MON CALVAIRE: partie 11

Write by Ibtissem

MON CALVAIRE : PARTIE 11

Je pensais qu' Alif était un beau salop, je pense qu’il a des frères partout sur terre….

Youssef,un fou à lier,il n’était pas beau, mais avait du charme, il était très intelligent et éloquent, un vrai coureur de jupons.

Il était venu au Niger comme consultant au niveau de la banque, il faisait beaucoup de va et vient entre Bamako et Niamey.

Dans la boite il y’avait de belles jeunes femmes, ils les séduisait toutes, il avait un grand sens de l’humour et savait valoriser une femme, du coup toutes voulaient qu’ils les apprécie et le suivaient dans son délire.

Seulement moi, j’étais trop préoccupée pour regarder ou écouter ce qui se disait dans l’entreprise. Il essaya son jeu de séduction avec moi et fut désorienté par la froideur avec laquelle je répondais à ses « bonjour ».

Quand il rentra dans mes quatre cent mètres, ma collègue et amie lui raconta ma déception et le supplia de ne pas enfoncer le couteau dans la plaie déjà béate.

Il fut pris de compassion et arrêta de blaguer avec moi depuis qu’il apprit l’histoire d’Alif. Il devint plus sérieux, et cherchait toujours un moyen de me prouver que les hommes n’étaient pas les mêmes.

Je lui sortis alors que je savais ce qu’il faisait avec les filles de la banque, qui était-il pour me donner de leçon sur l’homme parfait, alors que lui-même n’en était pas un ?

Ce jour-là, son égo prit un coup sérieux, on ne se parla plus pendant une semaine. Je m’en foutais royalement, pour tout vous dire, je prenais du plaisir à torturer un homme verbalement et moralement.

C’était plus fort que moi, je voudrai tellement oublier ce que j’ai vécu, mais il suffit d’un petit comportement maladroit pour que je les mette dans le même panier.

Quand j’allais à la maison, il était là devant ma voiture, il m’ouvrait la porte, la refermait. J’en étais choquée, tous les vigiles nous regardaient et j’avais la honte du siècle. J’ai beau l’humilier, il ne laissait pas.

Les filles de la société avec qui il était sorties ne gobaient pas naturellement tout ce cinéma qu’il me faisait, il ne l’avait jamais fait à aucune d’autre.

Un jour, il me suivit sans que je ne le sache jusqu’à chez moi. A peine je descendais de la voiture que je tombais nez à nez avec lui devant le portail, il me fit un clin d’œil et fonça dans la maison. Je voulus le rattraper, mais c’était impossible, il était déjà sur la terrasse où ma mère prenait de l’air.

Il se plia en quatre pour la saluer, j’étais abasourdie, je ne savais pas quoi dire à ma mère. Dieu merci, elle était seule ce jour-là. Je fus alors obligée de le présenter comme étant un collègue de travail.

Ma mère était heureuse de voir enfin un homme venir en mon nom. Depuis ma déception , elle avait cherché à maintes reprises de me convaincre de me marier avec des cousins, des fils à ses copines, etc… je ne voulais pas entendre parler de mariage, plus du tout. Je piquais des colères noires.

Youssef, depuis ce jour ne se gênait plus pour aller rendre visite à ma mère. Il remplissait son frigo, lui offrait des présents, à mes sœurs aussi.

Il allait chez moi alors que je n’y étais pas. Il me vola la vedette. Bientôt, dans toute la maison on ne respirait que par son nom et cela m’exaspérait au plus haut niveau.

Je reçus plein de sermons pour ne pas céder à sa demande de sortir avec moi, car ce n’était que cela, mariage ! mon œil ! il n’avait pas intérêt à m’en parler.

Il m’invita plusieurs fois à aller dans les restaurants et autres coins publiques, je refusais de m’afficher encore avec un homme, il n’en était juste pas question. J’ai accepté à contre cœur déjà de le recevoir comme un copain sur pression de ma famille, c’était déjà un grand pas.

Plus le temps passait, plus je me détendais, Youssef était au petit soin et toujours disponible pour ma famille, pour moi aussi. Je commençais à le trouver intéressant et arrivait même à me manquer.

Pour la 1ere fois, j’acceptais enfin de sortir en sa compagnie, il m’amena chez lui pour que je découvre où il résidait. Il habitait dans une immense maison dans le quartier le plus chic de Niamey. Rien comparé à la maisonnette dans laquelle nous vivions.

C’était un dimanche, et nous dînions ensemble pour la 1ere fois, on était seuls, mis à part le vigile que la société avait pris pour lui. Il me fit comprendre que les dimanches tous les domestiques étaient de repos.

