L’intello
Write by deebaji
Nous avions passés une vingtaine de minutes à téléphoner à Alfred mais, ce dernier ne décrochait toujours pas. Qu’est-ce qu’il pouvait bien foutre avec Jeronimo dans ce fichu service de police, nous commencions à manquer d’air également étant donné que, le système de sécurité s’était déclenché il empêchait également toute entrée d’air et toute sortie. Nous avions littéralement chaud sur ce coup, la chaleur que dégageait les rayons lasers était juste infernale, on aurait pu se croire dans un four et bientôt un véritable enfer, parce que c’était sûr et certain, nous allions mourir dans cette fichue pièce. L’air commençait à s’évaporer et la chaleur infernale qui s’y ajoutait n’arrangeait pas grand-chose. Putain ! Il fallait qu’il décroche même si cela semblait perdu d’avance parce que nous n’avions presque plus de batterie dans le téléphone de Jeremy. Ah Jeremy, il était toujours là à jeter ces fichues liasses de billets dans les rayons lasers même s’il ne lui restait pas plus d’un souffle de vie, il tenait quand même à faire ce pour quoi il vivait jusqu’à sa mort. Emmerder ceux qui l’avaient emmerdé, trahir ceux qui l’avait trahi, voler ce que l’on lui avait volé. Il se disait certainement que l’heure était venue et, il était prêt à faire ce qu’il savait faire le mieux jusqu’au bout. Quant à moi, j’essayais de retenir le plus d’oxygène que j’avais pour ne pas tomber dans les pommes pour être là au cas où Alfred viendrait à voir nos appels et se chargerait de nous sortir de là. A vrai dire, moi non plus, je n’avais plus autant d’espoir que ça, je me disais que c’était enfin, fini. Je me disais que cette vie de galère, de déceptions, d’injures et de trahisons pourrait enfin connaître un terme. Et contrairement à mes propres attentes, cela m’arrangeait d’en finir maintenant et de ne plus jamais revenir, du moins pas dans cette vie. Cette fois, tout était bel et bien perdu, il n’y avait plus qu’à se recueillir et faire nos dernières prières, j’ai donc rappelé Jeremy et je l’ai fait s’asseoir à mes côtés puis tout contrarié, il m’a répondu :
- Jeremy : Pourquoi est-ce que tu m’empêches de continuer…hmph…tu le sais nous sommes déjà morts…il ne nous reste presque plus d’oxygène et même si nous survivons, il y a de grandes chances pour qu’on se retrouve derrière des barreaux…
- Moi : Tu as sans doute raison Jey mais, tu sais, il est mieux de garder espoir et de se battre pour survivre jusqu’au dernier souffle car pour moi, c’est cela être un homme, c’est lutter même s’il n’y a plus aucune issue…
- Jeremy : Ah boss, cette fois, je pense que c’est la fin, tu crois qu’on ira au paradis toi ?
- Moi : Ne m’appelle pas boss, Jey, nous avons le même âge et nous ne sommes pas si différent, certes je suis le chef de cette bande mais cela ne change absolument bien. Toi, tu es mon frère tu comprends ça Jey ?
- Jeremy : Hmph… ouais je crois bien comprendre… merci Caleb, t’es resté un bon gars jusqu’à la fin nous nous retrouverions peut-être en enfer qui sait ?
- Moi : Moi je ne sais pas en tout cas, et s’il te plait fais-moi cette faveur…
- Jeremy : Laquelle, je ferai tout ce que tu voudras, en quoi est ce que je peux te rendre service ?
- Moi : Alors, ce que je veux, c’est très simple, je ne veux plus me faire appeler boss, chef ou Caleb mon prénom, non. Je préfère quelque chose qui fasse plus simple et emblématique, t’es intelligent donc tu sais surement de quoi je parle.
- Jeremy : Pas besoin de chercher loin mon vieux, j’ai une idée magnifique pour ton prénom, enfin ton surnom.
- Moi : Développe, tu veux bien ? Je suis toute ouïe frère…
- Jeremy : Qu’est-ce que tu dirais de t’appeler Cay Mad ?
- Moi : Cay Mad ? Pourquoi ce nom ? Je n’ai rien de fou, enfin je crois. Tu trouves que je suis fou toi ?
- Jeremy : Non pas pour ça, ce n’est pas la raison pour laquelle je veux que tu portes ce nom. Elle est toute autre crois moi.
- Moi : Mais alors, pour quelle raison est-ce que Diable tu veux me faire appeler Cay Mad ?
- Jeremy : En vérité, je pensais à Cay mais, tu viens de me donner une toute autre idée, et si au lieu de t’appeler Cay qui ressemble un peu trop à mon surnom et pour éviter que les gens croient des histoires sur nous de fraternités ou de lien familiaux entre nous. Pourquoi au lieu de tout ça tu ne t’appellerais pas tout simplement Devil ?
- Moi : Laisse-moi te dire, une chose déjà, toi tu es et tu seras toujours mon frère, même si notre vie touche à sa fin je tiens quand même à ce que tu le saches, toi et moi nous sommes frères pour la vie tu le comprends ça ? et ensuite pourquoi Devil, je ne comprends pas tu veux bien m’expliquer ?
- Jeremy : Tout simplement parce que tu es aussi malin qu’un diablotin et que tu n’hésite jamais à foncer dans le tas quitte à faire un carnage ou à même perdre ta vie, toi tu vas juste affronter l’adversité puis tu en ressors vainqueur.
- Moi : Comment ça, je n’ai pas souvenu d’avoir accomplit de tels exploits de quoi est ce que tu parles, Jey ?
- Jeremy : Ne fais pas genre d’avoir Alzheimer, tu sais pertinemment de quoi je veux parler… tu ne te souviens pas de ce jour ?
- Moi : De quel jour tu me parles ? rafraîchis-moi la mémoire je te prie.
