Partie 74 : des amis d'enfer
Write by labigsaphir
- Laisse-la tranquille, toi aussi !
- Je voudrais juste arranger, insistai-je mollement.
- Laisse la petite-là tranquille ! Quand elle aura pris froid, ne t'inquiète pas, elle ne le fera plus.
- Rael, c'est un bébé.
- Je m'en fous ! Laisse ma nièce tranquille.
- Pfffff.
- Si tu es trop fâchée, je la récupère et nous allons passer la nuit dans un des hôtels de la place.
- Tout de suite le chantage affectif.
- Tu es trop rigide, toi ! Même tata Rustine ne l'est pas autant que toi.
- Pffff !
- Quoi, tu as un chat dans la gorge ou étais-tu copine avec un chat dans ton enfance ?
- Pardon ?
- Tu as bien entendu, Tchiiiiiiiiiip !
- Ga ga ga ga ga ga c'est nul.
- Ça ne se dit pas, méchante !
- On serre les dents et on envoie de l'air, c'est cela qui donne le charme au Tchiiiiip !
- Fou-moi le camp ! D'ici quelques jours, je le ferai aussi bien que toi.
- C'est ce que nous verrons. Je suis sure et certaine qu'Athéa saura le faire avant toi.
- Tchiiiip !
- Ga ga ga ga ga tu peux mieux faire, fais-je en éclatant d'un rire franc.
- Cela fait du bien de te revoir, ma belle.
- C'est la énième fois que tu le dis.
- Je le pense vraiment.
- Serais-tu toujours amoureux de moi ?
- Tu peux écouter ou avoir tous les « Ekotités », que tu seras toujours vilaine.
- Ga ga ga ga ga ga minceeeee ! Rael, où as-tu appris cela ?
- Eh beh..je te rappelle que j'ai aussi du sang camerounais et avec une grand-mère comme la nôtre.
- L'on ne peut qu'en être imprégné, complétai-je.
- Grand-mère est un sacré numéro, c'est vrai.
- Un spectacle à elle-toute seule.
Nous arrivons devant la barrière, que je fais coulisser à l'aide d'une télécommande à distance. Je suis heureuse que le propriétaire l'ait enfin arrangée ; je me sens plus en sécurité avec ma fille. Je souris en observant Rael qui effectue les manœuvres, du coin de l'œil. Il est là depuis deux jours et j'avoue, ne pas avoir envie qu'il reparte mais l'on n'a pas toujours ce que l'on veut dans la vie.
- Je prends la petite et toi, les sacs, proposai-je.
- Oui, femme répond-il en souriant.
- Tu es très dole, toi. Je suis vraiment content et honorée que tu ais fait le déplacement.
- Si tu le dis.
Nous sortons de la voiture et moins d'une demi-heure plus tard, après avoir donné à manger à Athéa, nous nous mettons à cuisiner en dégustant une bouteille de rosé. Nous nous amusons comme des enfants dans une cour de récréation, ne nous épargnant rien.
DING... DONG...DING...DONG...
- Attendrais-tu quelqu'un ? Me demande-t-il en regardant la porte d'entrée.
- Non bien sûr que non.
- Alors, qui est-ce ?
- Attends, je vais aller ouvrir.
- Non, je t'accompagne.
Nous sortons et nous dirigeons vers le portail en rigolant, évitant de temps à autres, les croche-pieds que nous nous faisons mutuellement. Nous apercevons de suite les phares de la voiture d'Amicie et Odessa, qui est devant le portail. J'ouvre et embrasse Odessa avant de faire coulisser le portail pour Amicie qui fait rentrer son véhicule.
- Amicie, Odessa, je vous présente mon cousin d'Afrique-Du-Sud, Rael. Et Rael, je te présente Odessa qui est fiancé et Amicie.
- Enchantée, font-elle en chœur en tendant la main à Rael qui préfère leur faire des bises.
- Moi de même et le statu d'Amicie ?
- Célibataire et fière de l'être, répond la concernée d'une traite ; Odessa et moi, nous regardons, surprise par le courage d'Amicie.
- Je suis là depuis deux jours, précise Rael en faisant signe aux filles de rentrer ; il est très galant, mon cousin.
- De toutes les façons, vous savez, vous êtes chez vous ici, les filles.
- C'est clair, ne te gêne pas pour nous, Rael, annonce Odessa.
- Laisse-le, c'est mignon, fait Amicie en regardant Rael comme s'il était un bonbon ; elle exagère, elle finira par me couvrir de honte.
Odessa lui met un coup dans les côtes, elle se tord de douleur quelques secondes, puis se tourne vers elle distraitement pour lui tirer la langue ; elles sont vraiment incorrigibles.
- Un verre de vin ? Propose de suite Rael ; elles acceptent aussitôt.
- Moi, je vais terminer ce que nous faisions, dis-je en emportant mon verre.
