Notre relation

Write by Farida IB


Ussama…


Je pose un bisou tout doux sur la tête de Jedah avant de l’attirer vers moi pour lui poser un autre sur son front. 


Moi : bonjour ma chérie.


Jedah tout sourire : bonjour, tu as bien dormi ?


Moi : comme un bébé, on y va ?


Jedah : oui, les autres nous attende sûrement pour manger.


Moi : en effet.


Jedah : toi vas-y d’abord, je vous rejoins dans quelques minutes.


Je hoche la tête et me retourne pour  me diriger vers la porte lorsque la préoccupation qui me taraude l’esprit depuis quelques semaines me fait revenir sur mes pas.


Moi : on le leur dit ça quand ? 


Jedah haussant le sourcil : dire quoi à qui ?


Moi : aux autres, que nous sommes ensemble.


Elle secoue vigoureusement la tête.


Jedah : je ne suis pas encore prête Sama. Ton père a beaucoup trop de considération à mon égard et le mien, je ne veux pas même pas parier sur sa réaction.


Moi : ça sert à quoi de se mettre ensemble si c’est pour se cacher de notre entourage ? 


Jedah soupirant : je pensais qu'on devait attendre que le problème avec Khalil se règle d'abord.


Moi : mais moi je n'ai plus envie d'attendre, le bras de fer entre Khalil  et son père risque de durer encore longtemps. Il vaut mieux les affronter dès maintenant afin d’être fixé pour la suite. 


Elle me lance un regard anxieux.


Moi soupire lasse : nous ne saurons jamais ce qu’ils en penseront si nous ne les confrontons pas, et puis ce n’est pas comme si je t’avais arraché des mains de mon frère. (me rapprochant d’elle) Je veux être avec toi dans le hlal, je veux que nous soyons ensemble pour de vrai. Pas juste s’aimer dans le mystique, entre les quatre murs de nos chambres ou en dehors du palais. Khadi plus on se fréquente plus mes sentiments pour toi s’amplifient et plus j’ai envie qu’on fasse notre vie ensemble.


Jedah : et moi aussi, mais…


Moi soupire débité : ok ok, nous allons rester dans le secret encore quelques temps. Je le dirai toutefois à mes frères. Ils sauront nous conseiller.


Jedah l’air sceptique : tu penses que c’est une bonne idée ?


Moi : je ne sais pas, mais je veux bien tenter.


Jedah hochant la tête sceptique : d’accord.


On sort de sa chambre main dans la main, ça au moins nous nous le permettons lorsque personne ne se trouve dans les parages. Trois mois et poussière, ce sont écroulés entre nous et nous n’avons jamais passé le cap des baisers affectifs. Comme je le lui ai mentionné toute à l’heure, je veux faire les choses conformément.  Cependant, vous l’aurez constaté également, nous n’avons jamais pu en parler à personne. Non pas que je n’en ai jamais eu l’envie et surtout à ma mère, mais je trouvais le moment peu propice. J’avais voulu dans un premier temps que les choses se tassent entre Khalil et papa pour introduire notre cas.  Sauf que jusqu'ici, c’est le statu quo entre eux malgré que Khalil n'a de cesse de manœuvrer depuis lors. 

Cette situation commence vraiment à me frustrer, mais vraiment. Je veux me sentir libre d’être avec l’amour de ma vie, parce que oui, je suis convaincu qu’elle l’est. On ne se pose même plus la question après tous ces mois passés ensemble. Je sais que ce serait difficile de faire accepter la nouvelle à nos parents, mais je dois être honnête envers moi-même et mes sentiments.


Je lui lâche la main et nous reprenons tous les deux une expression neutre avant de pénétrer la salle à manger où les parents sont attablés avec le nouveau couple. Ils ont entrepris des travaux dans la maison que je leur ai offert comme cadeau pour leur mariage. Abdallah veut le redécorer au goût de sa princesse.


Moi entrant : salam.


Jedah (en même temps que moi) : Salam, bonjour.


Eux : bonjour.


Je contourne la table pour faire une bise à ma mère avant de m’asseoir près de papa pendant qu’elle prend place sur la chaise qui me fait face à côté de Cartia.


Papa : ton projet avance comme prévu ?


Moi (lui disant une demi-vérité) : oui, j’ai entrepris des démarches dans le cadre de chaque mandat pour faire en sorte que ça marche bien. 