- Jeremy : Pourtant, tu dois t’en souvenir, le jour du drive-by, t’avais fait un truc incroyable, et je te jure que ce jour-là, on aurait pu croire que t’étais habité par un esprit, genre un esprit maléfique, le plus grand des esprits maléfiques qui soit, c’était vraiment un truc de dingue…
- Moi : Ah ouais tu trouves ?
- Jeremy : Bah ouais carrément, ils se sont ramenés et tu les as tous flinguer, personne n’osait mettre un pied dehors, il a fallu qu’ils rappliquent à cent ou plus contre nous pour qu’on décampe.
- Moi : Hmph… Devil, ouais pourquoi pas… et puis c’est original et unique en son genre donc je veux bien… je n’ai pas non plus besoin de te le dire mais rendez-vous en enfer mon frère…
- Jeremy : Oui faisons ça…
Puis nous fermâmes nos yeux, pour nous laisser emporter par la mort. Je me disais que finalement je n’avais pas pu lui échapper, à ce songe que j’avais fait dans lequel il y avait un œil qui m’observait, je recommençais d’ailleurs à l’apercevoir, il n’y avait plus aucun espoir pour nous, pas la moindre chance, nous allions certainement mourir là après avoir été asphyxiés et nous nous étions déjà résignés à mourir dans ce fichu trou de merde, cette fichue banque, ce foutu coffre-fort, lorsque soudain…Le téléphone sonna ! Dring !! dring !! c’était Alfred, il avait vu nos appels, et voulait donc nous joindre, je me souviens qu’il ne nous restait plus que deux fichus pourcent de batterie dans ce téléphone et pourtant cela a suffi, j’ai décroché son appel et j’ai hurlé de toutes mes forces « DESACTIVE LE SYSTEME DE SECURITE DE LA BANQUE ENTIERE SINON NOUS ALLONS MOURIR ICI !! » il eut à peine le temps de nous répondre que le téléphone s’éteignit, il n’y avait plus de batterie. Maintenant tout reposait sur les mains d’Alfred… Rapidement, ce dernier s’empressa de prendre contact avec Jeronimo pour l’avertir de la situation. En fait il ne comprenait pas grand-chose au message que je lui avais transmis pendant notre conversation téléphonique d’à peine quelques secondes, tout ce qu’il savait c’est que ses amis étaient en danger de mort et il était prêt à tout faire pour nous sortir de là, alors il informa Jeronimo et se mit immédiatement à la tâche. Mais, avant d’aller plus loin, j’aimerais d’abord que nous découvrions son personnage et vous dire qui est Alfred. Alfred Johns de son vrai nom Esrah Aftalion, d’origine juive et écossaise, Alfred au collège ou du moins Esrah, n’avait pas vraiment d’amis lui non plus, c’était d’ailleurs le seul homme caucasien de notre petit groupe. En vérité, Esrah n’avait rien à voir avec nous, c’était lui aussi tout comme Jeremy un enfant de famille riche mais à défaut de finir dans la pauvreté comme lui, ce dernier avait maintenu son statut d’enfant de riche donc en toute logique rien ne l’obligeait à rejoindre notre petite équipe de voyous. La rencontre avec Alfred remonte à bien longtemps, pour être exact à l’époque du collège. Alfred ou plutôt Esrah comme je l’ai dit n’avait pas vraiment d’amis, il était plus le souffre-douleur de ses camarades qu’autre chose, une sorte de victime en quelque sortes. Certes, il avait de l’argent et sa famille était immensément riche mais, cela ne le protégeait pas pour autant du rejet des autres, du regard malaisant et malfaisant et des harcèlements sous n’importe quelle forme qui soit. Ce n’était pas un mec si imposant que ça, il était parmi les plus petits de taille de notre salle de classe et il avait toujours de la morve qui lui sortait des narines. Mais qu’est-ce qu’il était intelligent ce mec, je l’enviais. Je ne l’enviais pas parce que c’était un gosse de riche, non. Si je l’enviais, c’était pour sa matière grise, il était doué en mathématique, et avait toujours les meilleurs résultats. Ce mec était un véritable génie et, c’est justement pour cela que personne ne voulait s’approcher de lui et qu’il n’avait pas d’amis. Les gens autour de lui, sa famille, ses camarades, ses soi-disant « amis » qui ne s’intéressaient qu’à l’argent de ses parents ne le trouvaient pas à la hauteur de leurs attentes, ils estimaient qu’il n’était pas comme eux et donc ils le repoussaient, Esrah n’avait de cesse de se faire jeter et victimiser, il se faisait insulter et se faisait harceler. Je pense que de nous cinq dans la bande, ça devait être lui qui en avait le plus baver. Mais bref, moi je n’avais rien à voir avec lui, j’étais de taille moyenne et je trainais avec des petites cailleras (terme en verlan pour désigner les racailles) donc il était impossible que je vive un quelconque harcèlement au lycée. C’était plutôt l’inverse. Même si je n’y prenais pas vraiment part, mon équipe de petites cailleras et moi allions taper sur d’autres gosses de riche parce que nous avions la rage, nous avions la haine et il était dure à concevoir que des gens comme eux se permettent de venir nous insulter gratuitement avant de repartir chez eux ensuite. Donc nous ciblions les gosses de riche les plus insolents, nous attendions la sortie et nous leur faisions ce qu’il y avait à faire pour les éduquer. Si leurs parents avaient raté leur éducation parce qu’ils étaient soi-disant trop occupés, nous notre but était de les remettre dans le droit chemin, peu importe si cela était par la violence. Et puis de toute façon l’on ne pouvait pas réellement parler de violence à cette époque mais plutôt d’intimidation pour pourvoir avoir la paix et la tranquillité. Et parmi ces gosses de riches insolents et pourris gâtés, il y avait lui, la