Mama
Write by Shanti
Chapitre 8
J’ai l’impression d’aller mieux de jour en jour. Depuis le retour d’Adama, nous sortons régulièrement et j’avoue que cela me fait beaucoup de bien. Il est attentionné et très protecteur, il me rappelle mon Daoud.
Daouda est le premier fils de mes parents, il vit au Canada avec sa femme et ses enfants. Ils viennent nous voir une fois par an mais cette année ils ne sont pas venus. Il me manque énormément, c’est un peu mon deuxième papa. Il n’a jamais tenu le rôle du grand frère autoritaire comme les Yssous, tenir les murs de la cité à longueur de journée ce n’était pas pour lui, il est celui qui n’a sans aucun doute aucune contribution dans l’apparition des cheveux blancs de mon papa lol, pas comme les autres qui passent leurs temps à faire on ne sait quoi. Non, lui est devenu un grand avocat. Bref c’est mon grand frère préféré. D’ailleurs il faut que je pense à l’appeler.
Mais pour le moment, je dois me préparer et vite, il est déjà 17h30 et Adama sera là dans très peu de temps. Nous allons voir un représentation du Jamel Comedy Club. J’aime beaucoup les spectacles d’humoristes et il semblerait que lui aussi donc on se fait plaisir.
Je prend rapidement une douche, je me crème et enfile un jeans taille haute, un chemisier blanc et des bottines bleu nuit. J’arrange mon afro avec un foulard et hop je suis prête. Je ferme les volets et la porte du jardin quand j’entends la sonnerie de mon téléphone. Je décroche à la volée.
Moi : Tu es là ?
Lui : Juste devant, dois-je venir te chercher ?
Moi : Non non, j’ai fini, attends moi.
Je prends mon sac et ma veste puis ferme la porte avant de me dirigé vers sa voiture. Il attend toujours sur le trottoir d’en face. D’après lui c’est une position stratégique.
Il est debout bras croisé, adossé à la portière de sa voiture, il porte un jeans et un polo blanc.
Moi : Tu m’espionnes?
Lui : comment ça ?
Moi (ouvrant ma veste) : On est habillé pareil !
Lui (souriant) : Les grands esprits ma belle, les grands esprits !!
Moi (lui tirant la langue) : N’importe quoi !!
Il contourne la voiture par l’arrière et scrute les alentours avant de m’ouvrir la portière arrière, oui oui. La première fois qu’il m’a fait le coup je lui ai demandé combien me coûterait la course. Il a rit aux éclats avant de me dire qu’il ne mettrait pas le compteur.
Je m’installe confortablement sur le siège en cuir, il referme la porte et contourne encore le véhicule avant de s’installer au volant.
Moi : Tu es vraiment bizarre comme mec Ad
Lui : Pourquoi ?
Moi: D’habitude les gens ne veulent pas qu’on monte à l’arrière s’il n’y a personne à l’avant mais toi...
Lui : Qui te dis qu’il n’y a personne
Moi : Mais...???
Il éclate de rire
Moi : Ça ne me fais pas rire hein, tu ne vas pas me dire que tu fréquentes de l’autre côté ?
Lui : Quoi? Non non non, mais je plaisante enfin. De quel autre côté tu parles ?
Moi : Hum ... On ne sait jamais hein.. Ok donc c’est quoi ton délire alors? Tu ne veux pas que je m’asseye à côté de toi?
Lui : Pas du tout, bien au contraire. C’est juste que... je pense que c’est plus... une déformation professionnelle. Une question d’habitude. Personne ne monte à l’avant, sauf mes gars.
Moi : Ok
Lui (changeant de sujet): Comment vas ta mâchoire ?
Moi : Arrêteuh!
Lui (riant): Quoi!!
Moi : C’est pas drôle !
Lui : Mais si c’est ce qui est drôle justement, rire à s’en faire mal à la mâchoire. Ahaha !! T’es un cas hein !
Moi : Pfff
Il se moque parce que le dernier spectacle qu’on a été voir était celui de Nawell Madani, et j’ai tellement rit qu’à la fin j’avais la mâchoire bloquée. Oui oui c’est véridique, la fille est vraiment mais vraiment drôle et à vrai dire ça m’a tellement fait du bien. Cela faisait longtemps que je n’avais pas ris de la sorte.
On met quand même une heure pour arriver sur Paris, heures de pointes oblige. On passe rapidement dans une sandwicherie avant d’aller au Comedy Club histoire de prendre de quoi grignoter ( enfin plus pour moi) Ad lui a prit 2 sandwichs, 2 éclairs et une grande bouteille de coca. Je ne sais pas comment il arrive à ingurgiter tout ça.
Lui : Tu ne manges que des bâtons toi?
Moi : Des benoîtons Ad, benoîtons
Lui : C’est ce que j’ai dis c’est pareil c’est sec et ça nourrit pas
Moi : C’est fourré aux olives donc c’est pas si sec que ça lol
Lui : Beurk!!
Moi : Arrête de mytho tu kiffes les olives
Lui : Raconte pas de la merde toi, et ne me dit pas que tu fais comme toutes ces filles qui se privent de nourritures juste pour garder la peau sur les os
Moi : Mais c’est vrai. Non, tu me connais j’ai jamais fais attention à ce genres de détails, c’est juste que je n’ai plus vraiment d’appétit, je mange mais par petites quantités et tu as bien vu que je n’ai rien perdu, bien au contraire.