Après le diner, on regarda la télé tout en causant ; à un moment donné, il fut si près de moi et posa sa main sur mes épaules. Là tout se gâta, je demandais à ce qu’il me ramène à la maison.

Comme il insista pour que je reste, j’étais déjà debout avec mon sac prête à franchir la porte ; Il me rattrapa et m’obligea à le fixer. Sa question réveilla toutes mes anciennes angoisses et colères : qu’est-ce que ce « Alif » a bien pu te faire pour que tu sois si méfiante des hommes ?

Il ne fallait pas mentionner ce nom, je me mis à verser des larmes de colère, pourquoi diable est ce que tout revient d’un coup depuis un moment ? Je refusais de répondre et il lança encore : t’a-t-il obligé à… ?

Là je fondis à sanglots, il avait touché mon point faible, il me prit dans ses bras et s’excusa pour tout le mal qu’un homme a pu me faire sur terre. Je ne sais pas combien de temps je suis restée dans ses bras, je réalisais que lui aussi était un homme après tout et j’eus un mouvement de recul.

Il ne me pressa plus et décida de m’amener chez moi, tout le trajet fut silencieux. J’eus tellement honte de ma réaction que j’eus du mal à le regarder dans les yeux en descendant.

Il prit ma main avant que je ne descendre et me dit : vis ma chère, un seul enfoiré ne peut t'empêcher d’aller de l’avant. Tu es jeune, belle, intelligente. La meilleure manière de te venger de lui est d’être heureuse avec un autre.

Il lâcha ma main et je pus rentrer enfin chez moi, tête baissée je fonçais dans ma chambre. Ma mère dormait déjà.

J’appelais mon amie psychologue pour lui parler de ce qui venait de se passer. Elle m’encouragea à essayer une idylle avec Youssef, elle me fit comprendre que ça pourrait me guérir définitivement de mes souvenirs sombres.

Je cogitais toute la nuit, Youssef aussi me bombarda de sms jusqu’à ce que je m’assoupisse. Me réveiller le lendemain matin fut la croix et la bannière, malgré tout il fallait que je sois au bureau.

Youssef m’attendait avec du thé devant mon bureau. Il essaya ses blagues comme d’habitude pour me faire sourire, je n’étais pas d’humeur.

Il s’assit et nous discutâmes de tout et de rien, j’avais la tête baissée. Je préparais une mission sur Abidjan ou je devais suivre 3 semaines de formation.

Tout roulait bien entre Youssef et moi, on s’écrivait et tout. Il devait venir me chercher à l’aéroport le jour de mon retour, mais m’envoya le chauffeur. Il me dit qu’il était occupé avec des étrangers qui étaient venus chez lui.

Il vint la nuit et eut de la peine à s’exprimer puis se lâcha enfin. Son ex serait venue et voulait reprendre leur relation, il me demanda du temps pour la faire partir, c’était elle l’étrangère en question, elle était avec sa copine.

Je n’en revenais pas, il voulait que j’avale qu’elle lui est tombée sur la tête comme ça ? je n’en crus pas un mot bien sûr. Il voulut m’en persuader mais je l’arrêtai net :

- Lui : stp ne le prends pas mal, je…

- Moi : youssef ! ça va ! fait ce que tu veux franchement de ta vie, je saurai quoi en faire de la mienne

Je pestais toute la nuit ! Dieu merci encore me disais-je, je n’étais pas tombée amoureuse de lui !!
Je rageais pourtant à l’intérieur, mais je refusais de me laisser aller. Trop c’était trop, les hommes avaient décidé de me mener la vie dure, mais ça ne se passerait pas ainsi me disais-je…

Au bureau, il faisait tout pour garder la même proximité que moi, mais je refusais, mis à part le bonjour et le bonsoir, je coupais court aux longues conversations.

Il eut le culot de m’inviter à manger un jour en compagnie de ses go… mais enfin, c’était le comble !! je ne répondis même pas, car répondre était donner de la valeur à ce qu’il disait.

Il devenait nerveux chaque jour à cause de mon indifférence, deux mois passèrent, je refusais de jouer le double jeu auquel Youssef m’initiait, il voulait continuer à me fréquenter alors que sa soi-disant ex était encore sous son toit !!

Un jour , il m’appela vers 6h30 du matin, j’étais étonnée de voir son numéro de si bon matin, je décrochais et écoutais sans parler , à l’autre bout de la ligne, une voix féminine sans bonjour :
- Elle : vous êtes qui ?
- Moi : vous m’appelez et me demandez qui je suis ???!!
- Elle : oui, pourquoi ,mon homme vous appelle t il ? y’a-t-il quelque chose entre vous ?