bonne graine au milieu des débris, il n’était pas mal éduqué, il ne prenait pas les gens de haut, il était intelligent, avait les meilleurs résultats de sa classe et pourtant, il se faisait toujours jeter. Et ce, pour d’innombrables raisons dont son origine juive qui ne lui facilitait pas vraiment la vie. En observant tout cela, j’ai su qu’il pourrait être un partenaire important pour moi et qu’il fallait que je le protège contre vents et marrées. Ce n’était pas chose bien difficile, j’avais la condition physique pour assurer sa sécurité contre quiconque essayerait de lui faire du mal. Il serait tant dommage que quelque chose arrive à un cerveau comme lui. Mais, avant de lui prêter main forte ou plutôt de lui proposer d’assurer sa sécurité au sein de l’école et en dehors il fallait déjà que j’ai son avis sur la question. Mais je n’irais pas le voir comme ça d’un coup en lui proposant d’être son garde du corps, il y verrait immédiatement une tentative de l’abuser ou quelque chose dans le genre, d’autant plus que pour qu’il comprenne et qu’il ait confiance en moi, il me fallait faire mes preuves et lui montrer que je pourrais le défendre quoi qu’il arrive. Et pour faire mes preuves, il fallait donc que des gens s’en prennent à lui et que je vienne lui porter secours. Mais, hors de question de faire une quelconque mise en scène et de venir jouer les super héros, il comprendrait immédiatement la supercherie et se méfierait de moi. Il fallait que je le laisse le temps faire ses choses tout en gardant un œil sur Esrah. Alors j’ai attendu des jours et des jours, le temps passait mais toujours rien, alors qu’habituellement, il était la cible des petites racailles de l’école et des harceleurs mais, pendant le temps où je l’épiais, il n’y avait personne, pas l’ombre d’une mouche à l’horizon, personne ne s’approchait de lui et personne ne lui cherchait des noises non plus. C’était comme s’il était devenu une autre personne. Tout le monde l’évitait certes parce que les gens ne l’aimaient pas mais la fréquence des harcèlements avait fortement baissé. Quelle poisse !! Comment est ce que j’arriverais bien à faire mes preuves moi ? Il fallait que ces enflures réitèrent leurs actions et tentent de s’en prendre à lui à nouveau. Sans quoi, le suivre tous les jours ne me servait strictement à rien. J’étais bientôt à bout de patience. Il avait poussé des cornes sur la tête ou quoi ? Ou encore, peut-être que c’était le diable qui assurait ses arrières ? Et moi dans l’histoire ? Comment est ce que je pourrais faire pour arriver à achever mon plan ?? Au bout de quelques temps, je me suis rendu à l’évidence, ce mec n’avait plus besoin de moi pour assurer ses arrières il avait enfin réussi à se débarrasser de ses agresseurs. C’est ce que je m’étais dit. Mais, à peine une semaine après avoir arrêté de le prendre en filature, les agressions avaient repris de plus belles, il continuait d’être le fichu souffre-douleur de ces ordures qui ne manquaient pas une seule occasion pour lui rappeler qu’ils étaient beaucoup plus forts et plus grands que lui et que sa vie ne dépendait que de leur humeur. Que diable pouvait bien signifier cette fichue situation ? Il ne lui arrivait absolument rien lorsque je le suivais mais, dès que je disparaissais les agressions reprenaient. Mais oui ! Les gens n’osaient pas s’en prendre à lui parce qu’ils savaient qu’il n’était pas tout seul et plutôt bien accompagné donc, ils rebroussaient chemin. Et maintenant que je ne lui filais plus le train, ils avaient recommencé à l’humilier et le rabaisser. Oh les enflures, c’était donc pour cela que personne ne s’approchait de nous pendant la semaine où je le suivais. J’étais fou de colère mais impassible également, je savais maintenant ce que j’avais à faire pour les embusquer et leur régler leur compte. J’allais arrêter de suivre Esrah sauf que, dorénavant ça serait un de mes sous fifres (oui parce que j’appartenais à un petit gang et que nous avions pris parmi les gosses de riches quelques sous fifres pour nous servir) qui prendrait Esrah en filature et m’informerait de tout ce qui se passait autour de lui, jusqu’à ce que ses satanés camarades re essayeraient de lui faire du mal. La consigne était très simple quelque soit ce dont était victime Esrah, même un regard de travers, il (le sous fifre) devait m’avertir immédiatement. Comme ça, j’étais sûr d’arriver à temps et de ne pas manquer ses agresseurs. Ce ne fut pas très long avant que ces derniers ne refassent leur apparition en essayant de s’en prendre à lui lâchement à plusieurs. C’était clairement de l’abus parce que, non seulement il était plus faible qu’eux mais en plus, ils étaient en nombre supérieur. Alors qu’Esrah marchait tranquillement en sortant de l’école, il se fit interpeller par ces ordures, ils étaient cinq. Mon sous fifre (John) m’appela immédiatement pour me signaler ce qui se passait :
(Conversation téléphonique entre John et Moi)
- John : Allo Caleb…
- Moi : Oui ? Qui est à l’appareil ?
- John : C’est moi, c’est John, je suis entrain de filer ton petit protégé comme prévu…
- Moi : Alors pourquoi est-ce que tu m’appelles ? Il se passe quelque chose avec Esrah ?
- John : Oui Caleb, Il est entouré, ils sont cinq, je crois qu’il va se faire lyncher là…
- Moi : Ok, parfait. Je veux que tu me dises où vous êtes et j’arrive tout de suite pour régler ça
- John : En face de l’école, près de la sixième à gauche viens vite, ça risque de vriller
- Moi : Bien vu, j’arrive...
