Partie 68 : Bienvenue Athéa Annick Croft

Write by labigsaphir

PAFF ! Je crois ressentir la gifle et pose la main sur ma joue et l'enlève au bout d'un moment en me rendant compte que rien ne se passe. Il la soulève et la pose sur le lit, telle une feuille morte. Il soulève sa robe et fait descendre son pantalon avec rapidité, avant de la prendre. Elle veut crier mais il étouffe ses cris d'une de ses mains et fait de multiples va-et-vient avant de jouir comme un taureau.

Au moment de m'en aller, je fais un bruit avec le pied. Il se retourne et regarde vers l'endroit où je me trouve. De-là, je perds pied et sais juste que je ressens une peur effroyable. Quelques secondes plus tard, je me retrouve enfermée dans un cagibi et sachant que je suis claustrophobe, c'est pire que de la torture psychologique.

- Non, ne me fais pas ça...Non, je t'en prie ne me fais pas ça...Non, j'ai peur dans le noir...Non, j'ai peur...je te ferai tout ce que tu voudras mais ne fais pas ça...Non, je t'en prie, je t'en prie.

Quelques secondes plus tard, il ouvre la porte du cagibi, portant un masque, son éternel masque. Je crois voir ses yeux à travers ledit masque, son regard est dur. Il me regarde dans les yeux, je suis transie de peur. Je recule, recule, jusqu'à être coincée dans un angle de la pièce. Il avance vers moi et ferme la porte du cagibi à double-tour.

- Non, non, n'avance pas...Non, n'avance pas...Laisse-moi sortir, non, laisse-moi sortir.

Je sens une main me saisir, puis me sens secouer avant de réaliser que c'est la réalité.

- Carla...Carla...réveille-toi, réveille-toi.

J'ouvre les yeux et me rends compte que je suis sans les bras de Rustine, qui a le regard inquiet.

- Ah, merci Seigneur. Tu m'as fait peur, Carla.

- Ah bon ?

- Cela fait plus e trois minutes que j'essaie de te réveiller mais tu te débattais comme une belle diablesse. Je parie que j'ai des griffures sur le visage, tellement tu te démenais.

- Je suis navrée, Rustine. Viens par-là, je vais regarder ton visage, dis-je en l'attirant vers la coiffeuse.

Nous nous éloignons du lit et rapprochons rapidement de la coiffeuse, Rustine pose la main sur sa figure à divers endroits.

- J'aurai aimé me tromper, lâche-t-elle.

- Je suis vraiment désolée, Rustine, fais-je contrite.

- Ce n'est pas bien grave, ça va aller. Je vais cacher tout cela avec du fond de teint et du maquillage, nous sommes des femmes.

- C'est vrai mais tu risques avoir des soucis avec Augustin. Je sais combien nos hommes sont jaloux et enclins à s'imaginer tout et rien.

- Je lui expliquerais, ne t'inquiète pas.

- Merci et navrée que tu ais assisté à cela et surtout, ais fait les frais de ...

- Je comprends...Et si tu ne veux rien dire, je comprendrais aussi.

- Merci pour tout, Rustine.

- De rien.

- Quelle heure est-il, je te prie ?

- Neuf heures, ma chère.

- Il faudrait que nous nous dépêchions, si nous ne voulons pas rater l'heure des visites.

- C'est clair, ma belle.

- Il est hors de question que je reste une journée sans voir notre petite-fille.

- Ah ça !

Elle sort de la pièce, j'en profite pour aller dans la salle de bain, prendre ma douche. Même si j'ai gardé mon calme devant Rustine, je suis inquiète. Cela faisait longtemps que je n'avais eu des cauchemars, ces cauchemars, je veux dire. Je soupire en pensant à l'idée selon laquelle, je devrais revoir un psychologue, j'aurai aimé ne plus jamais à m'asseoir sur le canapé d'un professionnel afin d'explorer mon subconscient. J'ai beau savoir qu'ils sont là pour nous aider, je ne les aime pas malgré tout. Je soupire encore et prends la douche en repensant à une possible séance dès mon retour à la ville rose.

Une demi-heure plus tard, nous nous retrouvons au salon, pas le temps de prendre un café ou un thé, le temps presse. Nous sortons et empruntons ma voiture, premier arrêt, la boulangerie et ensuite, l'hôpital. A notre arrivée, Jeneya et la petite sont encore en train de dormir mais elle nous demande de rester, nous laisse avec la petite afin d'aller se doucher.