Au fait ça fait un moment que je travaille sur un nouveau projet. Je veux me lancer dans le commerce et le transport d’hydrocarbures. C’est encore à l’étape embryonnaire et ça avance à la traîne parce qu’il faut avouer que je suis facilement distrait au travail dernièrement. Je veux tout le temps être à la maison, auprès de… Enfin, vous savez ce que c’est ! 


Papa (me sortant de mes pensées) : je t’ai posé une question Ussama, lesquelles démarches as-tu entreprises ? Je dois savoir avec exactitude où tu en es afin de pouvoir t’aider.


Moi (cherchant quoi répondre) : euhh… 


Maman : Al-Amine laisse-moi l’enfant manger, vous parlerez affaires plus tard.


Merci maman !


Papa ronchonnant : il faudrait que j’arrive à lui mettre la main dessus, on ne le voit pratiquement plus. 


Maman : certes, mais ça peut attendre.


Il la regarde juste sans rien ajouter. Je ne sais pas ce qui leur arrive à ces deux là, c’est maintenant maman parle, il se tait ou il rouspète sans monter le ton comme il en l’habitude. On mange ensuite en silence, de temps en temps, je jette des coups d’œil discret à Jedah qui me répond à chaque fois par un sourire. À un moment donné, papa intercepte son sourire et fronce les sourcils intrigué.


Papa la fixant : il y a un souci ?


Jedah baissant le regard : non non.


Papa : ok (lorgnant maman) tu as pu te décider pour ce que tu aimerais faire comme métier ?


Jedah : je n’ai pas de choix définitif pour le moment, je suis plus tentée par la cuisine bien que…


Papa l’interrompant : la cuisine ? Si tu veux apprendre à cuisiner, réfère-toi à ma femme. Elle fait les meilleurs plats qui puisse être tant au niveau national qu’international.


Nous pouffons de rire sous son regard perplexe.


Abdallah : mais mon oncle il y a des écoles spécialisées pour ça où on t’apprend tout un art sur la cuisine.


Papa : on n’a pas besoin d’aller à l’école pour ça (s’essuyant la bouche avec un torchon) si ça te dit tu peux remplacer ce az’ar (voyou) qui me sert de fils auprès de Sharif.


Maman maugréant : Ben Zayid mon fils n’est pas un az’ar.


Papa : c’est pour cela qu’il se retrouve à l’heure actuelle derrière les fesses d’une femme ?


Maman : tu l'as poussé à prendre cette décision !


Papa : qu’il fasse comme bon lui semble parce que jamais je n’accepterai cette fille dans ma maison. (grimaçant de dégoût) Une ikhti l-rjail (femme à hommes) !


Maman : c’est son choix et cette fille a certainement un enfant, mais cela ne fait pas d’elle une dévergondée.


Papa : tu m’en diras tant (pointant Jedah du doigt) voilà un bon choix pour lui, une Émirienne du même acabit à qui il a pris l’honneur et qu'il refuse d'épouser pour cette....


Maman roulant des yeux : du moment où la fille elle-même te dit qu’elle ne veut l’épouser, tu ne penses pas qu’il serait mieux de passer à autre chose ? Tu ne peux pas obliger deux personnes à se marier contre leur volonté. Ce qui doit normalement t'importer, c'est le bonheur de ton fils et on n'a tous vu que cette fille lui rend bien ça.


Nous hochons la tête nous autre.


Papa : on en reparlera (se tournant vers Jedah) tu en dis quoi pour le poste ?


Jedah : euh, je ne crois pas avoir les qualifications requises pour cela.


Papa : tu es à quel niveau d'études ?


Jedah : le niveau terminal enfin ma préceptrice disait que je pouvais me présenter au bac avec le niveau que j’ai.


Papa l’air étonné : tu as été déscolarisée ?


Jedah la petite voix : oui


Papa tapant d’un point sur la table : non mais c’est quoi ces manières de traiter son enfant…


Il part dans un speech en arabe mélangé à l’anglais avant de pousser un soupir rageur.


Papa : tu retournes à l’école ensuite, on avisera.


Jedah : euh d’accord. 


Papa se levant : tu viens me voir plus tard pour qu’on en discute (à moi) toi, tu me fais le rapport détaillé ce soir.


Nous : d’accord.


