Partie 69 : un desastre

Write by labigsaphir

[ KLAUS ]

Dans le manoir des STERN...

Cette journée a été fatigante, je n'ai vraiment pas pu me rendre au bureau. J'ai été obligé de rester au lit et suivre les conseils du médecin. Je ne suis malheureusement comme certaines personnes sur qui le temps n'a aucune emprise. Si ma Jeneya était encore là, elle aurait pris soin de moi mais le Seigneur a choisi de ma la reprendre, c'est ainsi.

Je me tourne sur la droite et tire sur la chaîne, aussitôt la servante apparaît. Je lui donne les instructions et quelques minutes plus tard, un plateau est apporté. Je dîne en regardant les informations de la chaîne économique et décide finalement de regarder les séries policières, cela me détend. Je finis par me rendormir et suis réveillé au cours de la nuit par des cris, des gloussements ou des gémissements ; je ne saurais vraiment les qualifier.

Un coup d'œil à l'horloge mural, il est 1h du matin. Comment peut-on faire autant de bruit ? Ne savent-ils pas qu'il y a des malades et des personnes âgées dans le manoir ? J'ai envie de faire venir le personnel mais non, je vais le faire moi-même ; j'en profiterai pour me dégourdir les jambes.

Je mets la robe de chambre, me saisis de ma canne et sors de la chambre en traînant des pieds. Heureusement que je porte des moufles assez confortables, l'on ne peut donc m'entendre. Je me repère avec le bruit et arrive à l'autre aile du manoir, au même étage que ma chambre.

La musique est tellement forte que les vibrations sont transmises par le sol et les murs. Je toque à la porte de la chambre, personne ne semble m'entendre. En posant la main sur la porte, elle s'ouvre : heureusement pour moi, il ne l'a pas fermée. Je pousse avec difficultés et pénètre en priant ne rien voir de traumatisant, les jeunes d'aujourd'hui sont terribles.

Après un à deux mètres, le couple apparaît devant moi. La musique peut rendre n'importe qui sourd mais ça va, je peux supporter durant quelques minutes. La jeune fille est couchée sur le lit, le jeune homme entre ses jambes. La robe de la jeune fille est retroussée jusqu'au ventre, le ventre du jeune homme à ses pieds. Je ne vous ferai pas un dessin de ce qu'ils sont en train de faire. Je secoue la tête et vais éteindre la radio qui diffuse cette musique de fou : le rap, je crois.

Ils s'arrêtent instantanément et se tourne vers moi. Il se retire d'elle et s'habille rapidement, la jeune fille se redresse et en fait de même. Elle ne ressent apparemment aucune gêne à ce que sa nudité soit exposée et y prend même un malin plaisir à mon avis.

- Démi, pour ta gouverne, tu es chez moi ici. De ce fait, tu devrais non seulement me respecter mais aussi cette demeure.

- Oui, grand-père, je suis désolé.

- Avant toi, aucun homme n'avait ramené une prostituée dans ma demeure. Je te prierai de la faire sortir de cette maison et de ne surtout plus en ramener une.

- C'est compris et encore, désolé.

- Mademoiselle, j'espère ne plus jamais vous revoir ici sinon, mes bulldogs se feront un plaisir de vous montrer la sortie.

- Chéri, tu le laisses me parler de cette façon ?

- Ta gueule, Lolita !

- Ramène-moi chez moi, Démi !

- Si tu continues, je te laisse devant le portail et je verrai comment tu feras pour rentrer.

- Vraiment, certaines choses ne changent pas. A croire que l'histoire est vouée à se répéter, dis-je avant de tourner les talons.

Je rentre dans ma chambre et m'assieds sur le lit avec lourdeur. Je plonge immédiatement dans mes souvenirs et surtout à cette époque. Comme tout bon parent, j'ai cru que cela changerai, que la leçon serait apprise mais non. Quand tout a commencé, j'ai négligé, préférant relativiser au lieu de tuer le mal à la racine.

- Ah, ma chère Jeneya, elle est si loin, l'époque où tu pouvais tout régler. J'ai longtemps négligé ta capacité à garder cette famille unie, mettant en sourdine tes besoins et envies...Tu as été la seule pouvoir le maîtriser, le canaliser et ce, jusqu'à une certaine époque.

Sans que je ne m'en aperçoive de suite, les larmes se mettent à couler sur mes joues. J'ai vraiment pris conscience de l'importance de Jeneya Stern, ma feue épouse dans ma vie, il y a de cela quelques mois. La plupart du temps, j'étais informée de la situation et prenais conscience de la gravité de ladite situation, quelques jours après.

