Nouvelle chance

Write by RIIMDAMOUR


Nous attendions devant la prison, Mansour et moi, depuis un quart d'heure.
J'étais stressée, je ne sais pas pourquoi, et Mansour aussi. Nous attendions Tala, il allait être libre après un peu plus d'une année d'emprisonnement. Mais nous ne savions pas comment il apprehendait sa prochaine liberté.
Il avait été calme au cours du procès, trop calme. Presque indifférent.

Il n'avait montré aucune émotion quand la sentence était tombée.

Je me souviens de ce moment, l'atmosphère chargée d'une tension électrique, nocive, limite mortelle.
Nous attendions la décision du jury, tel des condamnés qui attendent que le couperet tombe.
Étaient présents dans cette cour beaucoup de monde.
La salle était pleine à craquer.

Il y avait des personnes qui n'avaient rien à faire là:
Les médias: ils étaient là parce que l'affaire en elle même était alléchante mais aussi parce que j'étais liée à l'affaire. Je les attire comme le sucre attire les mouches.
Heureusement pour moi qu'aucune caméra n'était tolérée.

Les curieux: les gens qui se disent être nos amis et que l'on ne voit que dans les moments ou nous sommes faibles, vulnérables. Il y avait parmi ces derniers des personnes que je reconnaissais comme les anciens camarades de classe de Tala, qu'il n'avait plus vu depuis sans doute une dizaine d'année.
Je me souviens même avoir aperçu au fond de la salle Liliane Ly, une fille avec qui il sortait au lycée. Elle n'avait rien à faire là.
Je m'en souviens parce que je la detestais et qu'elle me le rendait bien en retour.

Étaient présents dans cette salle les proches amis et parents de Tala, ceux qui disaient croire en son innocence mais qui n'avaient rien tenté pour l'aider.
Et puis il y avait nous: son père, sa mère, sa soeur, sa grand mère, Mansour et moi. C'est-à-dire les seuls personnes qui sont allés lui rendre visite et qui ont tout fait pour lui venir en aide.
Que d'émotion dans cette salle ce jour là.
J'avais peur que Tata Sokhna ne succombe à une crise cardiaque à tout moment.
Son père egrenait son chapelet frénétiquement.
Moi j'ecrasais les doigts de Malick qui recitait je ne sais plus quelle prière
Et quand enfin la sentence tomba...
-... déclarons l'accusé Mourtala Ahmadou Fall, non coupable des chefs d'accusations...

La suite n'a pas été très claire pour nous tous. Tata Sokhna s'est évanouie, son père à fait une crise de larmes et moi, j'ai été tellement soulagée que mes jambes se sont dérobées sous mes pieds. Je me suis sentie tomber par terre mais je me suis rattrapé à temps à un banc.
Mansour à crié de joie. Thiowli nei kourr( un vrai capharnaüm).
Je me perdais même dans cette agitation.
C'est là que j'ai vu l'expression de son visage,Tala , et ça ma fait peur, par ce qu'en faite, il n'y avait aucune expression sur son visage.
Quand son regard eut croisé le mien et que je n'y eus lu qu'indifférence, j'ai eu mal.
Mal pour lui.
Mal pour moi.
Mais surtout pour lui.

Tala était mon frère, nous avions grandi ensemble.
On s'est chamaillés comme frère et soeurs, on s'est aimé comme tel.
Il m'a toujours protéger, surtout contre Safietou.
Il m'a toujours comprise lorsque je souffrais des absences de ma mère.
Il m'a épaulée quand lors de la perte de mes parents.
Il à été temoins de tellement de choses dans ma vie.
Moi aussi j'ai été là les moments importants de sa vie.
Je l'ai soutenu pendant chacune des épreuves qu'il à eu à traverser.
Sauf pendant cette année.
Mais je ne peux m'empêcher de m'en vouloir.
De l'avoir délibérément tenu à l'écart de ma vie cette dernière année.
De ne pas avoir été au courant de ses problèmes.

M'en voulait t-il pour ça?

Mansour aussi se sentait mal vis à vis de lui.
Lui aussi nous avait tenu écarté de sa vie.
En fin de compte Mansour et moi avions agi égoïstement, bien que notre but était de ne pas faire souffrir notre entourage.
Pour ma part, c'était la honte qui m'avait poussé à faire tout ce que j'ai fait.
Je pensais que tout le monde me jugeait, mes proches y compris.

