Ma belle-mère

Write by FleurdeLhys

Yaëlle n’avait vu son père qu’un nombre comptable de fois dans sa vie et elle n’en gardait aucun souvenir chaleureux. Yassir était un homme distant ; froid et manipulateur.

Arrivée à l’âge adulte ; Yaëlle s’était souvent demandé ce que sa mère avait pu lui trouver.

Le destin défiait quelque fois la logique. Puis de toute façon ; elle n’existerait pas si les deux larrons ne s’étaient rencontrés.

Yaêlle avait vu son père vivre dans un luxe insolent tandis que sa mère et elle se contentait du minimum pour vivre. Mais les supplications pieuses de ma mère furent entendues et elle rencontra Sébastien, un homme au cœur d’or et à la main généreuse. Il l’épousa quand Yaëlle avait sept ans et rien ne fut plus pareil.

     

Cet après-midi, elle était là dans la demeure d’un père quasiment inconnu ; un père absent. Un père dont l’absence au final avait été plus productif que la présence.

Yaëlle ressemblait physiquement à sa mère, frêle d’apparence, menue et apparemment inoffensive mais à l’intérieur elle était un roc solide. Elle avait hérité du caractère résolu de son feu père. Lorsqu’elle avait décidé de poursuivre une cause ; elle n’abandonnait jamais. Seule la fin justifiait les moyens. Elle savait faire preuve d’une résilience hors du commun et lorsqu’elle avait dit NON, c’était non pour la vie. Yaëlle était une main de fer dans un gant de velours. Son apparence frêle avait trompé plus d’un et cela elle l’utilisait à son avantage.

Ce soir, la fille d’Agar était dans les murs d’Abraham et ses enfants légitimes profiteraient de la fragilité de son apparence trompeuse ‘’de-jeune-femme-de-rien du-tout’’ pour lui dicter leur loi. Mais elle ne se laisserait pas faire.

Ce soir, elle jouerait toutes ses cartes et même les jokers. Elle en était là de ses réflexions quand la maitresse de maison fit son apparition. La jeune femme pouvait voir dans son regard un air de dégoût à peine dissimulé.

L’enfant bâtarde de son défunt mari était là sous son nez et il s’avérait qu’elle l’avait déjà vu plus d’une fois à la télé sans savoir qui elle était véritablement.

Madame Yassir avait découvert le secret de son mari par le notaire, il y a deux jours. Ce fut un choc supplémentaire.

Elle s’était rendue sur google pour checker et elle avait eu un haut le cœur. La photo de cette fille…son visage…Elle l’avait déjà vu quelque part…

Evidemment ! Son mari regardait souvent la chaîne nationale du Bénin et il restait béat d’admiration devant cette fille ; cette ambassadrice qui portait le même nom de famille qu’eux. Cette dame était la même personne que celle qu’elle voyait sur l’écran de son ordinateur.

Debout face à elle dans son propre hall, elle s’était mise à se remémorer une conversation entre son mari et elle.

-Qui est cette fille, chéri ? ça fait plus d’un mois que je remarque que tu t’intéresses à ses interventions à la télé.

-C’est la fille d’un de mes cousins de Cotonou. Tu ne le connais pas. Je suis fière que mon sang soit à ce niveau de réussite disait-il.

Yaëlle regardait la femme de Yassir depuis une bonne dizaine de minutes. Toute sorte d’émotions passaient sur son visage, comme si elle était perdue dans ses pensées. Enfin, elle lui adressa la parole.

 

-J’aurais dû me douter que cela n’était pas anodin. Yassir ne tombait jamais en admiration devant personne. Il était réputé pour savoir cacher le moindre sentiment, la moindre émotion.

Yaelle jubilait intérieurement. Tout à coup ; toute la rancœur qu’elle avait nourri contre Yassir fondit comme neige au soleil mais elle n’en laissa rien transparaître.

-Vous êtes donc la fille de mon mari, c’est bien cela ?

-oui madame : la fille aînée de votre défunt mari précisa-t-elle pour lui signifier que toute bâtarde qu’elle puisse être, elle était la première née de son cher mari et par ricochet la grande sœur de ses deux fils.

-Soit, soit chère dame mais cela n’ajoute aucune légitimité à votre présence en cette demeure à mon humble avis.

Bien qu’offensée, Yaëlle ne pipa mot.

La dame la scruta un moment et du reconnaitre en son âme et conscience que cette fille était bien la progéniture de Yassir.

-Bien. Je vais de ce pas appeler mes garçons pour la réunion. Le notaire non plus ne tardera à venir.

La fille d'Agar