Je me glisse sur le lit et à l'aide de la canne, tire une caisse en rotin aux pieds de mon lit. J'ouvre et me saisis des albums de famille, jaunis avec le temps, les feuillette avec nostalgie, m'en lasse rapidement et me tourne vers la tête de lit. Je fais rapidement coulisser ladite tête de lit, ouvre une porte dérobée et un coffre-fort apparaît. Je compose rapidement le code et une lumière bleuie s'allume instantanément, ressemblant à s'y méprendre à celle des néons dans les discothèques.

C'est tout tremblant que je tends la main et récupère un dossier épais, que je pose sur le lit. Je ferme les yeux, respire un coup, puis ferme les yeux pour me donner du courage et enfin, parcours les photos les unes plus trash que les autres. J'ai encore du mal à y croire, je suis secoué et remercie la providence d'avoir mis un de mes amis d'enfance sur mon chemin à cette époque. S'il n'avait pas été là, je ne sais pas comment le scandale aurait été géré. Ce n'est pas souvent que je le dis je dois une fière chandelle à mon ami, Louis Thompson, commissaire de police de l'époque.

- Mon Dieu, je croyais tout cela derrière nous mas aujourd'hui j'ai cru reconnaître cette lueur dans le regard de Demi. Que Dieu nous en préserve dis-je en repensant à eux. Protège-nous, Seigneur. Deux dans la famille, je ne sais pas si je tiendrais.

PENDANT CE TEMPS...

[ AMICIE ]

- Tu n'as pas encore terminé ? S'impatiente-t-il en faisant tinter les clés de ma voiture.

- Pourquoi es-tu aussi pressé ? Il n'est que minuit, la soirée n'a même pas encore commencé.

- Amy, tu sais que je n'aime pas traîner et suis très ponctuel. Les africains, vous avez un réel problème avec le temps.

- Aymeric, excuse ma vie. Tu as compris ? Que tu n'es pas africain ? C'est quoi cette façon de s'exprimer ?

- Aka Amy, dépêche-toi. Les femmes, vous êtes toutes les mêmes. Il n'y a pas une pour en sauver l'autre

- Vous aimez bien que l'on soit clean ou bien ?

- Oui, mais il faut être ponctuel.

- Dis donc, excuse-nous avec ton affaire. C'est une nouvelle affaire de ponctualité ?

- La prochaine fois, commence à te préparer, deux heures avant l'heure de sortie.

- Ok, papa, j'ai compris.

Un quart d'heure plus tard, je retrouve un Aymeric, nerveux et pestant au salon. Il se lève en me voyant, me regarde mais ne dit rien.

- La villageoise vous a même fait quoi ? Si tu me dis que je suis belle et jolie, ça va te faire quoi ?

- Aka, que je suis ton mari ?

- Donc c'est seulement le chéri qui doit dire à la go, qu'elle est belle ?

- Mama, est-ce que je dois encore parler ? Toi-même tu sais que tu es belle et jolie.

- Rayaaaaa, tu vois, ça ne t'a pas blessé les lèvres.

- Ça va me donner les crampes de dents si tu continues à me déranger.

- Ha ha ha ha ha, tu es un vrai camerounais, tchiiiiiiiip !

- Tchiiiiiiiip toi-même ! Chouagneuuuuuuuu !

- Moi aussi, je t'aime.

Nous sortons de l'appartement ne nous disputant mais dans une ambiance bon enfant. Nous faisons un arrêt chez Jen et la récupérons, ainsi qu'Odessa. Nous prenons la direction de la boite en chahutant et sommes tous pliés de rire en arrivant au Majesty. Aymeric en gentleman, propose de payer l'entrée et s'occuper des consommations. Les consommations réglées, nous nous installons dans un salon et une jeune fille apporte lesdites consommations, quelques minutes plus tard.

Aymeric fait le service et nous faisons un toast. Cela fait un bien fou de nous retrouver ici, surtout que c'est la première fois depuis que Jen a accouché : deux mois déjà. J'observe Aymeric jeter de fréquents coups d'œil du côté de Jen, qui feint de ne rien voir.

- Quand irons-nous au bowling ? Demandai-je à Aymeric.

- Yani, yani (demain, demain, Bassa, langue du Cameroun).

- Ok.

- Tu nous emmènes aussi au restaurant demain ?

- Yani, yani, répond-il distrait par les courbes voluptueuses de Jen se trémoussant sur la piste.

- Tu baves, murmurai-je à son oreille.

