Partie 54 Raviere McDermott

Write by labigsaphir

J'ouvre difficilement les yeux, espérant que c'est un mauvais rêve. Je me redresse et sors du lit pour me diriger vers la salle de bain, la démarche incertaine. Un coup d'œil au miroir me rassure : non, je ne rêve pas. Mes yeux sont gonflés à force d'avoir pleuré. Tous les événements de la soirée me reviennent en mémoire.

Je revois Demi, puis entends Rael s'adresser à moi avec un air de...Non, je préfère ne pas m'attarder dessus, sinon je serai capable du pire. Je me sens mal à l'aise, pas chez moi pour la première fois depuis que je suis arrivée dans cette maison.

Je soupire et prends une douche aussi lentement que possible, retardant ainsi l'échéance. Je comprends que Rael puisse se poser des questions. Seulement, il n'avait pas à m'agresser de la sorte.

Une demi-heure plus tard, je suis fin prête et récupère la boite rose posée bien évidence sur le lit. Je respire un grand coup, puis sort de ma chambre. Mon cœur bat la chamade en descendant les escaliers. Chaque pas me rapprochant de la cuisine, est une vraie torture. J'essuie des larmes imaginaires sur mes joues et souffle en rentrant dans la cuisine ; ils sont tous là et c'est tant mieux.

Le silence se fait instantanément, l'on pourrait entendre une mouche voler. Tous les regards sont fixés sur moi, Rael a un sourire en coin.

- Bonjour à tous.

- Bonjour Jen, répond-il en chœur.

- Au vu des derniers événements, j'ai décidé de m'en aller, écourter mon séjour. Je tenais tout d'abord à tous vous remercier, car vous m'avez accueillie les bras ouverts bien que ne me connaissant pas. J'ai seulement et chaudement été recommandée par Rustine Minsem, la sœur de Raviere.

- Pourquoi adoptes-tu automatiquement la posture d'une lâche ? Pourquoi ne fais-tu pas face à tes responsabilités ? Tu nous la dois, cette vérité, Jen ou quel que soit le nom que tu emploies.

- Rael ! Gronde Raviere.

- Mais papa, j'ai raison, s'écrie-t-il.

- Raviere, votre fils a raison. C'est vrai que je vous dois une vérité, cette vérité. Je tiens d'ores et déjà à préciser que cette vérité, je ne connais pas les tenants et les aboutissants.

- Eh ben, fait Rael en grimaçant.

- Rael ! Gronde cette fois, Rose.

- Jen, prends le temps qu'il faudra, tu as toute notre attention.

- Merci, Raviere.

- Le seul fait que Rustine t'ait recommandée, voudrait dire que je peux te faire confiance. Tout le monde a droit au bénéfice du doute, tant qu'il n'a pas été prouvé que la personne est coupable ; il le dit en regardant Rael et Rose.

- Merci, Ravière.

- De rien, ma petite. Nous t'écoutons.

- Avez-vous entendu parler de l'empire STERN ?

- Bien sûr que oui, répond Raviere en se redressant.

- Cet empire a failli couler suite à des manigances. J'ai en effet, été la parfaite coupable désignée mais les enquêtes ont démontré après des mois et des mois, que tout n'était que machination. Le coupable étant Dick STERN, le père de Demi Stern.

- Quoi ? S'exclame Rose.

- Oui, c'est le père de Demi Stern, mon oncle qui était derrière toute cette machination. J'ai été blanchie et ai pu regagner la France après bien des mois.

- C'est bien, tu es forte, Jen.

- Merci. C'est au milieu de cette tempête, de toute cette affaire que j'ai appris la vérité sur mes origines.

- Pourrais-tu être plus explicite ?

- C'est au cœur de la tourmente que j'ai appris la vérité : je suis une enfant adoptée.

- Je suis désolée pour toi, ma petite.

- Maman, la femme qui m'a recueillie n'est autre que Carla Croft née Stern, la fille de Klaus Stern, fondateur de l'empire Stern. C'est par ce canal que je suis bel et bien, comme tous les petits-enfants de Klaus, une Stern.

- Je comprends mieux, dit Rose en secouant la tête.

- Après discussion avec mes parents, j'ai appris qu'elle m'avait recueillie auprès d'une sœur. Ladite sœur lui avait laissé cette boite, fais-je en la montrant à tous. A l'intérieur, il y a des vêtements et objets, tout comme le collier que je porte ; j'enlève et leur montre.

- Jen, tu peux t'arrêter là. Nous comprenons qu'il ne soit pas facile d'en parler parce que c'est encore tout frais, intervient Raviere

- Non, je tiens à aller jusqu'au bout, fais-je en écrasant une larme. Ma mère biologique, avant de m'abandonner, a tenu à faire la layette et tous ce qu'elle avait laissé, était estampillé R.M, tout comme ce collier. Vous comprenez pourquoi je dis que Carla Croft et la dame dont les initiales sont R.M, sont mes mamans.

- ...

- J'ai toujours été vraie avec vous et ne vous ai jamais menti.

- Désolé, dit Rael en se levant.

- Jen, je crois que cette histoire t'appartient, ne te sens pas obligée de la partager avec nous.

- Que sais-tu des origines de ta mère biologique ?

- Je sais qu'elle a accouché dans un prestigieux hôpital et au lieu de le faire sous X, j'ai été donnée à une sœur. C'est là-bas  que Carla Croft m'a récupérée.

- Que sais-tu des origines de ta mère ? Demande à nouveau, Raviere.

- Selon le cahier de bord de ma mère adoptive, elle serait Sud-africaine.

