Partie 75 : I remember

Write by labigsaphir

- Que fait-on maintenant ?

- A-t-on avis ? Lui répondis-je en prenant une gorgée de vin.

- Pourquoi t'énerves-tu ? S'écrie-t-il en s'asseyant lourdement sur le lit.

- Tu poses des questions bêtes !

- Ok, c'est bon ! Je préfère aller prendre de l'air, sinon ça va dégénérer.

- Ouais, c'est mieux.

Au moment où il va sortir, je me tourne vers la porte.

- Comment l'as-tu trouvé ?

- Pardon ? Demande-t-il en se retournant.

- Comment l'as-tu trouvée ?

- Jolie, elle est vraiment très jolie avec un teint méditerranéen, répond-il rêveur.

- Comment les aimes-tu ?

- Exactement son type.

- Ah bon ?

- Mais oui ; il se retourne enfin vers moi.

- Les « comme elle », sont vraiment résistantes dans un lit.

- C'est pas faux.

- Tu sais, j'ai toujours été fasciné par « Jospéhine Baker ».

- La dame au château des Midlands et sa tribu arc-en-ciel dans le Périgord.

- Exactement !

- Huhum, je vois.

- Ses formes, son essence et le fait qu'elle ait toujours assumé.

- C'est vrai.

- Ma première a été une « comme elle ».

- Une fois que l'on a goutté une, et si elle est la première et sait s'y prendre, difficile de ne pas apprécier celle de son espèce.

- C'est vrai.

- Que s'est-il passé au manoir avec ton grand-père ?

- C'est un vieux Schnock. Il croyait que j'allais bouder mon plaisir en le sachant dans la pièce.

- Mine de rien, c'est un voyeur.

- Un vicieux, oui !

- Que s'est-il passé ?

- Il m'a surpris avec une jeune femme, n'a pas apprécié et m'a demandé de la congédier.

- L'as-tu fait ?

- Avais-je le choix ?

- Bientôt ce château sera le nôtre, attendons juste que l'entreprise nous revienne.

- Comment est-ce possible, sachant que Jamice, Carla et surtout l'autre qui possèdent près d'un quart de l'entreprise, sont là.

- Pourquoi crois-tu que nous soyons là ?

- Je croyais que c'était juste pour le plaisir.

- Ah la jeunesse ! Ecoute, observe et prends-en de la graine.

- Oh !

- Viens par-là, s'il te plait ! Fais-je en tapotant le lit près de moi.

Il s'exécute et cinq minutes plus tard, il me regarde avec les yeux pleins d'admiration ; c'est ainsi que j'aime voir mon fils.

LE LENDEMAIN...

[ CARLA ]

- Qu'y a- t-il chérie ? Me demande-t-il pour la énième fois.

- Je suis stressée et anxieuse, répondis-je en posant la main sur mon cœur.

- Je ne sais pas, mais j'ai l'impression que tu te laisses faire. Carla, tu devrais te battre et ne pas laisser l'émotion te dominer ainsi.

- Je ne fais pas exprès, tu sais.

- Je sais, je sais et excuse-moi si tu as eu l'impression que je te juge.

- Ce n'est pas grave, je sais que tu ne veux que mon bien.

Il m'embrasse et va se préparer pour le bureau, je soupire et m'allonge sur le canapé, le regard rivé au plafond. Un nœud m'étreint l'estomac depuis quelques jours. J'aurais parié il y a de cela quelques temps que c'est à cause des mauvais rêves mais non, je sais qu'il y a autre chose. Seulement, je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. C'est rageant tout de même, se sentit aussi impuissant. Savoir que l'on doit lutter mais contre quoi ? Pffff...j'en ai ras-le-bol de cette vie !

TOC...TOC...TOC...

- Laisse, je vais ouvrir, fais-je à l'attention de mon époux.

- Ok, répond-il dans la salle de bain.

