MON CALVAIRE:partie 12
Write by Ibtissem
Mon calvaire: partie 12
J’étais à l’aube de mes 35 ans, quel gâchis me disais-je. Mon rêve était toujours de fonder un foyer heureux, avoir des enfants, mais voilà je tombais que sur les mauvais garçons, au mauvais moment et au mauvais endroit.
Qu’ai-je bien pu faire au bon Dieu pour ne croiser que des irresponsables, des hommes qui sont juste intéressés que par mon corps.
Je décidais alors de me consacrer à des projets qui aideront ma famille à ne jamais sombrer dans le besoin, je vivrais que pour ça. Faire confiance à nouveau à un homme, plus jamais.
Je travaillais tard au bureau pour ne rentrer que vers 22h, pour éviter le regard inquiet de ma mère qui me sentait au bout du rouleau, je me dépensais intellectuellement pour oublier mes douleurs.
Ma collègue et amie refusait bien sûr ce schéma de vie pour moi, elle refusait que des hommes qui n’en valaient pas la peine m’amènent à ne pas profiter de la vie.
Bientôt, je commençais à me sentir mal à l’aise dans notre maison. Ma mère était constamment sur mon dos, m’angoissait à propos de mon célibat, les tantes en rajoutaient. Le plus dur pour moi était quand mes sœurs venaient chacune avec son gosse passer la journée à la maison.
Ma mère me disait, « regarde-toi ! je vais mourir sans voir tes enfants », elle me brandissait mes neveux à la figure. Ça me perçait le cœur, comment pouvait-elle me poignarder ainsi ?
Déjà que vivre avec mes cousines et tantes dans la maison m’étouffait, voilà qu’elle s’était donnée comme mission de me stresser avec le fait de me marier…
Je ne le voulais pas mais j’ai dû prendre une décision radicale, celle de vivre enfin en paix avec moi-même, car je m’en voulais énormément d’avoir été si naïve dans ma vie.
Vue que je gravais les échelons, la banque avait augmenté mon salaire afin que je puisse me doter d’une villa au plateau. Je recevais de plus en plus des partenaires et j’étais fatiguée de devoir me pavaner de restaurant en restaurant pour traiter des affaires.
J’avais refusé au début car je ne voulais pas vivre loin de ma mère. Mais là, il fallait que j’y aille au risque de péter les plombs. C’est ainsi que j’aménageais dans une somptueuse villa entièrement pris en charge par ma boite.
Ma mère en était contre, mais elle finit par céder car je lui avais montré clairement que c’était elle qui m’y avait poussée, je pleurais toutes les nuits sous mes draps à cause des pics qu’elle me lançait.
J’avais des vigiles, un cuisinier et une domestique à mon service. Je devenais du jour au lendemain un employeur donnant des ordres à d’autres personnes pour mon confort.
Ma maison était calme, très calme, je dormais enfin après des mois de stress prolongé.
Je recevais qui je voulais et évitais qui je voulais. Tout à fait le contraire de chez ma mère ou je devais subir en silence les va et vient de toute sorte de personnes bonnes comme mauvaises.
J’aimais ce calme plat auquel je m’habituais petit à petit. Ma collègue venait passer la nuit de temps en temps chez moi.
Elle trouvait que je me renfermais dans mon monde, j’évitais toute discussion par rapport au fait de sortir avec un homme, je ne voulais tout simplement plus avoir affaire à un homme.
Elle me suggéra alors de sortir avec des hommes plus matures, c’est-à-dire des hommes mariés. Elle disait qu’eux au moins étaient déjà posés et tout.
Haram !! disais-je. Je ne me suis jamais vue dans ce schéma, pour moi c’était une bassesse de se mettre avec un homme marié. Que sentirait sa femme ? je me mettais juste à sa place. De plus devoir partager les sentiments d’un homme ? impossible !
C’était comme si elle avait jeté sa bouche sur moi. Dans les mois à venir il n’eut que des hommes mariés qui commencèrent à me courir après. Je commençais même à être découragée, je me sentais vieille d’un coup. Je passais des heures devant le miroir afin de déceler cette chose sur ma bouille qui les attirait comme des mouches.
Un jour alors que je me trouvais à un baptême avec ma collègue, un homme important au sein du gouvernement, un ministre vint interrompre notre causerie. Je le voyais à la télévision sans plus. C’était moi qui l’intéressait et comme je ne donnais pas de l’importance à ce qu’il disait, ma collègue lui causait, gênée par mon indifférence, elle lui remit mon numéro.
Sur le chemin de retour, on se chamailla elle et moi, je lui reprochais d’être entremetteuse, et elle me reprochait d’être de marbre, une femme de glace. Ce jour-là, on se bouda toute la journée.
Le ministre commençait à m’appeler, à m’écrire. Il me donna RDV dans un endroit, genre une villa qu’il possédait, je refusais bien sûr. Il me demandait alors là où j’habitais. Il commençait à me débiter les contours de sa position politique et du fait qu’il ne pourra venir me causer que seulement après minuit.