Puis j’ai raccroché, j’ai enfilé des vêtements légers, histoire d’être à l’aise pour la baston et de pouvoir bouger sans gêne, j’ai enfilé un t-shirt et un short gris avec une paire de sandales, j’ai pris mon vélo et je me suis mis immédiatement en route pour l’endroit indiqué par John. Par chance, je suis arrivé juste à temps, c’est-à-dire que, je ne suis pas arrivé avant qu’ils ne lèvent la main sur lui non, je suis arrivé au moment même où l’une des racailles lui mettait un coup de bâton dans le dos et je l’ai saisi par son bâton, je l’ai brisé et je l’ai cogné avec à multiples reprises. J’avais un sentiment semblable à de la rage à ce moment précis, peut-être que c’était des pulsions, je n’en sais rien mais j’ai pris un grand plaisir à matraquer ce salaud. Je lui administré une dizaine de coup puis la danse s’est poursuivie avec ses collègues à qui, je n’ai pas manqué d’attribuer le même châtiment pour s’en être pris impunément, une fois de trop à ce pauvre garçon. Là ce n’était même plus une question d’achever mon plan, j’avais juste la haine à l’idée qu’il se fasse martyriser sans cesse. Il fallait donner l’exemple et cette fois-ci j’avais le faire. Je m’apprêtais à reprendre la correction lorsqu’Esrah me demanda d’arrêter :
- Esrah : Arrête, ça suffit. Ce n’est pas bien de t’acharner comme ça sur eux. Je veux que tu les laisse tranquille.
- Moi : Ah ouais ?! Tu veux que je les laisse tranquille ??
- Esrah : Tu m’as tout à fait compris, laisse-les en paix.
- Moi : Ils t’agressaient à l’instant et allaient te faire je ne sais quoi, pourquoi tu prends leur défense ?? Et puis d’abord qui te dit que juste parce que tu demandes que je les laisse tranquille, je vais arrêter ?
- Esrah : Ce n’est pas grave s’il m’arrive quelque chose, j’ai l’habitude que cela se passe comme ça…
- Moi : Ok parfait, mais réponds à ma question. Qu’est ce qui te fait croire que je vais bien daigner acquiescer à ta demande et les laisser tranquille ?
- Esrah : Rien, je veux que tu me dises ce que tu veux et, je te promets que je le ferai pour toi si tu les laisse en paix.
- Moi : Et si je m’en prenais plutôt à toi. Qu’est ce que tu en dis ?
- Esrah : Cela ne me gêne pas, tu peux me frapper si tu en a envie mais je te demande encore une fois de les laisser tranquille. Quelque soit ce que tu veux je le ferai mais laisse-les.
- Moi : Tu peux être rassurer, je ne te veux aucun mal, et ce que je veux, ce n’est pas non plus te passer à tabac. Je veux autre chose.
- Esrah : Ah bon ? Qu’est ce que c’est alors ce que tu veux ? J’espère que ce n’est pas une vilaine blague parce que je ne vois trop ce que fais un mec côté et bien entouré comme toi à me parler, je n’y vois pas non plus ce que tu y gagnes… surtout que trainer avec un looser comme moi qui se fait tout le temps insulter et marcher dessus n’est pas si incroyable comme train de vie.
- Moi : Ne te diminue pas, tu n’es pas un « looser » comme tu dis, moi je vois autre chose en toi, je vois quelque chose de brillant et d’intéressant. T’as du potentiel frère… je peux t’appeler mon frère ou encore bro ou Brother parce que c’est plus stylé ??
- Esrah : Oui, il n’y a pas de soucis à ce que tu le fasses, c’est plus à moi que ça fait plaisir qu’un mec de ton envergure vienne s’adresser à une pauvre lavette comme moi…
- Moi : Ne t’insulte pas non plus, tu n’es pas une lavette, ils ne te reconnaissent juste pas à ta juste valeur, mais moi je le vois clairement...
- Esrah : Ah oui ? je veux que tu me dises alors, ce que tu vois parce qu’à moins que j’ai un problème de vue, je ne vois absolument rien en moi…
….
- Moi : Dis ?
- Esrah : Oui ?
- Moi : Ça t’intéresse de trainer avec moi et que j’assure tes arrières ?
- Esrah : Euh je ne sais vraiment comment répondre à cette proposition, je suis bien conscient que cela ne sera pas gratuit.
- Moi : Tu as raison, rien n’est gratuit en ce monde, tout s’achète et tout se vend. Et moi, je suis entrain de te vendre mes services. Mais si tu refuses mon offre, je ne t’en voudrais pas le moins du monde je te le promets sur ma vie.
- Esrah : Je sais pertinemment et je te fais confiance, je veux également te croire. Et pour cela : Alors il faut tout de même que tu me dises ce que tu veux en retour
- Moi : Ce que je veux en retour…
- Esrah : Oui c’est cela que je veux savoir.
- Moi : Je veux que tu deviennes un de mes amis les plus loyaux et les plus fidèles.
- Esrah : Mon amitié tu l’as d’office pour m’avoir sauvé des griffes de mes agresseurs… mais je veux tout de même savoir ce que t’y gagnes…
- Moi : Ce que j’y gagne c’est un ami fidèle et loyal intelligent et riche qui saura assurer mes arrières si un jour je me retrouve dans la merde. Je te le dis honnêtement, je veux qu’entre toi et moi, ça soit un échange de bons procédés. Tu le prends comme tu veux mais c’est ma proposition.
- Esrah : Il y a tant de franchise dans ce que tu dis…j’accepte ton offre.
- Moi : Hein ? Comment ça ?
- Esrah : Pourquoi cela te surprend ?
- Moi : Eh bien parce que je t’ai dit ce que je voulais en échange, ta réaction aurait dû être contraire à celle que tu as en ce moment.
- Esrah : T’as été honnête avec moi, et tu m’as considéré comme ton égal, comme un homme avec qui tu pouvais faire affaire, pas comme un vulgaire insecte ou une victime de la société, t’as été franc et direct. Personne ne l’a jamais été avec moi, et depuis je me suis habitué à ce que cela se passe comme ça sans pour autant avoir à faire comme si j’avais compris les réelles intentions ou intérêts derrière…
- Moi : Navré que tu aies eu à vivre ça, mais moi ce qui m’intéresse, c’est réussir et former quelque chose de grand. Je sais également qu’on ne bâtit pas une maison tout seul à moins de vivre dans une réelle utopie ou sous un carton donc j’ai voulu que tu fasses partie du cercle de personne qui m’aideraient à bâtir cette maison. Mon empire.