Lui ( me reluquant) : Mouais.
Moi : lui donnant une tape sur le bras, Même pas tu fais semblant
Lui : Aïe mais j’ai rien dit c’est toi, en plus tu m’as fais trop mal, je crois je vais pleurer la
Moi : Lol, comme si je pouvais te faire pleurer
Lui : Ah faut pas croire hein, je suis un sensible peut-être tu sais pas
Moi : Si tu le dis
Lui : Je le dis
Moi : Ok monsieur
Lui : Et j’insiste, je suis fragile faut plus me taper
Moi : T’es grave hein
On passe une super bonne soirée, comme d’habitude le rire est au rendez-vous. Ad me raccompagne à la maison et fais son inspection d’après lui avant de partir. Moi j’ai arrêté de suivre ses manis je trouve qu’il exagère. L’armée c’est fini, il n’y a pas d’ennemi en planque à tous les coins de rues.
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Je suis réveillé par la sonnerie de la porte d’entrée, j’avise l’heure 8h30. C’est quoi encore, les livreurs n’arrivent jamais par ici aussitôt et en plus ils n’insistent pas d’habitude. C’est souvent l’avis de passage que je retrouve dans la boîte aux lettres. J’enfile rapidement une djellaba et descend à toute vitesse. J’espère que ce n’est pas Lili sinon je la tue.
« Bam! Bam! Bam! »
Ils tambourinent maintenant sur la porte. Eish! et si c’était la police? Koyo, et Dieu j’espère qu’il ne lui ai rien arrivé.
J’ouvre fébrilement la porte et
Moi : Mama???
Mama : Nsuma!!
Moi : Mama ??
Mama : Mani Mama guiri gnouré ( quoi mama pousse toi devant moi)
Elle me pousse et entre dans la maison, je presse le pas pour la suivre.
Moi : Qu’est-ce qui se passe ?
Mama : Mani qu’est-ce qui se passe ?
Moi : Euh ça va tout le monde va bien à la maison ? Et papa?
Mama : Est ce que ça t’intéresse, ça fait combien de mois t’es pas venu nous voir.
Moi : J’allais venir Mama c’est p....
Mama : Guaranté ké (menteuse) tous les jours je vais venir, je vais venir, a sou fanké ( que du vent). Ça fait maintenant tu ne veux même plus nous voir dans tes yeux. Et Allah qu’est-ce j’ai fais pour avoir une fille comme toi, quelqu’un qui abandonne sa famille pour un homme, en plus un étranger. C’est moi ta vieille mère qui doit me déplacer pour venir jusqu’à chez toi. En plus c’est la campagne y’a même pas de bus. Depuis Fajr* que je suis sortie de la maison, regarde il est presque 10 heures.
Aïe cette femme est toujours dans l’exagération.
Elle met les deux mains sur les hanches et tape sur le sol avec son pied droit.
Moi : .....
Mama : Tu ne dis rien Nsuma, regarde moi.
Moi : Je lève la tête, et croise son regard presque horrifié
Mama : Laila! Nsuma ! Elle porte maintenant sa main sur sa bouche.
Moi : Qu’est-ce qu’il y a Mama?
Mama : Ah bon c’est parce que tu es enceinte que tu viens te cacher ici. Nsuma!
Moi : Riant Mais non Mama je suis pas enceinte
Mama : Menteuse tu crois que je suis bête ou bien je suis aveugle. Je vois très bien regarde comment ton cou est clair en plus tu es grosse. Mais c’est bien, c’est de moi que tu te caches, c’est pas grave comme c’est lui ton père et ta mère il va te faire accoucher. Gué dagua ( je m’en vais)
Moi : Mais Mama je ne te caches rien c’est la vérité si j’étais enceinte je te l’aurais dis.
Mama : Donc c’est moi la menteuse d’accord, merci beaucoup. Mais on verra, s’il plaît à Dieu.
Mais pourquoi Mama pense à des choses pareilles je ne suis pas aller les voir parce que je ne voulais pas qu’ils sachent pour nous, et voilà que maintenant elle s’imagine des choses.
Je sors de mes pensées quand j’entends la porte s’ouvrir
Moi : Mama ne pars pas, reste un peu tu viens juste d’arriver
Mama : Tchiipp!!
Moi : Attends moi alors je te ramène à la maison
Mama : Guiri gnouré c’est avec toi que je suis venue.
Et elle part sans même se retourner. Je m’assieds sur la marche d’escalier et prends ma tête entre mes mains. Pourquoi tout va de travers dans ma vie. Si je suis enceinte Koyo ne me croira pas il pensait déjà que je sortais avec Adama.
Mais comment j’aurais pu être enceinte tout ce temps sans m’en rendre compte.
Mais qu’est-ce qu’elle me raconte Mama je ne peux pas être enceinte, Koyo est parti il y a presque 6 mois. Je l’aurais su quand même. Mais Mama semblait tellement sûr d’elle, en général les mamans sentent ce genre de choses. Non non je ne peux pas être enceinte. Mon Dieu Koyo, qu’est-ce que je vais faire.
*Fajr: Prière de l’aube