Partie 18

Write by Owali

(RACKY) 


Deux mois plus tard.


Ca y est, je pense que je suis à bout ! J’ai tout fait pour sauver mon mariage bien que tardivement mais je n’ai pas réussi, Karim n’a pas été réceptif du tout. Il rentrait tard et sortait tôt et quand il était là il m’évitait soigneusement, j’avais regagné la chambre conjugale, et ce soir-là il avait été surpris de me trouver dans son lit… en petite tenue ! 
Il avait marqué une pause en entrant dans la chambre, puis s’était dirigé vers la salle de bain où il avait pris une douche et était ensuite venu se coucher mal à l’aise à côté de moi.
- Tu n’es pas content que je sois là ?
- Si , mais juste surpris ! 
- Je peux retourner dans ma chambre si tu le souhaites ? 
- Non ! Ici aussi c’est ta chambre.
- Bon… très bien. 

Il était resté sans bouger à une distance plus que respectable, et avait même fini par s’endormir. Je ne savais vraiment pas comment susciter une réaction de sa part, le fait de me voir en tenue sexy ne lui faisait plus d’effet, je décidais donc d’être plus entreprenante. Il dormait, qu’à cela ne tienne je décidais de me glisser sous les draps. Je pris son membre dans ma bouche et commençais à lui faire une fellation en espérant que cela le mette en condition et le pousse à se réveiller pour me faire l’amour. Il se réveilla bien sûr. Surpris, mais sans plus. Après plus de dix minutes à essayer de le mettre en érection, j’abandonnais. 
- Je suis désolé, s’excusa t-il maladroitement 
- Pas plus que moi ! 

Je me retournais et tirai le drap sur ma tête pour m’endormir immédiatement. Rien qu’en repensant à cette nuit je sentais l’humiliation de ce jour me submerger à nouveau. Nous avions continués à partager le même lit mais sans qu’il ne se passe quoique ce soit. Je ne lui faisais visiblement plus aucun effet et après cet incident il ne m’adressa presque plus la parole. Toutes les fois où j’avais tenté une approche via des invitations à dîner il avait toujours un truc de prévu ou du boulot à finir. Et même quand ma famille venait déjeuner à la maison il ne faisait pas mine d’être courtois. Je pensais que le courant passerai entre Marieme et lui vu leurs professions, mais la aussi choux blanc/ 

Aujourd’hui j’en avais ras le bol ! 

Cela faisait six mois que nous étions mariés et j’étais dans le regret d’accepter que ce mariage avait été un échec. Mes valises étaient prêtes, je laissais un mot sur la table à Karim avec les clefs de sa maison et je m’en allais sans me retourner.

***

(KARIM)

Karim, 
Il est temps que nous voyons la vérité en face, ce mariage n’a été qu’une mascarade.
Je n’ai pas su être cette femme qui te rendrait heureux, comme prévu après six mois je te demande de me rendre ma liberté. 
Les parents n’ont pas besoin de connaître tous les détails, en ce qui me concerne je dirais juste que cela n’a pas marché.
Désolée de ne pas avoir été à la hauteur...


Je froissai sa lettre et en fit une boule que je balançai à l’autre bout du salon. 
Partie ! Elle était partie par ma faute ! Je l’avais poussé à bout.

Dans le fond c’est ce que j’avais secrètement espéré en agissant de la sorte avec elle. La culpabilité me rongeait tellement que je n’arrivais pas à faire semblant et j’avais tellement honte de moi que je me suis renfermé et éloigné d’elle au fil du temps. Je n’ai pas été digne de ce mariage. Je l’ai trompé et je ne me le pardonnerai jamais.

Partie…elle était partie.
Je fis le tour de toutes les pièces de la maison et il n’y avait plus rien. Plus aucune trace de son passage. Tout était propre et rangé bien à sa place. Tous mes vêtements étaient repassés et soigneusement rangés dans les armoires. Mais l’endroit où elle rangeait habituellement ses habits étaient désormais vide…tout était comme si elle n’avait jamais été la. C’est tout juste si les derniers effluves de son parfum flottaient encore dans l’air.

Je l’avais poussé à partir. Je l’avais perdu. C’était finis. 

Je savais que ce jour viendrai tôt ou tard, je m’y était préparé mais je n’avais pas imaginé une seule seconde que ça me ferait si mal. Mais c’est mon fardeau. Je l’ai assez fait souffrir comme ça. Je ne la retiendrai pas, je n’essaierai même pas de la reconquérir parce que je ne la mérite tout simplement pas. Je lui accorderai ce divorce. Je la libérerai et lui donnerai une chance d’être enfin heureuse vu que j’ai lamentablement échoué dans cette tache.
Il est temps de fermer le livre de notre histoire et de passer à autre chose...

***

(RACKY)

Médina la belle, je venais de me réveiller le corps encore plein de courbatures. 
Ca faisait deux mois que j’avais aménagé dans cet appartement mais je n’arrivais toujours pas m’y habituer, surtout à cause de ce matelas aussi fin qu’une crêpe que j’avais eu en seconde main sur EXPAT DAKAR. 
Je quittais mon lit pour me diriger vers la fenêtre. C’est fou ce que ce quartier était bruyant. Il y avait tout le temps du monde dehors. De jour comme de nuit j’avais une vue direct sur la grande allée de la rue 6 avec ses commerçants, ses vendeurs de fruits, et ses boutiques de vêtements où grouillaient les passants dans un vacarme sans nom. Sous mes yeux se dressaient pleins de toits d’immeubles HLM et si je tournais un peu la tête sur le côté, je pouvais aisément voir la grande mosquée de Médina entouré d’une barrière en murs remplis de tags des jeunes du quartier. C’est à ce spectacle que j’avais droit tous les jours et y assister faisait désormais partie de mon petit rituel matinal. 

