Partie 60 : se surpasser
Write by labigsaphir
[ LOUHANN ]
Mais dis donc, qui vois-je là ? Ha, c'est tant mieux, elle pourra assister à la prestation du siècle. Yakoo mama, tu vas confirmer le code. La camerounaise que je suis va bien te faire comprendre pourquoi l'autre dit que les bons gars sont rares comme les jeunes filles en Kaba Ngondo.
- Chéri, voudrais-tu prendre la poussette, S'il te plait ?
- Bien, sur ; il s'exécute rapidement.
Je m'arrête et fais mine de me masser le ventre, sachant qu'elle observe chacun de mes gestes. Elric se retourne et m'observe, il tend la main que je prends rapidement en grimaçant ; j'en profite pour me coller à lui. Et ce qui devait arriver, arriva. Nous entendons le bruit d'une voiture freinant au dernier moment, crissement de pneus sur l'asphalte et enfin, un klaxon. Je feins d'avoir peur et pose la main que la bouche, me retournant au même moment que les autres.
J'observe Elric au moment où il se rend compte que ce n'est autre que cette gourde de Jen ; sa mâchoire tremble un peu mais c'est tellement rapide, que je croirais m'être trompée.
- Un problème ? Demandai-je en le serrant un peu plus.
- Non, aucun, aucun.
Il nous arrête et nous traversons sans plus un regard en arrière. Arrivés à la maison, nous rangeons rapidement les courses et je me mets à cuisiner. Alors que je suis en train de râper les carottes, pour faire le bouillon de pieds de bœufs, je sens des mains se poser autour de ma taille, puis des bisous dans le cou.
- Cheri, tu me distrais là, fais-je en me plaignant.
- Ah bon ?
- Mais oui, ne te plains donc pas si nous mangeons tardivement.
- Ça ira, si ce n'est que ça.
Il m'enlève le couteau et la carottes des mains, les pose sur le plan de travail et soulève prestement la jupe que je porte ; évidement que je n'ai pas de petite culotte. Il me tire à lui et nous nous rendons au petit salon, il me pousse mollement sur l'un des canapés et me prend ( après s'être chaussé) en levrette avec force et grognement. J'ai mal mais peu à peu, je prends plaisir et me mets à crier ; ses coups de butoir sont magiques. Dix minutes plus tard, nous y sommes encore et je commence vraiment à avoir mal. Il me retourne, me forçant à me coucher, met un doigt puis deux et se met à fouetter avec rage, jusqu'à ce que je jouisse comme si j'urinais et l'arrose.
- Désolée, dis-je en me redressant rapidement.
- Non, il n'y a pas que de quoi.
Il se lève, me soulève comme une feuille et nous allons prendre une douche, qui mettra plus long que prévu.
- Et si nous allions chercher le reste de tes affaires, demain ?
- C'est une bonne idée, j'allais même te le proposer ; il dépose plein de bisous sur mon visage.
Mon téléphone se met à sonner, il attache la figure. Je prends et décroche en le regardant.
- Qui est-ce ? Demande-t-il en faisant des gestes.
- Bonjour Mintak...Non, non...OK.
Il prend la serviette et sort de la salle bain, de mauvaise humeur. J'écourte rapidement la conversation avec l'autre et rejoins Elric qui a la tête des mauvais jours.
- Me manquerais-tu de respect, maintenant ? Demande-t-il d'emblée ?
- Non, pourquoi ?
- Je croyais que nous en avions terminé avec le problème, Mintak ?
- Moi aussi mais Elric, nous avons été fiancé, toi aussi.
- Ça ne veut rien dire !
- J'ai porté son enfant, fais-je en grondant.
- Vas-tu me le reprocher toute la vie ? Oui, tu as perdu son enfant à cause de moi et ?
- Il est encore touché, voudrais-tu que je le traumatise en lui disant que nous deux, c'est terminé ?
- Tu devras bien le faire à un moment ou à un autre !
- Pourquoi es-tu aussi nerveux ? La journée avait pourtant bien commencé. Quoi, est-ce la vue de Jen ? Serais-tu encore amoureux d'elle ?
- Mais non ! Répond-il en me regardant droit dans les yeux.
- C'est pourtant l'impression que j'ai.
- Lou, si tu veux que l'on commence à se disputer et que je prenne mes affaires pour aller dormir à l'hôtel, c'est la meilleure façon de faire.
- Non, non, ce n'est pas ce que je voulais, toi aussi.
LE LENDEMAIN...
Nous sortons tous les deux de l'appartement de la nounou, contents et soulagés ; nous pouvons enfin débuter notre journée. Il prend la volant, l'accord est tacite. Un quart d'heure plus tard, nous garons dans le parking de la résidence universitaire, j'avise sa voiture non-loin. C'est parfait !
- Ça va ? Lui demandai-je en prenant sa main.
Pour toute réponse, il m'embrasse à en perdre haleine. La réponse ne laisse aucun doute possible, nous descendons et prenons rapidement l'escalier. Deux minutes plus tard, au lieu de toquer, il fait rentrer la clé.
- Assieds-toi ou va te servir un jus dans le frigidaire, demande-t-il.
- Ok.
Je suis sans gêne et l'assume parfaitement, pendant qu'il va dans une chambre et ramène quelque secondes plus tard, une valise pleine de vêtements.
- Est-ce tout ?
- Non, non, attends, je reviens.
Au même moment, nous entendons du bruit provenant de la seconde chambre. Nous avons à peine le temps de respirer que la porte de ladite chambre s'ouvre, livrant passage à Jen qui s'arrête, interdite au seuil de la chambre. Elle se frotte les yeux, puis les ouvre grand en se tournant vers Elric, puis vers moi.
