Partie 10: Premier mois

Write by Fleur de l'ogouée

Koumba Marimar

 

La première nuit de notre séjour tout était magnifique, j’étais si contente de son attention, il n’a pas l’air romantique aux premiers abords, mais au fond il l’est. On aurait dû passer deux nuits de rêve, au final le deuxième jour après avoir trainé en matinée dans la piscine, le soir j’étais toute nauséeuse, on a pensé aux fruits de mers que l’on a mangé la veille, donc le lendemain en rentrant à Libreville, il m’a pris des médicaments à la pharmacie. Puis je suis rentrée chez moi. Je passais une journée paisible avant que Cynthia ne passe me voir en après-midi, elle en profite toujours pour aérer son studio quand elle est dans la zone

-Mais madame tu garde encore la chambre là pourquoi ?

-On ne sait jamais Mari, si les choses tournent mal il faut toujours avoir un point de chute

-Façon il est amoureux là, tu as peur de quoi ?

-Ne blague pas avec les hommes hein, ils sont capables de te désirer aujourd’hui et te laisser demain

-Moi je suis sûre que ça va aller

J’ai fini de l’embêter, et quand je me suis levée pour aller boire mes médicaments, j’ai été pris de vertige mais je me suis rattrapée à temps.

-Marimar vient un peu ici

Elle me regarde de la tête au pieds, silencieusement et me fait tourner sur moi-même

-Les seins que je vois là, les nausées, vomissements et vertige, ma petite tu es enceinte

-Non, j’ai eu mes règles il y a cinq jours, ce n’est pas possible

-Attends moi j’arrive

Je la regarde partir et puis je commence à m’interroger, sincèrement on ne s’est pas toujours protégé, souvent dans le feu de l’action, on faisait les choses à notre guise, j’ai l’impression que j’avais oublié pendant ce temps les conséquences des rapports non protégés. Si ce n’est pas la grossesse, ce sera peut-être une MST ou même le sida, je m’assois sur le sol demandant à Dieu de m’épargner de cela, à 25ans, une situation financière précaire comment je vais faire pour gérer un enfant, si Marc ne veut pas de cet enfant, que ferais-je de lui ?

Une trentaine de minutes plus tard je ressors des toilettes avec les deux tests de grossesse qu’à acheter Cy, ils sont tous les deux positifs, j’avance vers elle en pleurant et ce ne sont pas des larmes de joie. Pourquoi à chaque fois que je demande à Dieu quelque chose, c’est son contraire qui se produit ? Un enfant hors mariage c’est tout ce que je n’ai jamais voulu, il y a 25ans ma mère à ramener à ma grand-mère un enfant sans père et là, l’histoire se répète ? Il faut que Marc-André clarifie mon statut, être l’autre femme c’était bien beau lorsqu’il n’y avait pas un petit-être en jeu, mais aujourd’hui tout change, je ne serais plus jamais Marimar la fillette sans problème.

-Mais tu pleures quoi en fait ?

-Un enfant hors mariage c’est compliqué, mais tu rajoutes à ça un homme qui est déjà dans une relation et c’est le drame assuré

-Ma petite là tu ne réfléchis pas comme une waze girl, le gars est dans le love et là tu porte son bébé, tu ne te dis pas que la balance va enfin basculer de ton côté, que peut-être toutes ses appréhensions vont disparaitre

-Tu as peut-être raison, mais qui me dit qu’il n’a pas déjà des enfants

-Mari arrête de douter, tu t’es engagé devant toi-même à conquérir cet homme, tu ne peux plus faire marche arrière, il ne s’agit plus seulement de toi

-En gros j’ai 9 mois pour séduire le père de mon enfant

-Tout à fait

Nous avons passées la journée ensemble, elle m’a donné plein de conseils. J’aimerai tellement annoncer à ma grand-mère cette nouvelle, mais avec mon statut inconnu dans la vie de Marc-André, je n’ai pas envie de la faire paniquer, qu’elle gère ses plantations, je vais me débrouiller toute seule et je sais que je pourrais compter sur Cynthia pour m’accompagner dans cette aventure. Ce dimanche à un goût doux-amer. Avant d’annoncer la nouvelle à monsieur Moussavou, je vais aller à l’hôpital général voir un gynécologue, je n’en ai qu’une seule fois et c’était assez traumatisant, mais il faut que je sois sûre d’être enceinte avant de lui annoncer quoi que ce soit. Mardi en matinée je vais demander la permission à Raoul s’il n’y a pas trop de client au resto.