Le petit-déjeuner prend fin sur cette note, nous nous levons tous en même temps que maman et les filles la suivent à la cuisine pendant que je monte chercher ma sacoche et Abdallah fonce dans leur appartement. Je reviens au premier, je traîne des pieds dans les couloirs un moment avant de me décider à rejoindre les femmes. J’arrive et passe ma tête par l’entrebâillement de la porte pour m’adresser directement à Jedah occupée à rincer les plats que lui tend Cartia.


Moi : tu viens voir un truc avec moi s’il te plaît ? 


Jedah : d’accord tout de suite.


Elle nettoie ses mains sur le tablier qu’elle porte et fait deux pas lorsque maman l’arrête. Elle nous lance chacun un regard intrigant avant de me fixer intensément.


Maman me prenant de court : vous allez faire ça jusqu’à quand ?


Moi perdu : heu de quoi parles-tu ?


Maman : de vous deux, jusqu’à quand comptez-vous faire semblant devant tout le monde de ne pas sortir ensemble.


Du coin de l’œil, je regarde Jedah qui est toute rouge de honte.


Moi : maman…


Maman : des rumeurs circulent dans le palais, vous savez ?


Moi ouvrant les yeux : c’est vrai ?


Maman : ça t’étonne ?


Je hoche la tête.


Maman : demande alors à ta belle de rougir moins lorsque tu es dans les parages.


Je regarde Jedah qui rougit encore plus.


Moi : rhhoo tu es tellement transparente toi.


Maman : on ne peut pas non plus dire de toi que tu es discret quand il s’agit de la regarder comme si elle était une pure merveille découverte.


Wassila et Cartia éclatent de rire.


Moi sur un ton de reproche : oumiii !!


Maman : je dis simplement la vérité fiston.


Moi (saisissant la balle au vol) : tu ne verras pas d’inconvénient à ce que je l’épouse n’est-ce pas ?


Je quitte le pas de la porte et la rejoins au niveau du plan de travail et m’apprête à m’asseoir sur une chaise lorsque papa fait son entrée. Il fronce les yeux lorsqu’il me voit.


Papa : toi, tu fais quoi encore là ?


Moi redescendant : j’y vais déjà !


Je quitte la maison pour la société le sourire aux lèvres. Ça me plaît vraiment que ma mère le prenne sur ce ton, elle va plaider pour moi auprès de papa.  Avant toute chose au bureau, j’appelle Jedah pour lui souhaiter une bonne journée. Ce que je comptais faire quand maman nous a interrompu  avant de me concentrer sur le rapport que je dois faire à papa. Je  travaille jusqu’à l’heure du déjeuner, déjeuner que je prends mon unique rendez-vous de la journée à dix minutes d’avance. C’est un exportateur africain qui me propose un projet d’exploration et exploitation pétrolière au large des côtes du Ghana. Je l’écoute sans intervenir jusqu’à la fin de son récit ensuite, je lui pose des questions auxquelles il répond. On finit notre entrevue et je retourne travailler jusqu’en fin d’après-midi et me rends dans la boutique de maman pour chercher Jedah et en même temps pour terminer notre discussion de ce matin. C’est là-bas que Jedah passe certains de ces après-midi depuis que Jemal a signifié son congé à sa copine. Quand j’arrive, je salue la comptable et la vendeuse que je trouve au comptoir auquel je m’adosse en attendant que Jedah finisse de s’occuper d’une cliente. C’est lorsqu’elle revient vers le comptoir pour emballer les articles vendus qu’elle remarque ma présence et me fait un large sourire auquel je réponds.


Jedah : salam 


Moi : wasalam, ça été aujourd’hui ?


Jedah : très bien et toi ?


Moi : alhamdulilah, maman est dans son bureau ?


Jedah : oui.


Moi : ok, je vais l’entretenir quelques minutes avant qu’on ne rentre.


Jedah : d’accord, je vais chercher mes affaires en attendant.


Je hoche la tête et la suis vers les escaliers qu’elle contourne pour se rendre à l’arrière-boutique alors que je monte retrouver maman. Au moment où je veux cogner la porte de son bureau, elle l’ouvre et sursaute.


Maman (posant la main sur le cœur) : Bilahil Azim (nom de Dieu !) Ussama tu m’as fait peur.


Moi : désolé maman, bonsoir.


Maman : bonsoir mon chéri.


Moi : tu as une minute à m’accorder ? 


