEIL DE KAMA – LES ÉLUS
Chapitre 6 : Départ
Les jours se sont remis à s’écouler, mais cette fois, c’est Rahim qui restait à l’écart des autres. Il souffrait, il ne comprenait pas … il ne comprenait pas pourquoi il a fallu que ce soit les siens qui meurent alors que des hommes qui ont perdu toute humanité restent en vie. Pourquoi cette femme qui dit être leur mère ne leur ai pas venu en aide ?? Pourquoi il n’y a que lui qu’elle a sauvé alors qu’elle aurait pu … qu’elle aurait dû les sauver tous. Pourquoi ? Pourquoi ?
Ce paradis dans lequel il vivait lui était devenu terne. Même Duma n’arrivait plus à le faire sourire. Il se renfermait sur lui-même, et vivre dans cet endroit lui était devenu infernal. Cela parce qu’il ne pouvait supporter la présence de Kama. Pour lui une mère incapable de sauver ses enfants est indigne d’être une mère. Pourquoi n’a-t-elle pas sauvé son frère ? Pourquoi n’a-t-elle pas sauvé sa mère ? L’idée de rester dans cet endroit crée par elle, dans cet endroit à côté d’elle. Devoir vivre grâce à elle lui était devenu insupportable. Il avait pris sa décision.
Cette nuit-là autour d’un feu, Duma est couché sur les cuisses de Kama, Isaac assis par terre, et Mohatundé leur raconte des histoires d’une Afrique révolue, des légendes, des contes. Les enfants sont scotchés à ses lèvres. Mohatundé raconte ses histoires comme s'il les avait vécus personnellement, et grâce aux aptitudes de Kama, le feu anime chacun de ses mots, les faisant vivre pleinement chaque histoire qu’il les raconte. Mais une question trottait dans la tête de Duma
Duma : << vieil homme, quel âge avez-vous ? >>
Mohatundé : << haha, je suis tellement vieux que je n’en ai plus connaissance, j’ai vu tellement de levé de soleil que j’ai l’impression d’exister depuis sa création >>
Duma : << vous n’êtes pas humain aussi ?? >>
Mohatundé regarde Kama comme pour avoir son approbation, et d’un signe de tête elle acquiesce, pour qu’il puisse parler librement aux enfants
Mohatundé : << il fut un temps où je l’ai été, mais c’était il y a très longtemps, vraiment très longtemps >>
Isaac : << donc vous êtes un fantôme ? >>
Mohatundé : << haha, les fantômes n’existent pas, en tout cas pas à ma connaissance. Tu sais toute chose à une explication même si l’explication peut te paraitre surréaliste, cela n’en demeure pas moins une explication. L’éducation qui a été propagé sur ce continent n’as fait que limiter les connaissances que vous pourriez apprendre. Je ne suis pas exactement un fantôme, mais le véritable moi est mort depuis très longtemps. Je dirais que je suis son esprit, je suis lui, sans être lui. Kama a en quelque sorte préservé une partie de mon essence >>
Alors qu’il s’explique Rahim vient et l’interrompt
Rahim : << je veux partir d’ici >>
Duma en sursautant : << hein ? Qu’est-ce que tu racontes Rahim, il n’y a rien en dehors d’ici. Que des malheurs >>
Rahim : << je préfère cela, que de rester auprès de cette femme >>
Kama : << Rahim … pourquoi ? Ici tu vivrais en paix, en sécurité. Tu ne manquerais de rien, au moins dans l’attente de l’espoir qu’un jour à la surface les choses s’arrangent >>
Mohatundé : << réfléchit bien jeune homme, là-haut la guerre fait toujours rage, ta famille a déjà été décimée. Qui te reste-t-il ? >>
Rahim : << il y avait un autre bastion bien caché. Un peu plus loin de là où j’étais. Mon frère m’en parlait souvent, je vais me rendre là-bas >>
Kama : << Rahim … réfléchit s’il te plaît. Ce n’est pas la meilleure solution >>
Rahim : << suis-je prisonnier ici ? >>
Kama : << non tu ne l’es pas... >>
Rahim : << alors comme je l’ai dit, je veux m’en aller >>
Isaac : << s'il veut partir laissez-le partir >>
Rahim en s’adressant à Isaac : << pourquoi me hais-tu ?? Je ne t’ai rien fait >>
Isaac l’ignore. Les autres ont essayé de lui faire entendre raison durant une bonne partie de la nuit, mais peine perdue. Il était déjà pleinement décidé. Le lendemain, un sac plein de provision sur le dos alors qu’il est à la porte du village avec Duma, Rahim lui demande si elle ne veut pas venir avec lui ? Elle semble hésitante et effrayée par ce qu’il y a à la surface. Rahim comprend parfaitement sa peur et demande donc au vieil homme de prendre bien soin d’elle. Âpres les avoir fait ses au revoir, il se met en route avec Kama. Durant le chemin Kama essaie toujours de l’en dissuadé, mais Rahim ne l’écoute pas, il l’ignore totalement. Tout ce qu’il veut, c'est sortir d’ici. Arrivé à une certaine distance, Kama se met brusquement à grandir, grandir, grandir, encore et encore, jusqu’à atteindre la taille gigantesque que Rahim avait vu la première fois qu’il l’a vu. Elle s’abaisse ensuite avant de prendre Rahim dans ses mains.