- Esrah : J’accepte volontiers… mais j’ai une proposition à faire, tu vas sûrement la trouver banale, enfantine ou vide de sens mais je tiens à t’en faire part…
- Moi : Il n’y a pas à hésiter pour me faire une proposition, tu peux me dire tout ce que tu veux je t’écoute…
- Esrah : Eh bien, j’aimerais que tu ne m’appelle pas par mon prénom… j’ai toujours rêvé que l’on m’appelle Alfred parce que, j’admirais un personnage de télévision qui s’appelait ainsi et qui était très intelligent.
- Moi : Comme tu veux mon vieux, Enchanté Alfred !!
- Esrah : Mais toi alors, quel est ton prénom ?
- Moi : Moi ? mon prénom c’est Caleb, mais tu n’as qu’à m’appeler frère...
- Esrah : Parce que c’est ce que nous sommes ??
- Moi : Oui, t’as tout compris. Toi et moi à partir d’aujourd’hui, nous sommes des frères. Et quiconque t’offensera m’aura également offensé.
- Esrah : Ok, il n’y a pas de soucis mon frère pas de la même mère ni du même père mais qui est quand même mon frère…
- Moi : Parce que c’est ce que nous sommes dès aujourd’hui Alfred…
- Esrah : Oui nous sommes des frères….
Et, c’est ainsi qu’Esrah non, Alfred devint à la fois mon frère et mon ami, mon ami le plus fidèle. Nous étions toujours ensemble, nous mangions toujours ensemble, Alfred commençait même à avoir de la côte auprès des filles qui le trouvaient « cool » cette époque fut de toute joie pour lui et il se trouva enfin une place. Plus personne n’osait l’agresser ou le mêler, le discriminer ou même encore l’insulter. Les risques étaient bien trop grands. Alfred vivait la meilleure période de son enfance depuis sa naissance, mais bon toutes les choses ont une fin, et tout comme l’époque où il était victime d’agression à l’école était passée, celle où il était côté et vivait à l’ombre de toute oppression connut également sa fin. Malheureusement, il dût partir de l’école quelques mois après parce que son père avait été affecté ailleurs et qu’il était obligé de déménager avec sa famille. Mais avant d’y aller, il avait tout de même juger bon de venir me dire qu’il partait. Un jour pendant que nous étions entrain de trainer ensemble il m’arrêta et me dit…
Alfred : Hey frère, j’ai à te parler…
Moi : Oui, je t’écoute tu peux tout me dire, tu sais que toi et moi on n’a pas de secret l’un pour l’autre…
Alfred : Oui je le sais ne t’en fais pas. Mais ce que j’ai à te dire est sûrement une mauvaise nouvelle et elle risque de ne pas te plaire frère.
Moi : Eh bien… ne te gêne pas frérot, tu dois tout me dire même si t’as tué quelqu’un, tu dois me le dire…
Alfred : (rire) Hahahaha non, ne t’en fais pas, ce n’est rien de grave, tu me connais, je suis bien trop frêle pout tuer quelqu’un. Quoique c’est peut-être grave ce que j’ai à te dire mais non, je n’ai tué personne.
Moi : Alors c’est quoi ce que t’as à me dire mon frère ? (Rire) Tu vas me déclarer ta flamme ou quoi ? Je suis pompier hein ne l’oublie pas.
Alfred : (rire aux éclats) Mais non, t’abuse, c’est bien plus sérieux que ça.
Moi : Eh bien alors, j’attends que tu me dises ce que c’est. T’as rencontré une fille ?
Alfred : Non frère, je n’ai pas rencontré de fille… ce que j’ai à te dire c’est que je pars…
Moi : Ah dommage, j’espérais que ça soit le cas… et, attends hein t’as dit quoi ??
Alfred : Frère, je pars…
Moi : Comment ça tu pars ? Tu veux te suicider ou quoi ? Qui est ce qui t’as encore emmerdé ? je vais aller lui apprendre le respect, viens suis-moi.
Alfred : Non frère, ce n’est pas non plus ça. Personne n’oserait commettre l’erreur de me toucher ou de me faire quoique ce soit, vu que je traine avec toi. Mais j’ai bien peur que cela ne dure plus très longtemps parce que je dois partir.
Moi : Bon Alfred, je ne comprends rien à ce que tu me dis là. Comment ça tu pars et où est ce que tu vas frère ? Tu t’es engagé dans la marine ?
Alfred : (rire) moi dans la marine ? tu blagues, je ne tiendrai pas une journée même si cela m’intéresse comme idée de rejoindre les forces armées.
Moi : Bah, il faut que tu fonces frère, t’as tout mon soutien, tu sais ?
Alfred : j’aurais aimé que ça soit ça mais frère, je dois partir avec ma famille bientôt…
Moi : (soucieux) ah bon ? Pourquoi est ce que tu t’en vas ? c’est si soudain, je ne comprends pas. Il y a quelque chose qui s’est passé ? des gens ont caftés parce que tu me fréquentes ?
Alfred : Non ce n’est pas ça, personne n’a cafté. La cause se trouve ailleurs…
Moi : Alors il faut que tu me dises pourquoi est ce que mon ami le plus fidèle et le plus loyal, qui est par-dessus tout mon frère s’en va ? Pourquoi est ce que mon frère s’en va Alfred ?
Alfred : je m’en vais mais ce n’est pas de gré, c’est parce que mes parents l’ont décidé.
Moi : Ah bon, comment ça ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? il y a des complications dans ta famille ? tes parents ne sont pas en froid j’espère ?
