Mon calvaire:partie 8

Write by Ibtissem

MON CALVAIRE : PARTIE 8

Alif se releva en me regardant avec un air méprisable, il regagna les toilettes, je pouvais entendre l’eau du robinet coulée.

Couchée à même le sol, Je ne pouvais pas émettre de son, ma voix était bloquée, seules mes larmes coulaient à flot. J’avais très mal , mais la douleur physique n’était rien face à la douleur morale.

Je me mis difficilement debout, ramassa mon sac et fuya loin de cette maison, loin de Alif, je voulais tout simplement mourir.

Je marchais pieds nus, chaussures à la main et regard hagard tel un zombie, je n’avais plus peur de rien.

Je priais même que quelque chose de pire m’arrive, ainsi je mourrai tranquillement, je me disais cela serait meilleur pour moi.

Mon téléphone sonna plusieurs fois, je n’avais plus la force, je ne voulais rien, j’avais arpenté un couloir pour arriver au bord du goudron, où un taxi s’arrêta. J’ouvris et m’installais sans dire où j’allais malgré qu’il me l’ait demandé.

Le taximan dut insister pour que je lui donne l’adresse de ma destination et aussi me rappeler que mon téléphone sonnait depuis .

Alif insista, mais je ne décrochais pas ses appels, alors il m’envoya des messages :

- décroche stp, je suis désolé, je ne sais pas ce qui m’a pris Hayat

-Tu m’inquiètes, je te cherche partout dans le quartier, réponds stp, je te ramène à la maison

-Je ne veux surtout pas qu’il t’arrive quelque chose, stp, tu vas me rendre fou, réponds…

Quelque chose ? pire que ce qu’il vient de me faire, non, c’est une blague me disais-je.

J’arrivais enfin chez les « SEMBENE », descendre du taxi me semblait impossible, mon pied gauche ne répondait plus. Le taximan m’aida à descendre du taxi.

Je rentrais dans ma chambre, tout en me maîtrisant afin que le petit fils des « Sembène », qui était au salon ne remarque rien. Il voulut entamer une discussion, mais je m’enfermais à double tours pour me consumer tranquillement.

Je décidais de prendre une douche et c’est là que je me rendis compte que je saignais, toute ma robe était tachée. Je réalisais enfin ce qui venait de m’arriver et ce que je venais de perdre, la preuve évidente sous mes yeux.

Je me mis en pyjama, les pertes ne s’arrêtant pas, j’ai dû mettre une serviette hygiénique avant de me coucher.Je repassais sans cesse la scène dans ma tête et mon cœur bondissait à chaque assaut visionné.

Bientôt je commençais à me sentir faible, j’avais des courbatures et des bleus se formèrent sur mes poignets, j’avais des maux de tête terribles et une fièvre naissante, je commençais à frissonner de la tête aux pieds.

Alif vint quelques temps plus tard tambouriner à ma porte. Je pouvais l’entendre mais faiblement discuter avec le petit fils de « Sembene ».

Comme je n’ouvrais pas, ils durent passer par la porte de la toilette, qu’ils défoncèrent pour entrer. J’étais dans les vapes. Je sentis qu’on me soulevait, qui, je ne savais pas.

Quand j’ouvris les yeux, j’avais un cathéter à la main et les murs autour de moi étaient d’un blanc éclatant, ma fièvre avait baissée, j’avais soif.

J’étais dans une clinique, laquelle, je ne savais pas. Une infirmière venait de m’injecter je ne sais quoi dans le sérum et sortit de la chambre.

Je pus reconnaître la silhouette de Alif, qui était là à me regarder d’un air pitoyable maintenant, le dédain avait disparu.

Il s’approcha de moi et s’assit sur le lit, j’eus un mouvement de recul si brutal que je me cognais la tête au mur.

Il dût me maîtriser pour que je n’arrache pas le cathéter de ma main et lança en même temps :

ALif : pardonne-moi, je ne savais pas ce que je faisais stp

Moi : laisse-moi et va-t’en, je pleurais

Alif : quand j’ai vu ses tâches sur la moquette, j’ai réalisé ce que j’avais fais , stp Hayat pardonne moi

Moi : non, je ne te pardonnerai jamais, tu savais pourtant que je n’avais jamais été avec un homme, tu le savais

Alif : oui tu me l’avais dit, mais hier, j’ai douté voilà, il s’est passé pas mal de choses qui m’y ont pousser, mais je m’en veux et beaucoup

Moi : des choses ? quelles choses Alif ? J’avais foi en toi, je te faisais confiance, tu étais tout pour moi ….j’étouffais avec peine les sanglots

L’infirmière m’entendit hurler et vint demander à Alif de me laisser, il dut partir malgré lui. Je fus hospitalisée pour la nuit et libérée le lendemain soir après avoir reçu une dose énorme de somnifère.

Alif m’attendait avec mon t shirt et mon jean afin que je me change, il avait des larmes aux yeux en voyant la manière dont je marchais, tel un estropié. Je ne voulais rien de lui et était prête à rentrer à la maison en taxi et en pyjama.

