Mise au point!
Write by Saria
***Abomey-Calavi***
***Arconville***
***Chez les TONI***
***Kafui***
Je m’apprêtais pour ma consultation chez le docteur Fawaz lorsque mon téléphone sonne. J’ai un large sourire.
Moi : Allô maman ?!
Maman : Esron yin*…Comment vas-tu ?
Moi : Moyen maman…J’ai été malade…et puis j’ai quelques soucis avec Guy.
Maman : Han ! Tu vois ? Depuis quelques jours je rêve de toi, quand j’en ai parlé à ton père il m’a dit que je m’inquiétais pour rien ! Que se passe-t-il ?
Moi : Maman c’est un peu long à expliquer…T’inquiète je vais gérer ! La bonne nouvelle c’est que je suis enceinte !
Maman : Han ?! Encore ! Kafu tu vas faire des triplés ! C’est parce que tu es enfant unique que tu veux mettre au monde ceux que je n’ai pas pu ou quoi ?!
Moi : Maman c’est quel discours ça ?! Tu es contente ou pas ?
Maman (rire) : Oui ça ne m’empêche pas de te dire la vérité ! Bon je te passe ton père !
Je parle longuement avec mon papa, on rigole. Quand il raccroche, je me sens nostalgique. Je voudrais tellement être à Aneho !
Bon je me secoue, je prends tous mon dossier, mes sachets de médicaments, mon sac à main. Lorsque je descends je trouve Guy en bas avec sa mère. Tchiip, je ne savais pas qu’elle était là. Depuis, la dernière fois où j’ai giflé sa bru on ne s’est plus revue. Croyez-moi elle ne m’a pas manqué. Je dis bonjour et je trace mon chemin. Si elle croit qu’elle va rester ici quelques jours, elle se trompe.
Guy : Heu chérie…tu sors ?
Moi : Oui...Je vais à la clinique Patte d'Oie...
Guy : Je t’emmène attends…
Moi : Non merci je vais me débrouiller…
Guy : Mais…
Moi : Guy c’est bon ! Je vais me débrouiller !
Mamie : Elle a dit c’est bon ! Pourquoi tu insistes ?
Moi (me tournant vers elle) : Mamie je crois qu’il a entendu !
Je sens la colère monter en moi. Si je la remets à sa place pour une fois mes tatas ça fait quoi ? Elle n’en mourra pas !
-et puis mamie ? De quoi je me mêle ? Tu n’es pas la bienvenue ici ! Je suppose que tu as encore débarqué mais crois-moi tu repars d’où tu viens ! Tu habites Cotonou ce n’est pas loin…Si ton enfant veux te voir il ira te voir… Chez toi ! Qu’est-ce que tu as à te balader dans le foyer de ton fils ?
Mamie : Guy…Tu entends ta femme me parler ? Ici c’est chez mon fils…Donc chez moi et je n’ai pas besoin de ta permission ! La femme qui va me l’interdire n’a rien à faire ici !
Moi (déchaînée) : Je te parle comme je veux ! Mamie…Tu as raison de toute façon je pars déjà…Mais pour le moment, à l’instant où nous parlons, ici c’est encore chez moi…Quand ta nouvelle bru va s’installer tu pourras débarquer ! Mais jusqu’à ce que je libère l’espace, tu ne viens pas sans avertir ! Tu n’es pas la bienvenue. Et si je t’accorde de venir contente toi de rester au salon, ne fouine plus chez moi !
Guy : Chérie !
Moi : Toi laisse-moi tranquille ! C’est comme ça que les mères de tes amis se comportent ? Mamie, patiente que Nicole intègre ici, en attendant moi c’est bon ! J’ai déjà donné !
Mamie : Mais tu te prends hein Kafui ! Tu te prends ! J’ai élevé mes enfants seule et…
Moi : Mamieeeee ! Ton disque est rayé ! Tu crois quoi ? Tu les as élevé seule et puis ça fait quoi ?!Maintenant tu veux les épouser aussi ?! Pardon !
Je sors en claquant la porte fort ! N’importe quoi ! Une hypocrite comme ça ! Je me dirige vers ma voiture. Bon entre nous, j’ai fait mon bruit-là maintenant qui me conduit ?! J’étais là à cogiter quand je vois mon mari approcher. Je mets la tête de côté.
Guy : Laisse-moi te déposer s’il te plaît…avec ma voiture comme je vais travailler.
Je descends et passe devant lui sans rien dire. Une fois installée, je mets la radio en marche pour montrer clairement que je n’ai pas envie de parler. Le trajet se fait en silence mais arrivé au carrefour Godomey, il prend ma main et la pose sur le levier de vitesse et pose la sienne dessus et passe les vitesses. Ce contact me rend toute chose même si je garde ma tête contre la vitre.
