Partie 13 : l'épine
Write by labigsaphir
- Oui Aline.
- Excuse-moi de te déranger,
- Non, vas-y, je t'écoute.
- Je voulais savoir si tu avais terminé ta partie.
- Si si si...j'étais justement en train de relire et corriger avant de te l'envoyer.
- C'est parfait ! Tu es vraiment efficace, ma belle.
- Je n'ai rien fait de spécial, tu sais.
- Tu as eu plus de travail que nous, cette fois. Je n'ose imaginer la masse de travail que tu as du abattre en plus des efforts et énergie que tu as du déployer.
- Oh, ce n'est rien.
- Je ne vais pas te déranger plus longtemps, j'attends que tu m'envoies le document et je le joindrais au reste.
- Ok. Tu l'auras d'ici une demi-heure.
- Merci, Jeneya.
- De rien, Aline.
Je raccroche en souriant, me félicitant tout de même d'avoir pu terminer ce travail dans les temps, car ce fut un travail de titans. La professeure d'économie, nous a divisés en plusieurs petits groupes afin de permettre, comme elle le dit si bien, l'épanouissement de certains. Nous devons exposer dans une semaine, et somme donc sur la dernière ligne droite. Nous avons dû travailler en groupe, ce qui ne fut pas facile mais plus tard, nous nous sommes séparés avec chacun, une partie à traiter. Je vais avoir tout l'exposé afin de le mémoriser, assimiler, voire poser les questions si je ne comprenais pas un ou des points.
BRRRR....BRRR...BRRR...
Je jette un coup d'œil sur l'écran du téléphone et dépose le téléphone sur le lit, près de mon ordinateur. Quelques minutes plus tard, c'est le téléphone fixe qui se met à sonner. Odessa qui est dans le séjour, décroche puis vient vers moi, le bras tendu.
- Quoi ? Demandai-je intriguée par son attitude.
- C'est pour toi.
- Qui est-ce ?
- Mais prends et tu sauras.
- Non !
- C'est Elric, soupire-t-elle.
- Dis-lui que je ne suis pas là ; je suis consciente du fait qu'il m'entende parfaitement.
- Euh...Elric, tu as du entendre...Désolée...ok...Bonne soirée.
Elle raccroche, va poser le téléphone sur le socle et revient s'asseoir sur mon lit. Je fais mine de pas sentir son regard sur ma nuque et n'y tenant plus au bout de quelques minutes, je me tourne vers elle.
- Quoi ?
- Cela fait une semaine qu'il appelle matin, midi et soir pour s'excuser.
- Et ?
- Ne crois-tu pas qu'il en ait assez bavé ? Même si tu ne peux passer l'éponge, accepte au moins de lui parler et passez à autre chose.
- Je verrais.
- Ok.
DEUX HEURES PLUS TARD...
Je suis dans le rayon charcuterie, lorsque je sens une main se poser sur mon épaule. Je me tourne lentement vers la personne, ce n'est autre que lui. Je me tourne et l'ignore complètement
- Bébé, jusqu'à quand, comptes-tu m'ignorer ?
- ...
- Je suis désolé. Je reconnais mes torts et souhaite m'amender. Que dois-je faire pour que tu me pardonnes ?
- ...
- Je sais que tu t'es donnée la peine pour me faire plaisir et moi, j'ai merdé.
- ...
- S'il te plait, Jen, que dois-je faire ; il prend ma main dans la sienne, me force à le regarder dans les yeux.
- C'est encore trop tôt.
- S'il te plait, ma puce, s'il te plait, supplie-t-il.
- ....
- Et si nous allions manger en ville et en profitions pour discuter ?
- Je ne sais pas, Elric.
- C'est déjà Elric, ce n'est plus chéri ou amour, fait-il tristement remarquer.
- ...
- S'il te plait, s'il te plait.
- Bon...
Quelques secondes plus tard, il lâche ma main et s'éloigne en regardant le sol. Je regarde autour de moi et ne vois personne.
- Excuse-moi, fait-il en revenant vers moi.
- Qu'y a-t-il ?
- Rien, rien, rien ; je le trouve un peu agité mais n'insiste pas plus.
- Demain à 15h.
- Non, aujourd'hui à 16h, s'il te plait.
- Ok, on fait ça mais je n'aurai pas assez de temps à t'accorder.
- Pour moi, c'est parfait.
- Au revoir, Elric.
- Au revoir, chéri, c'est encore mieux.