- Pardon ? Fait-il en se tournant vers moi.

- Tu baves, Aymeric.

- Aka, quitte de-là.

Odessa qui a aussi remarqué le manège, sourit avant de rejoindre Jen. Aymeric se lève mais je le retiens par la manche de sa veste.

- Qu'y a-t-il ? Demande-t-il en me regardant.

- Je ne crois qu'elle soit prête à avoir un homme dans sa vie.

- Pourquoi ?

- Elle a assez souffert et se relève à peine d'une situation compliquée.

- Et qu'est-ce que moi, j'ai à y voir ?

- Je t'avertissais seulement.

- Ok, c'est noté. Puis-je maintenant y aller ?

- Oui et frappe fort.

Il arrange sa veste et vérifie machinalement que sa tenue est parfaite avant de rejoindre les filles sur la piste. C'est la séquence zouk, il tend la main à Jen qui accepte et se prête au jeu durant un quart d'heure. Suit la séquence de dombolo, nous nous défoulons tous sur la piste, oubliant les aléas de la semaine. Deux mecs, apparemment des footeux s'approchent d'Odessa et moi. Je me mords les lèvres en touchant les muscles de mon partenaire...le pied.

Non-loin de là...

[ ELRIC ]

- Type, ce n'est pas ta go, là-bas ?

- Où ça ? Demandai-je en tournant la tête dans toutes les directions.

- Regarde sur la piste, type.

- Oan, tu sais que c'est un peu noir. Je vois les dealers sur la gauche.

- Non, regarde bien sur la droite. Ne reconnais-tu pas le fessier de la mère de ton enfant ?

- Hannn, attends je vais voir, dis-je en me levant et fixant la piste.

Je reconnais rapidement la silhouette de Jen dans cette robe blanche, me retenant de bondir sur la piste et aller rouer le connard qui la serre dans ses bras ; un peu trop, à mon gout. C'est à cet instant que je suis envahie par la colère, dirigée contre moi. Je regrette amèrement mon comportement.

- Jo, c'est comment ? Me demande Yannick, un pote.

- Je suis là et toi ?

- Ça peut aller. Oan, mon gars sûr, c'est how ?

- On met la cale et on pousse, répond Oan en le « tchéquant ».

- Gars, assieds-toi avec nous, lui proposai-je.

- Merci, répond Yannick en prenant place près d'Oan et se servant.

- Les panthères sont sorties, je t'assure, balance Oan.

- C'est ce que tu dis doucement, comme ça ? Intervient Yannick en portant son verre à ses lèvres. 

- Le gars-là a vraiment attrapé une belle go, susurre un jeune homme près de Yannick.

- Qui ça ? Demande Yannick en lorgnant sur la piste.

- Le gars avec la go en blanc, répond l'autre.

- Ah oui, c'est Aymeric, un pote.

- Ah bon ? Fais-je en me tournant vers lui.

- Mais oui, nous avons fait la route ensemble.

- Quoi ? Demande Oan en se tournant vers moi.

- Donc c'est lui qui va monter sur ma go ? Ehhhhhhh moi, Biyo'o, je suis vraiment tombé hein. Même les gars de la route, peuvent récupérer ma go ?

- Type, garde espoir, ça va aller.

- Ça va aller, comment ? Fais-je en me levant.

- Type, ne fais pas ça, essaie de m'empêcher Oan en me tenant par la main.

- Non, aka, laisse-moi ; je me débarrasse de lui en un geste et rejoins la piste vraiment énervée.

Ils sont en train de se secouer sur une musique de Teeyah feat Miguelito, je tape sur l'épaule de l'autre cancre. Il ouvre les yeux, se tourne vers moi mais au minimum et m'interroge du regard. Je lui fais signe de la main, il secoue la tête ; non, il ne fallait pas. Je tape sur son épaule, puis tire franchement sur sa main, ce qui attire l'attention de Jen.

Elle se tourne vers moi, un quart de secondes et prend la main de l'autre olibrius ; c'en est trop pour moi. Je prends sa main, elle se retourne et m'allonge une claque, ce qui a le don de m'exciter. Je la tire franchement à moi et la serre, elle s'en défend. L'autre connard, me tire, puis m'allonge un coup de poing en pleine poire. Je suis obligée de me défendre, Oan et les autres gars à notre table s'en mêlent rapidement et résultat des courses : la police fait une descente sur les lieux.

Jen qui est assise sur un des bancs a un regard noir en me regardant, hum, je crois avoir merdé une fois de plus.


Jeneya CROFT, l'Impé...