- Elle est vraiment belle, la petite, dis-je en prenant un de ses petits doigts.

- Je t'assure. C'est dommage qu'avec son papa, ils se soient séparés.

- C'est vrai, Rustine. Ce petit, je l'aimais bien. Il a vraiment aidé et soutenu Jen durant les moments difficiles.

- Elle m'a racontée et surtout que j'avais vu leur complicité au Cameroun.

- Ah oui, c'est vrai qu'ils y étaient ensemble.

- Huhum.

- Elle a pris les yeux de sa mère, la bouche de son père ainsi que son nez et ses oreilles.

- Je crois qu'elle aura sa taille, une asperge.

- C'est vrai. Je suis contente que nous soyons tous réunis pour cette occasion, l'on ne pouvait trouver mieux.

- Je confirme.

- Pour ses prénoms, elle a vraiment de la suite dans les idées.

- Si si si il en fallait pour trouver, Athea Annick Croft.

- Je t'assure, les enfants de l'an 2000 et dire qu'elle voulait rajouter Maria.

- Mon Dieu, il faudrait rajouter deux lignes de plus dans son acte de naissance.

- Ha ha ha ha ha ha.

Un quart d'heure plus tard, nous parlons de la pluie et du beau temps lorsque Jen nous rejoint et sans vraiment comprendre le pourquoi, je repense à la toile, la fresque sur le toit de ma chambre. Je pense précisément à l'homme qui observe. Je cligne des yeux et reviens à moi, lorsque je suis interpellée par Rustine qui me regarde avec étrangeté.

- Où étais-tu encore, Carla ? Demande-t-elle en posant la main sur mon bras.

- Je rêvassais, en fait ; Rustine m'observe du coin de l'œil mais n'insiste pas.

- Nous parlions de l'eau chaude, engage Jen.

- Ah oui, cette pratique, j'en ai entendu parler. Je respecte votre culture mais sérieux, taper sur Jen avec un balai en raphia, j'en tremble ; je termine en frissonnant.

- Mais non, embraie Rustine. Ce n'est pas aussi terrible qu'on peut le croire. Nous aidons juste la jeune maman à évacuer le mauvais sang, car oui, c'est comme cela que nous l'appelons en Afrique. Au lieu de le faire avec des appareils et des comprimés, nous le faisons avec un balai en bambou.

- Je vois, fais-je dubitative.

- Dans ce cas, il est impossible de le faire car elle a été césarisée.

- C'est vrai, reconnait Jen en donnant le sein à Athéa.

- Elle ne peut pas attacher le pagne, car il faudrait que ses organes rejoignent leur vraie place. L'infirmière viendra t'injecter à la maison durant deux semaines, si je ne me trompe.

- C'est vrai, reconnait Jen.

- Tu prendras donc un bain chaud tous les jours, j'y mettrais quelques écorces et ça ira.

- Je suppose que cela sentira un peu fort.

- Oui, ma chère fille, répond Rustine avec emphase.

- Il faut bien souffrir pour être belle, complétai-je.

- Il faut rapidement que tu te remettes sur le marché, intervient une fois de plus Rustine.

- Maman, je viens à peine d'accoucher, s'écrie Jen.

- Qui a prétendu le contraire ? Réplique Rustine ; je souris en les observant, elles ont le même tic en s'exprimant avec véhémence.

- Ma chère, Rustine tient à ce que tu ne te plaignes pas d'avoir le corps déformé par la maternité, me crus-je obligée d'intervenir.

- Merci, Carla.

- Pfff...c'est de la solidarité féminine, fait Jen en souriant.

- Je te rappelle que tu en es bien, une ; elle sourit en m'écoutant.

TOC...TOC...TOC...TOC...

- Attendrais-tu quelqu'un ? M'enquis-je en me tournant vers Jen.

- Peut-etre des camarades de classe, répond-elle en levant les épaules.

- Bah, que fais-tu ? Demande Rustine à son tour.

- Entrez ! Crie Jen ; la petite sursaute, Jen sourit de suite.

- Il n'y a rien de drôle, bougonnai-je.

Nous voyons tout d'abord les pieds, puis les mains et enfin des ballons en forme de cœur et des sacs en papier Kraft contenant des cadeaux.