Je me dirigeais vers la douche pour prendre un bain et ce n’est qu’une fois nue sous la douche que je me rendis compte qu’il n’y avait pas d’eau : le grand problème de ce quartier. On pouvait faire des journées entières sans eau et sans électricité pendant l’été et c’était tellement pénible.

Je sortis de la douche et allais à la cuisine prend le bidon de 10l de KIRENE qui me servait de réserve d’eau et pris un brin de toilette express histoire de quand même mouiller le corps. Lorsque je finis, j’allais devant mon armoire pour trouver une tenue appropriée à mon nouvel emploi. Moi qui avait toujours rêvé de travailler dans la mode, j’avais réussi à décroché un boulot de chargé de communication chez TISS’AME, une nouvelle marque de prêt à porté utilisant comme base de travail du pagne tissé réalisé selon les méthodes artisanales qu’on appelle aussi Mandjak chez nous. Ils venaient d’ouvrir une boutique au rond point des Almadies mais avaient aussi ouvert un petit bureau en ville dans lequel j’exerçais.

Les premiers jours qui avaient suivis mon emménagement et mon embauche je n’étais pas passée inaperçue dans le quartier avec mes habits et sacs de marque, du coup je m’étais faites agresser en rentrant un soir juste devant chez moi. J’avais donc dû revoir ma façon de me vêtir et de parler pour ne pas me faire remarquer. J’étais désormais loin, très loin de ma vie à Mermoz mais pour rien au monde je ne regrettais d’en être partie.  Karim n’avait même pas fait semblant de me retenir et m’avait accordé le divorce sans aucune discussion. 

Nous avions opté pour la séparation des biens et comme nous n’avions rien acquis pendant les quelques mois qu’a duré notre mariage, nous n’avons rien eu à nous partager. Il gardait sa maison et son argent et moi je retrouvais ma vie d’avant. Il m’avait proposé son aide mais j’avais évidement décliné son offre. Même si je dois avouer que ce divorce m’avait fait mal sur le coup, avec le recule je réalise que c’était la meilleure chose à faire. 
Nous nous sommes mariés pour de mauvaises raisons, rien de bon ne pouvait en découler.

Tout le monde m’a reproché d’être partie et j’ai été la risée de toutes mes cousines. La seule qui ne m’a pas jugé c’était ma sœur. J’avais d’ailleurs été très surprise par sa réaction :
- Oublie le Racky, tu mérites mille fois mieux que lui.
- Comment tu peux me dire ça au lieu de me consoler ?
- Si tu es partie c’est qu’il t’a forcément fait du mal alors moi je dis, oublie le. Ce n’était pas un bon mari !

J’avais préféré ne pas insisté, elle avait l’air tellement remonté contre lui que je ne voulais pas envenimer la situation. Lorsque toutes les questions administratives avaient été réglées et que nous n’avions plus rien à nous dire, j’ai changé de numéro de téléphone et j’ai coupé les ponts avec tous les membres de la famille de Karim, Amadou en tête de liste.

J’étais bien décidé à démarrer une nouvelle vie. Et cela commençait par retrouver le chemin de la spiritualité.  J’en avais vraiment besoin, avec tous mes problèmes de santé, sentimentaux et mon lourd passé, il était vraiment temps pour moi de me remettre sur la bonne voie.

Aujourd’hui j’avais rendez-vous avec un journaliste dans nos locaux pour une interview, je ne peux donc pas me présenté devant lui de manière négligé, il en va de l’image de la marque. J’opte pour un maquillage léger et une robe près du corps que j’aime beaucoup, un gros collier en or mais je cache tout ça sous une grosse djellaba bleu nuit pour passer inaperçu dans le quartier. Je sors et marche rapidement pour éviter que la chaleur de Dakar ait raison de tous mes efforts. Déjà que je n’ai pas pu prendre une douche correcte, si mes odeurs corporelles se mettent à me jouer des tours, je n’aurai plus qu’à reporter cet entretien, ce qui est absolument inenvisageable vu toutes les peines que j’ai eu à l’obtenir. 

Après avoir négocié, je montais donc rapidement dans le taxi et à peine monté me débarrassai de ma tenue de camouflage sous les yeux ébahis du chauffeur.
- Waaa sokhnassi?!? (Eeeh mademoiselle?!?)
- Lanla? lou tchi sa yone? (Qu'est ce qu il y a? De quoi te mêles-tu?)
- Balma de! mangui djegoul deh! Ma mouray bi nekhnama trop loutakh ma dafal prix ou bakh! (Excusez moi! Je suis désolé Mais votre façon de vous voiler est très belle voila pourquoi je vous ai diminué le prix de la course)

Pff n’importe quoi celui la !

Je ne pris pas la peine de répondre et continuais ma besogne. Quelques minutes plus tard il me déposa devant l’immeuble. J’avisais l’heure et me rendis compte que j’avais dix minutes de retard avec les embouteillages. 

Zut, zut, zut !

 Je rentrai dans le bâtiment au pas de course et montai dans l’ascenseur pour me rendre directement à l’étage où j’avais prévu le recevoir.  
Je jetai un dernier coup d’œil sur ma tenue et lorsque les portes s’ouvrirent, je sortis la tête baissé. Sans faire attention, je percutais un torse. 
- Oh ! Excusez-moi, je n’ai pas fait exprès !
- Il n’y a pas de mal, vous allez bien ? me répond-il en me retenant par les bras pour que je ne tombe pas.

Je levais les yeux vers la voix rauque qui venait de me répondre.
- Oui…

Oh Maman ! Lahila ilalahaa !

J’ai chaud ! Pourquoi il fait chaud comme ça tout d’un coup ?!

Ferme les yeux Racky, ferme les yeux !

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