Alfred : Non ce n’est pas ça non plus. Si je pars c’est parce que, mon père a été affecté ailleurs, il a trouvé du travail dans un autre état et il faut que j’aille avec lui et ma mère là-bas parce qu’ici personne ne pourra veiller sur moi.
Moi : Mais tu peux venir vivre avec ma famille et-moi si tu veux, tu sais que tu seras toujours chez toi parmi nous ?
Alfred : Oui je sais mais mes parents ne voudront jamais me laisser seul, tu sais comment ils sont, ils ne veulent pas prendre de risque. Et j’aurais rêvé venir vivre avec toi mais j’ai peur de vous encombrer et ta famille avec ma présence vous avez déjà tant à faire…
Je voulais qu’il reste à Brooklyn avec moi et que nous continuions à nous voir mais, il avait raison. Nous n’avions pas les moyens pour nous occuper convenablement de lui et cela ne servait à rien de le retenir ou d’espérer que ses parents acceptent qu’il vive sous le toit de pauvres gens comme ma famille et moi. C’était clair, il fallait le laisser y aller et le laisser être heureux ailleurs. Qui sait ? Peut-être que dans sa prochaine ville, il saurait se défendre et s’imposer et que personne ne pourrait faire de lui sa victime à nouveau ? Je n’en savais fichtre rien, mais ce que je savais par contre à ce moment, c’est que je ne pouvais pas rester avec un de mes amis les plus fidèles et loyaux parce que je n’en avais pas suffisamment dans les poches ou que je ne venais pas de bonne famille comme on dit. Et cela me rendait vraiment fou. Je ne pouvais pas concevoir le fait que je ne puisse avoir ce que je veux et que tout me soit arracher jusque l’amitié. C’était d’ailleurs l’une des multiples raisons pour lesquelles je m’étais mis à chercher du travail et à faire des petits boulots de gauche à droite. Histoire de ne plus jamais avoir à subir l’humiliation que j’avais eu à subir parce que j’étais pauvre. Maintenant tout ça, c’était fini, il ne fallait plus m’apitoyer sur mon sort, non. Il fallait que je fasse tout, il fallait que je passe par tous les moyens pour gagner de l’argent. Avec l’expérience d’Alfred, je me suis aperçu que je pouvais gagner de l’argent même en étant sur les bancs. Rien d’administratif, rien de littéraire, rien non plus des divers concours pour gagner un prix, non. J’étais conscient de ma forme physique et, je savais que je pouvais venir en aide à de nombreux garçons ou filles comme Alfred qui se faisaient harceler ou agresser mais au lieu que cela soit gratuit comme avec Alfred, cette fois ma protection sur eux aurait un prix. Après tout, c’était des gosses de riches, ils en avaient plein les poches des sous et, moi il fallait que j’en tire profit. Ça serait un échange équivalent, ils me donneraient leur argent et en échange, je m’assurerais de les protéger contre toutes les agressions dont ils pourraient être victime. On pourrait qualifier cela de pervers mais non, il n’y a pas lieu d’une quelconque perversion. J’avais juste un sens des affaires plus aiguisé que le leur. Peut-être parce que je venais d’un milieu pauvre ? Je n’en savais rien, tout ce que je savais c’est que je pouvais sauter sur cette occasion pour me faire un maximum d’argent. Et c’est ce que j’ai fait. Je suis devenu un véritable justicier dans cette fichue école. Je faisais toujours en sorte de me faire suffisamment mais malheureusement, tout cet argent j’ai fini par le perdre. Lorsqu’on se met à se faire beaucoup d’argent, l’on finit par perdre le sens des priorités en s’imaginant que cet argent qu’on gagne restera là pour toujours, du moins c’est ce que je pensais. Et j’ai eu tort de le penser parce que quelque temps après je me suis fait virer de l’école avec l’incident de Mr Blaise et je n’avais pas un sou en poche parce que j’avais claqué tout l’argent que je m’étais fait dans des futilités, de la nourriture, des jeux vidéo, des jouets et des conneries comme ça. Après tout, je n’avais que douze ans et cet argent, je ne pouvais pas le rentrer à la maison parce que ma mère m’en demanderait la provenance et, il était hors de question qu’elle sache que je me faisais de l’argent de cette façon. Je n’ose imaginer le sale quart d’heure qu’elle m’aurait fait vivre avec son caractère bien trempé. Quand elle se mettait en colère, cette vieille pouvait même déplacer des montagnes. Fallait imaginer ce que nous vivions quand elle se mettait en colère contre nous. Il y avait la ceinture et le fer qui servait à tenir les rideaux, lorsqu’elle se mettait en colère, la ceinture ne servait plus à retenir son pantalon ou celui de notre père et le fer qui servait à tenir les rideaux ne servait plus à les tenir lui mais à nous tenir nous, nous tenir dans les normes et le droit chemin. Ah lala, je pense que ça devait être la seule chose que je haïssais vraiment avec ma mère, les fameux châtiments corporels. Le vice avec cette saloperie de pratique c’est qu’elle osait nous sortir sa fameuse excuse du « qui aime bien châtie bien » Si les châtiments corporels qu’elle nous infligeait était une preuve d’un quelconque amour ou d’une quelconque affection de sa part, pour nous c’était plus une source intarissable de haine et de frustration. Mais, étant donné que c’était notre mère et que sans elle nous finirions certainement le ventre creux et sous des cartons avec un bon petit statut de sans domicile fixe, nous ne pouvions pas lui en vouloir. En même temps, vu le travail qu’elle faisait, sa frustration à elle aussi devait être grande, genre vraiment grande, parce qu’elle était exploitée et sous payée alors qu’elle fournissait un maximum d’effort, c’était toujours elle qui en faisait deux fois plus que les autres mais qui recevait un salaire de misère qui ne devait servir qu’à sa