Kama : << cet endroit est aussi gigantesque que le continent lui-même. Il a plusieurs portes et l’endroit où tu veux aller se trouve dans la Tanzanie actuelle. Alors que la ou nous sommes se situe dans l’actuel Centrafrique, avec cette forme, je peux parcourir beaucoup plus vite les distances. Je pourrais nous conduire à la porte la plus proche de l’endroit où tu veux partir >>
Une fois à destination se tient devant eux une grotte. Kama reprend une taille d’humaine, pénètre dans la grotte avec Rahim pour ressortir dans une forêt. Elle essaie encore une fois de lui faire changer d’avis
Kama : << je ne peux vraiment rien faire pour que tu restes ? >>
Rahim : << que veux-tu faire ? Les morts sont morts, on ne peut plus les ramener >>
Kama : << laisse-moi au moins t’accompagner la ou tu veux aller s’il te plaît >>
Rahim : << non merci … je me passerais de ton aide, je connais cette forêt, ce n’est pas loin du bastion ou je veux partir >>
Kama : << Rahim … >>
Rahim : << en espérant que tu puisses au moins prendre soin de Duma et de l’autre con >>
Kama ressent la souffrance de ce gamin qu’elle aime d’un amour maternel sincère, mais son existence l’empêche d’aller à l’encontre du désir d’un de ces enfants. Elle ne peut le retenir contre sa volonté. Elle connaît le danger auquel Rahim s’expose, comment un enfant d’à peine 14 ans, réussirait à survivre dans un tel enfer ? Si au moins il voulait la laisser l’accompagner, mais Rahim est têtu comme une mule. Et vu qu’il a connaissance de sa présence, il le remarquerait facilement si elle voulait le suivre en cachette. Alors Kama défait une de ses tresses sur laquelle est attaché un cauri. Elle pousse le cauri vers le milieu de la tresse pour en faire un collier, qu’elle lui tend. Ce dernier refuse d’accepter quoi que ce soit provenant d’elle, surtout qu’il ne voit pas en quoi un collier peut l’aider
Kama : << ce n’est pas un simple collier, si jamais un jour tu veux revenir dans mon refuge … >>
Rahim l’interrompant : << je ne reviendrais pas, je ne reviendrais jamais >>
Kama : << s’il te plait, je t’en supplie, prend le, ne sait-on jamais. Si un jour tu veux revenir trouve une forêt, ou un cours d’eau, ou un endroit loin de toute civilisation humaine, dans la nature où tu ne verras aucun homme à l’horizon. Dis mon nom sur ce collier et dépose-le à terre, une porte s’ouvrira et tu pourras revenir >>
Rahim n’a vraiment aucune intention de vouloir revenir en ce lieu auprès de cette femme, mais elle insiste tellement que juste pour se débarrasser d’elle, il accepte son cadeau. Elle le regarde s’en aller d’un regard triste et amer. En revenant au camp elle croise Mohatundé qui voyant son air triste
Mohatundé : << il est têtu oui, mais ce gamin est plein de ressources, il ne lui arrivera rien >>
Kama : << espérons que tu aies raison >>
À peine sorti de la forêt, Rahim enlève le collier et le jette dans le creux d’un arbre ainsi que le sac de victuaille que lui avais remis Kama. Ensuite il se met en route au pas de course vers ce bastion dont son frère l’avait souvent parler. Rahim ne s’arrête que pour reprendre son souffle. Il n’est pas du tout serein, il est très inquiet et ne cesse de regarder de chaque côté de peur de se faire surprendre par une milice qui passerais par là. Dès qu’il reprenait un peu de souffle, il se remettait à courir vers le lieu du bastion. Finalement quelques heures plus tard il arrive aux abords d’un ravin censé mener au bastion. Sauf qu’au moment d’y descendre, des coups de feu se font entendre. Il s’abaisse alors et attend quelques instants … Les bruits finissent par s’arrêter. Etait-ce des combats ? Que se passe-t-il ?? Ce bastion a-t-il aussi été attaqué ? Sont-ils tous morts ? Rahim hésite à y aller, sauf qu’il se dit que peut être les Taïtes ont pu repousser l’attaque si attaque il y a eu. Il s’arme de courage et avance prudemment vers le bastion. À bonne distance du campement qui se trouve dans une église abandonnée, il voit des d’hommes armés. Dehors un charnier de cadavres en décomposition. Rahim compris qu’il était arrivé trop tard. Ce bastion était aussi tombé dans les mains d’une milice qui avait occupé les lieux. Silencieusement Rahim rebrousse chemin. Une fois à bonne distance, il se remet à courir de plus belle. S’éloignant le plus vite que possible de ce lieu. Il a couru dans toutes les directions au point de ne plus savoir où est ce qu’il était exactement. La nuit commençait à tomber quand fatiguer, il va s’adosser à un rocher et s’endort sans s’en rendre compte.