- Quel âge as-tu, Jen ?

- J'aurais 24 ans, cette année.

- Quelle est la date exacte de ta naissance ?

- Je suis née le **/**/1***.

- En es-tu certaine ? Insiste-t-il en se levant.

- Oui, Raviere.

- Puis-je t'emprunter ta chaîne ?

- Bien sûr, mais...

- Je te la rendrais, n'ais crainte, me coupe-t-il en tendant la main.

- Tiens, fais-je en la lui remettant.

- Raviere, où vas-tu ? Lui demande sa femme.

- Je reviens et en attendant, Jen tu ne bouges pas.

- Mais, essayai-je.

- C'est un ordre !

- Ravière, gronde mollement sa femme, c'est notre invitée.

- Jen, tu ne bouges pas !

Il sort de la pièce et quelques secondes plus tard, je l'entends monter au premier. Nous nous regardons sans mot dire, son attitude est plus troublante.

PENDANT CE TEMPS...

[ RAVIERE ]

Je devrais me présenter mais ne le ferais pas, je n'ai guère la tête à cela. Je suis troublé par certains points de l'histoire de Jen. Je ne sais pas si je devrais mais mon cœur me demande de le faire. Je décroche le téléphone, compose son numéro et attends patiemment qu'elle décroche à son tour.

- Coucou sœurette.

- Bonjour Raviere. Comment vas-tu ? Et la famille ?

- Tout le monde va bien, ici. Et chez toi ?

- Tout va pour le mieux, merci.

- Serais-tu occupée en ce moment ?

- Euh...Non, pourquoi ?

- J'aimerais que nous discutions en vidéo-conférence.

- Oulaaaa ton ton est cérémonieux, cela n'augure rien de bon.

- Je ne sais pas, cela dépendra de la tournure que prendre la conversation.

- Raviere, tu me fais peur.

- S'il te plait, connecte-toi.

- Ok, je le fais de suite.

Je fais coulisser la chaise sur laquelle, je suis assis et me tourne vers l'écran après avoir éteins la lumière. Deux minutes plus tard, ma sœur apparaît à l'écran, belle comme jamais.

- Dis donc, Minsem prend bien soin de toi.

- A-t-il le choix ?

- La bouche des camerounaises n'a pas de frein, à ce que je vois.

- Comme tu dis là. Et si nous rentrions dans le vif du sujet ?

- C'est bien ma sœur, ça ! Toujours à mettre les pieds dans le plat.

- Si si si le boss a déteint sur moi.

- Ha ha ha ha . Dis-moi, Rustine, me fais-tu confiance.

- Bien sûr que tu as toute ma confiance. Pourquoi cette question ? Raviere, tu me fais peur, je t'assure.

- Qui suis-je pour toi ?

- Mon frère et mon confident. Pourquoi ?

- Es-tu certaine de ne rien me cacher ?

- Bien sûr.

- Humm.

- Me prendrais-tu pour une menteuse ?

- Non, calme-toi.

- Rustine, te souviens-tu du cadeau que je t'avais offert pour ton quinzième anniversaire ?

- Oui, une chaîne portant mes initiales, R.M. Pourquoi cette question ?

- Où est cette chaîne ?

- Je l'ai perdue, je crois ; l'expression qu'elle arbore à cet instant et son tic, me font comprendre qu'elle ment.

- En es-tu certaine ?

- Oui, Raviere. A quoi rime tout ceci ?

- Quand exactement, l'as-tu perdue ?

- Je ne sais plus, Raviere, cela date quand même.

- Ne l'as-tu pas perdue lors de ton entrée à l'université ?

- C'est fort possible. Mais pourquoi fais-tu une fixation sur cette chaîne ?

- Parce que c'est un cadeau que je t'avais offert.

- Je sais. J'en suis désolée, Raviere.

- Rustine,

- Que s'est-il passé cette année-là ?

- Rien de spécial, ma foi.

- Pourquoi me mens-tu, Rustine ?

- Ecoute Raviere, si tu m'as appelée ce soir pour me traiter de menteuse, je vais raccrocher. Tu crois vraiment me manquer de respect ?

- Tais-toi, Rustine ! C'est plutôt à moi de me plaindre.

- Pourquoi ?

- C'est cette année-là que tu as refusé de fêter Noel avec nous, t'en souviens-tu ? Tu as été injoignable  près de deux semaines ; elle détourne le regard et ne réplique pas, ce qui est étrange, la connaissant.

- ...

- Rustine, que s'est-il passé cette année-là ?

- Rien, Raviere.

- En es-tu certaine ?

- J'en ai marre ! Explose-t-elle en évitant de regarder la caméra.

- Reconnais-tu cette chaîne ?

Elle regarde enfin la caméra, me fixe avant de regarder la chaîne. Je lui montre ses initiales, celles que j'avais fait graver à Pretoria, puis celle de Laya et enfin, le médaillon avec la photo.

- Reconnais-tu cette chaîne ?

- Où l'as-tu trouvée ? Se contente-t-elle de dire.

- Reconnais-tu cette chaîne ?

- Non, non, fait-elle en secouant la tête.

Elle tourne rapidement de l'œil avant de s'écrouler comme un sac de patates ; peut-être suis-je allé un peu fort.

- Rustine ! Rustine !

J'appelle finalement son mari qui décroche après la première sonnerie et l'envoie secourir sa femme. Je suis épuisé émotionnellement,  pose ma tête sur le bureau et me mets à prier, c'est tout ce que je peux faire.

L'histoire que vous lisez

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

Jeneya CROFT, l'Impé...