Maman hochant la tête : viens entre.


Elle s’assoit derrière le bureau et moi sur le canapé en face d’elle.


Maman (sans prendre des gants) : juste une chose, tu comptes l’épouser ou tu veux également faire comme ton frère ?


Moi directe : je l’aime maman.


Maman : ça, c’est toi et elle là-bas. Du moment où tu évites les dégâts du copinage moi ça ne me pose aucun problème d’autant plus qu’elle-même est consentante. 


Moi : le problème, c’est papa. Il risque de nous faire un caca nerveux à cause de Khalil.


Maman : il est vrai que c’est rébarbatif d’un point de vue, mais si l’on considère le fait qu’il n’y a jamais eu de relation entre les deux, je ne vois pas d’inconvénients à ce qu’il en est entre elle et toi. Mais bon, c'est ton père. Il faut s'attendre au pire avec lui. Laisse moi lui parler puis on verra.


Moi : je veux le faire moi-même parce que je veux que nous allions voir son père le plus tôt possible.


Maman sourire ravie : d’accord mon chéri (avec enthousiasme) il était temps ! 


Moi : rhoo maman pas tant que ça.


Maman : depuis le temps que j’attends mon premier petit-fils, c’est peut-être toi qui me le donneras.


Moi : Khalil est le plus susceptible de le faire.


Maman : ton frère ne veut pas faire d’enfant hors mariage.


Moi n’en revenant pas : c’est lui qui t’as dit ça ?


Maman : mais bien sûr, où voulais-tu que je l’apprenne ?


Moi : en tout cas, c’est bien. Bon, je crois que nous allons y aller. Tu rentres plus tard, je suppose.


Maman : oui, je vais faire une heure ou deux encore. Ton père n’est pas là. 


Moi : il est encore parti où ?


Maman : en Israël, un appel d’urgence.


Je soupire seulement et moi qui comptais lui parler ce soir même pfff. 


Nous nous mettons en route dans plus tarder. Durant le trajet, elle me raconte l'interrogatoire que ma mère lui a fait passé ce matin. C'est cela que nous commentons jusqu'à la maison où nous montons directement nous débarbouiller avant de nous retrouver dans le jardin privé pour nous raconter nos journées et parler quelque peu de ses projets d'études. Quand vient  l’heure de la préparation du dîner, je la laisse au seuil de la porte de la cuisine et profite pour appeler mes frères histoire de les informer de mes intentions envers elle par appel vidéo. Khalil apparaît derrière son bureau et Yumna en blouse, signe qu’elle est à l’hôpital. Après les salutations d'usages, je prends de leurs nouvelles et eux celles de la maison et amorce le sujet sans détour.  Khalil lève enfin les yeux de son écran pour poser un regard surpris sur moi et Yumna n'a pas l'air surprise du tout.


Yumna : c’était évident avec toutes les étincelles qui gravitaient autour de vous. 


Khalil : ça c’est depuis quand ça ?


Moi évasif : quelques mois à peine.


Khalil : hmm, papa le sait ?


Yumna : il va péter un câble.


Moi : justement, je crains de lui dire. 


Yumna : tu en as discuté avec maman ?


Moi : apparemment, ce n’est un secret pour personne ici.


Yumna : c’est vrai que je vous ai aussi suspecté un moment avec, mais je me suis dite que c’était improbable.


Khalil : et c’est malsain ! J’ai couché avec cette fille.


Moi : une seule fois et ça ne rend pas notre mariage illégal.


Il soupire.


Khalil : Ussama il y a des tas de filles dehors que tu peux épouser.


Moi : mais c’est elle que j’aime et elle aussi m’aime.


Khalil répétant : je lui ai pris sa virginité.


Yumna (à Khalil) : peut-être et on sait tous dans quel contexte, mais tu n’es jamais sorti avec elle et tu n’as aucune intention de le faire. S’ils s’aiment et qu’ils veulent être ensemble, bah c’est tant mieux ! Moi je n'y vois pas d'inconvénients.


Khalil : je ne refuse pas cet argument (souffle) réfléchi encore un peu avant de vouloir faire ta vie avec elle. Il y a peut-être des conséquences qui surviendront.


Moi : espérons que non.


Eux : espérons !


On passe sur d’autres sujets avant de se laisser.



Quant à chro, elle vous laisse le débat !!








 

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