Je me lève en soupirant, enfile mes mufles et me traîne jusqu'au portail. La main sur la poignée, j'ai des frissons. Que m'arrive-t-il ? J'ouvre et souris en reconnaissant Demi et son père. Je leur fais signe d'entrer en faisant coulisser le portail. Ils rentrent et vont garer sur le perron, je suis contente de revoir mon frère et son fils.

- Wow ! Quelle bonne surprise, m'exclamai-je en prenant Dick dans mes bras.

- Sœurette, ça va ?

- Bien, merci et toi ?

- Bien, merci. Et les enfants ?

- Tout le monde va bien.

- J'ai appris que tu étais grand-mère, dit-il en souriant.

- Mais tu l'es aussi, Dick.

- Ah ça ! Nous vieillissons vraiment.

- Je t'assure, la petite est à croquer tellement elle est belle comme un cœur.

- Ah ça ! Mais où vivent-elles déjà ?

- A Limoges. Mais tu y étais déjà, elle n'était pas enceinte à l'époque.

- Ah oui, c'est vrai. Je tenais tout de même à avoir confirmation. Elle a peut-etre déménagé pour le bébé.

- Ah oui, c'est vrai et logique. Je vais te donner son adresse.

- Beh voilà, toujours à me gronder.

- Ha ha ha ha mais non, je ne te gronde pas, Dick.

- Et moi, l'on m'oubli ? S'enquiert Demi, derrière nous.

- Mais non, crois-tu que je puisse t'oublier ? Tu es plus important que Dick et moi, dis-je en grimaçant.

- Ah bon ? Demande-t-il en tirant la langue à son père.

- Nous sommes déjà des vieux machins, prêts à mourir.

- La relève est assurée, glisse Dick en regardant son fils ; je suis heureuse de les voir si complice.

- Si si si si renchérit Demi.

- Entrez, entrez, dis-je en m'écartant de la porte.

Ils vont s'asseoir pendant que je prépare les boissons, car je sais déjà ce qu'ils boivent, et les petits gâteaux ; je sais que nous allons passer un bon moment. Dommage que mon mari ne puisse rester.

- Où est monsieur Croft ? Demande Dick en piochant généreusement dans la coupelle contenant les cacahuètes.

- Je suis là, qui me cherche ? Fait le concerné derrière nous.

- Eh beh, l'on croirait que tu vas à une réception à l'Elysée.

- Papa, ce n'est pas parce que tu es adepte des Jeans que tout le monde l'est, intervient Demi.

- Merci mon petit, répond mon chéri en saluant nos invités. Je ne peux malheureusement rester avec vous, j'ai du travail.

- Comme quoi, certains se tournent les pouces ? Avance Dick en souriant.

- Tout le monde sait que tu es un dingue du travail, un drogué.

J'admire la prestation de mon époux, sachant qu'il a du mépris pour mon frère. Il y a de cela quelques mois, Dick a appelé pour s'excuser, prétextant que les médecins avaient fini par découvrir qu'il est bipolaire. J'aurais pu garder le portail fermé mais il nous avait assuré, prendre des médicaments.

- J'y vais. Bonne journée à tous et fais attention à toi, chérie.

- Quoi, serait-elle malade ? Demande Dick en se redressant.

- Oui, ces derniers temps, elle se fatigue trop vite.

- Sœurette, ça va aller. Nous pouvons partir si nous dérangeons, propose-t-il.

- Non, non, c'est bon, Dick. Chéri, ça ira, le rassurai-je en l'embrassant.

Après deux, trois blagues, nous nous séparons. Je reste avec mon frère et son fils, à parler de tout et de rien. Je parviens à me détendre au bout d'une demi-heure et nous évoquons notre enfance. A un moment donné, Dick parle et me regarde droit dans les yeux. Je ne sais pas pourquoi, je prends peur et sursaute lorsqu'il pose sa main sur la mienne.

