Partie 3

Write by Myss StaDou

L´HOMME FORT : Partie 3

(Nouvelle par Myss StaDou)

 

*****  CORINE *****

 

Je m'abstiens de répondre. Cet écart m´a fait perdre l'appétit. J'attends encore quelques minutes avant de m'excuser et de me rendre dans la cuisine. Je n'y ai pas fait une minute que mon mari déboule de nulle part. Il fonce sur moi.

 

- On ne peut pas te parler et tu écoutes ? gronde-t-il.

 

Je n'ai pas le temps de parler qu'il a déjà empoigné mon bras et il me secoue avec violence.

 

- Tu es vraiment très mal éduquée. Je ne savais pas que c'est ainsi que tu te comporterais envers ma famille. Ma grande cousine, ma sœur te fait un repos et tu la méprises en l'abandonnant à ta table comme si c'était un chien. Que ce soit la dernière fois !

- Je n'ai pas dit cela. J'avais juste déjà fini de manger. Je voulais attendre que vous terminiez pour débarrasser la table.

- C'est ce que tu dis maintenant pour faire bonne figure. N'est-ce pas tu prépares d'abord un repas fade et moche dans la bouche, puis tu viens te cacher ici.

- Mais… Habituellement tu aimes bien manger ainsi lorsque je fais ce genre de soupe.

 

Il me gifle et je crie.

 

- Je ne t'ai pas demandé de me questionner ou de me dire ce que je fais ou je ne fais pas. Que ce soit la toute dernière fois. Je fais ce que tu dis que tu es qui dans cette maison ?

 

Ma bouche me fait mal et elle tremble sous le poids de la douleur.

 

- Qu'ai-je fait de mal ?

- Continue à me poser la question et tu sauras ! Espèce de sorcière. Nous allons vous épouser, vous mettre dans le foyer et tout ce que vous trouvez à faire, c'est manquer de respect aux familles des gens. Ingrate !

 

Mon mari est vraiment remonté.

 

- Que n'ai-je pas fait pour toi ? Il y a tellement de femmes là dehors qui seraient heureuses de recevoir leurs belles-familles chez elles et toi… Tout ce que tu trouves à faire, c'est de mal recevoir la mienne. Je prépare des repas qui sont immangeables juste parce que tu veux les mettre mal à l'aise. Je t'ai déjà dit et redit tu te comportes mal dans cette maison. Je vais bien te battre si tu continues à avoir cette attitude incivique.

 

Je redresse face à lui. Mon cœur est en peine.

 

- Pourquoi me parles-tu de la sorte ? Pourquoi me traites-tu comme une ordure ? J'ai toujours été droite et bien avec toi. Mais chaque fois, tu m'insultes. Qu'est-ce que je te fais ?

 

À peine j'ai posé cette question qu'il tombe sur moi. Il se met copieusement à me bastonner. Je le supplie d'arrêter.

 

- Arrête ! L´enfant, arrête ! Arrête ! Arrête !

 

J'essaie tant bien que mal de protéger mon ventre. En effet, je suis enceinte de notre deuxième enfant. Le premier dort en ce moment dans la chambre. Comme s´il sentait que je pense à lui, je l'entends pleurer au loin. C'est le mari de la cousine de mon mari qui vient l'arrêter. Il était bien décidé à me faire sentir son courroux le plus violent.

 

Je grimace en regardant le sol jonché de tessons et de saleté. Il est allé jusqu'à briser le plat que je venais de déposer contre mon épaule. J'ai atrocement mal, mais j'ai peur de me plaindre. Péniblement, je me lève et je gagne ma chambre à coucher. Je vais m'occuper de l'enfant. Nous pleurons au même rythme. Je préfère attendre que ces gens quittent de la maison. Je ne veux plus de problème.

 

*****

 

- Ma sœur, jusqu'à quand va-t-on te parler ?

- Je vais bien et je suis heureuse dans mon foyer.

 

Ma cousine secoue la tête.

 

- La situation semble avoir empiré depuis que ton mari est devenu un homme en tenue. Nous nous sommes battus pour qu´il reste ici en ville. On dirait qu´au moins une fois par mois, ton mari doit te bastonner. Voilà déjà la troisième fois en deux ans que tu te retrouves hospitalisée. Ce n'est pas parce que je ne me plains pas auprès de la famille sur la vraie raison de tes soi-disant accès palustres, qui sont en fait des suites de bastonnades que tu reçois de ton mari. Tu sais bien qu'il n'est pas sérieux. Tu ne devrais pas le laisser faire. Je n´encouragerais plus une telle chose.

- Cette fois-ci, j'ai vraiment le paludisme, je te le dis. Il n'y a pas de quoi en faire un plat.

 

Il est hors de question qu´elle voie les bleus qu´il y a dans mon dos. J´ai glissé et buté contre le lit hier lorsque mon mari m´a visé sa grosse botte et je voulais fuir pour éviter qu´il ne me frappe avec sa ceinture qui a des bouts de fer incrustés.

 

Ma cousine pointe la perfusion qui est reliée à mon bras.

 

- Et c'est quoi ça ?

- C'est pour me sauver et me donner la forme. Crois-tu qu'il soit facile pour moi de gérer trois enfants avec un mari qui travaille beaucoup ? Je t'ai dit que je suis surmenée ces derniers temps à la maison. J'ai vraiment besoin de me reposer. Au lieu de crier sur moi, tu devrais m'acheter à manger.

- N’y a-t-il personne pour s'occuper de toi ?

- Mon état n'est pas si grave. Je peux gérer tout seule. C'est juste qu´en ce moment, je suis un peu fatiguée. J'aimerais bien manger.

- Corinne... Quand je pense à la belle femme dodue que tu étais quand tu es entrée dans ton mariage- Regarde-toi. Tu n'as plus que la peau sur les os.

- Non, je surveille ma ligne. Je tiens à rester mince et belle pour plaire à mon homme.

 

Je regarde avec satisfaction le sol du salon que je viens d'essuyer. Il me reste à environ deux heures avant le retour des classes des enfants. Cela me laisse un peu de temps pour faire la cuisine et aller les chercher à l'école.

 

Je vais poser le seau dans la cuisine et je reviens dans le salon. J'entends un bruit étrange à l'extérieur de la maison. Je vais passer la tête à travers le rideau qui cache l'entrée. Je peux voir mon mari descendre d´une mot. Une fille qui était devant lui se penche, s´agrippe à lui en riant et elle lui fait la bise avant que la moto ne démarre.

 

Mon cœur se serre. Ce genre de scènes se répète un peu trop souvent. Cet homme me trompe et ne se cache même pas de le faire. Cela me fait de la peine. Je décide de rentrer et d'aller dans la cuisine. Je vais faire le repas. J'entends mon mari qui est dans la chambre. J'évite soigneusement de le rencontrer. Raison pour laquelle je vais chercher les enfants sans changer de tenue. Je reviens avec eux une trentaine de minutes après leur sortie de classe.

 

Une fois à la maison, sachant que leur père est à l'intérieur, je retourne au marché à côté pour y faire quelques achats. Grande est ma surprise lorsque je rentre et je trouve la maison ouverte et vide. Ni mon mari, ni mes enfants ne sont là. Inquiète de trouver la maison ouverte, je vais me renseigner chez la voisine. Je retrouve les enfants qui jouent avec leurs petits voisins. Mon inquiétude baisse un tant soit peu. J´ai eu peur que le pire soit arrivé.

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