propre survie. Voilà comment la vie d’une jeune fille pleine de rêves de célébrité et de gloire pour son talent inné pour le chant et la musique a fini. Dans une maison de bourgeois qui l’exploitaient comme bon le leur chantait. C’est malheureux oui mais c’est la vie. Qu’est ce qu’on peut et qu’est ce qu’on pouvait bien y faire ? Rien, absolument rien. Il fallait juste le vivre et l’accepter jusqu’à ce que nous puissions lui venir en aide et la sortir de cette misère. Ce qui m’attristait le plus, c’est qu’elle se gaspillait la santé, elle rentrait toujours malheureuse et passait le plus grand de son temps à se bourrer la gueule avec des bouteilles d’alcool et des cigarettes. Elle n’avait que ça, il n’y avait que ça qui pouvait la faire se sentir heureuse ou humaine, elle fumait et buvait encore et encore, et cela a agi malheureusement sur elle et sur sa santé la rendant gravement malade au moment même où mon père également succombait à la maladie. Et voilà comment je me suis retrouvé dans les rues à faire le pickpocket de gauche à droite pour survivre et nourrir ma famille. Mes frères, ils étaient trop jeunes pour devoir vivre cette galère, je le savais, c’était mon devoir de les protéger en attendant que nos parents reviennent à eux. Enfin ça, c’était mon plan au départ mais, plus le temps passait et plus je sentais que cette responsabilité était mienne, et que c’était à moi de faire le plus gros du travail, je sentais que c’était à moi de m’occuper de ma famille et de laver toute la honte que l’on avait eu à vivre durant tout ce temps. Ce ne serait plus qu’un vilain souvenir, c’est ce que je me disais pour arriver à faire ce que j’avais à faire. Voler, dérober, magouiller, faire défaire, mentir, escroquer, trahir même si cela était nécessaire. L’essentiel était que j’en ai assez dans les poches pour sortir ma famille de cette farce que la vie nous jouait à nous faire endurer cette passe de vache maigre et d’extrême pauvreté. J’y arrivais tant bien que mal et mes frères et moi ne nous soucions plus vraiment des problèmes d’argent. Mais un jour, alors que j’étais entrain de dérober des portefeuilles, des trousses et toute autre sorte de chose qui permettait de garder de l’argent, j’ai aperçu un monsieur au lieu qui m’avait l’air bien friqué et mon attention s’est immédiatement braquée vers lui. Je lui en voulais d’être riche, je lui en voulais d’avoir ce dont je manquais et ce que j’avais toujours rêver d’avoir, je voulais lui faire les poches et, j’allais bien évidemment lui faire les poches. Après tout, qui pouvait bien m’arrêter ? J’étais insaisissable et jamais je n’avais commis de largesse à un tel point que je me fasse prendre, les seules fois où cela avait vraiment faillit déraper n’était que très rare. En effet, il n’était arrivé que ça risque de déraper que deux fois si je me souviens bien…
La première fois, c’était l’une de mes toutes premières dans le métier, le métier de pickpocket. Et, il n’y a pas de sous métier comme on dit, alors je me sentais à l’aise de coupable de rien du tout lorsque j’allais arracher leur fortune à tous ces fichus vaniteux qui se permettaient de se pavaner librement dans les rues au lieu de rester sagement dans leurs belles voitures. Non, eux, il leur fallait également montrer à tout le monde comment Dieu les avaient graciés et bénis en leur offrant richesse et prospérité ; et s’ils étaient trop imprudents, moi j’étais bien évidemment là pour leur rappeler qu’il ne fallait pas commettre pareille boutade et, je pense que je le faisais assez bien mais cette fois, quelque chose m’a échappé. J’étais habitué à ce que cela soit facile pour moi de m’emparer de leur richesse sans même qu’ils ne s’en aperçoivent et cela était devenu même un peu trop facile alors j’ai inconsciemment baissé ma garde et je suis tombé dans le piège de l’oisiveté. Ma victime, si l’on peut l’appeler comme ça, s’était aperçu que j’avais ma main dans sa poche et qui plus est sur son porte monnaie, il ne fallut pas longtemps avant que notre chère victime se mette à hurler…
La victime : Au voleur ! Au voleur ! Il essaie de me piquer mon portemonnaie, qu’on lui mette le grappin et qu’on lui administre une bonne correction !!
Par chance pour moi, il n’y avait personne qui nous observait alors, j’ai pu camoufler ses cris et lui demander de se calmer…
Moi : Mais qu’est ce qui vous prend de hurler de la sorte ? Où est-ce qu’il s’est caché ce fichu voleur ?
La victime : Vous essayez de me prendre pour un imbécile là ?
Moi : Je ne vois absolument pas de quoi vous voulez parler Monsieur, j’essaie juste de vous aider à retrouver ce fameux voleur mais il semblerait que nous soyons seuls là, est ce que vous êtes sûr que tout va bien ?
La victime : n’essayez pas de jouer au plus malin avec moi, je sais que vous avez essayer de me faire les poches tout à l’heure pourquoi est ce que vous faites l’innocent ?
Moi : vous êtes tombés sur le crâne ou quoi ? Il faut vous calmer mon cher monsieur, d’abord vous criez au voleur alors qu’il n’y à personne aux alentours et maintenant, c’est moi que vous accusez ?? vous êtes sûr que tout va bien ? Vous voulez que j’appelle un médecin ?
La victime : Vous allez voir qui est ce qui a besoin d’un médecin lorsque je vous mettrai mon poing dans la figure, sale voleur !!
Moi : Comment est-ce que vous osez m’insulter ? Tout ce que j’essayais de faire c’est de vous venir en aide. Je me demande si vous avez des preuves de ce dont vous m’accuser, ça ne va pas se passer comme ça, vous pouvez me croire, je vais de ce pas appeler la police et porter plainte puis vous poursuivre en justice. Vous verrez ce que ça en coûte d’agresser les gens de la sorte.