- Qu'a-t-il ? Excuse-moi de t'avoir fait peur. Tu t'étais évadée, explique-t-il en se rasseyant.

- Mais non, c'est à moi de m'excuser. Je suis vraiment à l'ouest, ces derniers temps.

- Pas grave.

Le son de sa voix à l'instant, me fait l'effet d'une drogue. Je ferme les yeux et fais malgré moi, un bond dans le passé. Je suis derrière le rideau de ma chambre, à observer un ballet assez étrange. Le commissaire de police de l'époque, un ami de papa et un de ses hommes, transportant un colis dans un sac. Papa, le troisième homme et lui, ont un air grave. Je cligne des yeux et constate qu'il y a un quatrième homme en retrait. Non, non, que dis-je, c'est une forme, une ombre. Ils mettent le colis dans la malle arrière, papa et le commissaire, s'entretiennent durant quelques minutes avant de s'en aller.

Papa se tourne vers ma fenêtre, vers moi, comme s'il avait senti que je regardais. Je ne lâche pas les rideaux mais recule pour ne pas être vue. Je sais que personne ne devrait se douter que j'ai vu mais qu'ai-je vraiment vu ?

- Carla ? Carla ? Fait une personne en me secouant.

Je reviens à moi et constate que j'ai le nez sur la poitrine de Dick. Je ferme les yeux et hume son parfum, ne alarme s'allume dans mon cerveau.

- Je crois que nous allons y aller, dit Dick en se détachant de moi. Tu as vraiment besoin de te reposer.

- C'est une bonne idée, dis-je tout simplement en me servant d'un coussin pour me caler.

- Nous y allons, fait Dick en se levant.

- L'adresse de ma cousine ? Glisse Demi en regardant son père.

- Ah oui, oui, fais-je en me redressant.

En me levant, j'ai une douleur qui me traverse le cœur. Je pose la main sur le cœur et respire la bouche ouverte, souris aux deux autres et me traîne jusque dans ma chambre. Je crois entendre une voix derrière-moi me demander de ne pas donner l'adresse. Mais pourquoi est-ce que mon cœur bat aussi vite ? Me demandai-je en me retournant, afin de vérifier que je suis bel et bien, seule.

Je prends un bloc-notes et y note l'adresse complète de Jen, de même que son numéro de téléphone. Au moment où je veux me lever, je suis terrassée par une douleur au cœur et l'abdomen. Avant de sombrer, j'ai le temps de voir Demi et Dick, accourir.

QUELQUES HEURES PLUS TARD...

J'ouvre les yeux, Dick et Demi, assis plus loin, sont à mon chevet.

- Que se passe-t-il ? Demandai-je la bouche pâteuse.

- Tu t'es évanouie, répond Dick en prenant ma main ; j'ai des frissons et la retire.

- Oh ! Excuse-moi, je voulais juste te réconforter.

- Non, c'est à moi de m'excuser. Je ne sais pas ce qui m'a pris, dis-je en lui prenant la main.

- Ce n'est pas grave, m'assure-t-il.

- Que se passe-t-il ? Que disent les médecins ?

- Le médecin qui t'a examiné, dit que tu n'as rien ; ledit médecin rentre juste dans ma chambre.

- Bonjour Madame Croft. Comment vous sentez-vous ?

- Bonjour docteur. Je suis fraîche et reposée.

- C'est normal. Vous avez dormi six heures d'affilée.

- Ah bon ? Dis-je en me tournant vers Dick.

- Mais oui, comme un loir, confirme-t-il.

- J'étais surement épuisée.

- Ou alors, vous faites une crise d'angoisse, suggère le médecin en s'approchant de moi.

- Je ne sais pas.

- Madame Croft, votre tension n'est pas bonne.

- Oh !

- Votre mari était là, il est allé régler certaines choses à l'administration.

- Ok.

- Votre mari nous a parlés de votre manque de sommeil et votre difficulté à vous concentrer ces derniers temps.