Il me supplia de ne pas laisser les gens comprendre ce qui venait de se passer et de m’habiller convenablement. J’arrachais mes habits de ses mains et lui ordonna de sortir de la chambre.

Ce fut la croix et la bannière pour mettre le pantalon, je commençais à haïr le fait d’appartenir à un homme, pourquoi appelait-on cela faire l’amour ?

ça faisait tellement mal et mon intimité avait pris un coup tellement dur que je ne la reconnaissais plus, je ne pouvais plus toucher cette partie, tout ce qui avait rapport avec me replongeait dans la scène de la veille.

J’eus un kilomètre d’ordonnance de médicaments, que Alif s’empressa d’aller acheter. Il me déposa à la maison et s’assura que je prenne les médicaments.

Je l’ignorais totalement, il faisait ses monologues seul, il parlait de mariage, du voyage de noces, etc ..

Il venait tous les jours à la maison à la descente et ce un mois durant. Un mois durant, je ne lui parlais pas, il s’asseyait, parlait seul et repartait.

J’étais au bureau ce jour, je ne me sentais pas bien du tout, je mangeais à peine depuis cette fameuse nuit. Il m’arrivait de pleurer dans les toilettes. Je demandais alors un mois de congés afin de me remettre de mes émotions.

Ma collègue me fit remarquer que mon teint palissait, je devenais jaune, elle me demandait si je ne couvais pas une anémie par hasard.

Qu’est-ce que j’en savais, je ne mangeais plus depuis cette fameuse nuit et mes carences ont dues revenir au galop.

J’eus le congé, j’étais un peu soulagée, j’allais dormir et oublier, je décidais d’aller à la campagne chez ma mère pour 2 semaines. J’en avais besoin réellement.

Elle eut un haut le cœur quand elle me vit, frêle, faible et déprimée. Comment lui annoncer que mon fiancé m’avait v......, comment ????

Alif m’appelait tous les jours, j’étais froide avec lui, il faisait tout pour me faire rire comme avant quand on blaguait comme des gamins, il n’y arrivait pas.

Mon cerveau s’était bloqué, et chaque fois que j’entendais sa voix, je le voyais en train de me chevaucher et un sentiment de dégoût m’envahissait.

Après une semaine, mon état de santé ne faisait que se dégrader, je commençais à vomir, un palu comme résultat ?? hum ....

Le docteur ne comprenant rien à ma maladie décida de prélever du sang et faire une autre analyse. Il revint me voir et me fixa droit dans les yeux en me lançant des questions :

-Docteur : ça fait combien de temps que vous n’avez pas eu vos règles ?

-Moi : je n’en sais rien, maintenant que vous le dites, ça fait un bon moment, attendez que je regarde mon calepin

-Docteur : avez-vous eu des rapports sexuels récemment ?

Là il m’asséna un coup, je crois comprendre ce qu’il s’apprêtait à me sortir, je refusais de l’envisager ne serait-ce qu’une minute.

- Docteur : vous êtes enceinte mademoiselle de quelques semaines

- Moi : Co…………ment ???

- Docteur : sans aucun doute, mais on peut reprendre les tests, mais le meilleur reste celui que je vous ai fait, le test sanguin.

A cet instant précis, le monde semblait se mélanger, le ciel semblait toucher la terre, tous mes rêves venaient de s’évanouir.

Que pourrai-je bien dire à ma mère, quoi mon Dieu ?? que je me suis laissée déshonorer? ce n’était pas l’éducation que j’avais reçue

- Docteur : apparemment vous ne voulez pas de cette grossesse ? pourquoi ne pas avoir pris de précaution, vous m’avez pourtant l’air intelligente et tout ……..

- Moi : je vous en prie, pas de questions, SVP …mes larmes ne s’arrêtaient pas de couler

Je sortis de la clinique, abattue, maintenant que je savais ce que j’avais tous les symptômes se réveillèrent, diarrhées, vomissements, étourdissements, évanouissement.

Il ne fallait pas que ma mère le découvre, alors je lui fis comprendre que je devais retourner à la capitale car j’avais une formation durant mon congé.

Elle était très inquiète pour ma santé, je sais qu’en tant que mère, elle devait avoir des soupçons, mais elle avait tellement foi en moi qu’elle n’osait pas me poser la question.

Le voyage fut très long et harassant, les effluves du carburant mélangées aux odeurs des passagers n’arrangeaient pas mon cas, je vomissais tout au long du voyage.

Mon voisin prit du parfum qu’il mit dans un papier lotus et me demanda de le humer , cela calmait les spasmes. Il avait du comprendre ce que j’avais, mais il ne me posa pas de questions.

Alif m’attendait à la gare, il eut un cri d’effroi en me voyant, j’avais dépéri encore plus, je chancelais tenant à peine sur mes pieds.