Je le remis à sa place, je m’en foutais qu’il soit ministre, je ne l’avais pas cherché, je n’avais pas envie de le voir, donc m’imposer des choses était tout simplement inadmissible. Il se mit à carreaux deux semaines durant, puis revint à la charge, il avait appelé ma collègue pour se plaindre de ma froideur.
Un jour, il atterrit chez moi en compagnie de ma collègue, qui s’éclipsa pour nous laisser. C’était le premier homme à mettre pieds chez moi depuis mon déménagement. J’étais froide avec lui, il passa tout au plus 15 minutes puis s’en alla, gêné par mon attitude.
Les hommes sont bizarres, plus tu les fuis, plus ils te suivent. Je ne voulais pas le sentir du tout, et c’est là qu’il s’imposait encore plus. Il venait avec ses gardes de corps chez moi, mes vigiles intimidés n’avaient d’autre choix que de lui ouvrir la porte.
Habillé en boubou 3 pièces, dès qu’il vint, il se permet de l’ôter et le jeter sur le divan, il prenait ses aises comme s’il possédait la maison. Le comble, il me demandait ce qu’il y’avait à manger !! ou me demandait de tamiser les lumières car monsieur voulait faire une sieste. La seule bonne chose avec lui, il n’avait jamais demandé mon corps.
Le pire c’est quand il me demanda de lui trouver un prêt assez consistant, à mon nom en plus à la banque.
Mais ça n’allait pas dans sa tête !! c’était donc ça le projet ? je ne sais pas ce qu’il croyait, mais je piquais une colère noire et le chassais comme un mal propre de ma maison et ordonna aux vigiles de ne plus le laisser venir.
J’appris par après que c’était ce qu’il faisait avec les filles, en plus il se débrouillait toujours pour leur soutirer de l’argent en promettant de les rembourser et disparaissait. Un ministre !! c’était honteux, qu’arrivait-il aux nigériens de nos jours ?
Dieu m’épargna de cet homme, il ne remit plus les pieds chez moi. Quand il m’appelait, je ne décrochais pas et c’est ainsi qu’il disparut de ma vie.
Je sermonnais ma collègue pour ce court épisode d’énervement émotionnel, elle prit ses distances quelques temps puis nous reprîmes notre complicité comme dans nos débuts.
Après Monsieur le ministre, deux autres hommes entrèrent dans ma vie, des hommes mariés aussi. Eux, ils étaient pires que le précédent. Sans rentrer dans les détails, j’avais vite compris que ce qu’ils voulaient c’était faire de moi une maîtresse, avoir un coin calme où ils vont manger.
Ils cherchent des femmes comme nous pour avoir le calme qu’ils n’ont pas chez eux.
J’avais raison de ne jamais accepter un homme marié depuis le début définitivement, malgré mon âge, je me refusais de me laisser côtoyer par eux.
Deux années après ma séparation d’avec Youssef, j’ai vécu des expériences en observant le comportement des hommes autour de moi. Le nombre de divorce grandissait autour de moi et je me demandais alors pourquoi se mariait on au finish ?
N’eut été le fait d’avoir des enfants légitimes, je crois que l’idée ne m’effleurerait plus, je n’arrivais plus à faire confiance aux hommes.
J’avais 37 ans et alors ? était-ce une raison pour me laisser aller au désespoir parce que je voulais un compagnon ? je refusais cette idée, je décidais tout simplement de m’investir pour ma propre famille et de laisser de côté les histoires de cœur.
Cette année, avec mes économies, j’achetais une maison à ma mère, j’estimais qu’il était temps de quitter la location définitivement. Elle ne ratait pas une occasion de me reprocher mon célibat, je décidais tout simplement de boucher mes oreilles et de faire ce que j’avais en tête.
Après avoir équipé la maison, fait déménager ma mère, qui habitait maintenant non loin de ma maison, je l’envoyais à la mecque. C’était une charge morale que je devais dégager avant de commencer à vivre pleinement le type de vie que je voulais mener.
Chose surprenante, étant chétive et petite de taille, plus j’avançais en âge, plus je m’affinais, attirant ainsi des hommes plus jeunes que moi. Quand je leur disais mon âge, ils ne me croyaient pas. Ce n’est que lorsque je me revêtais de mes fameux costumes de bureau que je donnais l’allure d’une femme mûre.
C’était devenu compliqué, à mon âge, je reste confrontée à un obstacle, celui d’être adulée par 3 catégories d’hommes :
-Par des hommes mariés qui ne veulent que s’amuser avec nous
-des gigolos qui veulent se faire entretenir
-les plus jeunes qui commencent à peine leur carrière professionnelle.
Les deux premiers étaient de facto à exclure de ma vie. J’en avais assez vu pour me pourrir encore plus la vie.
Cependant, les plus jeunes demandent beaucoup d’énergie, ils ne cherchent qu’à se réaliser et n’ont pas du temps à accorder à une femme ; ils ne sont pas assez matures, surtout vue tout ce que j’ai dû endurer dans ma vie, ils ne sauront pas me comprendre.
Pire, rien de sérieux ne pouvait poindre, car même si j’arrivais à en aimer un et vice versa, sa famille s’y opposerait, alors que faire ? je décidais alors de me consacrer à ma carrière et à ma famille.
