Moment douceur
Write by Saria
***Cotonou***
***Clinique Patte d’Oie***
***Guy***
On avait tous attendu dans le hall jusque-là, j’avais les nerfs à vif à force d’attendre. Une jeune femme en uniforme blanc bleu s’approche de nous pour savoir qui devrait aller voir le bébé Toni et sa mère. Je me lève d'un bond...Enfin je suis autorisé à les voir le bébé et elle. Je commençais à m’imaginer toutes sortes de choses négatives. Je m’apprêtais à emboîter le pas à l’aide-soignante quand mon frère me retient par le bras.
Moi (exaspéré) : Quoi encore ?!
JY : Attends juste 10 mn…
Moi (agressif) : Quoi pour que tu puisses y aller avant moi !?
Il me regarde d’un air dépité en secouant la tête. Un mouvement de la porte nous fait nous retourner. Un jeune homme venait d’arriver avec un immense bouquet de rose rouges. Mon frère fait un mouvement de menton.
-Pour ça ! Tu pensais aller la voir les bras ballants ?! Après le travail difficile qu’elle a eu ?
Je reste silencieux...penaud
Moi : …Merci frangin je te revaudrai ça !
JY : J’y compte bien !
Je prends le bouquet et file. J’arrive un peu intimidée devant la porte ; lorsque je me décide finalement à entrer, j’ai un beau tableau sous les yeux. Kafui était sur le côté et le bébé avait été placé juste à côté d’elle. Il était habillé d’une grenouillère jaune poussin avec un bonnet blanc et faisait un énorme bruit de succion sous le regard émerveillé de sa maman.
Elle lève les yeux et son regard tombe sur le bouquet, son visage s’illumine.
Kafui : Il est magnifique !!!
Moi (me rengorgeant) : Il te plaît ?
Kafui : Tu rigoles ? C’est le plus beau que j’ai jamais reçu !
Je dépose les fleurs sur la table de chevet et me penche pour l’embrasser sur le front, ensuite j’embrasse le nouveau-né. J’étais ému, le voir ainsi chercher à manger en suçant son point bruyamment.
-Je te présente Sitou nin mahou
Moi (confus) : Sitou ?
Kafui : Oui c’est un garçon.
Nos regards s’accrochent, toutes ces années d’humiliations et de larmes, tous ces souvenirs douloureux remontaient entre nous. Je ne pouvais pas imaginer ce qu’elle avait enduré mais je crois que le Dieu de justice a agi.
Moi : Je l’aurais aimé même si ça avait été une fille…Tu le sais ça non ?
Kafui : Toi oui…
La coupant, je ne veux pas de paroles négatives qui accompagnent la venue de cet enfant !
Moi : C’est le plus important ! Merci de savoir malgré tout ce que nous traversons que le sexe de l’enfant n’est pas déterminant pour moi.
Kafui : Tu peux le prendre hein ou tu as peur ?
Moi : Lol…Un vétéran comme moi ?! Tout compte fait je crois que je vais lui caresser la tête.
Kafui (sourire moqueur) : Oui je vois ça monsieur le vétéran…
Quelques minutes plus tard, ma tante entre suivi de JY. Je vois le visage de mon…de Kafui s’éclairer et elle lui tends les deux mains qu'il prend avec beaucoup de tendresse, j’ai un pincement même s’il n’y a rien entre eux, j’ai du mal à voir cette complicité…que rien ne semble pouvoir ébranler.
JY : Bon rassure-moi c’est le dernier enfant ! Tu m’as trop traumatisé avec vos choses de femme-là !
Kafui : Tchiip, tu n’as pas dit que tu es garçon ?!
Maman Hortense : JY, tu es déjà là hein, arrête de la fatiguer !
Kafui : Mamie ! Tu es là !
MH : Oui chérie…Tu as été brave il paraît…
Kafui : Dieu était aux commandes.
La bonne humeur régnait, je rends grâce à Dieu. Vous vous demandez où est passée ma mère ? Je compte le lui annoncer. J’ai tenu à ce que mon enfant soit accueilli dans de bonnes conditions : beaucoup d’amour, de joie et de rayonnement. C’est mon devoir de père de veiller à ça !
***Le lendemain***
***Abomey-Calavi***
***Chez les TONI***
On venait d’installer Kafui et le bébé dans la grande chambre. C’est là que le berceau a été monté. De toute façon je ne suis plus là donc…
Les filles étaient aux anges ! Je sens que Sitou va être traité en petit prince ! Remarquez, il ne pense qu’à manger : sa mère n’arrive pas encore à l’allaiter, le pédiatre a autorisé le biberon pour le calmer !
Nina : Papa tu crois qu’on peut le prendre un peu ?
Moi : Oui…Mais avec l’aide de maman ou moi
Talya : Il a la peau douce ! Papa ça veut dire que Trisha et moi sommes dada aussi ?
Moi : Oui !
Leur mère prend le nouveau-né contre elle pour la tétée.
Alors les filles se regroupent autour d’elle. Elles regardent leur frère
essayer de tirer le lait.
Nolwenn : Maman il a quel goût ton lait ? C’est comme Nido ou pas ?
Kafui : Euh…
Trisha et Talya : On peut goûter ?
Moi : Non !
Je devais faire une moue dégoûtée car tout le monde éclate de rire dans la chambre. Une fois encore je prie dans mon cœur pour que l’harmonie ne soit pas rompue. C’est ma famille, mon ancrage et je vais tout récupérer.
PS : Donnez-moi des ailes pour m’envoler avec vous ! Likez, partagez et surtout commentez !