Au fond de moi une bataille se livrait : je ne veux pas vivre comme ça dans le doute permanent, la colère, à gérer la vieille folle là. Malgré toutes ces années à accepter d’être traitée comme une serpillère au nom de l’amour où est-ce que j’en suis aujourd’hui ?! Guy m’a fait un enfant dans le dos ! Je ne sais pas où est-ce qu’il en est avec Nicole ? Elle en tout cas veut encore de lui. Si je reste suis-je capable de gérer la présence de Junior dans nos vies ? Est-ce que Guy ne changera pas avec nos filles ? Est-ce qu’elles ne seront pas considérer comme des enfants de seconde zone ? Je me dis qu’en divorçant je tranche le mal une fois…Je souffrirai d’une chose mon divorce. Mais si je reste, est-ce que j’accepterai d’avaler des couleuvres ? Toutes les fois qu’il ira en France, dois-je craindre une infidélité ?
On arrive devant la clinique Patte d’Oie, je descends. Au moment de pousser la porte d’entrée de la clinique je réalise que la voiture n’avait pas bougé. Je me retourne et constate que Guy me fixait sans bouger.
Je reviens sur mes pas et lui fais signe de me rejoindre. Alors il fait la manœuvre et se gare bien. Il s’avance vers moi et m’ouvre la porte.
***Guy***
J’ai cru que jamais, elle ne me demanderait de venir avec elle ! Je ne voulais pas la brusquer mais je brûle de faire connaissance avec le petit être qui grandit en elle.
Depuis l’épisode des mueslis on a avancé à petits pas. Avec la scène entre ma mère et elle j'étais atterré, je me suis dit
que mes efforts de ces derniers jours ont été ruinés.Mais bon apparemment , Kafu essaye de faire la part des choses.
Même s'il y a encore trop de points à éclaircir je patiente d'abord, pour le moment
priorité sur sa santé et celle du bébé.
J’allais découvrir qui la suivait désormais, puisqu’elle a changé de médecin pour cette grossesse. Je suppose que c’est un ami de Jean-Yves.
Dans la salle d’attente, il y avait deux dames avant nous. On s’assoit, elle prend son téléphone et moi je regarde discrètement autour de moi… finalement notre tour arrive. On nous introduit… si le médecin est surpris par ma présence, il n’en montre rien.
Il reste professionnel, tout en étant sympathique. Il lui pose des questions auxquelles elle répond.
La consultation se passe bien. Tout est correct…L’étape de l’écho est la plus émouvante pour moi. Grâce à un écran de télévision fixé au mur, elle en étant couché peut voir l’image du fœtus, et moi également de mon siège.
Au fur et à mesure que la sonde bouge on voit le bébé bouger. Le médecin prend des mensurations, la tête, les membres…Puis on voit le fœtus sucer son pouce, je sens ma gorge se nouer. C’est extraordinaire le miracle de la vie ! Dès que c’est fini le médecin revient à son bureau et Kafui se rhabille et viens nous rejoindre.
Kafui : Alors docteur ?
Docteur Fawaz : Tout se passe plutôt bien ! Et puis vous avez meilleure mine ! Et les nausées ?
Kafui : Ça va beaucoup mieux ! Merci !
Docteur Fawaz : C’est peut-être parce que vous acceptez mieux votre état…On se revoit dans un mois alors ? On reconduit le traitement en cours avec les mêmes recommandations.
Kafui : Oui…Mais je reprends le boulot quand docteur ?
Docteur Fawaz : Je vous le dirai ! De toute façon Jean-Yves m’a dit au moindre doute de vous garder au chaud…Donc on attend encore un peu pour voir si tout se passe pour le mieux! En attendant vous êtes sage et pas d’imprudence!
Je sors de là apaisé pour le bébé et pour Kafui avec mon égo
un peu froissé. Oui je ne peux m’empêcher de ressentir de la frustration et de…la
jalousie ! C’est dur de me sentir mis à l’écart de tout le processus. Que
Jean-Yves du Canada gère les choses me peine un peu…Même si je me dis que
c’est normal…C’est son bébé! J’espérais…J’espérais avoir un peu plus d’informations
sur l’âge de la grossesse et d’autres informations de première main.
Je fais contre mauvaise fortune bon cœur. Au moins ma belle a le sourire et me prends spontanément la main pour qu’on sorte.
Moi : Maintenant c’est quoi le programme ? Moi je dois filer au bureau là !
Kafui : J’ai envie d’aller au spa…Me faire belle…
Moi : Ok…Je te dépose où ?
Kafui : Myosotis
Moi : J’espère que l’ascenseur marche hein…Il est hors de question que tu montes les escaliers…Je te récupère entre midi et deux et je te dépose ensuite à la maison.
Kafui : Oui…
Dès qu’on arrive au pied du grand immeuble à Ganhi, elle me fait un grand sourire auquel je réponds. Puis j’entends :
-Ta carte bancaire s’il te plaît
Moi : Pardon ?
Kafui : Il faut que je paye mes soins et autres…
Moi : Mais…c’est de l’escroquerie ma parole !
Kafui (amusée) : Non ! Le docteur a dit que je devrais me détendre !
Moi : Je n’ai pas entendu cette partie-là pourtant j’étais bien présent ! Bon…Ok tiens…Mais s’il te plaît soit raisonnable !
Elle ne répond pas et disparaît en s’éventant avec ma carte…Je sens qu’elle va me la chauffer !
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