Il tourne les talons et s'en va, j'avoue être toute chose en le regardant. J'ai des sentiments naissants pour lui mais ne sais pas pourquoi, j'ai tendance à me retenir en sa présence. Après avoir rempli mon caddy, je me mets en rang, attendant patiemment mon tour à la caisse. Je suis prête à passer lorsque je suis bousculée par une jeune fille, élancée, claire de peau et maquillée comme si elle avait fait usage de la truelle.
- Excusez-moi, fait-elle en posant la main sur mon épaule.
- Oh, ce n'est pas grave, lui assurai-je en souriant.
- J'ai trébuché, vous savez, les talons.
- Oui, oui, je vous comprends.
Elle me fixe du regard avant de rejoindre son rang, je suis surprise par son attitude mais ne me pose pas plus de questions. A mon retour, Odessa n'est pas là, je range les courses, fais le ménage car c'est mon tour, avant d'aller prendre une douche et chercher à lire mes mails. Je suis surprise car ne peux accéder à ma boite mail malgré le mot de passe habituel. Je suis obligée de passer par la boite de substitution pour reprendre la main et change le mot de passe ; c'est la première fois que je fais face à une situation pareille. Je vérifie que tout va, il n'y a rien de bizarre. Les mails envoyés, reçus et les spams, tout y est.
J'ai reçu un mail du directeur des projets m'informant que le partenariat avec la Start-up a finalement été conclu et que mon accord a vraiment compté. Maintenant, il faudrait que je rencontre les responsables de cette entreprise afin de négocier les détails et pour ce faire, je devrais aller à Londres dans trois jours. Je donne mon accord et des reçus de billets d'avion me sont envoyés par mail, quelques heures plus tard.
UNE HEURE PLUS TARD...
- Toujours aussi belle, ma puce.
- Merci ; nous nous faisons la bise et nous asseyons.
- Que voudrais-tu manger ?
- Je te laisse commander, dis-je en souriant.
- Ok ; il hèle un serveur et passe rapidement la commande des plats.
- Tu voulais me voir,
- Oui, il fallait que je m'excuse pour mon attitude.
- Huhum.
- C'est un regrettable incident ou malentendu, tout ce que tu voudras mais je regrette.
- Ok, j'ai cru comprendre.
- Merci.
- Pour me faire pardonner, j'aimerais que nous allions passer le week-end dans un hôtel, non-loin du lac St-Pardoux.
- Oh ! Et tu as décidé comme ça.
- Mais oui, j'aime bien improviser, cela casse la routine.
- C'est vrai. Et si j'avais des obligations ?
- Tu les annulerais pour deux jours.
- Humm.
- Ecoute, Jen, je pense fort à toi. Nos moments de complicité me manque.
- On ne dirait pas.
- Pour te prouver mon sérieux, j'ai pris cette demi-journée.
- Humm.
- Puis-je te demander une faveur ?
- Essaie toujours.
- J'aimerais que nous fassions un tour à la maison.
- Je n'ai aucune envie de faire l'amour avec toi.
- Aïe ! Je ne pensais même pas à faire des cabrioles.
- Si tu le dis !
- En fait, j'avais demandé à ma mère d'acheter quelques tenues et bijoux africains pour toi.
- A ta mère ?
- Mais oui, que crois-tu ? Je suis sérieux, tu sais.
- Et comment as-tu fait pour les récupérer ?
- Une amie les a ramenés et me les a envoyés par poste.
- Ne pouvais-tu pas venir avec ?
- Non, il s'agit de deux cartons.
- Ok, je vois.
- Pourras-tu me suivre, s'il te plait ?
- Ok.
- Merci, ma chérie ; il prend ma main dans la sienne et la caresse en me regardant dans les yeux.
- ...
- Je t'aime, chérie et tu me manques. J'ai fait une bêtise, pardonne-moi, s'il te plait.
Le dîner se poursuit dans une très bonne ambiance, il se montre charmeur et très attentionné. Deux heures plus tard, nous nous séparons et récupérons nos voitures. Nous garons un quart d'heure plus tard, devant son immeuble et y pénétrons la main dans la main.
A peine entrés, il me prend dans ses bras et m'embrasse langoureusement. Je résiste et lâche peu à peu, prise. Nous nous séparons rapidement de nos vêtements et nous retrouvons dans son lit, sur et l'un dans l'autre. Le feu est brûlant et le désir est si fort que nous ne sommes soulagés qu'en nous abreuvant à la source, c'est-à-dire, l'un dans l'autre.
- Tu m'as manqué, chérie.
- Toi aussi, dis-je avant de sombrer.
TOC...TOC...TOC...TOC...
J'ouvre les yeux en entendant le bruit. Elric qui est à côté de moi, me demande de ne pas bouger.
- Mais vas ouvrir, m'écriai-je.