- Hors de chez moi ! Hurle-t-elle les mains sur les hanches.
- Minute, c'est aussi chez moi ici. Ma copine a aussi le droit d'y venir à ce que je sache.
- Comment as-tu pu, Elric ?
- Pu, quoi ?
- C'est à moi que tu t'adresses de cette façon ?
- Mais à qui, donc ? Répond-il en la défiant du regard.
- Qu'elle s'en aille de chez moi !
- Ok, elle va sortir mais cela ne me fera pas revenir dans ta vie.
- Tant mieux ! Je ne veux pas que tu reviennes et même si tu me suppliais, je ne te reprendrais plus.
- Tu croyais vraiment me retenir, moi, Elric Biyo'o avec ton c** de petite blanche ou métisse ou je ne sais quoi ? Où pouvais-je t'emmener ? Toi, une criminelle !
- Elric, pourquoi ?
Ses yeux son larmoyants, pauvre chou. Quelle gourde ! Elric n'aime pas les femmes qui pleurent tout le temps. Je lui fais un sourire et sors de-là en traînant des pieds.
- Ouais, sors ! Tu peux aller rejoindre ta p*** !
- Une fille bien éduquée ne devrait jamais dire certains mots, réplique Elric.
- Connard !
- Ouais, le connard s'en va avec la grincheuse. Connasse !
Je ne peux entendre plus et m'éloigne en souriant, c'est tant mieux. J'ai toujours dit qu'il n'y a qu'une lionne pour mater et maîtriser une lionne. Vraiment, les petites pisseuses d'aujourd'hui.
UNE HEURE PLUS TARD...
[ JENEYA ]
Je me tords de douleur et m'affale sur le canapé en ouvrant la bouche afin de faire passer les nausées, auxquelles je suis sujette depuis quelques temps. Je prends mon portable et compose le premier numéro de la liste de contact, et quelques secondes plus tard, une voix résonne dans la pièce.
- Jen, c'est comment ?
- Je ne me sens pas bien, ai-je la force de dire.
- Quoi ?
- J'ai de la température et mal au ventre.
- Ah bon ? Attends, je viens ou mieux, appelle les pompiers.
- Non, viens, toi.
Elle raccroche, je me couche et finis par m'endormir pour être réveillée quelques secondes plus tard. Je me lève et vais ouvrir avec difficultés, puis plus rien.
- Où suis-je ? Demandai-je en ouvrant les yeux.
- A l'hôpital mère-enfant, répond Amicie près de moi.
- Mais que fais-je, ici ?
- Tu t'es évanouie après m'avoir ouvert la porte.
- Ah bon ?
- Oui, oui mais ne t'inquiète pas, tu n'as rien de grave.
- Quoi ?
- Tu as un début de paludisme, ce n'est rien, ça va passer.
- Oh !
- Et en plus,
- En plus...
Elle prend une chaise et s'assied près de moi, le sourire aux lèvres, espiègle.
- Amicie, C'est quoi ce sourire ?
- Humm, ce ne sont pas mes affaires. Ikiiii le ndolo peut tuer quelqu'un.
- Amicie, tu parles ou tu parles.
- Tu fréquentes trop les camerounais et pire, tu vas peupler la France de camerounais.
- Pardon ?
- Ton bilan sanguin a montré que tu attends un petit Biyo'o.
- Quoi ?
- Nooooon, fais-je en posant la main sur mon ventre.
- Ne me dis pas que tu n'as pas eu de nausées, ma petite.
- Si si si mais je pensais que ce n'était rien de grave.
- Bah non, ce n'est pas bien grave mais nous ferons attention pour le bébé.
- Je ne sais pas si je vais garder le bébé, dis-je en me tournant vers le mur.
- Quoi ? Jen, tu ne sais pas si tu vas garder le bébé ?
- Oui, Amicie, je ne sais pas si je vais le garder.
- Pourquoi ? Tu es pourtant amoureuse d'Elric et lui, de toi.
- Plus maintenant, Amicie, plus maintenant.
- Explique-toi, Jen.
- Il est retourné avec sa sangsue de copine. A croire qu'il n'aime que les morpions.
- Hééééééééééééééééé, attends, je reviens, dit-elle en se levant.
- Non, Amicie, laisse-le tranquille. S'il se complait dans les jupes de l'autre, bah qu'il y reste ; elle se rassied et me force à me tourner pour la regarder.
- Et le bébé ?
- Je ne sais pas si je vais le garder, répétai-je.
- Pourquoi ?
- Comment ça, pourquoi ? Explosai-je, littéralement. Tu crois que je vais élever un enfant sans son père ? Me vois-tu en train de jongler entre la crèche, l'université et les affaires ?
- Nous serons là et tes parents aussi.
- Non ! Je ne veux pas d'un enfant dans ces circonstances, Amicie.
- Tu vas garder le bébé et nous ferons tout pour te soulager.
- Combien de fois et dans quelle langue, dois-je te le dire ?
- Tu vas condamner un enfant qui a été conçu dans l'amour ?
- Qu'en sais-tu ?
- Comment ça ? Je sais qu'il a été conçu au Cameroun.
- Si mais...
- Elric et moi, n'avons plus aucun avenir.
- Et alors ? Garde le bébé et ne lui dis rien.
- Ne rien lui dire, tu rigoles ou quoi ? Jusqu'à quand, pourrais-je cacher cette grossesse ?
- Personne ne te demande de la cacher mais de ne rien dire à Elric.
- Et s'il me pose la question ?
- Tu lui diras de ne pas s'en préoccuper.
- T'entends-tu parler ? Tu connais Elric, crois-tu qu'il accepterait que son