L’ÉVEIL DE KAMA – LES ÉLUS. Chapitre 5 : Kama

Write by Le Kpetoulogue

L’ÉVEIL DE KAMA – LES ÉLUS


Chapitre 5 : Kama


Rahim voit l’autre garçon se jeter dans ses bras, alors son air renfrogné, crispé qu’il avait affiché durant ces derniers mois disparaît. Son visage s’éclaircit, comme déchargé de tout poids, de toutes malheureuses pensées. A porté du vieil homme, elle l’appelle Mohatundé, avant de l’enlacer aussi dans ses bras. Et ce dernier l’appelle mère … mère ? 

Comment un si vieil homme peut-il être le fil d’une aussi jeune fille. Elle n’a même pas l’air d’avoir la trentaine. Comment pourrait-elle être la mère de cet homme ? 

Mohatundé : << As-tu trouvé quelqu’un d’autre ? >>

Question à laquelle elle répond non de la tête. On pouvait sentir une profonde tristesse dans ses yeux. D’ailleurs malgré le sourire réconfortant qu’elle affiche, dans ses yeux semble baigner éternellement une tristesse sans fond. Tout en caressant la tête du garçon qu’elle appelle Isaac, elle se dirige vers Duma et Rahim, et leur demande comment ils vont ? 

Duma reste muette ne sachant pas quoi répondre après ce qu’elle vient de voir, quand a Rahim il bafoue des mots. Elle lui demande alors de se calmer et leur dit à tous les deux qu’ils n’ont rien à craindre. Mais après ce qu’ils viennent de voir se calmer parait chose difficile … difficile jusqu’à ce qu’elle leur caresse les joues, alors comme par enchantement toute crainte disparaît. C’est un sentiment étrange, mais c’est comme s’ils peuvent avoir toute confiance en cette femme. D’elle n’émane absolument aucune menace, que de la bienveillance, que de la bonté, que de l’amour.

Mais qui est-elle ? Pourquoi leur fait-elle cet effet ? Elle se dirige ensuite vers le village accompagné de Mohatundé le vieil homme, et d’Isaac l’autre garçon. Remarquant que Duma et Rahim sont resté à l’arrière, elle leur demande de la suivre. Duma hésite un instant, mais finit par la suivre quant à Rahim, il reste là, il ne bouge pas. Elle lui dit alors

La femme : << je sais que tu as beaucoup de questions mon enfant, suis-moi je répondrais à toutes tes interrogations >>

Après ces mots, Rahim se met à la suivre aussi au village. Après avoir quasiment traversé le village ils se dirigent vers ce fameux baobab dont l’approche leur était restée inaccessible à lui et à Duma, sauf que cette fois ci, ils arrivent enfin à s’en approcher. Une fois au pied du baobab, cet arbre est encore plus gigantesque qu’il n’en avait déjà l’air. La femme ôte un cauri de sa coiffe et l’insère dans un trou au milieu de la porte, qui s’ouvre aussitôt. Après y être entrée, elle les invite à entrer à leur tour.

Qu’est-ce qu’il y a dans cet immense arbre ? 

Une fois à l’intérieur tout ce qu’ils voient, c'était que du vide, l’intérieur de l’arbre est étonnamment vide. Il n’y a rien, absolument rien, l’intérieur est gigantesque oui, mais vide, Duma un peu déçue dit 

Duma : << mais ?? C’est tout ? >>

Mohatundé en souriant a Duma : << un peu de patience jeune fille >>

Alors la femme ôte sa coiffe fait de cauris, la lance vers le milieu de la salle. La coiffe se met à planer comme un papillon avant de se poser juste au centre de la pièce. Tout à coup les cauris s’en détachent, et de ces cauris d’autre cauris surgissent, se détachent. Le phénomène se reproduit inlassablement pendant que les cauris se dispersent partout dans la pièce, tout le long du baobab, jusqu’au sommet. Un nombre incalculable de cauris, qui rampent tel des fourmis. Au bout d’un moment les cauris prennent la forme de meubles, d’ustensiles, de canaris, de statues, de murs, d’escaliers, de plafond, de rideau. Des pièces se dessinent. Des couleurs apparaissent sur tout ce dont les cauris avaient pris la forme. Jusqu’à ce qu’apparaissent une somptueuse pièce et tout cela en à peine une fraction de seconde. Nos compagnons n’ont même pas pu tout suivre des yeux, à tel point, ce fut rapide. Sur un somptueux divan la femme mystérieuse se dirige pour s’y étendre de tout son long. Couché sur son côté, soutenant sa tête sur sa main accoudée, elle souhaite la bienvenue à ses invités dans sa demeure et les invite à s’asseoir. Dès lors, des meubles s’avancent mystérieusement tout seul vers eux. Une fois tout le monde confortablement assis, c’est une table garnie de fruits qui apparaît devant eux. La femme les invite aussi à se servir s’ils le veulent avant de s’adresser à Duma et Rahim en ses termes 