A ce moment précis, je ne sais pas pourquoi, mais j’eus subitement envie de m’amuser, alors je répondis le plus froidement possible :
- Moi : c’est possible, pourquoi ? elle se mit à hurler dans le combiné

- Elle : nooon, ce n’est pas possible ! car je suis sa copine

- Moi : ohh, on est en Afrique madame, ici les hommes ont droit à 4 femmes !! bon arrivée dans le club

Elle raccrocha brutalement le téléphone. Je souriais dans ma barbe, mais j’étais aussi en colère. Pour la 1ere fois de ma vie, une femme m’appelle à cause d’un homme, seigneur j’aurai tout vu.

Une fois au bureau, Youssef m’appela dans son bureau en disant que c’était en rapport avec un dossier que je devais compléter.

Il voulait en fait s’excuser pour le comportement de son ex, je ne sais pas à quel moment je lui beuglai dessus :

- Moi : cesse de me prendre pour une imbécile veux-tu ? gère tes 400 coups comme tu veux, mais tu me laisses en dehors de ça !!

- Lui : c’est fini, elle quitte dès demain…

- Moi : je m’en fous…

Je sortis de son bureau en claquant sa porte. Il fit pieds et mains pour reprendre notre relation, je ne l’écoutais plus. Ce qui était bizarre, cela ne me faisait pas mal, j’étais juste énervée qu’on me prenne pour une idiote.

Comme si cela ne suffisait pas, pendant qu’il essayait de me convaincre, une autre femme débarqua chez lui, cette fois une autre avec qui il avait eu un enfant.

Les bruits du couloir allaient vite, Youssef un enfant ? mais pourquoi essayait-il alors de sortir avec moi s’il avait déjà des femmes de son pays avec qui il avait déjà des liens ?

Ah les hommes, tous des chiens !! il veut jouer non ? ben on va jouer… !! je me transformais en une autre personne, ce n’était plus une question de sentiments, mais une question d’honneur, je jurais que Youssef allait se tenir tranquille coté femme qu’il le veuille ou non.

Son point faible était le rejet, il détestait être mis en touche, alors je jouais à cela sans aucun remord.

Bientôt certains collègues me demandèrent d’aller doucement avec lui, il pétait un câble au bureau, il détestait me voir causer avec d’autres collègues hommes, ce que je faisais royalement sous ses yeux.

Ma mère commençait à me demander pourquoi Youssef ne venait plus, hum, si seulement elle savait ! je lui fis comprendre juste qu’il était super occupé et voyageait beaucoup ! je mentais.

Après le départ de la femme, il décida enfin de s’avouer vaincu et de me déballer toute l’histoire concernant ses excès et ce que ça lui a causé dans la vie.Je le fixais pendant son récital et tchipa.

- Moi :maintenant tu veux quoi ?

- Lui : que tu restes avec moi, j’ai besoin de toi, j’ai besoin de quelqu’un qui pourra me ramener sur terre

Intérieurement je me disais : « oh, tu n’as encore rien vu », ramener sur terre, c’est ce que je vais faire, ne t’inquiète même pas ! Depuis lors, je dictais mes envies, à prendre ou à laisser.

Seulement voilà, il eut à me présenter sa famille quelque temps après. Je sentis que je n’étais pas la bienvenue. Une fois de plus, j’étais confrontée au même problème avec Alif.

Les maliens étant très conservateurs n’acceptaient pas d’étrangères. Je savais que ça n’irait pas plus loin que ça, au risque de faire subir un choc à mon égo, je décidais d’arrêter cette relation qui n’avait ni tête ni queue.

Youssef quitta définitivement Niamey pour une autre destination. J’avais de ses nouvelles régulièrement. Il m’appelait tout le temps. Mais je n’avais plus la force d’espérer quoi que ce soit venant de lui.

Il fallait que je le « tue » dans ma tête pour avancer. Il fallait que je trouve mon chemin, je m’étais dit que je n’étais peut-être pas destinée à être avec un homme.

Je devais trouver une passion, celle qui va occuper mes pensées et ma vie.Une passion que je vais maitriser.

Je me demande jusque-là pourquoi je rencontrais toujours le mauvais garçon, au mauvais endroit et au mauvais moment.

Pourquoi tant de poisses ? quand finirai je par rencontrer cet homme qui pourra m’enlever toute envie de solitude ?!!!!!

récit recueilli et transcrit par Ibtissem...

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