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Nous étions arrivés devant chez ses parents. Durant tout le trajet de la prison à la maison, il régnait un silence très lourd dans la voiture.
Mansour conduisait en silence, Tala regardait par la fenêtre et semblait avoir oublié jusqu'à notre présence, et moi je cogitais.
Je n'avais aucune envie de le regarder. La prison l'avait transformé. Il était toujours aussi grand, mais avait cruellement maigri, et sa peau a pris une teinte plus claire. Ses gestes étaient comme au ralenti, toute la vie et l'énergie qui existaient en lui auparavant semblait l'avoir quitté.
Il était avant aussi souriant que sa mère, il avait toujours les mots pour réconforter les gens.
Mais là il ne souriait pas. Il a juste forcé un petit smile qui ressemblait plus à un rictus quant Mansour et moi l'avion pris dans nos bras.

À peine Mansour a t-il garé la voiture que la porte de la maison s'est ouverte dans un grand fracas. Tata Sokhna sortit en trombes de la maison et se rua sur Tala, suivi de Tonton Khadim et Amel, la grande soeur de Tala.
Tata Sokhna se jeta dans les bras de son fils en criant.

- Mon petit garçon! Alhamdoulilah. Mon fils chéri.

Ses joues étaient inondées de larmes, ainsi que ceux de son mari et de sa fille. Une scène tellement touchante que mes yeux se remplirent de larmes.

D'autres personnes sortirent à leur suite de la maison, mais je n'eus pas le loisir de les indentifier, car Tonton Khadim s'approcha de moi après avoir embrassé son fils.

- Milouda Bilo Mariam Kâ! Dit-il en me prenant les deux mains. La fille de mon frère, mon ami, il ne m'a jamais laissé tombé. Milouda, mon enfant de coeur. Merci. Merci, je craignais devoir mourir en laissant mon fils croupir en prison, mais grâce à toi le voici devant nous. Aujourd'hui je peux mourir en paix. Tu ne sais même pas à quel point tu ce que tu as fait pour nous...
Les mots moururent dans sa gorge une larme glissa sur sa joue.
Moi, j'essayais de ne pas pleurer.
Alors Tonton Khadim m'attira dans ses bras et me fit un baiser sur le Front. Comme le faisait mon cher père. Je ne pu me retenir.
Il m'était reconnaissant d'avoir aidé son fils, je lui étais reconnaissante de rester l'homme qu'il était du vivant de mon père, son seul ami qui ne m'avait pas abandonné.

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Tonton Rawane avait été très...quel est le mot exact...mécontent lorsque que j'ai émis le souhait de repousser la date du mariage de un moi.
Apparemment il y avait un problème avec son fils, Amine.
Il a essayé de me convaincre pendant une heure au téléphone de faire le mariage religieux dans les délais convenus mais j'ai dit niet.
Il y avait le procès et les préparatifs du mariage.
Je lui ai expliqué mes raison, surtout la principale qui était que je ne pouvais pas me marier tant que Tala, son père et sa soeur iraient pas mieux.
Car deux jours parés sa libération Tala avait été hospitalisé, apparemment il souffrait de graves carences nutritionnelles. Ce qu'il y a de plus normal vu comment on traite les pénitenciers dans ce pays.
Tonton Khadim avait subi une opération de sa jambe d'urgences deux jours plus tard.
Sa soeur Amel était retournée en France poursuivre sa chimiothérapie ( elle souffrait d'un cancer du sein mais était en bonne voie de guerison) et Tata Sokhna essayait tant bien que mal de reprendre des forces après toutes ces épreuves.
À votre avis pouvais-je me "marier" pépère alors que personne n'allait bien la-bas?
Même Tonton Beckaye était de mon avis cette fois ( Oui je vous jure. Curieux hein?) .
- Finalement tu n'es pas aussi égoïste que je le pensais. Avait-il dit.
Le vieux Rawane n'a pas eu le choix et à fini par ceder.

C'était Mansour qui était à la charge de Tala à l'hôpital, puisque les membres de sa famille étaient tous malades. Il était toujours là à l'heure des visites et lui tenait compagnie.
J'avais fait en sorte que Tala et son père soient dans le même hôpital et aient une infirmière personnelle.
Vous vous demandez comment?
Laissez moi vous répondre que la clef argent ouvre beaucoup de portes.
Bien sur ils ont tous les deux protesté, Tala m'a même hurlé dessus que je n'avais pas à les prendre en pitié mais bon... j'ai tenu bon.
Deux cousines de Tata Sokhna étaient venues de Fatick pour l'aider et j'avais aussi fait en sorte que son ancienne bonne revienne.
Ahhh l'argent

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