- Ah oui, fais-je en me pinçant les lèvres.

- Vous devez vraiment vous reposer et si possible, consulter un professionnel.

- Ok.

J'avais envie de lui dire que je consulte déjà un professionnel, mais quelque chose me retient. Je sais tout simplement que je devrais garder cette information pour moi, elle est importante voire capitale. Capitale, pourquoi ? Je n'en ai aucune idée. Il s'en va un quart d'heure plus tard, m'assurant que je pourrais sortir dans une heure ou deux ; après le passage de l'infirmière qui viendra vérifier mes constantes.

LE LENDEMAIN...

- Que fais-tu ? Me demande mon mari en arrêtant ma main posée sur le téléphone.

- J'appelle Dick ; il lâche ma main en grimaçant.

- Oui, répond le concerné à la deuxième sonnerie.

- Ça va, Dick ?

- Mais oui, c'est à toi que je devrais poser la question.

- Je vais mieux, merci. Où êtes-vous en ce moment ?

- Sur la route, répond-il en rigolant.

- De vrais pigeons voyageurs.

- Tu me connais, Carla, rester sur place n'a jamais été mon fort.

- C'est vrai. Et Demi, comment le supporte-t-il ?

- Bah, il le vit très bien. Ne t'inquiète donc pas.

- Où allez-vous ?

- Nous serons à Limoges dans quelques minutes.

- Ah bon ?

- Mais oui.

- Avez-vous l'adresse de Jen ?

- Non, justement, tu as oubliée de nous la donner.

- Ah bon ?

- Mais oui.

- Je te rappelle, Dick.

Je me lève et cherche le bloc-notes, constate que la page sur laquelle j'avais noté le numéro et l'adresse de Jen, est arrachée. Je suis prise de panique, une peur panique sans en connaitre la vraie raison. Je m'assieds sur le lit et mets à trembler de tous mes membres,

- Quoi ? Je vais appeler un médecin, dit mon homme en m'entourant les épaules de ses bras.

- Non, non ça ira.

- Que se passe-t-il ?

- J'ai peur mais je ne sais vraiment de quoi.

- Humm, Carla. Peut-être devrais-tu voir un psychiatre.

- C'est ce que je fais déjà, figure-toi.

- Non, tu vois un psychologue et non, un psychiatre.

- Me crois-tu folle ?

- Non, mais tu as besoin d'être aidée.

- Merci pour ta confiance, criai-je en me débarrassant de ses bras.

BZZZZ...BZZZZ...BZZZZZ...BZZZ...

- C'est ton père ; il me tend mon cellulaire.

- Merci ; ma réponse est sèche, c'est voulu.

Je me lève et vais m'enfermer dans la salle de bain.

- Bonjour papa. Ça va ?

- As-tu des nouvelles de ton frère et son fils ?

- Ils étaient ici et son en ce moment, en train d'arriver à Limoges.

- Oh non ! Ça va encore recommencer ?

- Quoi, papa ?

- Tu as oublié, n'est-ce pas ?

- Oublier quoi ?

- Rappe-le-t-en, dit-il précipitamment.

- Mais me rappeler, quoi ?

- Ah oui, il a fait du bon travail et ton subconscient a pris le pas.

- Mais de quoi parles-tu ?

- Carla, écoute-moi, s'il te plait.

- Ok, je t'écoute.

- Te souviens-tu de la petite église dans le Wisconsin ?

- Ah oui, très jolie avec des fleurs à l'arrière, comme à l'avant.

- Concentre-toi sur le bruit des cloches, s'il te plait.

- Pourquoi ?

- Les cloches, Carla, les cloches !

****FLASH-BACK DE QUELQUES ANNÉES***

Alors qu'il répète inlassablement les cloches, je suis comme happée et fais nouveau un bond dans le passé. Je suis cette fois, dans une des d

Jeneya CROFT, l'Impé...