La victime voyant que j’avais pris mon téléphone et que j’allais vraiment téléphoner s’empressa de se rapprocher de moi pour s’excuser et me faire des supplications…en fait, c’était un délinquant et un sans papier, il parait que la police le recherchait pour lui passer un savon et le coffrer une bonne fois pour toute…
La victime : Oh, qu’est ce que vous faites là ? Allons mon cher Monsieur, nous n’allons pas nous conduire de la sorte, vous savez, nous n’avons pas besoin d’en venir là, je suis juste un peu tendu en ce moment, je vous prie de m’excuser s’il vous plait.
Moi : Vous excuser ? Vous blaguez ? Vous m’avez menacé de me mettre votre poing dans la figure, vous avez parlé, c’est trop tard maintenant, quand on parle, il faut assumer ses paroles.
La victime : Allons mon cher monsieur, il ne faut pas le prendre comme ça je vous en prie, je ne peux pas avoir à faire la police, pas maintenant…
Moi : Ah bon ? Pourquoi donc ? Pourquoi est ce que vous ne pouvez pas avoir à faire à la police ?
La victime : je ne peux vraiment pas vous le dire mais je vous en supplie, s’ils me trouvent, ils me jetteront en prison pour une bonne vingtaine d’année ou me renverront chez moi, j’ai une famille, je ne peux pas courir ce risque. Combien est ce que vous voulez pour qu’on n’oublie toute cette histoire et ces malentendus ?
Moi : Non mais je rêve, vous essayez de me soudoyer là ?
La victime : Non ce n’est pas ça, je ne doute pas une seule seconde de votre honnêteté mais j’ai vraiment besoin que vous ne téléphoniez pas à la police.
Moi : Oh et bien mon cher monsieur, cela va vous coûter cher vous le savez ? Avec ce que vous m’avez dit, je présume que vous êtes très certainement un immigré et un hors la loi… je note, je note…
La victime : Pitié, ne faites pas ça, j’ai vraiment besoin d’être ici avec ma famille, je ferai tout ce que vous voulez je vous le jure.
Moi : Hmph… il faut que vous me laissiez y réfléchir même si je ne vois vraiment pas en quoi vous aider m’est bénéfique. Je vous rappelle quand même que vous m’avez traité de sale voleur et que vous m’avez menacé de me mettre un coup de poing mon cher ami.
La victime : Oh, j’en suis bien conscient mais pardonnez ma maladresse je vous en conjure, cela ne se reproduira plus, je vous le promets. Et pour ce qui est du bénéfice je vous prie d’accepter ces quelques quatre et vingt dollars que j’ai sur moi, ça vous servira de dédommagement.
Moi : J’en veux plus pour mon silence…
La victime : c’est tout ce que j’ai, je vous le jure, mais si vous le voulez je peux compléter avec vingt dollars supplémentaires pour que cela vous fasse cent dollars. Cent dollars pour avoir aider un frère d’humanité comme vous. Qu’est ce que vous en dites ?
Moi : j’en dis que vous vous foutez totalement de moi. C’est avec cent maudits dollars que vous monnayez votre présence sur le sol américain ? J’en veux plus, mais déjà quel est votre prénom ?
La victime : Misère, acceptez cet argent je vous en prie… je m’appelle Pédro…
Moi : Hum…Pédro, je vois. Et bien Pédro, je veux cinq cent dollars pour mon silence et je pense que pour une caution ils vous feront payer plus alors c’est un échange équivalent, c’est vous qui voyez…
Pédro : cinq cent dollars ??? Où est ce que je pourrais bien trouver tout cet argent mon cher Monsieur ?
Moi : Oh mais vous n’avez pas besoin de le chercher étant donné que vous l’avez sur vous. Allez, ne soyez pas timides et faites donc ce que vous avez à faire.
Pédro : Que diriez vous de deux cent cinquante dollars ?
Moi : J’ai dit cinq cent dollars. Prenez-moi encore pour un imbécile et je décroche mon téléphone.
Pédro : Ok, Alors Trois cent dollars ?
Moi : hum… il me semble que vous ne m’avez toujours pas bien compris mon cher ami, c’est cinq cent dollars ou vous passerez au journal info ce soir à vingt heures pile.
Pédro : Trois cent cinquante ?
Moi : Cinq cent.
Pédro : trois cent soixante et quinze ?
Moi : Cinq cent dollars, pas un rond de plus pas un rond de moins.
Pédro : Quatre cent… c’est tout ce que j’ai.
Moi : Quatre cent cinquante et c’est une faveur que je vous fais.
Pédro : Ok vendu, tenez vos quatre cent cinquante dollars…
Puis il s’enfuit en courant après m’avoir remis mon argent, il devait surement y avoir plus que cinq cent dollars dans son fichu portemonnaie mais bon quatre cent cinquante dollars devraient bien pouvoir me suffire…
Cette fois, j’ai bien cru que j’allais me faire coffrer et que je ne reverrais plus jamais ma famille ou qu’ils apprendraient pour mon « métier » qui n’était pas un sous métier…
Mais bon, ceci n’était qu’une parenthèse, je parlais du monsieur bien vêtu qui me semblait aisé et à qui je voulais faire les poches parce que j’avais la haine. Non ce n’était pas de la haine, c’était de la jalousie ou de l’envie ; oui, je l’enviais parce qu’il avait tout ce dont j’avais toujours rêvé en apparence et j’étais bien décidé à me servir d’une partie de ces précieux biens que l’univers lui avait accordé. Alors je me suis mis à le filer. Je le suivais d’assez près pour que je ne le perde pas de vue et d’assez loin pour qu’il ne me remarque pas. Jusqu’à ce que j’arrive suffisamment prêt de lui et que je fasse exprès de le bousculer pour m’apercevoir qu’en réalité, c’était lui…Alfred. Mon vieil ami, fidèle et loyal, il était revenu, il était de nouveau à Brooklyn.