Partie 3 El hadj Fama 1
Write by famathiam
Brrrrrrrrr, brrrrrrrrrrr (sonnerie android….)
Je me réveille tout doucement en jetant un coup d’oeil sur mon téléphone. Numéro masqué sûrement une nouvelle.
Je décroche.
Moi : « Allô oui bonjour »
Lui : « Allô Fama »
Moi : ….
Lui : « Allô. Ne raccroche pas stp
Moi : « Qu’est-ce que tu veux ? »
Lui : « Tu vas bien ? »
Moi : « Dis-moi vite ce que tu veux »
Lui : « Il faut qu’on se voit Fama ! Stp »
Moi : « On n’a rien à se dire. »
Lui : « stp pour la dernière fois si tu veux mais stp. Il faut qu’on se voit. J’ai des choses à te dire. Je t’en supplie. »
Moi : « Non. Bye »
Je raccroche et met directement mon téléphone sous silencieux.
Je suis sure qu’il va me rappeler jusqu’à épuisement. Je devine qui lui a donné mon numéro. Je réglerai cette histoire plus tard. Une grosse journée m’attend.
Le voir, le voir pourquoi ? Qu’est-ce qu’il pourrait m’apporter ou me dire de plus qu’il ne m’a pas dit depuis ses 7 dernières années ?
Me voir accompagnée et souriante, sûrement le fait d’avoir revu cette Fama, cette belle Fama, forte, étincelante, souriante à cet anniversaire lui a, leur a laissé un arrière-goût amer, très amer et leur a totalement cloué le bec.
C’est fou comme la vie est ainsi faite. Qui l’aurait cru ? Qui aurait cru qu’il n’y aurait plus jamais de El Hadj Fama, Fama bou El Hadj ? c’est tristement triste.
Comme on le dit souvent l’homme propose…seul Dieu dispose.
Flashback….
Matinée 3ème, Amina m’avait convaincu à y aller. Faut dire qu’elle était tellement convaincante (faire la vaisselle 3 mois à ma place !! Qui aurait refusé ?)
Son copain de son ancien collège devait venir avec tout son groupe. Madame voulait leur montrer son nouvel environnement. Elle avait très vite réussi son insertion, d’abord en tant que déléguée ensuite dans l’équipe de foot. Tout le monde la connaissait, tout le monde parlait d’elle.
Autant j’étais tranquille et connue comme tableau d’honneur, elle avait réussi à attirer encore plus l’attention sur nous. Toutes les filles la détestaient et par la même occasion, celles qui se disaient mes amies depuis la 6ème m’ont tout bonnement mis dans le même lot qu’elle.
Je ne prenais pas parti jusqu’au jour où elles avaient formaté un clan anti-Amina. C’était à base de pics, de propos désagréables et mensonges sur son compte. Tiaga, seytanée, elles racontaient du tout. La cause ? La jalousie.
Cette maladie qui les rongeait de l’intérieur. Ce n’était pas de sa faute si tous les hommes la voulaient comme « amie ».
Ce n’était pas sa faute si sa bonne humeur était contagieuse. Amina n’en avait rien à faire de ce qu’on racontait sur elle. Elle ne cherchait pas le faux du vrai tant que SON acolyte c-à-d moi ne la jugeait pas.
Elle m’épuisait. HAHAHA Elle m’épuisat vraiment.
Madame était très taquine mais pas du tout mais alors là pas du tout bagarreuse. Elle se contentait de parler quand elle voulait et de faire des conneries.
Un jour, le jour qu’elle appelle de mon « BAPTEME », les filles avaient recommencé leur bavardage incessant sur elle, cette fois-ci en ma présence elle n’arrêtait pas de parler de ses « parents » qu’elles ne connaissaient pas du tout. La partie où elle traitait les laobés et notre famille de dévergondée a tout bonnement déclenchée ma foudre.
Il aura fallu l’intervention des professeurs qui étaient à côté de la classe pour que je lâche celle que j’avais sous le bras. Je lui avais tout simplement cassé la gueule.
A partir de ce moment, j’étais devenue la 2ème personne la plus détestée par les fillesdu collège après Amina. NOPAL naléne (tant mieux pour elle), je n’étais franchement pas si attachée à elles que ça. Je ne traînais qu’avec des hommes le plus souvent.