La femme : << je vous écoute mes enfants, quelles sont vos questions ? >>

Duma à la fois émerveillé et crispée par tout ce qu’elle vient de voir, balbutie ses mots. Le vieil homme lui demande alors de se calmer et de poser ses questions sereinement. Ne sachant quoi dire, elle donne une tape à Rahim comme pour lui dire de poser les questions. Rahim quant à lui, même si émerveillé aussi par tout ce qu’il a vu, reste calme et garde la tête froide, sans une hésitation il dit 

Rahim : << qu’est-ce que vous êtes ? >>

La femme : << qu’est-ce que je suis ? >>

Rahim : << oui, qu’est-ce que vous êtes, parce qu'une chose est sure vous n’êtes pas humaine, êtes-vous un djinn ? >>

La femme : << un djinn … si je ne me trompe pas, c’est ainsi que les hommes de l’orient appellent les êtres de ce voile-monde voisin >>

Duma : << voile-monde? >>

La femme : << oui, vois-tu, cette planète comporte plusieurs voile-mondes >>

Duma : << la ou nous sommes, c’est aussi un voile-monde ? >>

La femme : << Oui et non, cet endroit existe bel et bien et est à la fois entre plusieurs voile-mondes. Un endroit totalement inaccessible pour un quelconque être sans ma permission, disons que cet endroit interagit avec plusieurs voile-mondes >>

Duma : << ha … >>

La femme :<< et chaque voile-monde à ses êtres, certains de ces êtres peuvent traverser les voiles, tandis que d’autres comme vous les humains ne le peuvent pas, du moins la plupart d’entre vous … mais non je ne suis pas un djinn >>

Rahim a du mal à la croire, après tout un voleur ne dirait pas qu’il en a un, donc pourquoi un djinn le dirait ? 

La femme : << dit moi que connais-tu de ces djinns ? >>

Rahim : << c’est mon frère qui m’en parlais souvent, d’après sa religion … >>

La femme en l’interrompant : << sa religion ? Tu n’es pas toi aussi de sa religion ? >>

Rahim : << hum … >>

La femme : << je vois, continue donc ce que tu disais >>

Rahim : << mon frère disais qu’ils pouvaient se transformer comme ils le voulaient et faisaient du mal aux hommes en les tourmentant, les ôtant la raison souvent >>

La femme : << ce que tu as dit n’est qu’en partie vrai, mais tu ne sembles pas connaître grand-chose d’eux. Ton frère devait être musulman je présume ? >>

Rahim : << oui >>

La femme : << d’après la religion de ton frère, les djinns sont des êtres créés bien avant les humains par Allah le Dieu qu’ils prient. Sache que les djinns sont tout comme les humains, ils ne sont pas tous mauvais, il y en a des bons comme des mauvais. Cela la religion de ton frère le dit, mais elle dit aussi que physiquement le plus fort des djinns ne pourrait rien faire contre un enfant humain chétif. Alors dit moi cher enfant penses-tu que je sois faible ?? Outre cela tu as l’air de penser aussi que je suis mauvaise … mais pourquoi quelqu’un qui te voudrait du mal t’aurait sauvé alors que tu étais à l’article de la mort, et qu’il t’aurait permis de vivre dans cet endroit en toute quiétude ? >>

Les mots qui sortaient de la bouche de cette femme n’étaient que pure vérité, car celle qui se tient devant Rahim n’est absolument pas faible. D’elle émane une force colossale, Rahim à l’impression qu’elle pourrait écraser une armée entière d’un simple geste de la main si elle le voulait. En plus effectivement si elle lui voulait du mal, jamais elle ne l’aurait sauvé et permis de vivre aussi agréablement tout ce temps. Mais il n’en était toujours pas convaincu

La femme : << J'ai l'impression que tu ne me crois toujours pas alors laisse-moi te dire qui je suis, après ça seras à toi de me croire ou pas ... je suis ce continent, je suis cette terre, je suis votre mère, je suis la mère de vos parents, je suis la mère de vos ancêtres et de leurs ancêtres >>

Duma : << pardon ?? … qu’est-ce que vous voulez dire par là ? >>

Mohatundé : << tu as bien compris jeune fille, cette femme que tu vois là, est bien la personnification de notre terre, de notre continent >>

Duma : << vous voulez dire que c’est l’Afrique qui se tient devant moi ? >>

La femme : << Afrique ? Je n’aime pas ce nom, c’est le nom que m’ont donné des envahisseurs, des colonisateurs. Je ne l’ai jamais accepté, le nom que m’ont donné vos ancêtres, c'était Kama… je m’appelle Kama >>