- Je te suis, lance Odessa en me faisant un clin d'œil.
- Nous attendons ici, décline Rael en se tournant vers Amicie.
Nous nous réfugions dans la cuisine même si elle est de type américain. Nous pouvons donc voir les autres, si nous nous donnons la peine et pouvons même les entendre.
- Merde ! Ton cousin est beau, mama mia le miel !
- Pardon, tu es fiancée. Il ne faudrait pas que ton homme dise que j'ai détourné sa femme.
- Aka, que c'est un nouvel amour ?
- Tu as trop les mots camerounais dans ta bouche.
- Sans ?
- Massa, il est beau jusquàààààà.
- Mama, ferme les yeux et pense à ton fiancé, lâche Amicie derrière nous.
- Massa, tu es arrivée ici quand ? Ai-je la force de demander en retenant le rire qui menace d'exploser.
- Trop occupées à commérer, vous ne m'avez pas vu arriver, explique Amicie en prenant une autre bouteille de vin dans l'armoire.
- Jen, il faudrait chercher une maison avec cave, dis donc.
- Amicie, tu es folle. Tu ne la loues pas pour moi, me défendis-je.
- Je te dis, rebondit Odessa.
- Avec sa bouche de tchoin, continuai-je. Il faut louer une maison avec cave.
- Tu as oublié le « Chouagneuuuuuuuuuuuuuu », termine Odessa en allongeant la bouche.
Nous éclatons toutes de rire, ces filles sont vraiment folles. On dirait qu'elles ne sont pas seules dans leur tête.
- Il est beau le feu sort, lâche finalement Amicie.
- N'aurais-tu pas un mec, toi ? Demande Odessa instantanément.
- Aka, que qui ne connait pas ma situation avec lui ? Nous savons tous que c'est le maintien, dis donc. Il fallait quelqu'un pour chauffer mon lit. A-t-il été circoncis pour moi ? Répond-elle en grimaçant.
- Massa, vous avez les phases ici dehors, se résigne Odessa en singeant Amicie.
- Aka, tu peux te moquer, Odessa. Jen, c'est quoi son genre de femme ?
- Chiante, mince comme un fil de fer. Tu ne sais pas où le dos commence et s'arrête, réussi-je à débiter sans reprendre ma respiration.
- En gros, elles ont toutes l'air de celles sur les papiers glacés, explique Odessa.
- Voilà, confirmai-je en lui tendant le tire-bouchon.
- Minceeee ! Moi, je ne suis pas ronde mais une vraie femme africaine, s'écrie Amicie en se pinçant les lèvres.
- As-tu déjà vu une camerounaise s'avouer vaincue ? Lui demandai-je de tout go.
- Non, répond-elle du tic au tac.
- Ah beh, voilà, fais-je théâtralement.
- Franchement, s'il me demande de l'épouser, je lui tends ma main, direct !
- Amicie, tu es folle. Tu n'es vraiment pas seule dans ta tête, balance Odessa.
- Aka, ça sort comme ça sort, argue la concernée.
Nous passons une très bonne soirée tous les quatre, même si au bout d'une heure, nous avons vraiment l'impression de tenir la chandelle, Odessa et moi. Impossible d'ignorer les œillades échangées entre Amicie et Rael. Deux heures plus tard, les filles s'en vont ; je vais en profiter pour interroger Rael.
- Que penses-tu de mes copines ? Commençai-je en faisant mine d'essuyer un plat.
- Et si tu arrêtais de tourner autour du pot ?
- Je sais que tu n'as vraiment pas d'affinités avec Odessa mais Amicie ?
- Elle est différente des femmes que je côtoie généralement.
- C'est clair !
- Seulement, elle a ce petit quelque chose je ne saurai vraiment dire quoi. Ta copine a un petit truc qui m'attire vers elle.
- Si elle ne te plait pas vraiment, laisse-la, s'il te plait.
- Pardon ? Fait-il en souriant.
- Je n'ai pas envie de la voir souffrir à cause de toi.
- Surtout qu'elle n'est pas insensible à mon charme.
- Voilà !
- C'est noté mais vois-tu, nous sommes des adultes.
- Je sais et c'est justement ce qui me fait peur.
- Tu me parles de tes copines, prends leurs défenses mais refuse de me parler de ta vie amoureuse que je soupçonne, tumultueuse.
- Je vais me doucher, dis-je en allant m'enfermer dans la salle de bain ; je n'ai aucune envie de m'épancher, pas aujourd'hui.
LE LENDEMAIN APRES-MIDI...
- Je crois que tu as une touche avec le mec à 3h, souffle Rael à mon oreille.
- Comment est-il ?
- Celui en veste et pantalon destroy.
- Ah oui, je connais, fais-je simplement.