Bon je disais…
Cette matinée était l’événement à ne pas rater cette année. Il y’avait de la concurrence. Je n’allais jamais à ce genre de trucs.
Pas que cela ne m’intéressait pas spécialement mais juste que je ne préférais pas qu’ils voient cette facette de moi pour après parler.
Maiissss avec Amina et la guerre des gangs qui faisait rage PLUS mes 3 mois de vaisselle gratuite je n’allais pas cracher sur l’occasion. C’était ma dernière année dans ce collège alors pourquoi pas.
C’est comme ça qu’un mercredi soir nous allâmes chez grand-mère pour que tata Collé nous fasse un défrisage, brushing. Savoir que j’allais y aller avait étonné plus d’un ce jour-là.u vas aller à la matinée ? Toi Fama ?
Moi : « Waw tata do guiss gua nima meuné fetch. Ak Amina mini di totch fofou il faut ma demm fekké. » (Bien sûr tata. Tu sais que je danse très bien. En plus avec Amina qui est tant attendu il faut que j’y aille)
Tata Collé : « Ah yaw mom sa guéne bous oba gua nieuw fi malayeu defar bagua mignonne. Sama Yaye wayeuuuuu »
Amina : « Tata stp fais juste en sorte qu’elle s’habille bien. Boumouma rousslo D. Han tata. (Tata elle ne doit pas me mettre la honte stp)
Tata Collé : « J’ai déjà réussi à vous obtenir l’autorisation de sortir si tard donc venez juste je vais vous habiller et vous maquiller. »
Nous : « Tu es géniale tata »
Elle : « Ma kham lolou »
Et nous partîmes dans un fou rire.
C’est vrai que tata était notre complice de tout temps. Elle avait réussi à amadouer papa pour qu’on ait l’autorisation de rentrer à 22h. Elle était la plus jeune et nous couvrez tout le temps pour nos bêtises. Elle le fait toujours d’ailleurs. Elle disait toujours qu’on ne perdait jamais son temps. Soit on apprenait une nouvelle leçon, soit on y gagnait quelque chose. Elle ressemblait beaucoup à grand-mère et était sa préférée.
Pas parce qu’était thiat (benjamine) mais parce qu’elle avait le cœur sur la main et ne jugeait personne, toujours serviable, toujours branchée. Grand-mère et elle ont beaucoup influencé nos personnalités.
Comme elle l’avait promis, le lendemain elles nous avait bien relookées.
Elle nous avait même acheté des tenues et des chaussures. Pas vraiment quelque chose de vraiment extraordinaire mais le geste nous avait tellement touchées qu'on lui fit plein de bisous en la renversant sur le lit.
Grand-mère était rentrée dans la chambre et s'installât sur le lit en nous regardant nous faire belles. Elle souriait en écoutant nos bêtises et Amina raconter comment elle allait mettre la honte sur ses "rivales"....
Quand nous fûmes prêtes, grand-mère appréciât.
Elle : « Légui sama toma diankk . Rafett na tarkalah" (Tu es tellement discrète qu'on ne remarque pas à quel point tu as grandi. Tu es une vraie belle fille toma. »
Amina : "et moi donc !?" Dit-elle la mine renfrognée di niok niaway (en augmentant sa laideur)
Tata Collé : "yaw comme rap. Do bayi bene fane chaque jour gua defarou" Fama tay mom mola dakk. (Toi tu es un vrai bout en train. Tu te mets en valeur tout le temps. Aujourd'hui c'est au tour de Fama et il faut avouer qu'elle est plus belle que toi.
Grand-mère : "démm léne sene tonton diokhe léne pass. bouléne gouD D. Amy khamaleni yaye makk. Naguako dieufé! (Allez voir votre oncle pour qu'il vous donne votre transport. Ne rentrez pas trop tard. Amy tu es la plus grande fais preuve de maturité !)
Amina : waw Mame.
Nous allâmes directement voir tonton Ibra pour le transport. Ce dernier voulait carrément nous dissuader d'y aller en nous voyant ainsi habillées.
Seule tata Anta avait pu l'empêcher d'appeler papa pour avoir d'informations.