Duma : << c’est impossible ce que vous racontez la >>

Mohatundé : << après tout ce que tu viens de voir, crois-tu vraiment que ce qu’elle vient de dire soit impossible ? >>

Rahim avais cessé de parler depuis un moment, les mots de Kama résonnent dans sa tête. Il se demande comment cet être peut-elle prétendre être leur mère ? Comment peut-elle prétendre être la mère de tous les africains ? Comment peut-elle prétendre être le continent lui-même ? C’est avec colère, mépris et rage qu’il dit 

Rahim : << vous êtes en train de me dire que vous êtes notre continent ? Vous dites être notre mère à tous ? Alors dites-moi pourquoi une mère laisse-t-elle ses enfants mourir jour après jour ? Je vois bien de quoi vous êtes capable. Je vois bien que vous avez des facultés extraordinaires, alors pourquoi une mère laisse-t-elle ses enfants se faire massacrer ? Quel genre d’ignoble mère êtes-vous ? >>

Isaac : << EEEHH … parle lui avec respect >>

Rahim en tenant Isaac par le col de sa chemise : << et toi, comment peux-tu être assis là, peinard, à te contenter de cette situation ? >>

Isaac en dégageant la prise de Rahim : << lâche-moi, cette femme m’a sauvé la vie. Elle peut bien prétendre qui elle veut, même dire qu’elle est Dieu, je la croirais sans hésiter. Elle peut faire de moi ce qu’elle désire, ma vie lui appartient déjà >>

Kama : << mon cher Isaac… merci, mais ta vie ne m’appartient pas, ta vie t’appartient à toi et à toi seul >>

Mohatundé : << calmez-vous les enfants >>

Rahim : << ne me demandez pas de me calmer vieil homme. Elle voulait répondre à nos questions n’est-ce pas ? Alors qu’elle me dise pourquoi laisse-t-elle mourir ses enfants ? Quel genre de mère avec les pouvoirs qu’elles semblent avoir agi ainsi ? >>

Kama : << mon enfant je … >> 

Rahim en criant : << NE M’APPELLE PAS TON ENFANT … Ma mère … la seule mère que je connais a été abattu devant moi. Des hommes … non, des monstres plutôt l’ont criblé de balle devant moi.       Je les ai vus ôté la vie à des gens innocents, des gens sans armes, sans défense. Des gens dont tu dis aujourd’hui être leur mère ? Alors où était tu quand ils priaient ? Quand ils imploraient de l’aide ? Ou étais tu ?? >>

Kama : << je … j’étais-là, j’essayais de … >> 

Rahim consterné : << tu étais la … tu étais là et tu n’as rien fait … pourquoi n’as-tu pas éliminé ces sauvages ?? Tu sembles avoir suffisamment de puissance pour massacrer une armée entière d’hommes, pourquoi n’as-tu rien fais ? >>

Kama : << je ne peux pas faire du mal à mes enfants >>

Rahim : << pardon ?? >>

Kama : << ces monstres comme tu les appelles sont aussi mes enfants >>

Rahim : << … ceux qui sont morts n’étaient pas aussi tes enfants ?? >>

Kama : << si. Vous l’êtes tous >>

Rahim : << tu … tu les as laissé mourir >>

Kama : << Rahim … je ne suis … j’ai essayé, mais je ne pouvais pas … je ne suis pas toute puissante >>

Rahim : << je ne veux pas d’une mère comme toi >>

Duma : << Rahim calme-toi s’il te plaît, regarde la >>

Les mots de Rahim touchaient Kama au plus profond de son être. On sentait son mal, sa souffrance, sa peine de ne pouvoir répondre à Rahim. Il ne lui laissait pas le temps de répondre. Pour Rahim cette femme aurait pu sauver tout son bastion, mais elle est restée là sans rien faire.

Rahim sort de la pièce sans même laissez Kama finir de s’expliquer. Mohatundé le vieil homme essaie de le rattraper, mais Kama les yeux au bord des larmes lui demande de le laisser. Elle sait bien ce qui le peine, et elle aussi d’une manière se sent coupable. Coupable parce que tout ce que Rahim lui a dit était en partie vrai. Elle demande ensuite aux autres de la laisser seule quelques instants. Une fois le vieil homme et Isaac sorti, Duma en refermant la porte la voit. Cette femme si forte peine à retenir ses larmes telle une enfant. Ses pleurs ne cessent point, elle semble remettre en cause son existence 

Kama en pleurs : << à quoi me sert-il d’exister, d’être aussi puissante, si je ne peux sauver mes enfants ? Quel est le but de mon existence ?? >>



A suivre ...


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