Partie 53 : une soirée mouvementée
Write by labigsaphir
- Je suis Maiwenn, premier du nom. Il ne faut pas faire attention aux copies, dit-il en regardant son fils.
- Toujours copié mais jamais égalé. AH oui, le daron, toujours, toujours, renchérit son fils.
- Et elle, c'est ma merveilleuse femme, Winnie ; ils échangent un regard, des amoureux.
- Et vous ? Rael, le prodige, je connais déjà.
- C'est une amie qui séjourne dans le pays pour quelques temps, répond Rael.
- Ah oui ? Me demande-t-il ne prenant ma main dans la sienne.
Est-ce moi qui rêve ou il la serre un peu trop. Il n'a pas besoin de garder ma main aussi longtemps dans la sienne, c'est gênant.
- Oui, oui, je réponds en reprenant ma main.
- Comment trouvez-vous le pays ?
- Super, très beau pays.
- J'espère que vous n'êtes pas de ceux qui font du tourisme devant leur télévision.
- Ah non, non, le coupai-je rapidement.
- Est-ce la bonne ? Demande-t-il à Rael ; mais de quoi je me mêle ?
- L'avenir nous le dira, répond le concerné en évitant mon regard, humm.
- Nous allons prendre nos quartiers à l'hôtel. Nous vous laissons la maison jusqu'au matin et surtout,
- Pas de bêtises, complète Maiwenn.
- Vous me faites penser à quelqu'un. Vous avez les traits d'une personne que j'ai connue dans le passé, dit le père de Maiwenn en me fixant.
- Je ne crois pas, non.
- Pouvez-vous me donner le nom de votre mère, je vous prie ?
- Carla Croft, répondis-je en le regardant dans les yeux.
Rael se tourne vers moi, me regarde bizarrement, est sur le point de dire quelque chose mais se retient finalement.
- Non, je ne crois pas connaitre, fait le père de Maiwenn.
- Chéri, il faut y aller, le presse sa femme Winnie.
- Bonne soirée à tous, amusez-vous et surtout, pas d'abus.
- Merci papa.
Maiwenn embrasse ses parents et quelques minutes plus tard, nous entendons le ronronnement du moteur de la voiture, avant qu'elle ne disparaisse.
- Boisson et bouffe à gogo, annonce Maiwenn en souriant.
- Le fêtard entre en scène, murmure Rael en regardant son ami.
- Tu sembles bien le connaitre, remarquai-je.
- C'est un fêtard mais très grand bosseur. Ne te fie pas aux apparences, il est très intelligent.
- C'est certain. S'il travaille avec toi, il l'est.
- Merci pour ta confiance ; il baisse les yeux et nos regards se croisent, je suis mal à l'aise.
- Rael, tu connais la maison, lâche Maiwenn.
- Ne t'inquiète pas pour nous, ça ira.
Nous traversons la salle et saluons au passage des amis voire promotionnaire de Rael qui n'ont de cesse de me complimenter. Et Rael qui ne fait rien pour rétablir la vérité. J'ai envie de péter un câble mais par égard pour lui, je me tais et attends patiemment que nous rentrions à la maison. Quelques minutes plus tard, c'est la séquence zouk, Rael me propose naturellement, j'accepte mais reste à bonne distance de lui ; les autres rient en sourdine en nous observant.
- Je ne vais pas te violer, Jen, me souffle-t-il à l'oreille.
- Je sais.
- Nous sommes la risée de la salle. On dirait deux enfants de 6 ans qui ont peur de faire un bébé, s'ils sont proches.
- C'est tant mieux parce que j'ai envie de t'en coller une, crois-moi.
- Que t'ai-je encore fait ?
- Tu me présentes comme étant ta copine alors que je ne le suis pas ?
- Si ce n'est que ça, tu vas seulement me bastonner parce que je n'arrêterai pas.
- Rael !
- Allons seulement, comme dit souvent ma tante Rustine, il n'y a rien devant.
Il le dit avec un tel accent que je ne peux résister et éclate franchement de rire. Akieuuu mais qui mange le cerveau de Rael. Nous sommes tous les morts de rire et allons nous poser dans le jardin.
- Tu es un cas, Rael.
- Et j'assume ma singularité. Tu doutes ?
- Toi aussi, tu connais les expressions camerounaises ?
- Avec tata Rustine, c'est incontournable.
- Ha ha ha ha ha .
- Sérieux, c'est quoi le problème avec moi. Pourquoi ne veux-tu pas faire de moi, l'homme le plus heureux du monde ?
- J'ai un mec et tu le sais bien.
- L'aimes-tu ?
- Oh oui.
- Ne pourrais-tu pas me donner une chance de te faire oublier, ce type ?
- Non, non.
- Pourquoi ?
- Les sentiments ne se commandent pas.
- Et moi, je n'aurais de cesse d'essayer.
- Humm, tu es tenace et pugnace.
- Si si si si.
Nous entendons du bruit derrière nous et nous tournons vers l'endroit d'où provient le bruit.
- Le grand Rael McDermott, l'on ne parle que de la beauté de ta chérie.
- Ça va, frérot ?
- Oui, grand-frère.
- Comment vont tes parents ? J'ai entendu pour ton père. Est-il sorti de taule ?