- Bonjour Mesdames et bonjour mesdemoiselles, fait le jeune homme ; Jen attache de suite la figure.

- Bonjour Oan, répond-elle quelques secondes après Rustine et moi.

- Félicitations à la jeune mère et au bébé, dit-il ne souriant à Jen ; elle a la tête des mauvais jours, celle-là.

- Mes mamans, je vous présente, Oan, le copain des 400 coups de celui que je ne souhaite pas nommer, débite rapidement Jen. Et merci, Oan.

- J'ai appris que tu avais accouché, il fallait que je passe te féliciter et voir notre fille, poursuit-il impassible à l'humeur de Jen.

- Rustine et si nous sortions faire un tour dans le jardin ?

- C'est une bonne idée, je pense, répond-elle en dodelinant de la tête.

Nous sortons de la chambre en exhortant Jen du regard, à se calmer ; elle est une vraie boule de nerfs car ronge ses ongles.

[ JENEYA ]

- Jen, félicitations pour la petite. Tu as fait du bon travail, elle est magnifique.

- Merci, fais-je froidement.

- Jen, tu nous as fait là, un beau cadeau, tu sais.

- Elle et vous, n'avez aucun lien, à ce que je sache ; mon ton est des plus secs, c'est fait exprès.

- Jen, hésite-t-il, je sais que tu es en colère. Seulement, laisse-moi le temps de t'expliquer la situation.

- Oan, je t'arrête tout de suite, pour que ce soit clair et surtout, afin de lever toutes les équivoques. J'ai été en colère, c'est vrai. J'ai vraiment eu mal, c'est indéniable. J'ai aimé ton pote à en mourir, c'est un fait. Et maintenant, j'ai tourné la page Elric Biyo'o, c'est une réalité. Les détails ne m'intéressent pas, j'en ai rien à secouer de son plan ou des multiples machinations de Louvagin ou Loutruc, ces deux-là sont faits pour être ensemble et basta !

- Jen, je sais que tu en as souffert mais il fallait qu'Elric donne le change, que Louhann ne puisse soupçonner qu'un complot avait été ourdi.

- Je m'en fous ! Pourquoi n'es-tu pas venu me voir ? Pourquoi, toi, qui me connais si bien et sais par quoi je suis passée, n'est venue me voir ?

- Je ne pouvais pas, Jen, désolé.

- Je suis aussi désolée pour ton pote.

Il sort le téléphone de sa poche, le manipule avant de le remettre dans la poche. Quelques minutes plus tard, alors qu'il essaie toujours de me convaincre, Elric rentre dans la chambre sans s'annoncer, les bras chargés de cadeaux.

- Que fais-tu, ici ? Demandai-je de but en blanc.

- Il fallait que je vois, notre histoire ne peut se terminer ainsi, dit-il ne posant le tout sur la table ; il se tourne vers le berceau et veut s'en approcher.

- Ne t'approche surtout pas de mon enfant, rugis-je en descendant du lit en grimaçant.

- C'est aussi mon enfant !

- Tu l'as renié et qu'est-ce qui prouve que c'est ta fille ?

- Nous étions ensemble, Jen, tu le sais bien.

- Cet enfant a été conçu hors de la France, à ce que je sache. Il est de Rael et non de toi ?

- Qui est Rael ? Hurle Elric, les yeux rouges.

- Tu n'as plus le droit de me poser cette question, répondis-je en levant la voix.

- S'il vous plait, intervient Oan, nous sommes dans un hôpital, ne l'oubliez pas.

- Donc pendant que je réfléchissais avec mes parents à comment faire pour me sortir d'un merdier en l'occurrence, éviter la prison, toi, tu te faisais prendre par un certain Rael en Afrique du Sud.

- Oui, Elric, je me suis faite prendre par Rael et je peux t'assurer, qu'il est mieux que toi.

En quelques secondes, Elric avale la distance nous séparant et m'attrape par le bras. Il tremble de tout son être et son regard est noir ; j'avoue avoir peur.

- Jen, je reconnais m'être mal comporté. J'aurais surement du te mettre au courant de ce qui se tramait. Seulement, je souhaitais vous protéger toutes les deux. Chaque seconde, chaque minute auprès de cette barge, je pensais à vous. Lorsque j'ai demandé Louhann en mariage, je pleurais car c'est à toi, Jen, que j'aurais dû faire ladite demande.

- Je m'en fous !