- Non.
- Et pourquoi ?
- C'est une amie, une emmerdeuse, celle-là.
- Tu peux aller lui dire que tu es occupée.
- A quoi bon ? Cela ne l'empêchera pas de discuter durant des heures et des heures. Elle va toquer, puis s'en rira, c'est ce qu'il y a de mieux à faire.
BOUM ! BOUM ! BOUM !
- Elric ! Elric ! Mais où est-il ? Sa voiture est pourtant garée devant l'immeuble. Il ne devrait pas être loin.
- Bah, il est surement dans le quartier, répond une autre voix.
- Tu as peut-être raison mais comment peut-il bouger sans m'avertir ?
- Tu as ses clés, mais ouvre !
- Je vais d'abord essayer de le joindre ; Elric se saisit de son portable et l'éteint rapidement.
- Tu as raison, ma chérie.
- Je suis envoyée au répondeur.
- Mais ouvre donc la porte, insiste l'autre voix.
- Ma clé ne passe plus, ma chérie.
- Comment ça ? Réessaie, toi aussi.
- Si je te dis que ça ne passe pas, crois-moi ! Tiens, essaie toi-même.
Elles essaient justement et font bouger la porte qui reste fermée.
- Allons-y, nous reviendrons plus tard.
- Tu as surement raison.
Les pas s'éloignent, je me tourne vers Elric qui semble soulagée, attendant une explication.
- Une emmerdeuse qui avait les clés de ton appartement ?
- Oui, c'est la petite-sœur d'un pote. Je lui avais demandé de souvent passer faire le ménage en échange de quelques billets.
- Huhum.
- Bah, cela a tourné casaque, comme tu le vois.
- Pourquoi ?
- Elle a commencé à avoir des sentiments pour moi.
- Oh !
- Ouiiiiii, les femmes sont terribles.
- Bon, je vais y aller.
- Ok. Je vais porter le carton et le descendre à ta voiture.
QUELQUES HEURES PLUS TARD...
[ BIYO'O ]
- Oui, entrez !
- Mais c'est comment ?
- Comment quoi ?
- Je suis passée plusieurs fois dans la journée voir si tu étais là.
- Tu as bien vu que j'étais absent.
- Mais Elric, pourquoi me parles-tu comme ça ?
- Je te parle comment ?
- Tu es en train de m'engueuler comme un poisson pourri. Tu es bizarre avec moi depuis que je suis rentrée du Cameroun.
- Louhann, s'il te plait, ma semaine a été compliquée. Je ne suis pas disposé à supporter ton bruit.
- Elric, c'est à moi que tu t'adresses ainsi ?
- Louhann, s'il te plait.
- En passant, ta porte a eu quoi ?
- J'ai fait changer les serrures.
- Mais pourquoi ?
- Elle a été forcée, heureusement que mes voisins sont arrivés à temps.
- Les voleurs ont-ils été attrapés ?
- L'enquête est en cours. Mis pourquoi voulais-tu me voir ?
- Donc, il faut maintenant une raison pour que j'ai envie de voir mon chéri ?
- Humm.
- Au fait, j'ai appelé ta mère aujourd'hui.
- Quoi ?
- Mais oui, j'avais pris son numéro et nous discutons de temps à autres. Quand j'étais au pays, il était question que tes parents aillent voir les miens.
- Sans m'en avertir ?
- Un vieux couple comme nous ?
- Pardon Biyo'o, tu cherches déjà les problèmes pour sortir, Minal !
- Louhann, rentre chez toi, pardon.
- Non, je suis là et j'y reste.
TROIS SEMAINES PLUS TARD...
- Je vais aller en boite ce soir avec Oan, annonçai-je.
- Et alors ?
- Mais tu rentres chez toi !
- Pourquoi ? Moi, chez toi, ca empêche quoi ?
- Tchiiiip Louhann, rentre chez toi.
- A peine je pose mon derrière que tu me demandes de rentrer ?
- Dis-moi, Elric, tu as déjà une petite à Limoges ?
- Arrête de raconter des bêtises, tu veux.
- Des bêtises comment ? Quand tu as envie de te vider les balloches, tu me flattes et je viens. Après, je deviens indésirable. Dis-moi, que t'ai-je fait ?
- Louhann, je ne suis pas bien psychologiquement, c'est tout.
- Est-ce la première fois ?
- ...
- Depuis que j'attends le double de tes clés, ça ne vient pas.
- Je vais demander l'autorisation du propriétaire pour les faire, il faut attendre.
- Humm. Au fait,
- Quoi encore ?
- Il faut appeler tes parents, il faut vraiment les appeler.