Tata Collé m'avait acheté un jean taille basse qui faisait fureur à l'époque et changeait complètement de notre tenue habituelle. Maman faisait toujours en sorte que la jupe ou le pantalon qui composait notre tenue soit large. En plus du pantalon, elle m'avait acheté un haut sans manches et avec une fente sur le devant.
J'aimais bien.
Amina avait qu'en à elle une jupe. Elle n'avait pas de grosses fesses contrairement à moi juste des hanches bien formées et un fessier abordable. Avec la jupe courte et bien moulante, tata lui avait donné un haut dos nu et en coeur devant. Ses mèches étaient attachées en queue de cheval tandis que mes cheveux avaient été lissés avec une fente au milieu. Les reflets rouges de la coloration au bissap (hibiscus) se faisaient bien voir.
D'habitude je les gardais toujours attachés....
Une fois dans le taxi elle s’était empressé de dégager ses seins pour faire un pathial comme elle adore.
Amina : "Boy tourne toi je refais ta tenue.
Moi : "Elle a quoi ma tenue ? Dis-je en me tournant
Elle : "Da yarou boy" (elle est sage) elle m'attacha mon haut en nœud derrière mon dos ce qui fit ressortir ma cambrure mes deux points au bas du dos et mes deux perles de taille (grand-mère nous les avait confectionnées l'été d'avant quand elle répondait à une commande.
De jolies perles fines dorées auxquelles elle avait ajouté un pendentif scintillant en or blanc avec une boule d'encens qu'on pouvait enlever et remettre. J'adorais ces perles).
Moi : Amy sama tate yi nékouniou tchi biti (Mais Amy mes fesses ne sont-elles dehors ?)
Elle : "non on voit juste ta taille. okhooo tayeu Serigne D! (Serigne ne va pas en croire ses yeux !) Tu es magnifique. Tayeu mom niofa nara totch. Nagua fetch nakk !! (Aujourd'hui on ne verra que nous ! Stp lâche-toi)
Moi : Loufi wakhou Serigne di wout? (Qu'est-ce que le nom de Serigne vient faire dans la conversation ?)
Elle : Fais pas semblant tu sais qu'il en pince pour toi.
Moi : C'est mon ami depuis le CM2 donc arrête.
Elle : Oui juste ton ami pour le moment mais il te veut. Ça se voit à son regard. Il t'aime beaucouppp hahaha
Moi : Arrête tes histoires. On s'apprécie c'est tout. Il ne m'intéresse pas et il a une copine je te signale.
Elle : Lol Kiné mi melni n'importe quoi moy sa copine ? Tayeu la lepp di lerr. (Kiné qui ressemble à du n'importe quoi c'est elle sa copine ? En tout cas, tout se saura aujourd'hui)
Serigne était un bon ami à moi. Nous avions fait les classes ensemble depuis la CM2. Je l'aimais beaucoup en tant qu'ami et il était comme un frère protecteur pour moi. Toujours de bons conseils, toujours disponible. Il était aussi intelligent et mignon, raison pour laquelle toutes les filles flashaient sur lui. Kiné avait tout tenté pour se démarquer du lot mais c'était peine perdue. Elle avait fini par se rapprocher de moi et j'avais tellement plaidé sa cause que Serigne avait accepté un essai. Elle avait ainsi intégré notre groupe qui se composait de 4 garçons et 2 filles à l'époque. Je savais bien qu'elle était fausse et jalouse de ma relation avec Serigne mais je n'en faisais pas cas.
Elle avait juste intégré "le groupe" pour être au sommet de la pyramide car il n'y avait que des stars de foot ou des tableaux d'honneur dedans...
Une fois le taxi arrivé, je récitai machinalement une sourate pour nous protéger. Grand-mère disait toujours que beut bakhoul (l'oeil est très mauvais) et qu'il fallait toujours se protéger des gens, de leur langue et leurs yeux.