- Jen, je t'aime à en mourir, je t'aime comme un fou.

- ...

- J'avais giflé Louhann, un geste malencontreux. Ce n'était vraiment pas intelligent de le faire, je l'admets. En retour, elle a fait un certificat médical, arguant que je l'avais roué de coups et qu'elle avait perdu le bébé qu'elle portait par ma faute. Nous avons essayé de discuter avec elle mais cela ne servait à rien. Mes parents ont proposé des mandats qu'elle a par la suite refusés. Avec mes parents, nous avons décidé de la prendre par les sentiments, c'était la seule alternative qui nous restait si je voulais éviter la prison.

- C'est vrai, renchérit Oan.

- Il a fallu que je joue à l'amoureux transi, que je lui prouve que je ne ressentais plus rien pour toi et surtout, que l'enfant que tu portais n'était pas le mien. Tu ne sais pas combien, il a fallu prendre sur moi pour aller d'une étape à une autre. Voir tes larmes, était une réelle torture. Je priais pour toi, pour vous, malgré la distance qui nous séparait. En te voyant avec Allan au supermarché, j'ai demandé Louhann en mariage sur un coup de tête, espérant accélérer le plan et tout a marché comme sur des roulettes. Louhann a cru, j'ai feint un voyage et ai pu recueillir des aveux. Demain, nous comparaîtrons tous les deux devant le JAFF. Je pourrais récupérer mon fils, avoir la garde exclusive et éloigner cette folle à jamais de ma vie.

- Bravoooooo, si je comprends bien, après toutes ces révélations, je devrais te pardonner.

- Oui, ma puce, je t'aime. Je vous aime le bébé et toi.

- Tu m'as fait du mal. J'aurai pu me suicider la dernière fois que nous avons fait l'amour, non, non, baiser.

- Jen, une femme comme toi, ne devrait jamais prononcer ce mot, laisse ça à Louhann.

- Elric, non, va-t-en !

- Non, je n'abandonnerais pas aussi facilement.

- Que tu penses ! Fait une voix derrière nous ; nous nous retournons tous vers une Louhann, bien maquillée et habillée comme si elle allait à un cocktail.

- Je t'ai entendue de derrière la porte, Elric.

- Que fais-tu ici ? Demande Elric en serrant les dents.

- Je me disais bien que tout ceci était dû à cette connasse et son mongol d'enfant !

- Je ne te permets pas, Louhann ! Sors d'ici, Louhann !

- Je ne te permets pas d'insulter ma fille, Louhann !

- Ah, c'est maintenant ta fille, je me disais bien.

- Tu me traites maintenant de folle, mais ce n'est pas ce que tu me disais en me faisant l'amour, pendant que je faisais des fellations d'enfer ou alors tu me faisais des cunnilingus, me promettant monts et merveilles. Tes parents m'ont appelée, me rassurant sur ton amour pour moi, organisant presque notre mariage. Pourquoi n'ont-ils pas appelée cette cruche ? Ils auraient dû le faire, au moins pour la rassurer ; là, elle marque des points. Elric, tu auras beau te mentir, tu es aussi cupide, perfide et manipulateur que moi. Nous sommes faits pour être ensemble, c'est comme ça et pas autrement.

- Maintenant que tua s finis de déverser ton fiel, va-t-en !

- Oui, je m'en vais et nous nous retrouverons devant le JAFF, demain. Je viendrai avec mon avocat et en passant, j'ai déposé plainte.

- Sortez tous de ma chambre et ne revenez plus ! Dis-je en me redressant.

Au même moment, Odessa et Amicie, rentrent dans la chambre. Elles se tournent toutes vers Elric, comme si elles attendent un compte-rendu.

- Sortez ! Finis-je par crier.

- Mais Elric, fait Amicie.

- J'ai essayé mais cela n'a pas marché, répond-il en me regardant. Je n'abandonnerai pas facilement, tu en vaux le coup.

- Dégage d'ici ! Fais-je en lui montrant la porte du doigt et tremblante.

- C'est dommage, lâche Odessa.

- Vous étiez au courant, n'est-ce pas ? Dis-je en me tournant vers les deux autres.

- Oui, mais cela ne nous concernait vraiment pas, prétend Amicie.

- N'en profite pas pour te défouler sur nous, lâche Odessa, nous n'y sommes pour rien.

- Ecoutez les filles,...


Jeneya CROFT, l'Impé...