Il voulut qu’on aille chez lui avant de m’amener chez les « Sembène », la vigueur avec laquelle je poussais : NOOOOOOOOOOOON !! le déconcerta .

Alif : du calme ! je ne vais rien te faire , je te le promets, relaxe

Moi : chez moi directe ou je descends !

Il m’y amena, le parcours jusquà la maison fut calme, il évitait de me bousculer. La voiture s’arrêta enfin devant la porte :

Alif : Hayat, regarde-moi ! tu dois te ressaisir, tu ne me fais plus confiance, j’ai merdé oui ! mais pardonne-moi, combien de fois dois je te le demander ???

Moi : je suis enceinte…… !!

Alif : pardon ?? tu es ……… de qui ?
A cet instant, je le foudroyais d’un regard qu’il ne serait jamais prêt d’oublier….

Alif : sorry, c’est pas ce que je voulais dire, suis dépassé en fait .. tu en es sure ?
Je lui balançais alors les documents des tests au visage, comme pour lui dire : Vois toi-même !!!

Alif : bon sang ! qu’allons-nous faire ? Il transpirait de grosses gouttes !

Moi : nous ? tu parles de quoi la ?

Alif : on ne peut pas garder ça, tu vas l’enlever ?!

Moi : quoi ?? enlever quoi ? je pensais que tu voulais qu’on se marie ? pourquoi devrai je enlever alors ?

Alif : une grossesse évolue rapidement voyons, je prévoyais le mariage d’ici 3 mois, les gens comprendraient si tu accouches après 6 mois et ce n’est pas bon pour notre image

Moi : ah oui ? ben il fallait y penser avant de me sauter dessus !! tu te soucies plus de votre image politique, alors que cela pourrait me tuer !!!

Alif : rien à voir, mais non, de nos jours les techniques ont avancé, tu ne sentiras rien, je t’assure !!

Moi : et si tu me disais réellement pourquoi ce mystère sur notre mariage, pourquoi ta mère a changé avec moi. Je ne suis pas dupe tu sais !! que me caches tu ?

Alif : bon ! voilà ! ma mère est contre ce mariage ,ok parce qu’elle aurait appris que tu ne restais pas tranquille, tu vois un peu….

Moi : je ne reste pas tranquille, c’est-à-dire ? et d’où tient-elle ces informations ?

Alif : d’après ce que je sais, cela vient d’un membre de ta propre famille, je n’ai pas voulu pousser plus loin ,c’est tout ce que je sais …

Moi : ah d’accord ! et donc pour vérifier cela, tu m’as sautée dessus, c’est ça !

je commençais à frapper Alif pour me soulager tellement j’étais déchirée au plus profond de moi….

Alif : bébé,bébé, écoute moi ! je ne pense pas qu’à moi, mais à nous ! ma mère pense que tu n’es pas une fille sérieuse , ça je n’y peux rien, je me bats pour qu’elle accepte ce mariage, maintenant imagines que je lui dise que tu es enceinte , cela viendrait confirmer ce que ta parente a dit sur toi

Moi : qui ? quelle parente ? mon Dieu ! sort moi de là , je n’en peux plus !!!

Alif : tu serais restée chez elle et tu serais partie de sa maison parce que tu faisais le mur et passait les nuits au dehors……

Moi : astafouroullah....c'est pas vrai, j'ai jamais fait ça de ma vie

Hafsat ! c’était elle, tout le mal qui était en train de m’atteindre c’était Hafsat !!!! j’ai été violée à cause d’elle, je suis enceinte à cause d’elle !!!! j’ai perdu le respect de ma belle-famille à cause d’elle !!

Moi :je ne suis pas un assassin moi, je n’enlèverai rien !! ta mère peut penser ce qu’elle veut , toi aussi d’ailleurs…

Je descendis de la voiture avec mon « trôler » et tomba à l’avant . Alif vint me relever, mais je le repoussais de toutes mes forces, du moins ce qui me restait, j’étais méconnaissable, remplie de haine.

Il ne me suivit pas dans ma crise d’hystérie et me souleva pour m’amener jusque dans la maison et dans le salon de la garçonnière.

Je lui intimais de me déposer à terre et de s’en aller. Il fit la sourde oreille et me suivit dans ma chambre pour essayer encore de me convaincre d’enlever la grossesse.

Il dût repartir chez lui sans m’avoir convaincue. Mon voisin, le petit fils des « Sembène » vint me trouver et essaya de comprendre ce qui m’arrivait et pourquoi je me chamaillais avec Alif.

Il posa sa main sur mon épaule, comme pour me border, ce qui lui valut une réprimande sans précédent de ma part, je ne voulais plus qu’un homme me touche, voilà !

Cette nuit fut la plus longue de ma vie, je ne dormis pas une seconde. Qu’allais je devenir maintenant ? qu’allais-je faire ?

Pendant que je cogitais , Alif me bombardait de messages jusqu’au petit matin pour me convaincre…………

Je dois prendre une décision…………………

Récit recueilli et transcrit par Ibtissem

Mon calvaire