Au moment, où je construisais ces résolutions, Je fis la connaissance d’un jeune homme en allant faire mon jogging hebdomadaire dans le quartier. On se croisait chaque semaine et au bout de la 3e fois, il me demanda s’il pouvait jogger en ma compagnie. « Si vous voulez » lui répondis je en haussant les épaules.
Il eut un rictus au coin de la bouche, comme pour dire, « oh si que je le veux ». Mon jogging durait 45 minutes en général, mis vue qu’il commençait à me tarauder de questions, je décidais de m’arrêter au bout de 20 minutes pour rentrer chez moi.
Il décida de m‘accompagner, je lui dis « non merci, sans façon, j’ai l’habitude », il n’insista pas et fit demi-tour. Depuis ce jour, il prit l’habitude de me surprendre afin qu’on jogg ensemble.
Il habitait dans les alentours. Son nom était « Mouslim », encore un, qui me rappelait subitement « Alif », les hommes avec des noms bizarres, comme j’ai l’habitude de le dire ne m’inspiraient plus confiance. Il était de 10 ans mon cadet, mais faisait plus vieux avec sa barbe qui couvrait entièrement son visage.
Je refusais de lui dire mon nom et il m’en colla un, seul lui m’appelait ainsi «Taliet », qui veut dire jeune fille d’après lui. Jeune fille mon œil oui ! je pourrai être ta mère dans certaines conditions !!!
Il avait un air suffisant, comme pour me faire comprendre qu’il était là et qu’il ne bougerait pas à moins de le décider. Il était beau comme un diable, un peu trop à mon goût, j’étais jalouse de sa beauté, de son charme pour tout vous dire. Grand de taille, je lui arrivais à peine à l’épaule ; il avait un de ses corps musclés que les filles de Niamey recherchaient.
Il était son propre chef d’entreprise et travaillait à son compte depuis peu, il gagnait très bien sa vie apparemment aussi vue le calibre de voiture qu’il conduisait.
Souvent quand je sortais de chez moi, il était là, posté à m’attendre afin qu’on fasse le jogging ensemble, comment a-t-il su où j’habitais et comment faisait-il pour toujours être à l’heure, je n’en savais rien.
Il s’imposait graduellement dans ma vie en me proposant de me rendre le moindre petit service ; ce que je refusais bien sûr. Il m’invita un jour à prendre un verre chez lui après le jogging, je refusais catégoriquement.
Il me demanda mon numéro de téléphone, mais je pris le sien et lui promis de le rappeler pour qu’il ait le mien, chose que je ne fis pas.
Chaque fois qu’il allait faire ses courses au marché, il passait par la maison pour demander à la domestique ce qui manquait dans ma cuisine, il l’achetait et le ramenait sans que je ne le lui demande.
Il m’envoyait des fruits chaque semaine par la domestique qu’il avait fini par conquérir, ainsi que les vigiles à qui il donnait l’argent du thé, tout ça à mon insu.
Quand j’ai compris cela, tellement énervée, je l’appelais pour lui dire d’arrêter de s’immiscer dans ma vie et celle de mes domestiques. A l’autre bout de fil, il rigolait en disant : « merci Taliet, j’ai enfin eu ton numéro », je raccrochais brutalement, mais enfin, me disais- je, pour qui il se prenait ?
Je me disais qu’il se foutait de moi, qu’est-ce qu’un bel homme, jeune, que les petites de 25 ans pouvaient attirer ferait avec moi ? Que voulait-il au juste ? la même chose que les autres ? je l’invitais à aller chercher ses semblables, car moi j’étais franchement beaucoup trop mûre pour lui.
Il disparut un moment de la circulation, pas d’appel alors qu’il avait mon numéro, je ne le croisais plus quand je faisais mon jogging. Je me disais ouf…..
Mais il se passa quelque chose d’incompréhensible quelques semaines plus tard. Je commençais à sentir son parfum partout, même dans ma maison, alors qu’il n’y’avait jamais mis pied.
Je m’énervais quand je pensais à lui, bientôt, je commençais à le voir partout, au bureau, dans mes rêves, avec ses regards fiers et cyniques, je pestais tout le temps.
J’ai été très dure avec lui et il m’avait laissée tranquille, alors pourquoi diable je le voyais partout et épiait même sa présence lors de mon jogging ? je devenais peut-être maso, car je l’agressais tout le temps quand je le voyais.
En réalité, j’étais en colère contre moi-même, il était en train de m’arriver ce que je redoutais le plus dans ma vie…et je ne le voulais surtout pas.
A mon âge, moi Hayat, tomber amoureuse, d’un petit frère de 10 ans mon cadet, svp Dieu, ne me l’infligez pas, j’ai assez souffert de grâce…C’était de lui que je parlais, quand je disais qu’il y’avait des papillons dans l’air.
Je ne sais pas ce que ça sera à partir de maintenant, mais je me sens attirée irrésistiblement par cet homme, je l’ai chassé, et maintenant il me manque terriblement…
Affaire à suivre….
Recueilli et transcrit par Ibtissem