Quelques secondes plus tard, Aymeric s'avance vers nous et la petite tend instantanément les mains vers lui. Il la prend des mains de Rael et lui fait des bisous avant de se mettre à la chatouiller ; son rire résonne peu après. Je suis toujours autant fascinée par la facilité avec laquelle, Athéa lui a fait confiance. Avec Rael, cela a été difficile et surtout, il a fallu du temps.
- Bonsoir, fait-il finalement en tendant la main à Rael qui la lui serre en souriant. Un air de famille, humm.
- Oui, son cousin, Rael, confirme le concerné.
- Le sang ne trompe pas et surtout, les traits, continue Aimé en souriant.
- C'est vrai, c'est vrai ; Rael a un sourire moqueur en nous observant.
- Bonsoir Jen, fait sobrement Aimé.
- Bonsoir Aimé. Ah oui, j'ai manqué à tous mes devoirs. Rael, c'est Aymeric et Aymeric-Rael.
- Enchanté, font-ils ensemble.
- Comment vas-tu ? Demande-t-il en berçant Athéa qui rit aux éclats ; cette petite va me créer des problèmes un jour, je vous assure.
- Bien, merci et toi ?
- Bien, merci.
Son regard est si brûlant que je sais, devenir rouge. Je baisse les yeux et des images de cette nuit, me reviennent en mémoire. Sans le vouloir, mes yeux se posent sur sa braguette avant de remonter jusqu'à son visage. Il a un rictus d'ironie, avant de se tourner vers Rael et lui dire, je ne sais quoi. Je suis confuse et horriblement gênée de m'être faite prendre. Aimé nous invite à prendre un verre dans un restaurant du coin. Ah oui, je ne vois ai pas dit, nous sommes au Centre Saint-Martial de Limoges.
Nous allons prendre place, j'ai du mal à regarder Aimé dans les yeux. Rael qui doit l'avoir constaté, ne dit rien ; Dieu merci, car je ne saurai vraiment où me mettre. Rael et Aimé discutent comme des vieilles connaissances, pendant qu'Aimé s'occupe de la petite. Il sait s'y prendre avec les enfants, je vous assure. Des mamans non-loin de-là, le regardent comme s'il est un cadeau tombé du ciel. Allez voir ailleurs, s'il y est, pensai-je aussitôt.
Une heure plus tard, nous prenons congés d'Aimé avec qui je n'ai presque pas échangé. Il réussit à glisser au creux de mon oreille : vous me manquez, mi amore. Je rougis et m'échappe, comme si le contact de sa main sur ma peau, me brule.
- Je suppose qu'il a été ton mec, commence un Rael moqueur.
- Oui, répondis-je espérant changer rapidement de sujet. Que penses-tu de ce supermarché ?
- Pourquoi ai-je l'impression que votre histoire n'est pas terminée ?
- De quoi parles-tu ?
- Tu as tout d'une femme amoureuse, en sa présence.
- Non, je ne crois pas répondis-je sèchement.
- Je dis juste ce que je vois. Vous rencontrez manifestement un souci, lequel ?
- Rien !
- Ok, je n'insisterai pas.
Nous allons récupérer mon chéquier à la banque, après avoir fait un tout à la place Carnot, afin d'acheter la bouffe africaine. Rael propose que nous nous arrêtions à la rue du Clocher, pour le plus grand bonheur de la petite ; non, le nôtre. Nous nous arrêtons carrément au Quick, oui carrément, pour manger un bout.
En allant prendre place à l'étage, Rael se met à traîner les pieds. Je me tourne vers lui et constate qu'il se retient de rire ; il finira par nous faire remarquer, à force.
- Minceeee, Jen, tu es sortie avec tous les hommes de Limoges ?
- Connard, tu me prends pour une catin ?
- Mais non, le mec à la table de l'autre côté, aura bientôt du mal à respirer.
- Ah bon ?
- Passe-moi la petite, s'il te plait.
- Pourquoi ?
- Passe-la-moi !
Je lui passe Athéa sans réfléchir et moins de deux minutes plus tard, Elric apparaît, le regard noir.
- Bonsoir Elric, soupirai-je.
- Bonsoir. Puis-je avoir ma fille, s'il te plait ?
- Bien sûr, dis-je en la prenant des mains de Rael et la lui tendant.
- Tu fais maintenant dans les blancs ? Demande-t-il avant de rejoindre sa table.
Je regarde Rael qui est mort de rire, je vous assure. Moi, je sens que je vais péter un plomb. Rael éclate finalement de rire, moins d'une minute plus tard. Il rit tellement qu'il glisse de son siège et se retrouve sur le sol, impossible de rester sérieuse. Je finis par le suivre dans son délire, aide Rael à se relever et finis par m'asseoir sur ses cuisses. Là, j'entends un bruit de chaise qui tombe ; Rael et moi, nous tournons vers l'endroit d'où vient le bruit.
- Il est vraiment sauvage, celui-là, murmurai-je effarée par ce que je vois.