Nous avions très vite repéré les autres qui formaient un petit groupe devant la porte de l’école. Chacun c’était mis sur son 31. Ils étaient tous étonnés de me voir car ils n’étaient pas au courant que je venais. Surpriseeeee
Fallait voir les regards posés sur moi. Ce n’était franchement pas pour me déplaire surtout les compliments qui fusaient sur ma tenue. Les garçons ont toujours été moqueurs. Je leur montrais cette facette de moi que je cachais tout le temps. Je n’étais pas seulement studieuse et je devais le faire savoir. C’était ma dernière année ici autant leur laisser un bon souvenir. Ils se chamaillaient pour savoir qui allait me surveiller et ne laisser personne m’approcher.
Momo mon chéri (c’était purement taquin) avait décrété qu’il allait être mon clavier. Cela s’était décidé suite à un regard échangé entre Serigne et lui.
Ce dernier était son meilleur ami et n’avait pas pipé un mot depuis qu’il m’avait vu. Sa copine s’était par contre bien accroché à lui en me faisant un compliment avec un sourire bien forcé sur mes perles qu’elle trouvât magnifiques. Faux cullll mais bon…….
Une fois à l’intérieur, ce fût le même cérémonial avec les compliments, les regards insistants et les jalouses. Je me dirigeai directement vers la buvette et aidât les garçons à vendre les boissons. Je me sentais mieux là pour le moment en attendant que la salle se remplisse et que la fête commence.
Amina ne cessait de faire des aller-retours car son copain Moctar et son groupe devaient venir. Elle s’était donné tout ce mal pour lui plaire. De son ancienne école, c’était bien tout ce qui lui manquait.
Malgré son côté « Je gère tous les mecs. », Moctar avait réussi à lui taper dans l’œil pluis que les autres.
19h, la matinée pouvait vraiment commencer. Le DJ mettait des « Sean Paul » à damner un saint. Je dansais devant la buvette avec Momo et les autres. L’ambiance était vraiment bon enfant.
On était là pour s’amuser et on le faisait pleinement entre nous. Quand un garçon tentait de m’approcher Momo me serrait si fort qu’il se décourageait. Ce qui avait le don de me faire rire aux éclats. Serigne faisait une sale tronche quant à lui. Sa gardienne aurait bien aimé qu’il danse ensemble mais lui non.
Un moment ils ont commencé à se disputer et il est parti prendre l’air. Mieux valait que je ne le suive pas il était dans un mauvais jour. Je lui parlerai plus tard.
Amina : "Fama, viens m’accompagner Moctar est là."
Momo : « Non ma femme ne va nulle part. Va chercher ton Moctar toute seule. »
Elle : « Momo m’enerve pas ! Woutil guel mounane ma femme. » (Cherche toi une copine et laisse la tranquille).
Momo : « Ah non tayy j suis le roi je suis le seul à avoir danser avec la reine du soir. »
Elle : « Tchiippp on y va. »
Je la suivis dehors et au coin d la rue on retrouvât Moctar accompagnée de 4 personnes, 3 garçons et une fille.
Il fit un sourire à « sa copine » et la bise en la présentant comme « sa femme ». Cette dernière fît la bise à tout le monde avec le sourire. Ensuite il se tourna vers moi.
Lui : « Fama. Waouh c’est toi. »
Moi tout sourire : « tu doutes ? »
Lui : « Non tu es ravissante ma shaa Allah. Viens je te présente mes amis. »
Lui : « Voici Ibou et sa copine Djeyna »
Moi en leur tendant la main « Fama ; Ça va ? »
Eux : « Oui ça va. »
Moctar : « Lui c’est notre payboy Dame. »
Lui : « Doma bayi ma présenter sama bopp. Diankandaw mane mayy Dame le démineur. » (Laisse-moi me présenter tout seul. Ma jolie moi c’est Dame le Démineur. »
Tout le monde rigola.
Moi : « HAHAHAHAHA enchanté Dame le démineur. Moi c’est Fama la bombe. »
Eux tous : « Hahahahaha »
Lui : « Aiieeeeee yaw takk nala kharit. Aiieeeee toi on sera amis.
Moi : « HAAHHAHA »
Moctar : « Lui c’est mon meilleur ami, mon frère. Fama voici El Hadj »
Moi en le fixant : « Bonsoir El Hadj. Fama »
Lui : « Enchanté. » Dit-il en gardant ma main dans la sienne et en me fixant droit dans les yeux.