- Oui, oui, il y a eu un vice de procédure et il a été libéré. Seulement, il ne peut sortir du territoire anglais avant la fin des enquêtes.
- Ça doit être difficile pour vous, j'imagine.
- Si si si mais le plus difficile a déjà été fait.
- Il faudrait donc remercier le Seigneur.
- C'est ce que nous faisons tous les jours.
- C'est bien, mon petit.
- Je venais aussi voir avant de confirmer la beauté de ta chérie.
- Elle est là.
- Où ?
- Juste derrière moi.
Rael s'écarte puis me tire à lui. Je finis par me lever et me mettre au niveau du jeune garçon, qui a maintenant un regard noir.
- Jen, je te présente Demi Stern, un petit frère et Demi,
- Pas besoin de la présenter, c'est à cause d'elle que mon père a fait la taule et ma famille a failli se diviser, lâche-t-il d'une voix saccadée ; je le sens énervé.
- Comment ? Demande Rael en se tournant vers nous.
- C'est à cause d'elle que mon père a tous ces problèmes, répète-t-il en me montrant du doigt.
- Mais où vous connaissez-vous ? Demande Rael, stupéfait.
- Je ne le connais pas, tins-je à mentionner.
- C'est la fille de ma tante Carla Croft. As-tu entendu parler de l'empire Stern ?
- Mais oui, qui ne connait pas ? Répond Rael en me dévisageant.
- Eh bien, ta compagne est aussi une Stern, non par sang. C'est une usurpatrice et sacrée menteuse !
- Du calme, Demi, je ne te permets pas de t'adresser à ma copine de cette façon.
- La voir me donne envie de gerber. Tu ne seras jamais une Stern à part entière, quel que soit le nom sous lequel, tu te présenteras.
- Demi !
- Tu n'as aucune classe, aucune prestance et ne sait même ce que le mot « famille » voudrait dire !
Il tourne les talons et fend la foule qui s'était regroupée autour de nous, sans que nous ne nous en rendions compte. J'ai des larmes aux yeux, baisse la tête et tire machinalement sur ma chaîne en me frayant un chemin dans la foule, talonnée par Rael qui ne dit rien et se contente de prendre ma main. J'aurais mieux fait de rester chez moi, c'était mieux.
Je ne sais pas comment nous nous sommes retrouvés dans le parking. Je sais juste avoir émergé lorsque nous sommes arrivés à la maison et nous sommes assis sous la terrasse.
- Ça va ? S'enquiert Rael en me massant les doigts.
- Ça peut aller. Désolé pour la scène de tout à l'heure.
- Alors comme cela, tu es la cousine de Demi.
- Apparemment, oui.
- Serais-tu une Stern ?
- Oui.
- Pourquoi te fais-tu appeler Jeneya Croft ?
- Parce que c'est mon nom.
- Je ne comprends pas.
- Ma mère est la fille de Klaus Stern. Elle porte aujourd'hui le nom de son mari, Croft. Pour résumer ma mère est Carla Croft née Stern.
- Ok.
- Pourquoi dit-il que tu es responsable des problèmes traversés par sa famille ?
- C'est long à expliquer, Rael. Je n'ai aucune envie d'en parler.
- Tu me dois bien cette explication, Jen.
- Non, je ne te dois rien, Rael !
- Tu es très étrange, tu sais ? j'ai l'impression d'évoluer aux côtés d'une personne que je ne connais vraiment pas.
- ...
- Qui es-tu Jeneya Croft ou Jeney Stern ?
- ...
- Jen, j'aimerai bien que tu m'expliques pourquoi tu nous as menti à tous, la dernière fois ?
- Je n'ai jamais menti que ce soit à toi ou à un membre de ta famille ?
- Ce n'est pas vrai. J'espère que tu n'es pas mythomane.
- Rael, je ne te permets pas !
- Tu ne permets pas quoi ? J'ai l'impression que c'est Demi qui a raison.
- Tu peux croire ce que tu veux, je m'en fous !
Je me lève et fais mine de contourner la table pour rentrer dans la maison, lorsqu'il élève volontairement la voix.
- Le soir où j'étais allé te récupérer à Soweto, tu avais dit devant tous, que les initiales de ta mère étaient R.M. Si c'est faux, arrête-moi, Jen.
- Rael, tu ne devrais pas.
- Je ne devrais pas quoi ?
- Tu n devrais pas, je t'en jure, fais-je d'une voix cassée.
- Tua s dit à mon père que R.M sont les initiales de ta mère et que Laya, est un de tes prénoms.
- ...
- Comment est-ce possible si ta mère est Carla Croft née Stern ? Ses initiales seraient non pas R.M mais plutôt C.C.
- ...
- Est-ce faux ?
- ...
- Jen, qui es-tu et que nous caches-tu ? Tu nous dois cette vérité ! Nous t'avons accueillie les bras ouverts à ce que je sache.
- ...
- Jen, tu nous la dois, cette vérité !
- Non, je ne vous dois rien, dis-je entre deux sanglots.
Je bouscule une personne, ne fais vraiment pas attention et monte jusque dans ma chambre, la vue obstruée par les larmes. Je m'écroule sur mon lit et me mets à pleurer. Peut-etre devrais-je lever l'ancre ?