Quelques heures plus tard, il se réveille brusquement en attendant une voix. Devant lui se tenait une jeune femme, armée d’une fronde, qui le vise. Rahim prend peur
Rahim : << qu’est … qu’est-ce que tu veux ?? Je n’ai rien. Me fait pas … >>
La jeune fille se pose un doigt sur la bouche, pour faire signe a Rahim de garder le silence. Ce dernier finalement en l’observant bien, comprend que ce n’était pas lui qu’elle observe. Mais on dirait quelque chose juste à côté de lui. En tournant sa tête, Rahim voit un serpent s’élever de tout son long. Il prend peur. Mais la jeune fille refait encore le même signe pour dire à Rahim de point faire de bruit. Rahim essaie de garder son calme, mais son pouls s’accélère. Le serpent se tord de droite à gauche au niveau de sa tête. Sifflant et sortant la langue. Subitement il se rétracte comme pour frapper Rahim de toutes ses forces. Juste à ce moment-là, la jeune fille qui avait déjà bandé la corde de sa fronde au maximum, tire son projectile qui atteint le serpent de plein fouet et l’emporte se fracasser violemment contre le rocher auquel étais adossé Rahim.
La jeune femme : << que fait un petit garçon tout seul dans un endroit aussi dangereux ? Tu es perdu ? Ou est ta famille ? >>
Rahim ne réponds pas, il reste muet en continuant d’observer la jeune fille. Sur son épaule, pendent des lièvres fraîchement capturés. En voyant cela, le ventre de Rahim se met à gargouiller
La jeune femme : << tu as faim ? Suis moi >>
Rahim reste immobile, hésitant. Il ne la connaît pas. Même si elle vient de lui sauver la vie, il ne peut pas lui faire confiance aussi simplement. Voyant son hésitation, plutôt que de le rassurer …
La jeune femme : << si tu veux, tu peux aussi rester ici et servir de repas aux bêtes sauvages. Eux aussi doivent avoir faim à cette heure >>
Il n’en fallut pas plus pour que Rahim sursaute, et se décide à la suivre. Il n’a point envie de servir de repas à une quelconque bête affamée. Après avoir marché environs 2heures, ils arrivent à une petite ville. À voir les bâtiments détruits la guerre a fait rage ici. Tout n’est plus que décombre. Alors qu’ils arpentent les rues, Rahim sent le regard des habitants de ce lieu sur lui. Un regard méchant. Pourquoi le fixe-t-il ainsi ? Il ne les connaît même pas.
La jeune fille : << Ne fait pas attention à eux >>c
En vérité les regards lui sont portés sur elle. En passant devant une dame âgée, celle-ci lui crache au visage en lui balançant des tas d’injures. La jeune fille s’essuie simplement le visage et continue de marcher comme si de rien n’était. Bientôt ils arrivent à la portée d’une cour, ou une troupe d’enfants sortent accueillir la jeune fille en l’appelant pour certains ‘’ grande sœur’’ et pour d’autres ‘’Rokia’’. C’est ainsi donc qu’elle s’appelle, Rokia. A vue d’œil les enfants doivent avoir entre 7 et 17 ans. 5 enfants. Est-ce que ce sont ses petits frères et sœurs ? L’un des enfants remarquant Rahim, demande à Rokia qui est-il ?
Rokia : << Je ne sais pas d’abord, mais bon il mangera et dormira avec nous ce soir>>
Alors les enfants viennent chaleureusement l’accueillir. Rahim est surpris de cet accueil. Ils ne le connaissent même pas et ils l’accueillent comme s'il était un des leurs. Rokia demande à deux d’entre eux, les plus grands d’aller dépecer les lièvres. Tandis que les autres vont mettre au feu une marmite. Elle les a ordonnés à chacun de faire une tache et ils se sont exécutés sur le champ. Ensuite elle s’est tournée vers Rahim, qu’elle regarde attentivement
Rokia : << hum … monsieur sans nom vous êtes très sale >>
En se regardant Rahim voit qu’il est vraiment plein de poussière. Durant sa fuite, il est plusieurs fois tombé. Alors Rokia l’emmène à la salle de bain. Elle tente de le déshabiller, mais il résiste … Rokia insiste
Rahim : << Arrête, je peux me déshabiller et me laver tout seul >>
Rokia : << oh … tu as retrouvé l’usage de la parole, alors tu pourrais au moins me dire ton nom ? >>
Rahim : << Rahim, je m’appelle Rahim >>
Rokia : << Enchanté Rahim, moi, c'est Rokia. Prend un bain, et rejoins-nous. Je te présenterais les autres >>
A Suivre ...