Après avoir raccompagner Cy, je me pose dans ma chambre et je regarde ses photos. Elle aurait dû être là, elle aurait dû m’accompagner dans cette épreuve, m’assister et me dire que tout ira bien. Ni mère, ni père sur qui compter, comment je vais me débrouiller à élever cet enfant.

 

Moussavou Marc-André

Après avoir déposé Marimar chez elle, je suis allé rendre visite à Tim, je suis assis sur une mine qui peut exploser à tout moment, j’ai besoin d’y voir plus clair. Quand j’arrive chez lui, il est avec grand Styve. On discute de tout et rien, on se donne les nouvelles, puis sans le savoir Tim appuie sur la gâchette

-A quel niveau de ta mini nga ? Tu l’as déjà déchargé ?

-Man je ne peux pas, je suis en train de glisser. On a passé deux jours dans un hôtel au cap Santa Clara et si elle n’avait pas été malade peut-être qu’on aurait prolongés

-Mani toi tu veux que Nina tombe sur la pauvre petite hein

-Gars, je n’arrive pas à faire une semaine sans voir son visage

-Mais bro là tu es complètement piqué, c’est grave

Grand Styve qui jusque-là était silencieux, s’est retourné vers nous puis a pris la parole

-Mes petits je suis avec ma nana depuis 15ans hein, on s’est rencontré à la fac un peu comme Nina et toi, on a eu nos hauts et nos bas hein, mais j’avais juré depuis le début que se serais elle que j’allais épouser. Donc tout était clair dans ma tête quand j’allais faire mes 400 coups, je savais qu’il y avait les autres et qu’il y avait-elle. J’ai couché avec je ne sais combien de femmes, mais il ne m’est jamais venu à l’esprit de quitter ma number one, peut importe la qualité du tournage des reins, je revenais toujours à la maison. Vous les gars vous aimez vous éparpillez, tu ne peux pas mettre les sentiments quand tu sais que tu trompes madame, tu dois être pro et avoir une ligne directrice, si tel n’est pas le cas il faut revoir ta relation

-Grand, j’avoue que Marimar me déstabilise beaucoup, mais j’aime Nina. Le problème c’est qu’après 10ans de relation, je ne me sens toujours pas prêt à sauter le pas et je me dis que c’est peut-être un signe

-Man, là tu as le goût de Marimar c’est pour ça que tu parles comme ça. Avec la go de l’UOB il y a 2 ou 3 ans tu disais la même chose, dit Tim

-N’oublie pas la petite centrafricaine qui avait aussi perturbé le cœur du frangin, renchérit Styve

-Les gars vous avez peut-être raison hein, mais je suis perdu quand même, en deux mois elle a quand même réussi à me garder focus là où beaucoup d’autres n’ont pas réussi

-On te dit bien Moussavou casanova

-Mani dégage

On a terminé la soirée, en jouant à Fifa, ce geek de Tim nous a mis une belle raclée comme à chaque fois. J’ai appelé Marimar pour lui demander si elle allait mieux, elle m’a dit oui, mais au son de sa voix, j’ai su qu’elle avait pleuré, malgré mon insistance elle n’a pas voulu me dire ce qui la tracasse. J’ai résisté à l’envie de débarqué chez elle pour aller voir ce qui se passe, les gars ont raison, je suis en train de trop m’attacher à elle, et ce n’est une bonne chose pour aucun d’entre nous. Je n’imagine pas comment elle va réagir quand elle apprendra qu’en fait je suis déjà en couple, j’ai tellement peur de briser son petit cœur. Le mieux est peut-être de m’éloigner. 

9 mois pour séduire...